avant la rébellion

Le môme galope dès que la porte s'ouvre. Tu as à peine le temps d'enregistrer son absence à tes côtés qu'il disparaît déjà dans une ruelle. Tu lâches un souffle blasé en agitant les bras parce que bien sûr tu t'es fait avoir et puis tu te met à courir. Une course sous ce soleil ne faisait pas partie de ton programme mais les plans changent. Surtout avec les enfants.

EZEKIEL - Nuka ! Tu te fiches de moi ?

Le gamin se fiche bel et bien de ta poire. C'est récurent depuis quelques temps. Monsieur est grognon donc monsieur fait des misères à ses proches. Et puisque aujourd'hui tu es censé t'assurer qu'il ne quitte pas le territoire c'est sur toi que ses foudres s'abattent. Cette petite crapule est particulière douée quand il s'agit de se faire la belle, tu le sais et ça ne t'étonne pas vraiment. Il est le digne fils de Noâ quoi qu'on puisse dire. Tu te souviens que pendant vos voyages Adrian et Virgo se faisaient régulièrement un sang d'encre parce qu'elle avait filé sans rien dire à personne. Lorsqu'elle se représentait des heures plus tard elle revenait toujours avec un sourire énorme lui mangeant le visage et quelques égratignures gagnées pendant son aventure. Nuka n'est pas bien différent. Il veut découvrir le monde qui est le sien mais paradoxalement le monde sauvage est moins dangereux que les rues parisiennes. Mais allez faire comprendre ça à un gamin têtu comme une mule ? Tu ne sais pas exactement d'où vient son côté roublard mais il est efficace. Tu le rattrapes presque quand il te jette au milieu d'un groupe d'enfants qui s'accrochent à tes jambes en t'appelant. Ils réclament des histoires et des jeux. L'un d'eux tente même de grimper sur ton dos. Tu aimes les enfants. Sincèrement tu adores passer du temps avec eux mais ici tu t'es fait entuber. Nuka n'aime pas fréquenter les autres gamins il les utilise uniquement pour préparer sa fuite. Et toi tu te fais avoir et de peur de froisser l'un des petits tu t'arrêtes.

EZEKIEL - Ok je te laisse la matinée mais t'avises pas de sortir du territoire !

Tu as placé tes mains en porte-voix en espérant qu'il fera attention à ta consigne. L'espérance c'est bien tout ce qu'il te reste alors que tu le contemples s'éloigner. Très vite ton attention est requise ailleurs et tu ramasses un petit corps que tu balances comme un sac à patates sur ton épaule. La journée sera longue. Encore une fois tu aimes les enfants mais il fait chaud et tu as encore beaucoup d'efforts à faire pour retrouver ton endurance d'antan. Malgré tout ça tu ne peux t'empêcher d'admirer sa technique. Où va le monde si tu te laisses impressionner par un gamin de dix ans en cavale ?

Ce matin là, j’étais debout à l’aube. Ayant eu du mal à dormir la vieille, j’avais choisi de cesser de me retourner dans mon lit lorsque l’aube se pointa. Une fois habillé, je pris un sac de toile et mis quelque jouets que j’avais fabriqué pour les enfants et sortie. Cela dit, avant de me trouver la porté de chatons  du clan, je tentai de trouvé n’importe quoi qui m’aurait permis de faire quelque chose alors que les petits ronronnaient avec leurs nouveaux jouets. Marchant lentement, mes yeux balayèrent le sol à le recherche de n’importe quoi qui aurait pu servir. Je marchai un bon bout de temps sur le territoire avant de revenir vers vers le centre. Les cris et les rires me rejoingnirent bien avant que voit le petit rebel s’éloigner du troupeau. Nuka faisait des siennes. Encore. Mon regard trouva au loin sa silhouette qui s’éloignait sans me regarder. Je souris en ralentissant. Les bras croiser, je posai mon regard sur le fils de Noâ, mais cela ne l’arrêta pas, il ne m’avait pas vu. Je repris ma marche en entendant la voix de l’Ancien qui semblait en avoir les mains pleines avec tous les enfants.  Ok je te laisse la matinée mais t'avises pas de sortir du territoire ! avait lancé le plus vieux à Nuka qui ne réagit même pas.

« T’es conscient que tu viens de lui donner l’idée là? » demandais-je au grand blond.

Arrivée à proximité, j’avais un sourire qui ne pouvait que me fendre le visage. Voir les enfants savait toujours me remonter le moral. Mon regard se posa cependant sur l’Ancien et je penchai la tête légèrement sur le côté. Pointant la masse de jeunes qui s’acharnait à le ralentir et qui refusait de toute évidence de le lâcher, je lui offris mon aide :

« Besoin d’un coup de main? » demandais-je en riant doucement.

Sans vraiment attendre de réponse, je me tournai vers les enfants. Certains d'entre eux m'avait vu arriver et c'était précipité vers moi. Je les réceptionnai avec plaisir en riant de bon coeur. Je savais que les quelques jouets que j'avais leur ferait grandement plaisir. J'avais aussi hâte de leur donner qu'il aurait de plaisir à s'amuser avec.

