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 Run, little mouse, run ! ft Samuel

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Romane

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MessageSujet: Run, little mouse, run ! ft Samuel   Run, little mouse, run ! ft Samuel EmptyMar 17 Mar 2015 - 2:29



ft Samuel - Jour 5, dans la soirée

S’il y avait bien un patient qui m’épuisait depuis le début de sa convalescence, c’était lui, ce Chef qui croyait, j’imagine, que j’allais me montrer plus conciliante parce qu’il était m’était largement supérieur. Cela me faisait vraiment rire. Qu’il ne me parle surtout pas de respect après son attitude déplorable ; il était le premier irrespectueux de nous deux en saccageant mon boulot, mes soins ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Il ne cessait de me foudroyer du regard, de me fixer comme si je le torturais littéralement. J’avoue, je ne fais jamais vraiment dans la dentelle mais il faut me comprendre aussi. La plupart de mes patients se battent et craignent la moindre incision, alors que tout cela semble aller de pair. À un moment ou un autre, tout le monde doit être soigné, qu’il s’agisse d’une simple plaie, d’une simple éraflure même à un souci d’ordre majeur. Nous, les soigneurs et médecins, sommes là pour ça mais cela ne les empêche pas de nous craindre, de nous dénigrer et surtout de dénigrer le travail, la tâche pour lesquels nous donnons du nôtre, de notre temps. Lui, parmi tous les autres, il était un parfait exemple ; il se relevait quand il n’y était pas autorisé, il n’en faisait qu’à sa tête. J’avais été obligée de recourir à ce manège si je voulais éviter de jouer au chat et à la souris plus longtemps. Et je vous le dis tout de suite, malgré son ego surdimensionné, pour le coup, c’était moi le chat et ça l’est toujours. Et cette course effrénée dans la ville alors même que je devais terminer ses points de suture et quelques autres détails du genre était la goutte qui faisait déborder le vase. Il avait mis ma patience à rude épreuve jusque-là, là, c’était foutu, il l’avait saccagée, elle aussi. J’étais sortie de mes gonds. J’étais désagréable et même avec Klaus je me montrais impitoyable, ses propositions passaient bien moins que d’habitude. Jusqu’à ce qu’il me fasse enfin cracher le morceau. Il avait ce don qui me dépassait. Il parvenait toujours à me prendre sur le côté, à me parler et à me calmer. Il faut dire qu’on passait un temps inestimable ensemble, nous avions donc tout le loisir de nous connaître. Il savait aussi comment s’y prendre avec moi.

C’est d’un commun accord qu’il avait été décidé que je le suive jusqu’au Quartier Général, cette fois. C’était le soir, le moment idéal pour avoir une petite conversation avec mon patient le plus négligent qu’il m’ait été donné de soigner. Je savais que Klaus était mon laisser-passer pour ce petit moment en tête-à-tête qui promettait de ne pas être de tout repos. J’avais prévu, avec moi, une seringue et quelques fioles de sédatifs, juste au cas où, bien évidemment. L’infirmier comprenait mon énervement, même s’il avait tendance à se montrer plus doux, plus détendu aussi. Oh, je me domine aussi, seulement, je suis souvent à cran quand j’ai, face à moi, une telle tête de mule. C’est sans doute pour ça et pour me rappeler ce que ça faisait d’être un Spécialiste qu’il avait accepté sans broncher de me faire entrer là où aucun Soumis n’était habituellement autorisé à pénétrer à moins d’une convocation. Il savait également que je ne dépasserais pas les limites du raisonnable, enfin, les miennes. J’avais tout de même un minimum d’éthique ! Je n’allais pas le blesser davantage. Juste l’aider à se calmer s’il en avait besoin. En plus, il serait là pour calmer le jeu, s’il le fallait. Du moins, c’était ce qui était prévu jusqu’à ce qu’il soit appelé pour une urgence. Heureusement, j’avais eu l’autorisation d’entrer et de rejoindre la chambre de Samuel. Je toquai, dans un semblant de politesse, avant d’entrer sinueusement, tel un serpent, dans cette pièce relativement étroite. Je ne souriais pas. Je n’étais pas amusée. Je perdais une soirée à cause de ses caprices. J’avais le sentiment d’être la plus mature des deux et de devoir gronder mon aîné comme s’il n’était qu’un enfant qui venait d’être pris la main dans le sac. « Bonsoir, Samuel. », je tapotais la petite poche dans laquelle se trouvaient tous mes petits ustensiles très utiles, au cas où. Il ne devait pas être stupide ni avoir une mauvaise mémoire. Il devait donc avoir compris de quoi il s’agissait. « Je viens seulement pour avoir une petite discussion, au sujet de tes soins inachevés et des dégâts que tu as dû faire à mon travail, une fois de plus. », j’annonçais la couleur. De toute façon, il devait avoir l’habitude avec moi, à force.
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Samuel

