Absence makes the heart growl
Scénario Dragon 02
PNJIs Hunter & Commander
Jour 1 - Matin

La nouvelle avait éclatée comme une bombe parmi les Lieutenants. Lorsqu'ils s'étaient rassemblés autour d'un Samuel qui peinait de plus en plus à rester conscient, ils n'en avaient au départ par cru leurs oreilles. Il fallait dire que cette mission était top-secrète et que même parmi les gradés, certains n'avaient pas été mis au courant. Ils étaient pourtant tous fidèles à leur Chef et une telle décision de sa part de se la jouer solo mis à mal cette fidélité. Il y avait aussi cette incompréhension. Après tout, il avait emmené avec lui certains éléments prometteurs de leurs équipes et ils les avaient mis en danger de façon inutile. La mort de Chad était pour eux une preuve irréfutable. C'était un vrai miracle que les pertes aient été si faibles au vu des conditions. Enfin si faibles... Le clan avait quand même perdu son Second et c'était une véritable catastrophe en soi, mais la situation aurait pu être bien pire. Toutes les Membres embarqués étaient des Spécialistes et il y avait dans le lot les espoirs d'une nouvelle génération plus que prometteuses. Alors, les Lieutenants avaient bien du mal à avaler cette pseudo-mission qui s'était avérée être échec. Pourtant, personne n'avait rien dit. Personne n'avait critiqué Samuel. Ils s'étaient juste appliqués à faire au mieux pour le clan. A l'heure actuelle, c'était le principal.

Après maintes discussions, il fut décidé que les Membres devaient être mis au courant dès aujourd'hui pour éviter d'éventuelles fuites. C'était un point sur lequel avait insisté Samuel avant de tomber dans l'inconscience car il ne voulait pas voir la mémoire de son meilleur ami salie par des rumeurs idiotes. L'annonce allait être faite par Hunter et Commander, les deux Lieutenants les plus mesurés. Tous les deux peinaient à contenir les émotions qui les traversaient, bien que comme toujours l'Espionne se montrait la plus douée pour dissimuler ses sentiments. La perte de Chad était importante pour eux, ils avaient travaillés ensemble pour le clan et ils avaient noués une sorte d'amitié à force, mais ils ne devaient pas se montrer trop affectés. Les gradés se devaient d'être forts car ils étaient des Dragons. Et un Dragon n'affichait pas sa faiblesse de la sorte.

Lorsqu'ils sortirent du quartier général, tous les Membres étaient déjà là pour l'entraînement matinal. Eux étaient en retard par contre et ils se doutaient que ces minutes écoulées sans voir un gradé apparaitre avaient déjà dû faire naître bien des rumeurs dans les rangs.

- Silence !

La voix grave de Hunter s'était répandue dans le groupe, faisant taire tous les murmures. Voyant que le Tireur d'élite était moins calme qu'à l'accoutumé, Commander reprit le flambeau.

- Aujourd'hui, l'entraînement n'aura pas lieu. Nous avons néanmoins quelque chose à vous dire et vous allez devoir écouter le plus calmement possible. Cette nuit, une mission s'est déroulée en dehors de nos murs et l'un des nôtres a perdu la vie. Chad, notre Second, a été abattu lors de l'intervention. Nous ne pouvons pas vous en dire plus à l'heure actuelle et nous vous demanderons de ne pas chercher à obtenir des informations par vous même.
- Nous répondrons néanmoins à certaines de vos questions si vous en avez et si elles nous paraissent appropriées.

Quelque chose n’allait pas. Je ne pouvais encore dire quoi, mais une ambiance lourde pesait sur le territoire. C’était comme si le ciel avait décidé d’écraser la ville de tout son poids… A peine sortie de chez moi pour l’entrainement matinal que je me sentis comme étouffée, et c’est en trainant la patte que je rejoignis le QG, un sale pressentiment me serrant la poitrine. Je n’arrivais pas à dire ce qui provoquait ce malaise. Peut-être cette légère odeur de brûler qui flottait dans l’air ? Celle-ci n’était pourtant pas particulièrement inhabituelle, mais cette fois elle état à la fois trop légère et trop forte. Elle me dérangeait.

Arrivé au QG, ce sentiment qui ne me quittait pas s’accentua. Tout le monde était rassemblé, comme à l’accoutumée, mais les Lieutenants n’étaient par contre pas là. J’étais pourtant arrivée tout juste, mais il n’y avait encore personne. Tout le monde semblait se demander pourquoi ce retard. Pour ma part, je fixais la porte du bâtiments avec intensité, comme si j’allais pouvoir voir à travers. Je ne cherchais même pas à aller questionner quelqu’un, j’étais bien trop crispée pour bouger…

Finalement, les gradés apparurent. Leurs têtes ne disaient rien qui vailles. Hunter réclama le silence, et sa voix me crispa encore plus. Est-ce qu’il était… tendu ? Mais je n’eu pas l’occasion d’en entendre plus de sa part, Commander prenant le relais. Et ce qu’elle annonça jeta un froid glacial sur l’assemblée. Je me sentis blêmir presque malgré moi, n’en croyant pas mes oreilles. Comment ça Chad était mort ?! C’était quoi cette histoire ? Et où était Samuel ? Ils ne pouvaient quand même se contenter d’une annonce pareil sans nous donner de détails… ?!

Une inquiétude sourde m’envahit, faisant bourdonner mes tympans. Des murmures commençaient à se rependre dans la foule, et parmi eux j’entendis ma voix, lointaine, poser la première question.

