flashback – 16 ans

Le soleil brille haut dans le ciel et aujourd'hui tu as la sensation d'être comme lui. Depuis ton entrée dans l'équipe des Fines Lames, tu mènes une vie que tu considères comme royale. Ton job, c'est de t'entraîner dans le but de détrôner Michael. C'est presque un paradis avant l'heure. L'homme n'est pas facile et il ne se foule pas beaucoup avec vous mais il s'agit quand même de la Fine Lame du clan, celui qui en fait trembler plus d'un, tu le respectes donc tout particulièrement. Et tu espères bien réussir un jour à lui tirer quelques enseignements dans l'intimité même s'il semble inaccessible pour l'heure. Il a déjà repoussé tes avances et d'après ce que tu sais il reste de glace face aux femmes mais cela ne t'arrêtera pas. Un jour, tu comptes bien l'avoir même si ce doit être à l'usure. Le voilà d'ailleurs qui s'approche. Le rassemblement a été sonné devant le quartier général aujourd'hui plutôt que dans l'arène ce qui a de quoi en étonner plus d'un. Le garçon qui se tient à tes côtés est d'ailleurs anxieux. Il a marmonné tout à l'heure qu'il y allait peut-être avoir un changement dans l'équipe. Tu ne t'inquiètes pas trop à ce niveau là contrairement à lui. Il occupe la dernière place du peloton, ce sera donc le prochain à se faire éliminer si jamais une personne plus prometteuse s'annonce. Dans le classement, tu es pour le moment un peu au dessus de lui mais tu ne comptes pas y rester longtemps. La première place t'appelle. Tu le sens. Michael s'arrête devant vous, un petit sourire narquois au visage.

MICHAEL – Changement de programme pour l'après-midi. Samuel veut que je teste les capacités de l'un d'entre vous sur un vilain petit curieux alors à l'exception de l'heureux élu, vous avez quartier libre. Un volontaire ?

Tu lèves directement la main comme beaucoup de tes équipiers. Seul Icare tente de se faire oublier. Tu ne comprends pas ce que ce type fiche dans l'équipe mais Michael doit avoir de bonnes raisons de le garder. Tu l'espères du moins. Devant tant de motivation, le Lieutenant lâche un soupire blasé. Il ne semble pas avoir le courage de choisir quelqu'un.

MICHAEL – Vous êtes chiants... Bon, je prends le dernier qui a rejoint l'équipe. C'est qui ?

Un sourire illumine ton visage. Tu passes même sans mal sur le fait qu'il t'ait oublié. Triomphante tu te détaches du groupe pour le rejoindre. Tu ne boudes pas ton plaisir face à cette chance que tes équipiers te reprocheront peut-être. Sans un mot, Michael fait volte-face et rentre dans le QG. Il n'a rien dit mais tu supposes que tu dois le suivre. Tu t'efforces donc de le talonner en réprimant ta curiosité durant tout le trajet qui vous sépare de la salle d'interrogatoire. Il s'arrête juste devant la porte et se tourne vers toi. A sa tête, tu vois qu'il n'aime pas beaucoup de devoir passer la main mais qu'il le doit bien car c'est un ordre de son Chef.

MICHAEL – Il est tout frais alors vas-y doucement. Et évite toute blessure qu'il l'empêchera de parler. Le but, c'est qu'il nous raconte ce qu'il sait, pas qu'il la boucle.
VIOLETTE – C'est tout ?
MICHAEL – Ouais. Tu prépares le terrain avec des questions basiques, je m'occuperais du reste. Et essaye de pas tomber dans les pommes lorsqu'il commencera à saigner ou qu'il gueulera.

Non mais pour qui est-ce qu'il te prends ? Tu es une Dragonne, pas une minette faible et sensible. Tu résistes difficilement face à ton envie de lui rabattre violemment le caquet. A la place, tu vas lui montrer ce que tu sais faire. Tu ne te prives néanmoins pas de lui tapoter un instant l'épaule.

VIOLETTE – T'inquiète pas pour moi Michael, je vais gérer ça.

Tu en fais peut-être un peu trop mais tu veux que ta présence dans son équipe le marque. Tu ouvres la porte et tu entres en première, ménageant ton petit effet sans trop te soucier de sa réaction. Tu veux qu'il te sente en confiance. Dans la pièce, tu découvres un homme solidement attaché. Il est bien battit et plutôt beau gosse ce qui t'arrache un sifflement appréciateur.

VIOLETTE – Bonjour mon mignon.