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MessageSujet: Re: Run, little mouse, run ! ft Samuel   Run, little mouse, run ! ft Samuel EmptyMar 31 Mar 2015 - 23:24

La journée avait été plutôt mouvementée pour Samuel. Il n'était sorti de l'hôpital qu'hier, mais plutôt que de se ménager, il s'était retrouvé embarqué dans une visite de la ville. Volontairement embarqué. Ou plutôt, il avait embarqué quelqu'un. Le tout pour éviter que sa folle furieuse d'infirmière ne le rattrape et l'enchaîne à un lit pendant qu'elle s'occupait de ses soins. Initialement, il ne s'agissait que d'une simple séance de respirateur pour continuer le nettoyage de ses poumons, mais sa petite aventure avait entraînée quelques complications. Ses points de sutures avaient sautés, encore, et en voyant le sang qui poissait son t-shirt, il avait bien été obligé de se rendre à l'évidence qu'il avait besoin de Niklaus. Il avait donc fait appeler l'homme et avait tâché de rester au calme en attendant qu'il revienne de sa journée à l'hôpital. Il avait mal et il était physiquement épuisé, mais un sourire restait bien présent sur ses lèvres. Il était satisfait du moment qu'il avait passé loin du clan et qui s'était révélé être particulièrement instructif. Comme quoi, prendre de la distance pouvait parfois payer.

On toqua à la porte ce qui poussa Samuel à ouvrir les yeux, mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que déjà une femme rentrait. Rousse. L'air diabolique. Merde. Il se redressa instinctivement et la fusilla du regard alors qu'elle le saluait.

- Quand on frappe, on attends une réponse avant d'entrer. C'est pas un moulin ici.

Les mots avaient été crachés avec une agressivité défensive. Il détestait qu'elle s'introduise ainsi dans son espace. Personne n'avait jamais agis de la sorte. Même Chad avait toujours attendu un ordre pour pénétrer dans sa chambre. Chad. Une ombre se glissa sur son visage, mais il se reprit presque aussitôt. Ce n'était pas le moment pour se laisser aller à la morosité.

- Une discussion ? Ouais, c'est ça ! Je les connais tes discussions et tes arguments piquants !

Samuel jaugea la soigneuse d'un œil méfiant. Il était toujours assis sur son lit, les pieds au sol, prêt à prendre la fuite même si la petitesse de sa chambre ne lui permettrait pas de faire grand chose. Il ne pouvait pas non plus vraiment courir, ses poumons lui réclamant un peu de répit. D'ailleurs, sa mauvaise humeur n'avait pas un très bon impact sur sa respiration et son souffle sortait avec irrégularité. Le problème fondamental de l'histoire était qu'il avait besoin d'elle. Si Klaus n'était pas là en cet instant, c'était qu'il y avait une raison, il devrait donc se contenter d'elle s'il voulait obtenir quelques soins.
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Romane

