You are here now - PV Anton (jour 3)
Yulia arpentait anxieusement la rue. Elle marchait d'une façade détruite à une autre en jetant de réguliers coups d'oeil à sa cape de patrouilleuse et à son arbalète posée dans un coin. Elle savait qu'il était risqué de se dépouiller d'une partie de son équipement de cette façon, mais elle avait ressenti le besoin de s'alléger. Ses munitions restaient sur elle et elle était prête à dégainer les dagues accrochées à ses cuisses à tout moment par ailleurs. Mais l'arbalète pesait trop lourd sur son corps et la cape l'étouffait. Elle n'avait plus été dans cet état depuis très longtemps. Sa rencontre avec Kahlan l'avait partiellement soulagée car il lui avait appris que Anton allait bien, mais les inconnues dans l'équation restait trop nombreuses pour qu'elle puisse se détendre. Et puis, elle avait besoin de voir son frère pour être sûre que tout allait vraiment bien. Ce n'était pas un manque de confiance vis à vis de Kahlan (même si elle n'aurait probablement pas dut se fier à lui), mais bien un besoin viscéral. La compagnie du jaguar n'avait pas non plus aidé la tornade d'émotions qui tournait en elle. Celui-là était doué pour lui donner envie de rugir et elle n'avait pas besoin de la frustration qu'elle ressentait quand elle était à ses côtés et qu'elle ne pouvait ni le frapper, ni mordre réellement en retour.

Dans une vaine tentative pour retrouver son calme, Yulia s'arrêta au milieu de la ruelle et expira bruyamment. Elle détestait être comme ça. Lorsqu'il s'agissait de sa famille, elle perdait bien trop facilement le contrôle et son choix de quitter les jaguars dix ans plus tôt avait recommencé à peser bien lourd sur ses épaules. Une part d'elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle aurait dut être avec eux durant la rébellion. Si elle avait été une jaguar, elle aurait pu les aider. Mais elle était une vipère et à la place elle était vue par le clan des siens comme une ennemie. Tout ça parce que pour une raison toujours inconnue des vipères avaient été vues au sein du territoire sud. Vues et blessées à l'instar d'Annabella qui se trouvait toujours à l'hôpital. Néanmoins, au fond, Yulia ne regrettait pas réellement son choix. Elle avait trouvé sa place au sein des vipères même si son ancien clan, son ambiance et les gens qui le peuplaient lui manquaient.

L'approche de quelqu'un dans la rue poussa Yulia à revenir sur ses gardes et elle fit un pas vers son arbalète. Lorsqu'elle aperçu la chevelure blonde de son petit frère, elle se détendit néanmoins considérablement et passa par un panel d'émotions variées. Soulagement, colère, à nouveau soulagement, inquiétude alors qu'elle le scrutait à la recherche de blessures, puis finalement impatience. Elle s'était retenue de courir vers lui, toujours encore un peu en état d'alerte. Quand il fut enfin devant elle, ses yeux se brouillèrent de quelques larmes et elle le poussa brutalement.

— Abruti, tu n'aurais pas pu te manifester plus vite ! siffla-t-elle avec mauvaise humeur.

L'instant d'après, Yulia enserrait son frère dans une étreinte féroce sans se soucier du reste. Elle nicha sa tête contre son torse, enfin rassurée de le savoir bien vivant et entier.

— J'étais super inquiète. marmonna-t-elle contre ses vêtements, pas décidée à le lâcher.