Tu t'approches et tu laisses glisser ton doigt sur ses pectoraux bien dessinés. C'est un sacré morceau qu'on t'offre là.

VIOLETTE – Je suis ravie de faire ta connaissance.

Micah était dans de beaux draps. Pour la première fois, il s'était fait attrapé durant une mission d'espionnage. Il avait trop recherché les résultats et à force de tirer sur la corde celle-ci avait fini par se rompre. Il s'était fait prendre par des membres alors même qu'il se trouvait sur le territoire. C'était sa première erreur et probablement aussi sa dernière. D'après ce qu'on lui avait raconté, les dragons n'étaient pas tendres avec les espions. Ils ne revenaient jamais en un seul morceau. Ils ne revenaient jamais vivants non plus. Un long frisson traversa son corps à cette pensée. Il n'était pas encore prêt à mourir. Durant des années, Micah s'était donné à fond pour le clan. Il avait enchaîné les missions et avec ses capacités, il savait qu'il pouvait envisager une place de formateur lors de sa retraite. Mais désormais le rêve n'était plus permis. Il croupirait dans les geôles des dragons où il serait sûrement torturé jusqu'à mourir après milles souffrances à cause de l'infection de l'une de ses blessures. Le programme n'avait rien d'encourageant et pourtant il commençait à peine.

Micah avait été traîné jusqu'à une pièce assez sombre où on l'avait attaché. Il était debout, ses poignets et ses chevilles solidement ferrés. La position n'était pas particulièrement confortable, mais il avait évité de s'en plaindre. Il ne tenait pas à aggraver son cas. Il n'avait en réalité vraiment pas la tête à faire de l'humour. Pour le moment, on ne lui avait pas fait de mal. Il s'était attendu à plus de brutalité. Il avait simplement été transporté et il attendait désormais. Un silence de mort régnait dans cette pénombre inquiétante. Et dieu que Micah était inquiet. Il crevait de trouille. Seule sa fierté l'empêchait de laisser paraître quoi que ce soit.

Quand la porte s'ouvrit, Micah ne put retenir un sursaut. Les mâchoires serrées, il lança un regard noir à la nouvelle venue. C'était une adolescente qui lui avait fait peur. En l’apercevant, il comprit vite qu'elle n'était pas n'importe quelle jeune fille. Elle ne devait pas être commode malgré l'air enjôleur qu'elle affichait. Micah ne se rendit compte qu'il était torse nu que lorsqu'elle passa son doigt sur lui. Elle le considérait comme s'il n'était pas qu'un morceau de viande prêt à être dégusté. C'était une impression déroutante.

Micah aurait pu être soulagé que son bourreau soit si jeune, mais il ne se fit pas d'idées. Malgré sa jeunesse, si elle était là, c'était qu'elle savait ce qu'elle avait à faire. Il était par contre certain qu'elle n'était pas la fine lame du clan. Il connaissait suffisamment la hiérarchie dragonne pour savoir que Michael occupait ce poste. Il supposa donc qu'elle devait faire partie du peloton de jeunes avides qu'ils appelaient ici équipes. Sur certains points, le fonctionnement des dragons était assez différent de celui des aigles.

Malgré l'humeur bavarde de la brune, Micah ne prit pas la peine de lui répondre. Il ne voulait pas parler avec sa future bourreau. Il comptait d'ailleurs bien économiser sa salive jusqu'à sa mort. Ses secrets, il les emporterait dans la tombe.

Même si tu n'appartiens pas au groupe des Fines Lames depuis très longtemps tu as déjà eu le temps d'apprendre deux ou trois trucs. A commencer par une règle fondamentale : ils ne parlent jamais. Alors que tu t'adresses à l'espion prit sur le fait, tu n'es donc pas étonnée de ne pas entendre le son de sa voix. C'est plutôt idiot. Il n'a rien à perdre à se montrer poli. Bien au contraire, il a tout à y gagner. Tu ne comprends pas vraiment pourquoi ils prennent ça pour une marque de force de se montrer silencieux dès le début. C'est juste stupide. C'est comme provoquer son bourreau. L'homme ne le fait pas fort heureusement pas. C'est un des avantages du silence. Pas d'insultes, pas de menaces.

VIOLETTE – D'accord, tu te la joues vieille école. Pas de soucis, je peux gérer ça.

Michael est resté dehors mais la porte est ouverte. Il entends tout ce qu'il se passe dans la pièce et prends certainement bonne note de ce que tu dis et fais. Pour commencer tu t'approches de l'homme solidement attaché et tu jettes un œil sur sa marque.