« Où est Samuel ? »

J’aurai demander n’importe quoi sur cette soi-disant mission sortie de nulle part ou sur les conditions exactes de la mort de Chad, mais cela aurait été admettre que les choses étaient réelles. Non, tant que maintenant, je voulais juste savoir pourquoi Sam n’était pas présent…

On t'a dit de rentrer dormir. De garder tout ce que tu as vécu pour toi. Cette nuit n'a pas existée et tu n'as pris part à aucune mission, Michael te l'a bien fait comprendre. La bonne blague. Comme si dormir t'était possible après tout ça. Cette nuit, tu as vécu l'enfer de la perte et tu as été bien incapable de fermer l'oeil. En rentrant, ton premier réflexe avait été de te laver pour faire disparaitre le sang qui couvrait ton corps. Son sang à lui. Avec Thalia, tu as traîné le corps de Chad sur des kilomètres avant que des sentinelles ne prennent le relais. Le quitter avait été difficile mais tu avais obéis aux ordres comme tu avais toujours su le faire. Sans broncher, tu étais rentrée à la maison. Tu avais fait comme si rien ne s'était passé jusqu'à te trouver à l'intérieur où tu avais laissé une nouvelle fois les larmes couler. Cette faiblesse ne te ressemblait pas mais tu préférais te débarrasser à l'écart des regards de cette tristesse qui t'étouffait et faisait déborder tes yeux.

Lorsque la sirène résonne, tu es plus calme. Tu es resté longtemps allongée sur ton lit, à demi-nue. Ta peau est rougie mais à cause du frottement et non à cause du sang cette fois. Sans te précipiter, tu te prépares. Tu t'habilles lentement, sélectionnant des vêtements aux hasards. Tu mets tes chaussures et tu glisses ta dage à ta ceinture. Ta lance est par terre à côté du lit. Elle est sale à cause de l'hémoglobine et de la poussière. Tu n'as pas encore eu le courage de l'affronter. Tu veux attendre encore un peu avant d'effacer toutes traces de cette nuit et elle est ton dernier fragment. Maintenant que tu es prête, tu te mets en route. Tu n'es pas aussi fougueuse qu'à ton habitude. Tu n'as pas hâte d'aller à l'entraînement. Après tout ce qu'il vient de se passer, tu as même pour la première fois envie de sécher pour t'éloigner de ces gens qui ne savent rien du drame qui s'est produit cette nuit. Pourtant, tu te forces à marcher et tu arrives finalement au lieu de rassemblement. Les autres Membres commencent à comprendre qu'il y a un problème, ils sont plus agités que d'habitude. Toi, tu sais et tu es d'autant plus calme. Tu restes dans un coin, les yeux trainant au sol. Tu ne veux pas que l'on devine ton trouble. L'entraînement n'a finalement pas lieu. A la place, on vous parle. Lorsque Commander annonce la mort du Second, de ton ami, tu ne peux t'empêcher de laisser une larme couler. Tu la caches derrière tes mèches brunes et tu restes bien à l'écart de la foule. Tout ce qu'il se passe autour de toi n'a plus d'importance, c'est à peine si tu écoutes les différentes exclamations des personnes présentes. Tu te fiches bien de tout ça, tu sais ce que tu dois savoir et cela te suffit. C'est même déjà beaucoup trop.

Quelqu'un s'approche. Si tu feins d'ignorer sa présence, tu restes néanmoins attentive. Tu es à l'écart du groupe, il y a donc peu de chance que cette personne soit venue pour quelqu'un d'autre. Durant un instant, tu espères qu'elle va partir, qu'elle passe juste à côté de toi pour s'en aller mais la situation ne te donne pas raison. Sur ta joue, le sillon humide laissé par la larme est encore bien présent mais tu ne l’essuies pas de peur de révéler ta faiblesse. De toute façon, tes cheveux cachent ton visage et t'offrent un rempart que tu espères suffisant.

EDEN – Violette. Je viens d’apprendre pour Chad, comme tout le monde en fait.

Cette fois, le doute n'est plus permis. C'est bien à toi qu'on parle. Face à cette soudaine apparition, tu ne sais pas comment réagir. Tu lèves les yeux pour regarder fixement devant toi en tentant d'effacer cette intrusion de ton esprit. Pourquoi vient-elle te parler ?

EDEN – Je ne m’attendais pas à voir la célèbre et grande Violette pleurer mais pour ce qu’il en est, c’est normal. Tu es humaine, après tout, il me semble.

La réponse apparaît comme par magie. Elle se fout de ta gueule. Tu te hérisses au son de sa voix. Ce qu'elle te débite ne te plaît pas. D'abord, elle te parle de Chad et maintenant elle enfonce le clou en te faisant remarquer tes pleurs. Comment a-t-elle su ? Tu passes la main sur tes joues et tu constates qu'elles ne sont pas vraiment mouillées. Tes yeux sont par contre prêt à déverser un torrent que tu ne comptes pas laisser s'échapper ici. Et surtout pas devant cette nana qui ne raconte que des conneries. Bien entendu que tu es humaine !

EDEN – Je suis désolée. Je ne le ramènerai pas, c’est certain, mais si tu veux te confier… ou me frapper pour te soulager. Ne te gêne pas.