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MessageSujet: Re: Run, little mouse, run ! ft Samuel   Run, little mouse, run ! ft Samuel EmptyLun 4 Mai 2015 - 3:13

Je ne m'étais pas attendu à quelque chose d'autre de sa part. Il s'agissait de Samuel, après tout. Sa fierté prenait souvent le dessus et cela même après plusieurs jours passés entièrement à l'hôpital et donc sous mon regard improbateur et celui, plus respectueux, dira-t-il, de Niklaus. Pour moi, ce n'était plus de l'entêtement mais bien de la bêtise. Ça ne pouvait pas être appelé autrement. Pourtant, j'avais toujours cru que n'était pas Chef qui le voulait. Même chez les Dragons, que l'on critique trop à mon goût, j'osais espérer que les Chefs étaient choisis parmi les meilleurs : les meilleurs stratèges, les plus forts, les plus endurants. Bref, vous voyez le genre de topo. Ce n'était pas ce que j'avais face à moi depuis quelques temps. Il ne réfléchissait jamais, voire pas du tout, en fait. Peut-être avait-il perdu la connexion entre ses neurones lors de la rébellion des Jaguars. D'ailleurs, je ne parvenais toujours pas à comprendre ce qu'il avait été faire là-bas. Fort heureusement, ça ne me regardait pas. C'était sûrement pour ça que j'avais envie de lui en toucher deux mots. J'ai tendance à gratter là où il y a clairement un panneau « interdit ». Néanmoins, ce ne serait pas pour tout de suite. Il y avait des affaires plus urgentes à régler. J'étais suffisamment consciencieuse pour abandonner mon travail à des discussions, des potins. Un peu trop, si vous voulez son avis ou ceux de pas mal d'autres patients récalcitrants. Qu'est-ce que j'en peux si je suis perfectionniste ? Ce n'est pas moi qu'il faut blâmer ! « Tu m'en vois sincèrement désolée, Samuel. », je haussais les épaules, agacée et faussement désolée, évidemment. J'usais souvent de sarcasme, surtout avec lui.

J'avais préparé le nécessaire de soins que m'avait demandé Niklaus qu'il allait utiliser lui, de base. Comme à chaque fois quand j'avais affaire à lui, j'avais dégainé la seringue - question de précaution, vous vous en doutez, n'est-ce pas ? Ce n'est vraiment pas mon genre d'aimer torturer mes patients, pas du tout ! -. Ce coup-ci, contre toute attente, j'avais également déjà sorti tout le reste, tout ce qui m'était nécessaire aux soins ; une dose certaine de calmants pour lui éviter de sentir complètement les tiraillements lorsque je me chargerais des points de suture à refaire, après évidemment avoir pris soin de nettoyer cette plaie correctement avec le strict nécessaire pour le coup et du fil, forcément, pour tout recoudre comme il se doit. Oui, j'étais drôlement généreuse. Ce n'était pas obligatoire. Quand on vous marquait, on ne faisait pas de manières. Je le savais. Ça s'entendait, ça circulait. « Puisque tu les connais si bien mes discussions, pourquoi t'acharnes-tu dans ta bêtise, ou plutôt ta folie ? », je soupirai. Il m'énervait déjà. Ce qui était amusant, cela dit, cette fois, c'était qu'il pouvait difficilement m'échapper. Sa chambre n'était pas petite mais toujours plus que l'hôpital et le centre neutre. Je le voyais d'ailleurs déjà fuir son regard, à l'idée d'une quelconque échappatoire. C'était foutu pour lui ! Je n'allais pas lâcher ma proie, que dis-je, mon patient, aussi facilement. Cette fois, il allait devoir faire avec et mordre sur sa chique. Chef capricieux mais Chef perdant surtout actuellement. « Arrête de t'énerver pour si peu. Combien de fois va-t-il falloir te répéter que c'est mauvais pour ta respiration ? Tu écoutes seulement ou tu ne sais faire que ton enfant pourri gâté ?! », oui, j'étais rude mais il le méritait et de loin ! Un véritable sale gosse. Même les enfants étaient moins pénibles que lui, la plupart du temps, à l'hôpital.