VIOLETTE – Aigles. Tu as un sacré cran de venir ici le pigeon.

Ton Lieutenant a bien insisté sur le fait qu'il ne fallait pas l’abîmer. Tu choisis donc de garder ta lame à ta ceinture pour l'instant.

VIOLETTE – On ne m'a rien dit sur toi. Tu ne veux pas me donner ta version des faits ? Qui sait c'est peut-être juste une malheureuse erreur qui t'a conduit ici. Ce serait dommage de souffrir inutilement.

Dans un premier temps, tu joues la carte de l'alliée. Une étape après l'autre. D'abord la douceur et puis augmenter progressivement l'intensité de la dureté. Tu restes donc devant lui à attendre une quelconque réponse même si tu n'y crois pas trop. Ca t'offre aussi la possibilité de réfléchir quelques instants à la suite tant attendue.

Si Micah ne parlait pas, il gardait le regard étroitement serré sur la dragonne. Il ne souhaitait pas lui laisser une chance de le prendre par surprise. Il voulait savoir lorsqu'elle porterait le premier coup et pouvoir en quelque sorte s'y préparer. Se concentrer sur son bourreau serait la solution pour échapper un peu à la douleur. Il savait qu'il était important de ne jamais se focaliser sur le mal et avec une légère appréhension, il fallait bien l'avouer, il s'apprêtait à mettre ses leçons en pratique. La brune n'avait pourtant pas l'air d'humeur à le frapper pour l'heure. Elle semblait calme. Peut-être trop calme, pensa Micah. Il s'était préparé à affronter la véritable fine lame du clan et faire face à une sous-fifre le déroutait un peu. Mais il conservait le silence et se contentait de laisser flotter une œillade meurtrière sur la dragonne.

Quand la fille s'approcha, Micah retient sa respiration et serra durement les mâchoires en la regardant jeter un oeil à sa marque. Elle ne savait donc vraiment rien. L'information lui parut un peu étrange. Pourquoi ne lui avait-on rien dit ? La suite se tissa rapidement dans sa tête. On laissait une fillette se faire les dents sur lui. La seule chose qui arrêta son reniflement dédaigneux fut une réplique de la brune. Une insulte mêlée dans un compliment. Du cran, il en avait oui. D'autres auraient plutôt parlé de stupidité. Vu sa position, Micah n'aurait pas pu leur donner tort aujourd'hui, mais il faisait son job et il était fier de ses performances. Jusqu'ici, il n'avait jamais eu de problème. Il était discret et efficace, mais il avait joué de malchance et voilà qu'il était enchainé avec une gamine arrogante qui lui tournait autour.

La gamine en question continua à s'exprimer avec calme et se montra presque sympathique. Presque. Il n'était pas dupe, elle l'aurait sûrement déjà poignardé si elle en avait eu la possibilité. Cela signifiait donc que quelque chose la retenait. C'était peut-être une bonne chose pour Micah. Au moins, cela lui ferait une possible information à exploiter pour se sortir de cet enfer. L'information fut exploitée bien plus rapidement qu'il ne l'avait prévu par son cerveau et un plan se tissa. Ses chances de s'échapper étaient maigres voir inexistantes, mais rien ne l'empêchait d'emporter quelqu'un avec lui. Il pouvait la pousser à faire une erreur qui le tuerait, chose qui n'arriverait jamais avec Michael, il en était certain. Micah était prêt à tout pour ne pas révéler ses secrets et s'il devait mourir dans l'instant pour se faire, il s'y résignerait. Sa vie appartenait à son clan. Ce soudain changement de tactique était morbide, mais il préférait se battre plutôt que de simplement subir.

Un léger sourire apparut sur les lèvres de Micah alors qu'il lançait un regard dédaigneux à la jeunette des dragons.

— Tu ne veux pas que je me torture moi-même aussi ? Je pourrais, mais il va falloir me détacher pour ça. dit-il avec un sourire satisfait avant de reprendre. Allons, on sait bien tous les deux que tu en crèves d'envie. Alors vas-y, frappe. Promis, je crierais même pas.