Anton avait encore un peu de mal à y croire. Il était heureux de ce qu’il avait appris. C’est indéniable et il ne cherchait pas à le cacher. En revanche, c’était la manière dont il l’avait su qui le travaillait encore. Sa sœur avait demandé de ses nouvelles et lui avait fait passer un mot via un autre Jaguar. Et pas n’importe lequel. Elle avait revu Kahlan. Celui-là même avec qui c’était déjà assez électrique. Pourtant, il avait réussi. Ce fut compliqué mais voilà, il a tenu. Il est parvenu à discuter « tranquillement » avec lui. Kahlan lui a transmis le message de Yulia sans que les deux Membres ne s’étranglent mutuellement. Et pourtant, d’un côté comme de l’autre, ce n’est certainement pas l’envie qui devait manquer. Pour sa sœur, il n’avait pas moufté. Anton s’était simplement contenté de l’écouter attentivement. Encore plus quand il lui a donné le lieu, l’heure et la date de leur rendez-vous. Il ne manquera pas d’y être, ça ne fait aucun doute. Elle avait forcément entendu parler de la récente rébellion et Anton voulait également la voir en personne pour la rassurer en lui disant en face qu’il avait survécu et que tout se passait bien pour lui. Et de son côté, il espérait qu’elle ne mène pas une vie trop compliquée chez ces Vipères. Mais tout ça, il allait très rapidement le découvrir. Puis, le jour tant attendu finit inévitablement par arriver. Pour davantage de sécurité, il devrait se rendre au centre neutre afin d’être certain de ne pas avoir de problème quelconque. Et comme à son habitude, il avait pris soin de s’habiller correctement, proprement etc… Il n’avait pas vu sa sœur depuis un petit moment alors il tenait à lui faire bonne impression. Lui montrer qu’il n’avait pas trop été affecté trop physiquement par la rébellion. En bref, qu’elle ne s’inquiète pas trop pour lui et qu’elle fasse en priorité ce qu’elle avait à faire. Une fois qu’il fut certain de ne rien oublier, Anton prit la direction de la sortie du clan et se dirigea vers le lieu de son rendez-vous.

Il avait pris un peu plus de temps que ce qu’il aurait dû et le Jaguar s’en était rendu compte en chemin. Il n’aimait pas faire attendre sa sœur parce qu’il savait que ça la ferait stresser pour rien et il aurait préféré lui éviter ça. De ce fait, il avait accéléré le pas et une fois arrivé au centre neutre, il s’était donné l’autorisation de ralentir l’allure. Dans ce qui pouvait être qualifié de rue, il arpentait du regard les petites ruelles à la recherche de celle qu’il cherchait. Anton finit par l’apercevoir dans l’une d’elles et n’hésita pas une seconde de plus. Il se dirigea vers elle et se stoppa net juste en face d’elle. Le Jaguar aurait aimé parler. Dire un mot, n’importe lequel. Même si ça n’a aucun sens. Mais il n’y arrivait pas. Il la laissait l’examiner sans rien dire et en attendant son verdict. Au final, ce fut elle qui entama la conversation et d’une manière assez originale. Des larmes commencèrent à embrumer ses yeux et elle vint le pousser avec brutalité. Anton se laissa faire mais il se retint tout de même pour ne pas tomber sous son coup. « Je suis vraiment désolé. Je voulais faire le plus vite possible et… J’ai traîné… » Il n’eut pas le temps d’en dire davantage. Sa sœur l’avait déjà enlacé et allait presque jusqu’à l’étouffer mais il jugea préférable de ne pas en rajouter. A la place, il passa ses bras autour de ses hanches et quand elle nicha sa tête contre lui, il se mit à lui frotter doucement le dos avec sa main droite en approchant sa tête de son oreille pour lui murmurer quelques mots en guise de réponse à sa dernière phrase. « Tu m’as manqué. » Non, il n’avait pas envie de faire des blagues actuellement. Pas dans ce genre de moment. Anton n’avait aucune envie de gâcher ses retrouvailles avec Yulia en commettant une boulette qu’il regretterait aussitôt. « Je suis là maintenant et je vais bien, je te le promets. Ces derniers jours ont été éprouvant mais c’est terminé. Je suis avec toi, je t’ai retrouvé et je ne demande rien de plus… »

Yulia aurait voulu lui dire que ça ne suffisait pas d'être désolé. Potentiellement lui en mettre une parce que son excuse était bidon (j'ai traîné ? sérieusement ?), mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Maintenant qu'elle était rassurée de le voir entier, son inquiétude avait commencé à se dégonfler et son irritation avec. Elle était soulagée. Il était là, bien vivant, et c'était le principal même si ces derniers jours sans nouvelles restaient horriblement frustrants. Si elle le serrait trop fort contre elle, ce n'était pas volontaire. C'était juste l'émotion et fort heureusement elle ne reçu pas de plainte pour cela. Elle n'était comme ça qu'avec sa famille. Il n'y avait qu'avec eux qu'elle se permettait d'être aussi ouverte et qu'elle manifestait les sentiments qui la traversaient sans chercher à les atténuer ou à les cacher. Elle leur faisait confiance, pleinement confiance, et qu'importe qu'ils étaient d'un autre clan. Le sang, non la famille, avait toujours primé sur le clan dans son coeur. Elle avait toujours cru qu'elle pourrait aller contre son clan de naissance si une guerre venait à éclater, mais elle en était de moins en moins convaincue. Cette maudite rébellion avait contribué à lui remettre les yeux en face des trous et si elle avait toujours su qu'elle ne pourrait jamais nuire aux siens, elle commençait à se rendre compte que les siens étaient nettement plus nombreux que prévus. Cela ne remettait pas vraiment en doute sa loyauté aux vipères, mais il était clair que cela poserait peut-être un problème un jour prochain si l'ouest et le sud venaient à devenir de clairs ennemis.

