Année 40

Dryss passait une très mauvaise journée. Sa matinée, il l'avait simplement passée à ruminer son entrevue de la veille avec Samuel. Même si le Chef des Dragons restait son meilleur ami, Dryss digérait assez mal ses écarts de comportement quand ce dernier s'y mettait. L'Espion s'était vu passer un savon pour "manque de résultats" et pourtant il n'y était pour rien : le quotidien était assez calme, chez les Jaguars en ce moment. Il n'y avait tout simplement RIEN de croustillant à rapporter. L'Ancien n'allait tout de même pas inventer de fausses informations pour le plaisir de son commanditaire. Sam avait l'air de s'ennuyer, lui aussi, ça devait expliquer ses sautes d'humeur de plus en plus fréquentes et ses caprices dignes d'un gamin de cinq ans.

Le Jaguar était donc parti en claquant la porte. Et ce matin, il fallait qu'il tombe sur Zayne lors de sa première corvée. L'Ex-Fine Lame n'avait pas manqué de lui envoyer deux-trois piques bien placées. D'ordinaire, Dryss restait insensible à ces attaques puériles, mais aujourd'hui il avait peiné à garder son calme face aux assauts sournois de l'épéiste. Et puis, cela faisait des jours qu'il n'avait plus parlé à Jude.

Bref, Dryss était énervé. Cela arrivait rarement, mais cela arrivait tout de même, finalement. Il aurait volontiers écourté sa journée s'il n'avait pas dû entraîner sa nouvelle recrue, Bridgit, une jeune membre qu'on lui avait présentée il y avait quelques semaines à peine. Le contact était plutôt bien passé au premier abord mais Dryss ne savait encore s'il parviendrait à en faire une combattante digne de ce nom. Il lui faudrait pour cela plus de temps.

Alors qu'il descendait au sous-sol du QG, il entendit, dans l'escalier menant à la salle d'entraînement, des bruits de coups répétés. Excédé, il crut immédiatement que quelqu'un monopolisait la salle à sa place mais qu'en plus cette personne s'acharnait sur le matériel d'entraînement sans autorisation... Qui que ce fut, cet imprudent ne perdait rien pour attendre...

HJ:

La journée n’allait pas du tout comme elle aurait dû et cela ne faisait rien pour arranger mon humeur, rien. Je ne pouvais dire être particulièrement de mauvaise humeur, mais ma machoire se serrait et je broyais du noir. Je ne suis pas celle qui tente de briller, je ne suis pas celle qui se vante ou se met de l’avant et en général, je ne réplique pas aux insultes. Mais Asha commençait sérieusement à me mettre hors de moi. Hors, j’avais choisie de ne pas m’emporter et de m’éloigner. Elle n’en valait pas la peine. Je n’allais certainement pas me fatiguer pour elle. elle pouvait bien frapper, je n’allais pas lui donner le plaisir de me voir plié l’échine. Mais mon humeur en avait pris un coup. Dernièrement, mon moral avait chuté. On m’avait confié un mentor et bien que je n’avais rien contre lui et ses entrainements, Asha s’était moqué de moi à quelques reprises. Elle n’avait pas besoin de bonnes raisons pour le faire et elle ne se gênait certainement pas non plus.

Marchant d’un pas rapide, j’évitai les endroit trop fréquentée du territoire et les gens qui me connaissaient et aurait la brillante idée de venir jeter de l’huile sur mon feu. À cette heure, je savais qu’un lieu serait vide. Je pris la direction de la salle d’entrainement. Personne n’y serait et Dryss allait surement passer, mais j’avais du temps.  Entrant dans la salle, j’oublier de regarder ou je mettais les pieds et m’enfargeai dans un truc pour finir étaler à plat ventre sur le sol. Des rires m’indiquèrent que je n’étais pas aussi seule que je l’avais cru. Pestant pour moi-même, je me relevai lentement en grimaçant. Mise à part mon égo, je n’avais rien de cassé. Levant les yeux, je vis les rpopriétaires des rires secoués la tête en me regardant avant de sortir, me laissant enfin seule. Assise sur mes talons, je fermai les yeux en posant mes poings serrer sur mes genoux. Je grinçai des dents et tentai de me calmer, mais la colère bouillait toujours. Indomptable, elle réclamait de sortir au plus vite. Essuyant une larme téméraire sur dos de ma main, je me relevai d’un pond avant de prendre la direction d’un pounching bag.