Je fronçai alors les sourcils, le menaçant de ma si célèbre seringue. « J'avais prévu de ne t'en administré que le minimum pour que tu n'aies pas trop mal mais si tu continues comme ça, je ne vois que ça comme solution pour calmer ta nervosité puérile. », je me repris légèrement, lui laissant encore le choix vis-à-vis de ça. « Je ne commencerai pas tant que tu ne te seras pas calmé ou que tu seras complètement endormi. À toi de voir. », je le fixai avec fermeté. « Et, soyons francs. Tu n'aurais pas à me supporter si tu avais contenu ce besoin vital de t'enfuir comme un voleur de l'hôpital sans t'assurer que tout allait bien. Sans ça, tu ne saignerais pas comme ça parce que tes points seraient encore en état. », il me sidérait, vraiment. Pourtant, l'aîné des deux, c'était bien lui. Tout ça pour quoi ? Pour me fuir. Digne d'un adulte, c'est certain. Je m'assis face à lui, attendant, décidée à le faire craquer d'une façon ou d'une autre, de toute manière. Et je crois bien que par l'espace moindre de cette pièce, il craquerait plus sagement cette fois.
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Samuel

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MessageSujet: Re: Run, little mouse, run ! ft Samuel   Run, little mouse, run ! ft Samuel EmptyVen 12 Fév 2016 - 1:40

Cette fille était une insupportable peste. Vraiment, il ne savait pas ce qui l'empêchait de la faire arrêter sur le champ. Ce n'était qu'une Soumise, une cible facile pour les sentinelles qui trainaient dans les couloirs du quartier général. Il pourrait même s'en occuper lui-même - ou du moins, c'était ce que son orgueil lui soufflait -, mais la situation était plus compliquée. Ce n'était pas une simple Soumise, elle était une soigneuse importante pour le centre hospitalier qui en ces temps désastreux avait désespérément besoin de tout son personnel. Elle était utile et Chad lui avait répété un très grand nombre de fois qu'il fallait agir différemment avec les gens utiles. Chad... Il se rembrunit un peu et secoua légèrement la tête pour chasser son meilleur ami de ses pensées. Il fallait qu'il laisse les morts là où ils étaient. Et puis, Romane avait cette façon de le contester si particulière qu'il ne se sentait pas défié en tant que Chef. Quand elle le soignait, elle ne le considérait pas comme tel. Elle prenait soin de lui comme s'il était n'importe quel patient récalcitrant nécessitant qu'on fasse preuve d'une poigne de fer pour qu'il aille au bout de son traitement. C'était pour ça que Romane était encore si libre de ses mouvements : elle savait où se trouvait la limite. Dans cette période de deuil, il avait d'autant plus besoin qu'on le voit comme juste Samuel. Donc oui, même s'il détestait l'admettre, Romane était comme une minuscule bouffée d'oxygène. Néanmoins, il n'était pas prêt de lui faciliter la tâche, surtout quand elle jouait les blasées victime de ses caprices. Il relâcha un soupir douloureux et fixa un instant le sol. Seulement elle continuait encore et encore à jacasser. Il n'avait jamais aimé les femmes qui parlaient trop ou même les gens en général. Romane parlait assurément trop, lui rabâchant encore et encore ses erreurs, le traitant d'enfant et le menaçant. Il savait tout ça, bon sang ! Quand elle parla de l'évènement de l'après-midi et des répercussions qu'avaient eu sa course, ça l'acheva. Il claqua brusquement son poing sur le matelas, hors de lui.