Un souffle lui échappa et Yulia se détendit dans l'étreinte que lui rendait son frère. Son contact était apaisant. Tout comme ses mots. Ils la rassuraient et ce n'était pas une moindre chose vu les doutes qui l'assaillaient parfois. Elle croyait en eux, elle leur faisait confiance, elle les aimait, mais on était jamais vraiment à l'abri des doutes avec la distance.

— Toi aussi. murmura-t-elle tout simplement parce que c'était la vérité.

Quand elle fut totalement rassurée sur son cas, Yulia se rendit compte qu'elle avait été assez égoïste dans sa démarche. C'était lui qui avait vécu cette rébellion et elle n'avait pas forcément eu que des impacts visibles. Lentement, elle desserra son étreinte et recula un peu de façon à pouvoir le regarder.

— Je n'ai eu que des échos, mais il paraît que cette nuit a été terrible. On est très peu informés chez les vipères, les gradés ont mieux à penser à cause de l'état d'Annabella et puisque les jaguars ont été quelque peu... elle grimaça avant de reprendre. Disons leste sur la gâchette, je n'ai pas réussi à passer par mon réseau habituel. Est-ce que tout le monde va bien ? Maman ? Papa ? Le reste de la famille ? Ella ? Grey ? Kahlan n'a pas été d'une grande aide même si je devrais éviter de lui cracher dessus car il m'a bien aidé quand même pour une fois.

C’est un secret pour personne, Anton n’avait jamais été particulièrement doué pour les beaux discours. Son truc, c’était plutôt faire des blagues… Pas toujours très drôle, il en convenait. Mais pour se justifier ou trouver des excuses potables, c’était encore pire. Par contre, là, c’était sa sœur qu’elle comprendrait et surtout… Qu’elle ne lui en voudrait pas pour ce retard. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Elle aurait pu, pourtant. Et lui aurait pu donner de ses nouvelles mais il avait passé la veille à travailler pour reconstruire le clan entre autre… Alors il n’avait pas vraiment eu le temps de trouver un moyen pour rassurer sa sœur. Mais il ne l’avait pas oublié pour autant, bien au contraire. Comment aurait-il pu, de toute manière ? Yulia est et restera à jamais sa sœur quoi qu’il se passe et même si elle fait volontairement partie d’un autre clan. Il ne pourra jamais se résoudre à la rayer de son esprit, à l’abandonner, à l’oublier ou même à la combattre. Ces options lui paraissaient impossibles et inenvisageables. Même si Noâ le lui demandait avec une excellente raison, il ne le ferait pas parce qu’on ne touche pas à la famille même celle qui vit ailleurs. Question de sentiments… Enfin, c’était bien la seule personne pour qui il serait capable d’aller à l’encontre de son propre clan et des ordres de sa Chef pour qui il a pourtant énormément de respect. Alors ce n’est vraiment pas rien. Mais pour le moment, il préférait ne pas se prendre la tête en pensant à des choses qui n’arriveront probablement jamais. Il préférait penser au présent et là, le présent, c’était justement sa sœur qui était juste là, dans ses bras et qu’il fallait rassurer. C’était assez ironique quelque part… Le petit-frère qui est forcé de rassurer la grande-sœur… Mais pourquoi pas, après tout.