Je m’arrêtai devant lui le fusillant du regard comme si j’avais cru possible de le faire fuire. Je savais bien que c’était inutile, mais je m’en foutais éperduement. Je m’élançai alors pour frapper. Je frappais fort, sans retenue. Dans la pièce, je ne voyais que moi et le punching bag. Mes coups n’était pas aussi précis qu’ils auraient pu l’être, mais prise dans mon débordement, je ne me préoccupait plus de cela. j’avais besoin d’évacuer. J’avais besoin d’exploser. Je m’imaginais être en train de botter les fesses d’Asha. C’était probablement irréaliste. Asha était beaucoup plus douée que moi. Ils l’étaient tous. Alors que faisais-je en tant que membre? Qu’est-ce qu’on avait vu en moi pour qu’on m’accepte parmi les membres? Je reculai, les poings près de mon corps en fixant le punching bag. J’avais besoin de reprendre mon souffle. Du regard je cherchais quelque chose d’autre pour me battre, mais ne trouvant rien, je revins vers le sac qui servait à encaisser les coups et je repris mes assaults.

Dryss pénétra dans la salle en trombe. Il voulait à tout prix connaître l'identité de la personne qui se permettait de martyriser le matériel du clan à ce point. Aux bruits, il avait reconnu le punching ball, mais les coups étaient d'une violence rare et d'un rythme trop soutenu. Soit cette personne y perdrait ses poings, soit c'était carrément le sac qui allait y passer. Il fallait qu'il arrête le massacre avant qu'un accident se produise. En levant les yeux vers l'origine du vacarme, il aperçut une jeune blonde qui était dos tourné. C'était elle la fautive donc.

Oh!

Mais la jeune femme n'interrompit pas ses coups. Et puis, elle faisait tellement de bruits qu'elle ne l'avait sans doute pas entendu. Dryss s'approcha en trottinant pour tenter d'interrompre ce crique.

Hé toi là!

En traversant la salle, Dryss reconnut peu à peu la silhouette qui se dressait devant lui et qui semblait en vouloir tellement à simple sac de sable. Oui, c'était bien Bridgit, sa nouvelle élève. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait pour s'énerver à ce point contre un malheureux sac?

Bridgit arrête.

Il se positionna face à elle et se saisit du sac pour l'immobiliser et l'empêcher de valser davantage.

Tu vas te blesser si tu continues!

Son ton n'était pas calme. Pas du tout. L'Ancien était agacé et il fallait qu'en plus son nouvel apprenti lui fasse une espèce de crise. Il ne savait pas très bien ce qui lui prenait pour agir comme ça mais ça tombait très mal. Et si d'ordinaire, l'Ancien aurait cherché à la calmer pour comprendre d'où venait le problème, il n'avait pas cette patience en ce moment. Il voulait juste un peu de calme. Et surtout qu'elle s'arrête.

HJ:

Alors que je frappe, les mots me parviennent, mais je ne réagis pas. Hé toi là! me lance une voix d’homme. Mais mon cerveau n’enregistre ni les mots, ni la voix. Je suis un Ouragan. Je frappe, je tire, je pousse, je fracasse. Je ne ressens rien sauf que je ressens tout. J’ai besoin que ça sorte et rien ne m’arrête. Bridgit arrête. me dit la voix. Quelqu’un se place alors de l’autre côté du punching bag et ce dernier cesse de se mouvoir. Je suis à bout de souffle, comme si j’avais courru pendant des jours et des jours. Mon regard est fixer sur ma cible et je me prépare a frapper à nouveau lorsque cette fois j’enregistre la voix : Tu vas te blesser si tu continues! Je m’arrête dans mon mouvement et si mes pupilles avaient été des armes à feu, j’aurais percer de trous de balle mon mentor. Sa voix n’est pas calme et cela me mets encore plus hors de moi.

Je serre les dents avant de reculer sans le lâcher du regard. Malgré ma colère, malgré mon débordement, je sais que c’est un allié et c’est surement la seule chose qui me permet de ne pas lui sauter dessus pour frapper. Je sens toujours en moi la tempête qui gronde et menace d’Exploser. J’ai besoin de courir, j’ai besoin de tout faire sortir. Il m’est de plus en plus tentant d’exploser là. Il y a dans l’air une légère odeur cuivrée qui me signale que la sensation de brûlure sur mes doigts et mes jointures n’est pas le fruit de mon imagination. Je n’ai pâs besoin de regarder pour comprendre que Dryss était trop tard pour me prévenir. Je suis déjà blessée. Certes en frappant sans retenue, sans protection sans rien comme je viens de le faire est la raison du pourquoi je me suis blessé. Mais je me sens meurtrie intérieurement aussi.