- J'avais besoin de respirer ! De m'échapper de tout ça. Ça te va ?! Je n'en pouvais plus de voir leurs regards. La pitié, la désapprobation,... Je sais que j'ai été con ce jour-là et je ne pourrais jamais rattraper cette erreur. Je le sais ! Chad est mort par ma faute, tout ça parce que j'ai été trop con pour l'écouter. Alors cette douleur, c'est rien. Je saigne parce que je suis vivant. C'est la même chose quand ma respiration s'emballe.

Il se leva précipitamment, piétinant sur toute la longueur de sa chambre en faisant de grands gestes. Ce n'était pas vraiment la première fois qu'il exprimait tout ça, mais c'était la première fois qu'il le faisait comme ça. Des débordements de colère, il pouvait en avoir, mais avant la mort de Chad il ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il s'était blâmé pour quelque chose.

- Chad est mort parce que j'ai été nostalgique. Je voulais les retrouver, mais j'étais en même temps tellement aveuglé par la haine. C'est ça qui l'a condamné. Ma haine, ma stupidité et mes caprices de gamin. Alors ouais, peut-être que tu as raison. Peut-être que je ne suis qu'un enfant pourri gâté.

Stoppant soudainement sa marche, Sam se planta juste devant elle et s'appuya aux accoudoirs du siège sur lequel elle s'était assise. Il se pencha en avant, un regard dur fermement planté dans le sien. Et d'une voix d'acier, il murmura un ordre clair.

- Je t'interdis de m'injecter quoi que ce soit. Je mérite ce qui m'arrive. Je mérite de ne pas pouvoir arrêter les pensées. C'est le minimum que je puisse faire. Cette après-midi était une erreur, je n'ai pas le droit de m'offrir une sortie récréative alors qu'il a travaillé seul durant toutes ces années pour me permettre d'agir comme un idiot.

Il se redressa ensuite et recula jusqu'à toucher le bord du lit où il s'installa. Avec une difficulté visible, il ôta ensuite son t-shirt et le jeta en boule dans un coin de la chambre.

- Fais ton truc.
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Romane

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MessageSujet: Re: Run, little mouse, run ! ft Samuel   Run, little mouse, run ! ft Samuel EmptySam 13 Fév 2016 - 23:06

Je m’attendais à tout sauf à ça. Cette main qui avait claqué dans un bruit assourdissant m’avait saisie. Mais il ne s’agissait pas que de ça. C’était plus encore son attitude qui m’avait perturbée, m’avait choquée. Jamais, depuis le temps que je m’occupais de son cas, il n’avait craqué de cette façon face à moi. Ce n’était pas qu’un accès de colère parmi tant d’autres parce que monsieur se savait au-dessus des autres et surtout au-dessus de moi. Ce n’était pas non plus un caprice. Il ne me reprochait rien. Non, c’était beaucoup plus profond que ça. C’était beaucoup plus insidieux que ça. Je l’avais remarqué ; je l’avais senti. Ça ressemblait beaucoup plus à un appel à l’aide, une sorte de détresse. Il ne l’avouerait sans doute jamais, mais il était mal et il n’irait sûrement pas mieux tout seul. C’était déjà un véritable effort ; il venait, malgré tout, de se lâcher, de tout balancer, même s’il l’avait fait violemment. J’avais vite compris qu’il était trop fier pour se laisser aller quand ça n’allait plus. Et pourtant, il avouait tout avec des mots, des vrais. Il m’avouait tout. J’avais plutôt tendance à me dire que c’était parce que je l’avais poussé dans ses retranchements et non parce qu’il me faisait vraiment confiance. Après tout, il parlait à Chad avant, justement. Que ce soit par confiance ou non, la Soigneuse que j’étais était rassurée. Malgré sa bêtise, il ouvrait une porte pour que son corps puisse, peut-être, enfin souffler. Son corps et son âme, d’ailleurs. Il fallut évidemment le temps que je me reprenne, l’observant sans un mot au moins plusieurs secondes. Pas que je n’avais pas l’habitude de réactions disproportionnées ou violentes, tout simplement, mais je ne m’y attendais vraiment pas. J’avais bien l’impression d’être dans un rêve et pourtant, Samuel s’était bel et bien confié. « C’est donc ça. », avais-je lâché sur un ton neutre, sans méchanceté, sans la dureté qui m’animait la plupart du temps quand je lui faisais face. Je n’affichais pourtant pas de pitié pour autant. J’avais compris qu’il n’en avait pas besoin pour arrêter ce cirque.