Tu as imaginé des dizaines fois cette première chance de faire tes preuves qui s'offre à toi mais jamais tu n'aurais pu envisager que les choses se dérouleraient de cette façon. Il existe un mot pour résumer ce que tu ressens en cet instant : ennui. Peut-être frustration aussi. Tu es devant un prisonnier, un ennemi du clan mais tu ne peux pas faire grand chose. Michael t'a mis un joli collier autour du cou qu'il a relié à une laisse qu'il tient d'une main de fer. Tu n'as pas vraiment de liberté d'action sous peine de le voir tirer sur ton entrave pour te ramener à la niche. Cette situation est particulièrement désagréable. Obéir à tes supérieurs n'est pas un problème pour toi mais devoir dépendre de Michael l'est. Tu ne l'aimes pas. Ton point de vue n'est pas étranger aux paroles sorties de la bouche de ton ancien mentor aujourd'hui disparu mais il est aussi orienté par tes premières semaines dans l'équipe. Comme si la situation n'est pas déjà assez pénible tu dois supporter un prisonnier taciturne qui se contente de te fusiller du regard. Il ne dégage même pas de peur. Il est juste là à t'observer de ses petits yeux noirs mauvais. Tu as seize ans et pour certaines choses tu manques encore de patience. Tu as soif de sang alors la configuration actuelle ne te satisfait pas. C'est d'ailleurs tout l'intérêt de cette leçon : il te faut apprendre la patience. Pas sûr que Michael avait vraiment ce but en tête quand il t'a introduit ici mais tu prends toujours les leçons qui te sont offertes. Toujours. Et qu'importe le goût amer qu'elle te laisse sur la langue.

MICAH - Tu ne veux pas que je me torture moi-même aussi ? Je pourrais, mais il va falloir me détacher pour ça.

Il y a un changement chez lui c'est indéniable. Tu loupes presque son sourire dédaigneux parce que oh miracle il parle. Il a une langue, il sait s'exprimer et il comprends visiblement ce que tu dis. Excellent. Maintenant qu'il a ouvert la bouche tu te rends compte que tu le préférais effectivement silencieux.

MICAH - Allons, on sait bien tous les deux que tu en crèves d'envie. Alors vas-y, frappe. Promis, je crierais même pas.

Sa provocation te frustre plus encore que son silence parce que encore une fois tu ne peux rien faire pour qu'il la boucle. Même si tu en crèves d'envie comme il le dit si bien. Tu évalues un instant tes options. Au pire qu'est-ce qu'il t'arrivera si tu l'amoches un peu ? Juste un tout petit peu. Un coup de lame dans l'estomac, un orteil manquant, un nez en sang. Rien de bien terrible. Oh tu pourrais aussi lui déchirer le lobe de l'oreille. Avec les dents. N'importe quoi tant que tu peux lui arracher un cri qu'il a promis de ne pas laisser sortir. Mais quelque chose t'arrête. Ce quelqu'un chose c'est ton ambition. Plus le rêve que tu nourrissais étant enfant, juste l'ambition. Michael a beau être un très mauvais Lieutenant il a un sens minimum de la hiérarchie. Il est au dessus de son équipe et il tient à le rester. Toi tu n'es rien. Tu es juste numéro huit. Tu es une fille. Même si tu as été dropée au sein de l'équipe directement après ton test d'admission tu restes aisément remplaçable. Tu ne le sais que trop bien. On te la fait comprendre. Alors oui tu risquerais beaucoup en bravant aussi clairement les ordres de la Fine Lame. Donc tu gardes ton calme. C'est difficile mais ta patience tu la puises au cœur même de cette lointaine lumière que tu désires atteindre.

VIOLETTE – Ce serait une idée tiens. On devrait apprendre ça à nos Espions.

Tu te la joues cool mais ta voix ne l'est pas. La colère couve juste en dessous et ton ton est trop tranchant en comparaison de la légèreté de tes mots. Tu lèves la main et elle glisse lentement sur son torse. Progressivement tu mets plus de pression au niveau des ongles jusqu'à laisser des trainées rouges derrière toi. Lorsque tes doigts butent contre sa ceinture un peu de sang perle sur ses abdominaux.

VIOLETTE – On a pas besoin d'être violent pour arracher un cri tu sais.

Deuxième carte : la séduction. Un sourire en coin orne tes lèvres et ta main se crispe sur le tissu rêche du bord de son pantalon. Sérieusement ça te dégoûte d'envisager de faire quoi que ce soit avec un Aigle mais s'il ne faut que ça pour qu'il coopère, tu passeras pas là.

VIOLETTE – Dis moi tout. Comment t'es-tu retrouvé ici ?

Et ta main remonte lentement sur son ventre alors que tu t'approches pour presser ta cuisse entre ses jambes. C'est juste un mec et tu ne doutes pas qu'il ait la même faiblesse que tous les autres mecs.