« Depuis quand on se préoccupe de moi? »

La phrase sort sans que je le veule. Je ne la retire pas, je ne m’excuse pas, je le pense. Qui se préoccupe réellement de moi? Ils sont peu nombreux, je les compte sur une main. Incapable de rester sur place, je détourne le regard et commence à me dirriger vers la sortie. J’ai été assez humilié pour la journée, je n’ai pas besoin que mon mentor s’en mèle en plus. Nos entrainement ne mène à rien, je ne suis pas folle, je le sais. Cela dit, je m’arrête avant de franchir la porte. Lui jetant un regard par dessus mon épaule, je soupire. Me tournant, je vais plutôt poser mon dos contre le mur avant de me laisser glisser jusqu’au sol. Je me demande ce qu’on peut bien voir en moi. Je ne suis pas fait pour être membre, peu importe ce que dis Syd. Je suis bonne à rien. Je ferme les yeux.

« Tu perds ton temps si tu veux toujours m’entrainer. » lançais-je avec l’intention de l’encourager à abandonner mon entrainement. « Tout le monde sait que je suis bonne à rien. » marmonnais-je.

Bridgit ne s'arrêtait pas et cette insubordination délibérée irrita davantage Dryss. La blonde s'acharnait et l'ignorait totalement. Elle semblait ailleurs. L'Ancien faillit perdre patience et voulut interrompre son petit cinéma par la force, mais au dernier moment, Bridgit leva les yeux sur lui en s'arrêtant brutalement. Le silence revint enfin dans la pièce et le Jaguar affronta avec colère le regard haineux de son élève. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait pour agir comme ça? Le brun ne se posa pas davantage de question et baissa les yeux sur les mains meurtries de la jeune femme. Ce n'était pas très beau à voir. Avec un peu de chance, elle n'aurait aucune séquelle mais rien n'était certain. Il fallait qu'elle se rende à l'infirmerie et tout de suite. Alors que Dryss s'apprêtait à faire cette suggestion, la blonde balança une justification qui semblait expliquer son malêtre. Elle semblait sous-entendre que personne ne se souciait d'elle.

La plainte typique d'un ado en pleine crise. Agacé, l'Ancien leva les yeux au ciel, sans vraiment comprendre tant d'apitoiement. À ce qu'il savait, Bridgit avait tout de même des amis au sein du clan, et mieux encore : elle avait la confiance de Noâ. Peu de gens pouvaient s'en vanter. Et la blonde ne semblait pas s'en rendre compte. Elle faillit quitter la salle mais s'arrêta au dernier moment pour s'asseoir dos au mur, toujours au bord de l'énervement.

L'Ancien s'avança vers elle de façon presque instinctive. Tout dans le comportement de Bridgit lui indiquait qu'elle avait besoin d'aide. C'était au plus mauvais moment, comme toujours. Mais Dryss était comme ça : même au plus mal il voulait supporter les autres. Il souhaitait sincèrement que tout aille bien pour tout le monde. Alors, même si la colère prédominait chez lui en ce moment, il s'approcha tout de même de son élève en silence.

Bridgit chercha à le repousser. C'était typique chez les personnes trop fières et orgueilleuses pour accepter l'aide qu'on leur proposait. Mais Le brun était habitué à ce genre d'approche. Il fallait simplement qu'il la raisonne sans la froisser, ni lui donner l'impression qu'elle lui faisait pitié. La blonde ajouta qu'elle n'était bonne à rien et que tout le monde le savait.

C'est vrai que tes entraînements sont plutôt médiocres. Je ne vais pas te le cacher.

Bon ça, il ne l'aurait peut-être pas dit en temps normal. Mais la maladresse de Bridgit avait quelque chose d'agaçant, d'autant que la jeune femme semblait plus prometteuse que ce qu'elle pouvait bien montrer avec lui. Cependant, le Jaguar ne s'arrêta pas là et désigna le punching ball d'un signe de tête.

Mais dis-moi ce que tu vois là-bas.

Le sac était recouvert de traînées sanguinolentes. Sa forme était devenue irrégulières, si bien que des "bosses" se dessinaient un peu partout sur sa longueur.

Moi, je vois un punching ball de 25 kilos déformé par une gamine de dix-sept ans qui prétend qu'elle ne vaut rien.