Je n’avais pas pu continuer longtemps, il reprenait déjà. C’était bien la première fois qu’il me parlait autant. Pour lui, c’était synonyme à du bavardage. Bon, je l’avoue volontiers, la plupart du temps, il dormait à cause de mes piqûres, mais il l’avait cherché. Je l’aurais écouté sans difficulté s’il s’était montré plus coopérant. Le jeune homme continuait son cinéma, se levant dans la précipitation pour marcher en faisant je ne sais quel geste. Son corps, le premier, avait besoin de relâcher la pression, apparemment. Il souffrait réellement. J’avais déjà réalisé qu’il n’était pas un monstre comme certains le pensaient, mais là, j’en avais la preuve. Un monstre se moque complètement des autres. Lui, il souffrait réellement de la mort de Chad. C’était mignon et affreux à la fois. Ça aurait été certainement plus simple pour lui s’il n’avait pas eu de cœur. Je ne le regardais toujours pas avec pitié. Je le surveillais soigneusement, tout simplement. Je ne voulais pas le voir claquer sous mes yeux, par professionnalisme mais aussi parce que je détestais ça. Je suis humaine, moi aussi. Il continuait encore et encore de se flageller mentalement et physiquement. Quelque part, ça me brisait le cœur petit à petit. Je préférais ne pas l’arrêter dans son monologue, aussi long soit-il. Il avait besoin de se vider, autant ne pas le frustrer. Cela n’empêchait pas l’envie de le prendre dans les bras et de lui dire que tout allait s’améliorer, que la douleur allait s’amenuiser avec le temps et que s’en vouloir n’allait pas l’aider à avancer dans la vie et à changer, au mieux, comme il le désirait tant. Je savais néanmoins que ce n’était pas la meilleure solution. Je n’étais pas naïve. Il n’accepterait jamais tant de familiarité d’une simple Soumise. La pire d’entre toute, sûrement.

Voilà qu’il se fichait devant moi, son regard planté dans le mien. Il ne m’impressionnait pas. Je le regardais avec autant de force dans le regard. Je ne m’étais même pas reculée. Il venait d’avouer très clairement à une Soumise qu’il ne faisait rien et que Chad avait travaillé seul pendant tout ce temps. Il avait du cran, finalement. Bien que ça s’apparentait plus à de l’automutilation pour le coup. J’en étais persuadée. « Bien. », avais-je simplement prononcé, alors que je m’approchais, prête à le soigner. D’ailleurs, le temps de tout préparer, je m’appliquais à lui parler. Ça devait le changer des seringues qui l’abrutissaient. « Je pensais que tu ne le ferais jamais. », avais-je lancé dans un soupire. « Je ne te mentirai pas en te disant que Chad serait heureux de te savoir heureux, souriant et tout ce qu’on peut dire. Je ne sais pas comment il était avec toi. », j’étais réaliste. Je n’étais pas trop gentille, trop mielleuse. « Mais, si tu veux mon avis, te mutiler ne t’aidera pas à reprendre du poil de la bête et à changer, puisque c’est si important pour toi. », je n’étais pas sèche, ni cassante. Au contraire, j’essayais d’être véritablement douce sans pour autant mâcher mes mots. Je faisais attention à ne pas le brusquer, tout simplement, tout en le forçant à se reprendre pour de bon. « Tu ne veux plus être cet idiot nostalgique ? Prends les choses en main. Et pour le faire, il faut te montre coopérant encore quelques temps, histoire que ça guérisse pour de bon, et alors tu pourras reprendre le clan en main mais surtout ta vie. », je lui montrais volontiers la réalité. « Plus tu traîneras, plus tu auras de mal à reprendre ta vie en main, à faire ce que tu veux et à devenir l’homme que tu désires devenir. Alors, bouge-toi ! Tu en es capable. », je le cherchais mais différemment, cette fois. J’espérais qu’il ressente la différence. « Si tu es capable de te montrer aussi tenace, aussi entêté à la clinique, tu es capable d’être tenace face à un clan qui est le tien. Tu n’es pas faible, je le sais. Je te fais confiance. », c’était ma façon de lui dire que je le soutenais. De toute façon, si je lui avais dit que je le soutenais, il m’aurait sûrement envoyée balader. Et pendant ce temps, j’avançais au niveau des points de suture. J’avais quasiment fini. Je tirais souvent mais s’il ne voulait pas que je le soulage, je respectais son choix.
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MessageSujet: Re: Run, little mouse, run ! ft Samuel   Run, little mouse, run ! ft Samuel EmptyLun 10 Oct 2016 - 12:53