Et elle parle encore et encore. Tu te demandes si elle s'arrêtera un jour. En plus, son discours est de plus en plus étrange. Tu sais qu'il y a quelques masochistes sur le territoire mais c'est la première fois qu'on te fait une pareille demande. Tu lui jettes finalement un coup d’œil et après une légère hésitation, tu l'identifies enfin. Eden, une Basique à la réputation sulfureuse mais qui ne semble pas fondée. Vous n'avez aucun lien, tu ne comprends même pas pourquoi elle est venue. Surtout qu'au final, tu ne sais toujours pas si c'est pour se moquer de toi ou pour te réconforter. La seconde hypothèse te paraît complètement hallucinante mais il n'y a ni rictus, ni lueur mauvaise dans son regard. Cela te déroute. Tu te redresses un peu et d'un geste rapide, tu glisses tes mèches derrière tes oreilles. Tes yeux n'ont pas quittés la rousse que tu comprends de moins en moins. Tu attends presque la moquerie ou le mauvais coup avec impatience car cela te permettrait de mettre un terme à cette situation gênante.

VIOLETTE – Qu'est-ce que tu veux vraiment ?

Son attitude risque d'attirer l'attention vers toi. Tu n'es pas farouche avec les autres Membres mais si jamais quelqu'un a perçu ses paroles suite auxquelles tu n'as pas encore réagis, cela attirera les ragots. Cette journée est spéciale, tu sais qu'un écart sera probablement pardonné mais tu ne tiens pas à entacher ta réputation. Michael est peut-être dans l'assistance et il n'est pas vraiment un homme de sentiments. Et puisque tu as besoin qu'il remette un bon rapport à ton propos si tu veux rester à la tête du classement, tu ne souhaites vraiment pas qu'il te prenne pour une fille faible et pleurnicharde.

VIOLETTE – Je n'ai pas besoin de ta compassion et encore moins de ta pitié. Des pertes, on en affronte tous.

L'assistance resta relativement calme. Même si l'annonce était grave, les Membres savaient que la panique serait mal vue et que comme toujours, en tant que Dragons, il n'avait pas vraiment le droit à l'erreur. A l'exception des éventuelles effusions de violence, la plupart des émotions étaient traitées avec des pincettes du côté Nord. Ils étaient bien peu à pouvoir oublier le couperet au dessus de leur tête au final. Commander et Hunter ne fonctionnaient pourtant aucunement en utilisant la peur comme moteur, mais ils ne furent pas étonné de voir que la nouvelle se répandait en une rumeur faible. Certains étaient affectés, d'autres pas, et puis il y avait les neutres. Sans oublier ceux qui ne prenaient pas encore conscience des conséquences qu'auraient la perte de Chad sur le clan. Une voix résonna enfin, plus audible que toutes les autres, pour porter une question aux gradés. Une question légitime et rassurante. La crainte générale des Lieutenants avait été de voir les leurs paniquer à l'idée que les Dragons soient gérés uniquement par Samuel. Alors que quelqu'un s'intéresse au sort du Chef annonçait un semblant d'avenir positif. Puisque la question avait été posée par une Espionne, c'est Commander qui prit la peine de répondre.

- Pour l'heure, Samuel se repose. Il a été blessé durant la mission, mais son état n'est pas grave et il sera rapidement de retour.

Elle ne pouvait pas en dire plus. Les Membres ne devaient pas savoir que Samuel était dans un état qui n'avait rien d’anodin et qu'il lui faudrait un moment avant d'être au mieux de sa forme. Et puis, il lui faudrait se remettre de la perte de son ami et de son bras-droit.

- D'autres questions ?

Commander répondit à ma question, disant que Samuel se reposait suite à des blessures. S’il annonça que son état n’avait rien de grave, une boule dans ma gorge me persuadait du contraire. Je voulus demander à nouveau où il était, mais ma voix s’étrangla et aucun son ne franchit mes lèvres. Un frisson glacé me parcouru. Sam ne pouvait pas aller bien, pas après la perte de Chad… Mais si ma première réaction voulus d’aller le trouver, je me repris bien vite en me disant qu’il valait mieux lui laisser un peu de temps. Sam était quelqu’un de fort, débarquer comme une furie auprès de lui pour le harceler sur son état physique et psychologique aurait été une grosse erreur… Et puis les gradés ne semblaient pas enclins à nous dire où il se trouvaient de toute façon…

Commander avait demandé si nous avions d’autres questions, et comme personne ne semblait vouloir intervenir, je pris une grande inspiration et repris la parole d’une voix cette fois plus calme, ravalant la boule qui m’obstruait la gorge avec difficulté.

« Que va-t-il se passer alors ? »

J’avais un peu haussé la voix afin de me faire entendre parmi les murmures, mais je la sentais encore lointaine malgré le soin que je mettais à reprendre de l’assurance. Cette histoire n’annonçais rien de bon…rien du tout…

Tu n'aimes pas avoir à dire ça. Tu n'aimes pas non plus que ça t'écorche la bouche de la sorte. Avouer que Chad n'est qu'une perte parmi tant d'autres te fait mal parce que ce n'est pas le cas. Pour toi il était important. Il t'est difficile de mettre un nom sur votre relation mais il était en quelque sorte ton ami et tu te demandes ce que tu vas faire maintenant qu'il n'est plus là. Il n'avait plus rien à t'apprendre depuis bien longtemps, tu restais à ses côtés juste parce que tu l'appréciais. Tu le comprends seulement maintenant et ça te fait d'autant plus mal.