Et c'était impressionnant. Si Bridgit était médiocre dans le maniement des armes, cette petite démonstration avait de quoi remettre en question tout ce que Dryss avait imaginé à son sujet. Ce petit bout de femme avait de la force et pas qu'un peu. Il faudrait qu'il explore cette qualité dans leurs futurs entraînements, qualité qu'il n'avait même pas soupçonnée.

On ne devient pas un bon combattant en un jour. Il faut des années d'apprentissage pour voir des résultats et toute une vie pour parfaire ses capacités.

Son ton était plus dur qu'à l'accoutumée. Il n'appréciait pas vraiment le spectacle qui s'offrait à lui et aurait aimé voir son élève un petit peu plus forte que ça. Il espérait donc qu'elle pourrait se relever et aller de l'avant, au lieu de s'apitoyer comme elle le faisait.

Je vais te conduire à l'infirmerie, et si tu en es capable physiquement, on commencera l'entraînement tout de suite après.

C'était un ordre et il espérait bien que ce serait assez clair pour elle.

Alors que mon dos est toujours posé sur le mur derrière moi, mes paupières sont clauses. J’entends cependant ses pas s’approcher de moi, mais je n’ai ni envie de parler, ni envie me laisser approcher. Je suis comme ça dans de tel moment. Ce n’est pour rien qu’on me surnomme parfois la tornade. Hors, c’est pratiquement instinctif de le repousser lorsqu’il s’approche de moi. Cela dit, Dryss ne semble pas se laisser décourager, même si le ton de sa voix ne me plait pas. C'est vrai que tes entraînements sont plutôt médiocres. Je ne vais pas te le cacher. commence par dire le jeune homme. Je ferme les yeux. Si j’avais pas étét en pleine tempête, je lui aurait lancé un merci un peu offusquer je crois. Il aurait pu choisir un mot différent au moins. Certes, nos entrainement laisse à désiré, mais de la à dire qu’ils sont médiocres, je sais pas…

Le tête contre le mur derrière moi je l’entends reprendre la parole et je me retiens de lui dire de la boucler parce que ça sert à rien. Mais dis-moi ce que tu vois là-bas. me dit-il. J,ouvre les yeux, regardant le punching bag sans toutefois répondre. Y’a rien à dire, je vois un punching bag, rien de plus. Mis à part pour les traces de sang, je ne vois pas ce qu,il aurait de différent vis à vis d’autre dans le même genre. Moi, je vois un punching ball de 25 kilos déformé par une gamine de dix-sept ans qui prétend qu'elle ne vaut rien. me dit-il alors. Les coudes sur mes genoux, je laisse pendre mes mains alors que mon regard revient vers lui. d’accord, il n,a pas tort, le punching bag à l’air d’avoir passé un mauvais quart d’heure, mais cela ne veut pas dire que je vaux quelque chose.

« Et alors? Ouais, il a prit des coups, mais c’est pas ça qui va dire que je vaux quelque chose. » répliquais-je avant de fermer à nouveau le yeux en soupirant.

Faut pas se leurrer, je suis toujours hors de moi. La colère bouille à l’intérieur, me criant de la laisser sortir, mais je n’arrive pas à la laisser faire, je préfère reprendre mon refoulement plutôt que de la laisser sortir là tout de suite. Je ne voudrais pas risquer de prendre Dryss comme une cible. On ne devient pas un bon combattant en un jour. Il faut des années d'apprentissage pour voir des résultats et toute une vie pour parfaire ses capacités. reprend-t-il. Mais il est bouché le mec ou quoi? il crois que je sais pas ça? Je suis pas là pour devenir la meilleure du monde, mais mes entrainement sont médiocres alors vaut peut-être mieux abandonner toute de suite au lieu de continuer de se faire de faux espoir. Je ne réponds pas en espérant qu,il va comprendre que je veux qu’on me foute la paix. Malheureusement pour moi, sa voix brise à nouveau le silence. Je vais te conduire à l'infirmerie, et si tu en es capable physiquement, on commencera l'entraînement tout de suite après. m’ordonne-t-il. Mes paupières s’ouvrent à nouveau et mon regard toujours furieux se pose sur lui.