Anton se contenta de la serrer un peu plus fort contre lui lorsqu’elle avoua qu’il lui avait aussi manqué. C’était tout ce qu’il avait envie d’entendre. Finalement, il aurait pu rester des heures dans cette position, contre elle. Pourtant, elle en décida autrement. Avec lenteur et un peu de douceur, elle finit par desserrer son étreinte pour reculer de quelques pas avant de se mettre à le regarder. Quoi ? Il avait quelque chose ? Une tâche sur la figure, peut-être ? Mais non, elle reprit la parole pour se renseigner un peu plus au sujet de la rébellion. Elle disait être très peu informée à cause de… L’état d’Annabella ? La Chef des Vipères avait donc eu quelques problèmes ? Mais peu importe. Anton n’était pas là pour ça et il s’en fichait. C’est pour ça qu’il n’irait pas lui demander davantage de détails à ce sujet. Il n’en avait pas envie, n’en voyait pas l’utilité et il s’en moquait. Alors il allait simplement se contenter de répondre à ses interrogations. Ni plus, ni moins. De plus, avec lui, il valait mieux éviter de s’aventurer sur le terrain glissant du sujet des Vipères. « Terrible, je pense que c’est le mot adéquat. » Il eut un frisson en repensant à ce qui s’était passé. Lui n’avait pas subi grand-chose mais intérieurement. Il le savait. Il savait que ça aurait pu être bien pire pour lui. Mais pas seulement. « Désolé pour les autres Jaguars… Mais avec ce qui s’est passé, je pense qu’ils n’en font pas trop… Enfin, Maman et Papa vont bien et Ella et Grey aussi. Ils ont la peau dure, tu le sais. Par contre, pour hum, le reste de la famille, je ne suis sûr de rien… Quant à Kahlan… Il est rarement d’une grande aide… Même si je lui dois le fait de pouvoir te voir aujourd’hui… » Il lui devait quelque chose et cette perspective ne l’enchantait pas… Mais c’était la seule personne à qui Yulia avait pu demander alors même si ça l’énervait, il ferait avec.

Beaucoup semblait glisser sur la peau d'Anton. Le sujet vipères était tabou, elle le savait et le respectait, mais parfois elle était bien obligé de le mettre sur la table. Elle était à moitié vipère, elle avait juré fidélité à ce clan. Pourtant, sa fidélité première allait à sa famille et elle ne l'avait jamais réellement caché sans pour autant le crier sur tous les toits. Il y avait une différence entre fierté et stupidité. De toute façon, Yulia n'était pas là pour parler d'Annabella ou d'une quelconque personne de son clan. Elle voulait en savoir plus sur ses jaguars.

Le frisson que ses questions tira à son frère la poussa à passer la main sur son bras, frottant vigoureusement son biceps. Elle n'aimait pas de savoir qu'il avait été au milieu de tout ça même si ce tout ça était encore flou. Et visiblement ça le resterait pour un moment encore. Malgré sa curiosité, Yulia ne voulait pas le presser. S'il n'en disait pas plus, elle trouverait ses informations ailleurs. Elle balaya les excuses qu'il présenta pour les sentinelles d'un revers de la main. Elle n'en avait que faire. Certes, il avait été difficile de se faire jeter d'un territoire qu'elle considérait encore un peu comme le sien, mais c'était l'une des conséquences de son choix qu'elle se devait d'endurer. Elle espérait juste que lorsque la tension serait retombée, elle aurait la possibilité de revenir sur les lieux plus facilement.

Les informations sur la famille vinrent petit à petit. Yulia raya mentalement la liste de personnes qu'elle était susceptible de perdre tout en l'écoutant. Ses parents étaient ok. Ouf. Elle avait entendu dire que les quartiers d'habitations avaient été touchés. Ella et Grey étaient entiers. Ça, elle le savait déjà grâce à Kahlan, mais l'entendre de Anton était la confirmation qu'elle attendait. Le fait qu'il soit aussi flou sur le reste de leur famille la perturba néanmoins un peu. Ça lui semblait presque anormal. Un doute resta coincé dans sa tête, mais elle ne savait pas comment l'aborder. A la place, elle glissa quelques mots à propos de son ex d'un air absent.

— Tu ne lui dois rien, c'est moi qui ait fait un deal avec lui. Elle se racla la gorge. S'il essaye d'utiliser une potentielle dette que tu aurais envers lui, file lui un coup de poing de ma part.

Il y avait eu durant un instant une pointe d'agressivité dans sa voix à l'égard du brun qui mourra pourtant vite. Elle restait inquiète.

— Maman ne t'a vraiment rien dit à propos des autres ?

Yulia se sentait insistante et ça lui déplaisait, mais il y avait une sensation qu'elle ne parvenait pas à s'ôter de la peau. Quelque chose n'allait pas, elle en était quasiment certaine. Elle se massa la nuque, un peu perturbée, avant de continuer.

— Je n'arrive pas à me débarrasser de ce mauvais pressentiment depuis la rébellion.