EDEN – Ce que je veux vraiment ? Je pensais avoir été claire, pourtant.

Tu ne comprends décidément pas. Si tu lui poses la question ce n'est pas pour rien alors pourquoi répéter bêtement ta question ? La rousse semble en proie à un sentiment que tu n'identifies pas. Tu n'es vraiment pas habitué à ce que l'on se comporte de la sorte avec toi.

EDEN – Je venais juste te voir. Tout le monde sait que tu étais proche de Chad. Je venais voir si tu avais besoin de quoi que ce soit.

Tu crois rêver. La fille t'offre une sorte de gentillesse gratuite. Ce n'est pas de la pitié mais ça s'en rapproche un peu à tes yeux. En plus tu ne vois pas du tout ce qu'elle pourrait pour toi. Personne ne pourra t'aider à traverser cette épreuve, tu dois le faire seule.

EDEN – Si tu le dis. Je ne voulais que t’aider. Au moins, tu sais que je suis là, maintenant.

Sa suffisance t'agace un peu. Tu hausses les yeux au ciel. Sincèrement, ça te fait une belle jambe de savoir qu'elle est là ? Tu ne la connais pas et tu ne veux pas la connaître. C'est juste une fille de ton clan. Une Basique de plus avec laquelle tu devras bien travailler au cours des missions si l'ordre est donné. Elle tourne les talons et s'en va avant que tu n'ajoutes un mot de plus. Tu ne vas sûrement pas la retenir. Ce n'est pas ton genre et en plus tu n'en as aucune envie. Tu la regardes partir avant de t'intéresser un peu plus à ce qu'il se passe autour de toi. Kiara vient de poser une question intelligente. Toi aussi tu te demandes un peu ce qu'il va se passer maintenant que Chad n'est plus là.

Les Dragons étaient aujourd'hui bien trop calmes. Commander le constata avec une certaine insatisfaction. D'un côté, il était plus pratique qu'ils restent silencieux, mais elle craignait que ce silence ne provienne que d'une sorte de manque d'intérêt qui pourrait n'augurer rien de bon. Au milieu de tout ça, heureusement, Kiara continuait de s'intéresser à la situation. Elle se tourna donc clairement vers elle pour lui répondre.

- Un nouveau Second sera prochainement nommé par le Conseil des Héros.

Elle marqua une brève pause avant de continuer.

- Aujourd'hui sera jour de deuil. Les entraînements sont annulés. Vous êtes libres de vos mouvements. Nous vous attendrons néanmoins à la tombée de la nuit pour le bûcher funéraire de Chad.

COMMANDER - Un nouveau Second sera prochainement nommé par le Conseil des Héros.

Tu écoutais ce que la Lieutenant des Espions disait d'une oreille distraite mais tu es nettement plus attentive dès lors qu'elle commence à parler de nommer un nouveau Second. Déjà ? Comment peut-on parler de remplacer Chad alors que son corps n'est même pas encore froid ? Une telle froideur te révulse. Normalement ça ne devrait pas être le cas mais tu tiens à lui alors tu ne peux pas t'empêcher de ressentir un profond dégoût à l'égard d'un tel traitement.

COMMANDER - Aujourd'hui sera jour de deuil. Les entraînements sont annulés. Vous êtes libres de vos mouvements. Nous vous attendrons néanmoins à la tombée de la nuit pour le bûcher funéraire de Chad.
VIOLETTE – C'est tout ?

Tu as parlé tout haut sans t'en rendre compte. Tu comprends avec horreur ton erreur mais plutôt que de la fermer en évitant de te faire plus remarquer, tu continues de façon volontaire cette fois.

VIOLETTE – Ces fumiers ont descendus notre Second et on ne va rien faire ?!

Les deux gradés avaient cru pouvoir dissiper la foule maintenant que toutes les informations avaient été livrées, mais une voix s'éleva soudainement. Commander chercha des yeux qui avait parlé, mais elle ne découvrit Violette que lorsqu'elle reprit la parole. Elle se tenait à l'écart du groupe et c'était à peine si elle avait remarqué sa présence jusqu'ici, une chose étonnante lorsque l'on connaissait la Spécialiste. Les sourcils de l'Espionne se froncèrent par contre. N'avait-elle pas reçu les consignes ? Il lui semblait pourtant que Michael s'était chargé de parler à ses recrues qui avaient été sur le terrain durant la nuit pour éviter tout problème. Il s'était même permis de s'occuper de l'une des ses Spécialistes, alors elle avait espéré qu'il avait fait son travail correctement avec son groupe à lui. Elle chercha un instant l'homme des yeux, mais ne le trouvant pas, elle décida de s'avancer un peu. Elle n'avait jamais rien eu à redire à propos du comportement de la brunette, mais aujourd'hui, elle ne paraissait pas dans son état normal. La mort de Chad devait l'affecter plus que les autres, elle les savait particulièrement proches.

- Je peux comprendre ton envie de revanche, mais il y a un temps pour tout. Pour l'heure, il est plus important de nous occuper de nous que d'eux.

Commander esquissa un geste pour englober l'ensemble du groupe.

- Et cela vaut pour vous tous. Profitez de cette journée de repos que nous vous offrons car il ne s'agira que du calme avant tempête.