Non, je ne veux pas y aller, mais si j’y vais, c’est pas pour lui, c’est parce que je sais que syd va me botter le derrière. Et ça, je tiens personnellement à éviter. À contre coeur, je me relève en me retenant de lui répliquer sèchement que je sais très bien ou se trouve l’infirmerie donc pas besoin de me traité en enfant pour m’y conduire. Au lieu de ça, je prends la direction de la porte sans ajouter un mot de plus. Mes jointures me brûlent et avec tout ça je les avais presque oublier. Je ne prend pas le temps de regarder derrière moi, j’ai l’impression de me faire traitée n enfant plutôt qu,en adulte et ça ne fait que rajouter aux émotions qui se baggarrent déjà à cause du manque d’espace dans ma tête. j’ai toujours besoin d’exploser. L’infirmerie n’est pa sloin, mais il y a une bonne marche avant d’y arriver. Et j'ai de l'énergie à dépenser.

« Je te retrouve là-bas. » lançais-je à Dryss avant de passer de la marche à la course.

J’ai besoin de courir, de faire sortir ce surplus d'énergie, de m'épuiser. j’ai besoin de me concentrer sur autre chose et ce mec me tappe sur les nerfs plus qu’autre chose pour le moment. À lui de voir s’il veut suivre la cadence ou pas, moi personnellement, je m’en fous. Il peut faire ce qu’il veut parce que ce toute façon, je suis pas là pour me faire traiter comme une enfant. Il ne me connait pas de toute façon.

Malgré ce que l'Ancien tentait de lui montrer, Bridgit ne semblait pas comprendre. Enfin si, elle comprenait très bien, mais refusait d'aller dans le sens de Dryss, qui essayait par ce discours un petit peu dur mais sincère, de la remettre sur le droit chemin et de lui dire que, au-delà de toutes ses faiblesses et maladresses, elle possédait un réel potentiel à exploiter et qu'il serait dommage de baisser les bras maintenant, comme elle semblait le faire. Sans s'énerver - l'Ancien était déjà assez tendu comme ça - Dryss tenta de reprendre là où tout semblait coincer : la confiance en soi. Si Bridgit reconnaissait sa force, elle refusait d'y voir une quelconque valeur.

Au contraire. Tu vaux plus que ce que tu ne le crois. Si je te montre ça, ce n'est pas pour rien. Il y a peu de membres qui seraient capables de faire ce que tu viens de faire là, sous le coup de la colère. Si tu parvenais à maîtriser cette énergie, et à l'utiliser à bon escient tout en t'entraînant régulièrement, tu pourrais devenir très forte. Il hésite un instant, avant d'ajouter. Aussi forte qu'un gradé.

Ce dont l'Ancien parlait était bien de force brute et non de technique. Les deux s’acquéraient par un travail acharné et constant, mais la technique demandait plus de réflexion et de maîtrise. C'était ce qu'il manquait à son élève et ça l'Ancien venait de le découvrir. Le tout était maintenant d'imaginer un entraînement à sa mesure, mais pour cela il faudrait que la jeune femme le laisse faire. Ce ne serait pas facile, surtout au vu de la phase qu'elle semblait traverser.

Bridgit leva un regard assassin lorsqu'il lui ordonna de se rendre à l'infirmerie. Un regard qui l'accusait de ne pas comprendre la situation. Dryss resta pantois devant sa réaction : il ne s'attendait pas vraiment à voir la jeune femme se lever et détaler sans même l'attendre. Il fut même tenté de la poursuivre et de la calmer un bon coup, mais la raison le stoppa. La blonde se fermait comme une coquille. Littéralement. Et plus il tenterait de la brusquer, plus elle refuserait de communiquer avec lui. Il comprit alors qu'il devait avant tout se calmer. Son agressivité biaisait leurs échanges et rendait la jeune femme encore plus farouche. S'il parvenait à faire le vide - et à oublier tous ces événements dérangeants de la matinée - il pourrait mieux se comporter avec elle.

Le Formateur ne suivit donc pas son élève comme un dératé pour la conduire jusqu'à l'infirmerie. Il préféra la laisser seule. Et si elle revenait, alors, il pourrait considérer qu'elle voulait vraiment s'entraîner et progresser. S'il lui imposait sa présence, en revanche, leur relation serait perdue à jamais. Et il ne voulait pas que les choses commencent de cette manière. Pas après ce qu'il venait de voir.

Tout en soupirant, Dryss se dirigea vers le punching ball pour évaluer les dégâts. Le jugeant trop abîmé (et donc dangereux) pour s'entraîner, il choisit un autre sac et commença à frapper pour évacuer sa propre colère, mais tout en maîtrisant la force de ses coups pour ne pas finir dans le même état que son élève.