Tu l'aimes ce gosse. Tu l'aimes comme ton propre fils mais parfois il te courre royalement sur le haricot. Tu le connais depuis les couches mais même encore maintenant il te surprends. En attrapant sa chemise tu aides un gamin à terminer l'escalade de ton dos tout en envisageant une journée que passerait Noâ seule avec le blondinet. Tu ricanes parce que tu penses qu'elle ne survivrait pas. Gérer une armée de félins, pas de soucis mais son fils de dix ans ? Ce serait une autre histoire tout de suite.

BRIDGIT - T’es conscient que tu viens de lui donner l’idée là?

Une voix féminine te coupe dans tes réflexions et tu te retournes pour faire face à la nouvelle venue. Tiens un peu de renfort peut-être.

EZEKIEL - Il a cette idée dans les fesses depuis des semaines le bougre.

Tu ne sais pas d'où il la sort par contre. Jusqu'à il y a peu le blondinet se suffisait parfaitement de l'intérieur du territoire mais son royaume est désormais trop petit à ses yeux et il veut voir l'extérieur.

BRIDGIT - Besoin d’un coup de main?
EZEKIEL - Je ne refuserais pas un peu d'aide en effet. Nous avons beaucoup d'énergie à revendre aujourd'hui. Hein la troupaille ?

Une partie des enfants était partie vers la blonde mais Zeke gardait ses petits escaladeurs. Il avait désormais une tête brune perchée sur les épaules, une petite fille accrochée à son dos et les deux jambes immobilisées par des paires de bras. Tout en tentant de ne pas perdre son sac à dos personnalisé il ébouriffa les têtes à proximité de ses mains.

EZEKIEL - Dis moi que tu as de quoi calmer leurs ardeurs dans ton sac ?

Tu t'adresses à nouveau à la blonde en souriant largement. Tu aimes leur énergie mais il te faut le temps de prendre le rythme.

Alors qu’au loin le blond fuit l’Ancien et la troupe d’enfant, je me suis approché de la petite troupe. Je m’addresse d’abord à l’unique adulte changé en montagne par les enfants grimpeurs. Je lui signale qu’il vient probablement de donner l’idée à Nukas. Un sourire aux lèvres, je le vois se tourner vers moi. Il a cette idée dans les fesses depuis des semaines le bougre. me répliques le jeune homme. Je ris de bon coeur. Il n’a pas tort, connaissant mon petit monstre préféré, il a l’idée dans la tête depuis un bout de temps. Je ne peux pas dire que je comprends tout à fait pourquoi. Bon en même temps, à bien y pensé, je pourrait surement trouvé une idée ou deux sur le sujet. N’est-ce pas naturel de vouloir faire ce qu’on lui interdit? « Ça je n’en doute même pas. Il arrive à me filer entre les doigts aussi, je me demandes toujours comment il fait… » C’était la vérité. Le nombre de fois ou il me filait aussi entre les doigts… Il semblait toujours filer tellement rapidement, mais cela ne changeait rien à mon affection pour lui. Cependant, je m’en faisais toujours lorsque je le voyais filer ainsi sans protection. Et puis même avec protection, il avait tendance à trouver le moyen de filer.

Alors qu’une partie de la troupe se dirrige vers moi, quelques uns refusent de laisser l’autre Jaguars, ce qui me fait doublement sourire. Je propose un coup de main à l’autre qui me répond presque aussitôt. Je ne refuserais pas un peu d'aide en effet. Nous avons beaucoup d'énergie à revendre aujourd'hui. Hein la troupaille ? Je me trouve rapidement enserrer de plusieurs enfants qui se bousculent presque pour un calin. J’ébouriffe quelques têtes, je donne des calins à d’autres, je n’oublie personne, sauf ceux rattacher au corps de l’Ancien ou grimper sur son dos. Dis moi que tu as de quoi calmer leurs ardeurs dans ton sac ? reprend-t-il en souriant autant que moi. Je lève le regard vers lui en riant. « Les calmer, j’en doute, mais j’ai de quoi les occuper histoire de nous de se laisser le temps de s’adapter à leur rythme. » répliquais-je joyeusement. Il n’y a rien, à mon avis, de plus gratifiant que de passer du temps avec ces petits bijoux d’enfants du clans.

Je me penche alors vers mon sac, un air triomphale sur le visage alors que je ressors plusieurs jouets que je distribue aux enfants près de moi. Il y en a pour tout le monde. Mon sac devient rapidement plus léger et mon coeur aussi. Leurs réactions, leurs bonheurs me réchauffe le coeur et le rend si léger. Je suis heureuse de voir qu’ils sont heureux de ce que je leur donne. Ces jouets, je les fais avec eux en tête alors je suis toujours heureuse de leur faire plaisir. Je me tourne vers l’ancien Second sans perdre mon sourire. « Je crois que ça devrait les occuper un bout. » concluais-je avant de tourner la tête vers le petit groupe d’enfants qui s’était à présent installer en petit groupe pour s’amuser. Je jette un coup d’oeil à mon sac et comme je le croyais, j’ai quelques jouets qui me reste et de quoi en faire un ou deux autres rapidement au besoin.