Commander ne tarda pas à répondre. Un nouveau Second…. Déjà ? Je gardais le silence alors qu’elle annonçait la suite de la journée, mais quelqu’un réagit, et pas vraiment en douceur. C’était Violette, que je n’avais pas remarqué jusque-là. Elle n’était pas d’accord avec la décision prise et comptait bien le faire entendre. Je savais qu’elle était assez proche de Chad, mais je ne doutais pas que ce soit au point de vouloir venger sa mort dans l’immédiat…

Commander lui répondit qu’il y avait un temps pour tout, et que nous avions intérêt à profiter de cette journée de repos. Pour ma part, je comptais surtout en apprendre plus sur l’état de Samuel. Alors que la foule commençait à remuer, je tournais vivement les talons et m’éloignais. Je ne savais pas encore comment j’allais m’y prendre, mais je comptais bien obtenir des réponses !

Durant toute l'annonce, Falko était resté de glace. A l'écart du groupe, il avait observé les réactions de ses congénères dans un mélange de dégoût et de frustration. Le jeune homme devait bien l'admettre, il vivait très mal le fait de ne pas en savoir plus. La situation puait les embrouilles à plein nez, mais personne ne semblait être réellement enclin à poser les questions qui s'imposaient. La majorité des Dragons restait stoïque, acceptant la situation comme s'il était parfaitement normal qu'on les traite comme un simple troupeau de moutons. On leur avait dit de ne pas poser de questions, de ne pas chercher à en savoir plus, preuve qu'il se tramait bien quelque chose. Quelque chose de plutôt grave pour que l'on couvre la perte du Second du clan sous une toile de mystères.

Malgré les pensées qui se bousculaient dans sa tête, Falko ne valait en cet instant pas mieux que les autres. Lui non plus n'avait pas cherché à en savoir plus. Face à son Lieutenant, il avait préféré se faire pour une fois discret, mais il ne comptait pas rester inactif en attendant qu'une potentielle information ne finisse par tomber. Il avait bien remarqué l'attitude étrange de Violette qui semblait en savoir plus que les autres à propos de la mort de Chad. Et puis, il y avait l'absence du duo terrible Jayden et Loukas qui, bien que récurrente, lui semblait aujourd'hui anormale. Au vu de la situation, jamais on n'aurait toléré que deux Spécialistes manquent à l'appel, c'était impensable. D'où qu'il regardait, le Dragon ne voyait que des indices supplémentaires pour lui mettre la puce à l'oreille.

Lorsque la foule commença à se dissiper, c'est assez naturellement qu'il gagna le côté de Violette. A l'heure actuelle, elle était pour lui la personne vers qui se tourner pour en savoir plus. Et au vu de son comportement, il savait parfaitement comment s'y prendre pour obtenir les informations qu'il souhaitait.

- Salut Violette. Drôle de journée, hein...

La mort de Chad ne le touchait pas vraiment, mais il feint d'être attristé par sa perte et pressa doucement le bras de la jeune femme en guise de réconfort. Il ne savait pas si une telle attitude lui apporterait sa sympathie, mais il pouvait toujours essayer.

- Je trouve ça dégueulasse qu'on en reste là. Notre Second méritait qu'on se batte pour lui. Nous sommes des Dragons, contre-attaquer malgré la perte devrait être notre force.

Tu sais que tu fais une erreur en parlant mais tu n'as pas pu t'en empêcher. Comment le pourrais-tu alors que Chad est mort ? En voyant Commander s'avancer dans la foule pour s'approcher un peu, tu te sens mal à l'aise. Tu détestes attirer l'attention sur toi de façon si négative. La Lieutenant a les sourcils froncés et expose pour une fois une partie de ses émotions ce qu'elle fait rarement. C'est bien la preuve que ton comportement est particulièrement inapproprié.

COMMANDER – Je peux comprendre ton envie de revanche, mais il y a un temps pour tout. Pour l'heure, il est plus important de nous occuper de nous que d'eux.

Tu as entendu beaucoup de rumeurs à propos d'elle. On dit que les Espions sont chanceux de l'avoir. Elle se montre compréhensive, presque gentille mais n'en oublie pas ce qu'elle a à faire et le secret qu'elle doit respecter. Celui que toi aussi tu te dois de respecter d'ailleurs. Pourtant, tu n'arrives pas à lui donner raison. Rester inactive te tue. Tu veux savoir qui est l'enfoiré qui a descendu Chad mais seul Samuel le sait. Personne ne sait exactement où se trouve ce dernier. Si tu veux assouvir ta vengeance, tu devras donc attendre même si ça te semble insurmontable.

COMMANDER – Et cela vaut pour vous tous. Profitez de cette journée de repos que nous vous offrons car il ne s'agira que du calme avant tempête.

Tu doutes que du repos te soit favorable. Malgré ta frustration, tu ne réponds rien à Commander. Elle est ta supérieure et tu n'as pas à descendre ses ordres. Incapable de rester plus longtemps ici tu tournes les talons pour imiter tes camarades qui se dispersent suite à l'ordre tacite esquissé par la Lieutenant. Alors que tu pars, tu sens pourtant une présence à tes côtés. Tu lances un regard excédé au nouveau venu, persuadée que c'est encore cette Eden qui insiste mais c'est un homme que tu découvres près de toi.

FALKO – Salut Violette. Drôle de journée, hein...