Cet éclat, il ne le regretta pas. Bon, peut-être aurait-il préférer ne pas dire certaines choses car elles étaient trop intimes, mais quelqu'un devait savoir. Son incompétence ne pouvait restée complètement tue, de même pour sa responsabilité dans la mort de Chad. Tout sortir avait aussi été revigorant. La plaie n'était que plus à vif, bien sûr, mais une partie de l'infection s'était échappée avec les mots. C'est donc plus fatigué que honteux qu'il se retrouva allongé sur son lit. Fatigue à laquelle il ne comptait pas succomber. Déjà car il serait difficile de dormir pendant qu'elle jouerait de son aiguille, mais aussi parce qu'il le méritait comme il l'avait dit plus tôt. Il s'efforça donc de rester concentré sur les mouvements de cette Romane presque muette. Il l'avait enfin mouché, mais il n'en profitait même pas. Il s'en fichait à vrai dire. Tout ce qui comptait était qu'elle respecte ses consignes. Sauf qu'il aurait dû savoir que Romane n'était pas si docile. Que le silence ne lui allait vraiment pas et qu'elle allait s'amener avec sa grande sagesse de soigneuse qui en avait vu des histoires. Alors, il grinça un peu des dents. Surtout à la mention de Chad même si elle eut au moins la décence de ne pas faire comme si elle pouvait lire dans l'esprit de son meilleur ami décédé. Puis, il serra les dents tout court, parce que même si ça n'avait pas l'air si méchant, une suture faisait un mal de chien.

La suite par contre le laissa sans voix. Il s'attendait à tout sauf à ça. Elle qui l'avait vu au plus mal, faible, se comportant comme un gamin capricieux, se montrait capable de croire en lui. Elle lui accordait sa confiance, à lui, Samuel, mais aussi au Chef qu'il était. Il prit quelques secondes pour se remettre, se racla la gorge, un brin gêné, avant de recouvrer son habilité à parler.

- C'est difficile de rester à l'écart quand il y a tant à faire et que Jayden accomplit des miracles. J'ai entendu parler de son entraînement. Ça avait l'air d'être quelque chose... Je ne comprends pas comment j'ai pu rester aussi inactif par le passé. Maintenant, ça me semble impossible.

Encore une grimace qu'il laissa passer sans honte car elle devait savoir qu'elle lui infligeait une douleur de toute façon.

- J'ai été absent trop longtemps. Je suis sûr que tellement de Membres ne me connaissent pas vraiment. Alors, je n'ai pas envie qu'ils me visualisent comme le type qui s'est fait massacrer on ne sait pas trop comment et qui a besoin d'aller à l'hôpital car il a des stupides problèmes respiratoires. Les médecins... Ils ont dit que ça ne s'améliorerait jamais complètement. Je vais être comme un idiot à court de souffle pour un rien. Tu parles d'un Chef.
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