Tout allait trop bien. Il lui semblait inconcevable que les siens soient tous intacts après une pareille attaque.

L’évocation de la récente rébellion chez les Jaguars n’était pas une si bonne idée que ça. L’atmosphère était devenue un peu tendue depuis avait demandé quelques renseignements à ce sujet. Anton n’avait pas répondu mais ça n’avait rien à voir avec de la mauvaise volonté, loin de là. Il aurait volontiers aider sa sœur, seulement… Il n’était pas encore totalement à reparler de ce qui s’était passé. Pour le moment, il préférait taire ces souvenirs et ne pas les rappeler. Il était parfaitement conscient que Yulia ne lui demandait pas des nouvelles de cet événement simplement pour l’embêter ou n’importe quoi d’autre. Mais voilà, là, c’était plus fort que lui. Il ne pouvait pas. Il n’avait pas envie de parler de ces traîtres qui ont cru qu’un règne sous Abel serait plus prolifique, plus paisible et plus organisé que ce que faisait déjà Noâ. Il ne voulait pas non plus complètement admettre qu’il y ait eu des traîtres dans leurs rangs. Question de fierté, certainement. En parlant de ça, Yulia avait aussi la sienne. Elle s’était fait jeter du territoire par les Sentinelles alors qu’à une époque, elle avait vécu parmi nous. Pourtant, elle ne s’en formalisa pas. Elle avait voulu devenir une Vipère alors, elle assumait. Ça faisait mal à Anton mais de toute évidence, il n’avait pas vraiment le choix non plus. La seule chose qu’ils peuvent espérer à ce sujet, c’est que ça finisse par passer avec un apaisement des tensions. Cela dit, la remarque de Yulia à propose de Kahlan parvint à arracher un sourire à Anton. Oh, très bien, il ne manquerait pas d’appliquer les directives de sa grande sœur si le brun venait lui demander des comptes. « Tu n’aurais peut-être pas dû faire un deal avec lui… Enfin, tu vas me dire que tu es assez grande pour savoir ce que tu fais et au fond, ce n’est sûrement pas totalement faux. En tout cas, je me ferai un plaisir de lui mettre un coup de poing dans la figure pour toi, si jamais il vient me dire que je lui en dois une. » Là-dessus, elle pouvait compter sur lui, c’était certain. Il ne manquerait certainement pas de mettre un coup à Kahlan, surtout quand c’est justifié.

Mais inévitablement, Yulia revint sur le sujet de leur famille… Evidemment, il devait s’y attendre. Avoir dit que Grey et Ella et leurs parents allaient bien n’était bien sûr pas suffisant. Il fallait qu’elle sache à tout prix pour les autres. Sauf que voilà… Anton avait bien entendu parlé de quelques morts dans sa famille mais il n’y avait jamais rien eu de réellement concret. Pas que ce sujet ne l’intéressait pas ou qu’il en avait trop peur pour entendre la vérité… Seulement, avec les travaux de reconstruction sur le territoire, il n’avait pas encore vraiment eu le temps de se poser avec ses parents et de discuter avec eux. Anton a surtout fait des pauses avec ses amis comme Raphaëlle et d’autres personnes qu’il appréciait bien. Mais sa famille, il ne l’avait pas beaucoup croisée. Et sans le faire particulièrement exprès. Il se racla légèrement la gorge avant de plonger son regard dans celui de sa sœur aînée. « Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de les croiser… Depuis ces événements, il y a beaucoup de choses à faire au camp et tout le monde est occupé, la plupart du temps. » Il soupira. Le Jaguar n’avait pas envie de donner le peu d’informations qu’il possédait mais là, il s’agissait de sa sœur et il n’avait donc pas trop le choix. Ne serait-ce que par respect pour elle. Et puis, pour sa famille, il est logique qu’elle puisse savoir. « Mais Maman a quand même eu le temps de me glisser quelques informations à l’oreille. Il semblerait que du côté des neveux et nièces, nous ayons perdu quelques membres de la famille… Je suis désolé. C’est sans doute de là que vient ton mauvais pressentiment… Et c’est compréhensif. » Anton baissa les yeux. Il ne lui donnerait pas plus de détails et déjà… Il se doutait que ce qu’il venait de dire allait être assez dur à encaisser. Cela dit, si sa sœur avait besoin d’une épaule pour pleurer, il était là.

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