Tu ne peux pas lui donner tort. Tu hoches brièvement la tête en guise de réponse en espérant qu'il te fichera la paix après. Ce type, tu ne le connais pas très bien. Tu sais qu'il s'appelle Falko et qu'il est dans l'équipe de Hunter. Vu sa position, il ne doit pas être mauvais et tu le sais ambitieux. En plus, il n'a pas l'air de prendre la mort de Chad de façon désinvolte contrairement aux autres. Lorsqu'il te presse le bras d'une façon bizarrement familière, tu t'arraches brutalement à son contact. Qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir te consoler ? Tu lui lances un regard mauvais en guise d'avertissement. Une fois mais pas deux. Tu n'es vraiment pas d'humeur à te faire approcher par un dragueur qui veut profiter d'une situation où il te croit faible.

FALKO – Je trouve ça dégueulasse qu'on en reste là. Notre Second méritait qu'on se batte pour lui. Nous sommes des Dragons, contre-attaquer malgré la perte devrait être notre force.

Sa répartie te pousse à le reconsidérer un peu mieux. Envisager que quelqu'un soit de ton avis est réconfortant même si tu restes méfiante. En continuant à marcher, tu lui lances quelques coups d’œil à la dérobée. Tu ne sais pas vraiment quoi faire.

VIOLETTE – Les ordres sont les ordres.

Même si ton envie de vendetta sur ces maudits Jaguars est grande, tu tiens à ta place. Tu ne veux pas gâcher les efforts de presque toute une vie. Si tu dois faire quelque chose, il te faudra un plan solide qui te permettra d'arriver à tes fins sans que l'on puisse t'accuser de quoi que ce soit. En lançant un nouveau regard à Falko, tu te rappelles qu'il n'était pas là lors de la mission. Il ne sait donc rien de la situation en théorie. Cette information te refroidit un peu. Si tu ébruites l'affaire, tu peux être sûre qu'il en est fini de toi.

VIOLETTE – Mais il est toujours possible de les contourner.

Tu adresses au blond un sourire plus ou moins vrai bien qu'il soit triste, puis tu accélères pour l'abandonner. Tu n'es vraiment pas d'humeur à rester au côté de quelqu'un pour l'heure. Mais tu préfères le garder sous le coude. Ce Falko pourrait être intéressant à côtoyer dans un futur plus ou moins proche s'il est vraiment sincère.

La nuit avait été rude pour tous ceux qui, comme moi, avaient participé à cette mission suicidaire. Je n'aimais pas Samuel, et je n'avais pas aimé cette mission sur le territoire que je connaissais bien. Il voulait enlever Jude, celle que je surveillais depuis des années, sa grande sœur. Mais il n'avait pas à recruter des Membres, des Spécialistes qui plus est, pour accomplir une aussi basse besogne. Tout ce que le clan avait gagné était la mort de Chad, notre Second. Et c'était entièrement de la faute de Samuel.

Violette était effondrée alors que nous traînions son corps sur des kilomètres pour le ramener à la maison, chez lui. J'étais triste également bien que nous n'avions pas la même relation qu'elle et lui. Nous venions de perdre un Membre important, c'était normal de sentir comme un vide. Je raccompagnai la Dragonne chez elle pour m'assurer qu'elle s'y rendait bien. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Mais personne n'en saurait rien, car je resterais muette sur ce point. Et sur tous les évènements de la soirée, comme j'en avais eu l'ordre formel.

J'étais rentrée chez moi, je m'étais lavée et changée. Il fallait faire partir ce sang, cette poussière et ces cendres. Il ne fallait rien laisser paraître, il fallait tout faire disparaître. Car rien de tout ceci n'avait jamais eu lieu. En théorie, du moins. J'étais douée pour me taire. Le lendemain, c'était ce que j'aurais à faire, comme d'habitude.

Dormir me fut impossible. J'avais déjà participé à maintes missions, mais celle-ci était différente. J'étais en colère. La tournure qu'elle avait prise ne me plaisait absolument pas. J'en voulais à Samuel de nous avoir entraîné là-dedans, mais les ordres étaient les ordres et je n'avais pas le pouvoir de lui tenir tête. La sirène ne me réveilla pas, mes yeux étant toujours grands ouverts. C'était l'heure de l’entraînement. J'allais agir normalement, personne ne me remarquerait, comme ça personne ne me poserait de questions sur mes cernes bien marquées.

Les gradés arrivèrent en retard. La rumeur grandissait, ce n'était pas normal. Postée à quelques mètres de Violette, surveillant l'ensemble de la scène, j'attendais. Personne ne semblait se rendre compte de ma présence, et c'était mieux ainsi. Je comptais participer et ensuite disparaître à nouveau. J'avais décidé d'aller voir Samuel pour lui dire que je refusais de retourner chez les Jaguars pour surveiller Jude. J'avais pris ma décision, et tant pis si les conséquences étaient en ma défaveur.

Je fus plutôt étonnée que Commander révèle la mission secrète. Mais c'était sans doute la meilleure chose à faire. Sinon, comment expliquer la mort de Chad ? Et l'état de Samuel ? Je jetai un œil à Violette, elle versa une larme, une simple larme. Elle avait sans doute déversé des torrents de larmes durant la nuit, mais l'évocation de Chad était toujours si forte que son corps réagit encore à son nom. J'avais découvert une personne bien plus humaine que je ne le pensais cette nuit. Je l'avais vue blessée, affaiblie, bouleversée. Elle ne méritait pas ça.

Je posai mon regard sur plusieurs Membres dans la foule. Kiara demanda ce qu'il allait se passer. Moi aussi je désirais le savoir. Comment faire ? Apparemment, le Conseil des Héros allait nommer un nouveau Second. Commander ajouta encore que ce jour serait un jour de deuil et que les entraînements étaient annulés. Le bûcher funéraire de Chad se déroulerait à la tombée de la nuit. Ca ne plut pas à Violette. Elle voulait venger Chad, notre Second. Mais comme le disait Commander, il fallait d'abord nous occuper de nous avant de nous occuper d'eux. C'était le plus important pour l'instant. Je compatissais avec Violette, mais Commander avait raison. Et puis, les Jaguars qui avaient tué Chad n'avaient pas demandé à ce que celui-ci s'attaque à eux sur leur propre territoire... La légitimité de notre mission me faisait entrevoir que nous n'aurions pas forcément le droit de nous venger.

Alors que la foule se dispersait, Falko s'approcha de Violette, appuyant ses propos. J'hésitai à m'en aller, mais je me décidai à les aborder à mon tour.

- Je ne sais pas si c'est le bon moment pour contourner les règles, Violette. lançai-je en me plaçant à côté d'elle.

Elle n'était pas en état. Même si elle voulait faire bonne figure devant tout le monde, je l'avais vue la veille, je savais ce qu'il y avait dans sa tête. Elle voulait se venger, mais agir trop vite et de manière trop précipitée était une mauvaise idée. Il n'y avait qu'à voir le résultat d'hier... Selon moi, cette mission était précipitée, nous n'avions pas été assez préparés.

- Nous devons d'abord faire notre deuil avant de penser à faire quoi que ce soit. C'est ce qui fera notre véritable force : savoir attendre le bon moment pour frapper, et non agir dans la précipitation et la colère. Nous sommes des Dragons, justement. Ne nous laissons pas envahir par nos sentiments, gardons la tête froide et agissons de manière réfléchie. C'est ce que Chad aurait voulu.

J'appuyai mes paroles en posant ma main sur l'épaule de Violette, lui montrant encore une fois mon soutien dans cette situation difficile.

Violette n'était vraiment pas commode, mais ça Falko le savait déjà. Le regard qu'elle lui lança aurait déjà dû le refroidir, pourtant il se démonta pas. Il comprit par contre qu'il avait fait une erreur en la touchant au vu de sa réaction. Jamais une femme ne l'avait repoussée avec autant de virulence. Il ne s'était sincèrement pas attendu à ça de la part de la Spécialiste dont la réputation n'était plus à faire au sein du clan. La demoiselle était donc plus farouche qu'elle n'y paraissait. Cela lui aurait presque tiré un sourire s'il n'avait pas dû rester dans son rôle de gentil Membre affecté par la perte de son Second. A la place, le blond leva les mains en signe d'apaisement avant de les fourrer dans ses poches pour lui faire comprendre qu'il ne tenterait plus rien. Le fait qu'il se montrait ouvertement contre la décision des gradés sembla déridée un peu la Dragonne. Il pouvait voir qu'elle était intéressée. Néanmoins, elle le gratifia d'une phrase bateau qui lui arracha une légère moue. Dommage, sa colère ne l'aiderait pas à en apprendre plus. Falko était un peu déçu, il s'était attendu à mieux de la part de la sanguinaire Violette. Avant d'accélérer le pas, elle lui lâcha quelques mots qui ravivèrent les braises de son plan. Le blond lui rendit son sourire, un peu plus satisfait par la tournure des événements. Peut-être qu'il pourrait quand même en tirer quelque chose finalement...

Une nouvelle Spécialiste arriva comme un cheveux dans la soupe. Falko reconnu sans mal Thalia et lui adressa un signe de tête en guise de salut. La blonde affichait clairement son accord avec les paroles de Commander. Elle les appela au calme une nouvelle fois. Le Dragon devait reconnaître qu'elle n'avait pas tort. Le clan était aussi connu pour cette absence d'émotions et cet aspect méritait lui aussi d'être défendue. Mais cela ne servait pas ses intérêts et il était frustré de ne pas savoir ce qu'il s'était passé. En voyant la main de Thalia se poser sur l'épaule de Violette, Falko arqua un sourcil. Il ne les savait pas si proche. Étrange. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour faire le calcul qui s'imposait et en vient à la conclusion que Thalia aussi devait en savoir beaucoup sur cette nuit. Décidément, ce n'était pas son jour...

- Bonne journée, les filles.

Inutile d'insister plus pour le moment, il n'en apprendrait pas plus. Falko s’éclipsa donc tout simplement pour retourner chez lui. Il fallait qu'il réfléchisse et qu'il envisage toutes les façons possibles d'obtenir des informations.

L'apparition de Thalia te surprends un peu mais tu peux pour une fois éviter de te blâmer. Ca n'a rien à voir avec ton état d'esprit, c'est juste que cette fille a autant de présence qu'un fantôme.

THALIA – Je ne sais pas si c'est le bon moment pour contourner les règles, Violette.

Tu jettes un regard blasé vers le ciel. En plus d'être baby-sitter, elle joue les conseillères. Sincèrement tu ne comprends pas pourquoi tu la tolères à tes côtés. Il serait pourtant tellement facile de t'en débarrasser. Mais étrangement tu n'en ressens pas vraiment l'envie. Elle te dérange avec ses côtés mêles-tout mais pas tant que ça. C'est déroutant.

THALIA – Nous devons d'abord faire notre deuil avant de penser à faire quoi que ce soit. C'est ce qui fera notre véritable force : savoir attendre le bon moment pour frapper, et non agir dans la précipitation et la colère. Nous sommes des Dragons, justement. Ne nous laissons pas envahir par nos sentiments, gardons la tête froide et agissons de manière réfléchie. C'est ce que Chad aurait voulu.

Le pire c'est qu'elle a raison. Décidément Thalia est agaçante. La façon dont elle avait appuyé son discours en parlant de Chad te gèle néanmoins un peu. Le sujet est vraiment sensible et le simple fait d'entendre son prénom te fait un coup au cœur. Mais tu ne veux pas non plus qu'il cesse d'exister et que plus personne n'en parle. Chad mérite de rester dans les mémoires. La main de la blonde sur ton épaule te fait sursauter pourtant tu ne la repousses pas.

FALKO – Bonne journée, les filles.

Tiens tu l'avais presque oublié celui-là. Tu lui lances à peine un regard lorsqu'il disparaît. Falko. Il faudra que tu le tienne à l'oeil il te semble intéressant. Avoir un soutien chez les Tireurs d'élite pourrait de plus être pratique.

VIOLETTE – Je rentre.

Tu pousses un soupir, puis tu tournes rapidement les yeux vers Thalia.

VIOLETTE – Et ne t'avises pas de me suivre. Les gens vont s'imaginer des trucs à force et je ne pense pas que ce soit bon pour ta réputation.

Tu t'affiches rarement avec d'autres personnes plusieurs fois et les commérages vont vite. De ton côté tu t'en fiches complètement mais tu ne sais pas ce qu'il en est pour Thalia. Et puis c'est juste une excuse pour être un peu tranquille.

Violette sursauta quand je posai ma main sur son épaule, mais elle ne la repoussa pas. Je ne la laissai pas longtemps, juste assez pour lui montrer mon soutien. Falko nous salua et j'en fis de même.

- Bonne journée à toi aussi.

Je me tournai à nouveau vers Violette qui me dit qu'elle rentrait chez elle. Elle soupira et tourna rapidement les yeux vers moi, ajoutant que je n'avais pas intérêt à la suivre car les gens allaient s'imaginer des trucs, ce qui pourrait ternir ma réputation. Je fus un peu surprise de sa réplique mais elle me fit plutôt sourire.

- Qu'ils disent ce qu'ils veulent, ça ne me fait ni chaud ni froid.

Même si j'entendais beaucoup plus de rumeurs que la plupart des personnes ici présentes, j'avais pour principe de ne jamais les croire tant que je ne les avais pas vérifiées moi-même. Je savais cependant que ce n'était pas le cas de tout le monde, mais au final peu m'importait. Quand j'avais décidé quelque chose, je m'y tenais, et ici j'avais décidé de montrer ma présence à Violette, qui m'avait bouleversée cette fameuse nuit où nous avions tout raté.

- Mais tu ne dis pas ça à cause de ce que s'imaginent les gens, n'est-ce pas ?

J'avais vu clair dans son jeu : elle voulait être tranquille. J'avais cru comprendre que ce que disaient les gens autour de nous ne l'intéressait pas, qu'elle se fichait des rumeurs. Ses paroles étaient donc plus une excuse pour se retrouver seule que pour m'éloigner à cause de possibles commérages.

- En tout cas, tu sais où me trouver si tu en as besoin.

Bon, ce n'était peut-être pas toujours évident de me trouver, en fait. Mais j'étais persuadée qu'elle saurait parvenir à ses fins si jamais elle se rendait compte qu'elle avait besoin de parler et qu'elle ne savait pas vers qui se tourner.

Pourquoi est-ce que cette fille sourit tout le temps ? Tu viens de la remballer sous un prétexte futile mais elle sourit juste et se montre sympathique. Décidément tu ne t'habitues pas à cette Spécialiste dont tu ne connaissais au final rien du tout. C'est une Espionne tu ne devrais pourtant pas être étonnée. Quoi qu'elle n'a pas l'air si secret que ça. Ou alors c'est parce qu'elle est douée que tu ne la penses pas secrète.

THALIA – Qu'ils disent ce qu'ils veulent, ça ne me fait ni chaud ni froid.

Au moins elle est suffisamment sûre d'elle pour ne pas se laisser perturber par les racontars. C'est un bon point pour elle. Peut-être est-elle plus forte que tu ne le pensais.

THALIA – Mais tu ne dis pas ça à cause de ce que s'imaginent les gens, n'est-ce pas ?

Elle voit clair dans ton jeu et ce n'est pas pour te plaire. Tu n'as pas été très subtile mais quand même. Pour toute réponse tu te contentes de hausser les épaules avec un air blasé. Le plus important au final est qu'elle ait compris ton besoin de solitude.

THALIA – En tout cas, tu sais où me trouver si tu en as besoin.
VIOLETTE – Je doute d'en avoir besoin.

Tu notes néanmoins l'offre. Cette nuit tu dois avoir reçu un coup sur la tête car tu songes qu'il n'est pas si désagréable que ça de fréquenter Thalia. Tu ne l'avoueras pas mais la pensée te traverse encore.

VIOLETTE – Mais merci.

Tu parles sous ton souffle avant de tracer ta route pour rentrer chez toi. Tu n'es pas sûre qu'elle aura entendu et une part de toi espère que ce ne sera pas le cas mais il est trop tard, tu l'as déjà dit.