Oh. Deuxième round ? Rien n'est moins sûr... [FB, Axel]

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Fin année 40. Une semaine après la scène de l'entrepôt.

C'était un fait. Syd avait la manie de ne pas vraiment se préoccuper de sa santé, au grand dam de ses proches. Cette fois-ci ne faisait pas exception.

Il y avait deux jours, lors du ravitaillement du clan, il s'était blessé avec l'un des outils qu'ils avaient ramenés. Un truc tranchant qui lui avait entaillé mochement le haut de la cuisse, en-dessous de la hanche gauche. Consciencieux, il avait lavé et recouvert la blessure dès que possible – comprenez au bout d'une heure –, l'avait à nouveau désinfectée le soir même – comprenez « lavée à nouveau avant de recouvrir d'un linge propre » – puis avait répété efficacement le même processus – oui, oui, comprenez toujours « les mêmes soins insuffisants » – depuis. Ce qui eut pour conséquences deux jours avec une jambe affaiblie, une plaie n'ayant pas l'opportunité de se refermer et une réouverture totale de cette dernière il y a peu.

En gros, Syd n'était pas dans son assiette car 1) la plaie commençait à s'infecter, 2) il faisait particulièrement chaud et lourd et 3) cet abruti n'avait pas pris de gourde d'eau avec lui et n'avait pas bu depuis bientôt une heure et demi. Ce qui donna, lorsqu'il arriva au Centre Neutre à pied, clopin-clopant, seul parce qu'il avait refusait qu'on l'accompagne, que son visage était un ou deux tons au-dessous de la normale et qu'il aurait bien eu besoin d'une gorgée d'eau.

Il longea l'un des murs, s'appuyant dessus pour avancer, parce que mine de rien, ça tirait cette connerie de plaie. Certaines personnes lui jetèrent des regards suspicieux mais personne n'interrompit son cheminement. Arrivé au bout, il tourna sur la gauche pour ne plus se retrouver dans la foule et... percuta quelqu'un. Il recula de deux pas en se frottant le front, là où le front de l'autre avait cogné, son autre main toujours crispée au-dessus de sa blessure. Le traits froncés, il releva les yeux tout en s'excusant : « Désolé, je t'avais pas... » mais s'arrêta instantanément quand il reconnut l'identité de l'autre.

Axel.

Tout son corps se tendit instantanément. Il déglutit discrètement, les images de leur dernière rencontre encore en mémoire. Il grimaça sans le réaliser, mais ses traits s'adoucirent quand ses yeux se posèrent sur ce qu'il tenait entre ses doigts : une cigarette. Sûrement l'une de celles qu'il lui avait offertes il y avait deux jours de cela. Car, oui, après la semaine dernière, Syd s'était dit qu'un petit quelque chose pour adoucir l'ambiance électrique entre eux ne serait pas de trop.
Après s'être renseigné auprès des bonnes personnes, il avait appris qu'Axel aimait fumer des cigarettes, denrées assez rares. Par chance et après des négociations acharnées, il avait réussi à s'en procurer quelques unes et s'était débrouillé pour les lui faire passer, le tout accompagné d'un mot (« Merci de ne pas avoir tué Jenkins. », accompagné d'un visage qui tirait la langue et de son prénom.). Il avait d'ailleurs évité de faire à nouveau appel à son camarade Jaguar et s'était plutôt tourné vers une Vipère qui bossait souvent avec Axel et qui avait accepté la tâche avec un immense sourire – qui avait un peu inquiété Syd, pour être honnête. Il semblait cependant que la livraison avait été effectuée sans souci. Il n'avait pas eu de réponse, mais il s'y était attendu.

Il s'autorisa un sourire léger malgré la tension palpable entre eux puis s'éclaircit la gorge, choisissant de ne pas commenter pour l'instant. « Hey. Désolé, je t'avais pas vu, j'avais la tête baissée. » Même si Axel devait toujours avoir envie de le tuer, Syd avait le droit de rester poli et aimable envers lui.
A peine sa phrase finie, il déglutit tellement il avait la gorge sèche, pâteuse. Il en profita aussi pour s'appuyer contre le mur juste à côté d'eux, parce que ça tirait sa mère. Or, il était hors de question qu'il s'en aille déjà. Pas avant que Axel ait fui. Nope. Toutes les occasions étaient bonnes à prendre quand il s'agissait du blond, même s'il devait se dessécher sur place pour ce faire.

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Our worlds are too different...
Année 40.
Une semaine après la scène de l'entrepôt.

Le silence. Le silence parlait souvent plus que les mots eu même. Il y avait longtemps qu'il l'avait compris. Certaine personnes, elles, préféraient le combler, par peur de la vérité qu'elle dévoilait...

Mais pas lui.

Le silence. Le silence ne parlait pas pour lui. Le silence l'enveloppait depuis longtemps. Était son confident. Son ami. Son bourreau. Mais, il avait appris à vivre avec lui. Il avait signé sa propre soumission. Et pas à son clan. Mais à ce silence qu'il aimait tant. Parce qu'il n'aimait plus le bruit. Non. Il ne l'aimait plus. De toute façon cette relation entre le bruit et lui avait toujours été voué à l'échec. Il enviait parfois les morts. Eux n'avaient pas besoin de parler. Ni même de penser. Mais la mort n'était pas suffisante comme punition. Non.

Le silence. Le silence l'enchainait autant à son passé, à ses souvenirs qu'il l'aidait à ne pas s’effondrer sur lui même. Parce que parler aurait signifier affronter le regard des autres. Les questions des autres. Et ça... Il se rappelait des paroles de Syd. Oui, il affrontait ses démons. Mais il ne voulait pas affronter ceux des autres.

Le silence. Le silence était ce qui lui faisait le plus peur au même titre qu'il ne pouvait s'en détacher. Cette relation contradictoire le déchirait. Il voulait avouer. Avouer que tout était de sa faute. Mais il ne pouvait, il ne devait pas. Parce que tout changerait. Parce que tout s'écroulerait. Et tout était déjà tellement fragile.

Le silence. Celui qui l'avait accompagné toute sa vie. Celui qui l'avait accompagnée durant sa longue et insupportable attente. Attente de voir Tim. Attente de voir son visage avec cet air insolent apparaître. Attente d'entendre sa voix le réprimander pour s'être foutu encore dans un merdier. Attente de revoir son frère revenir et de le savoir. Attente de pouvoir respirer sans avoir ce poids trop lourd sur le cœur, sur la poitrine.

Mais le silence était resté.

Et le poids qui l'empêchait de respirer aussi. La culpabilité s'était fait un joli petit nid dans ses tripes. La peur aussi. Et son sang s'était tranquillement chargé de colère. Contre lui-même. Et le cercle d'auto-destruction avait commencé. Parce que c'était comme ça que les choses devaient se faire. Il devait assumer. On lui avait apprit à le faire. À assumer chacune de ses erreurs, chacun de ses actes et ce sans broncher. Pour être un fier représentant de sa famille. Le digne fils de son père. Alors, il assumait.

En silence.

Mais Syd ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre à quel point ce silence lui était vital. Le blond avait peur de ce qui pourrait arriver si un jour il devait s'en défaire.

Vraiment. Syd ne comprenait rien.

Il avait ébréché sa carapace. Ce mur de haine que l'Aigle avait mit dans d'énergie à bâtir. Cette forteresse de silence qu'il avait mit au point avec ferveur. Le Jaguar avait fait voler en éclat un morceau de ce système de défense. Et ce n'était pas bien. C'était une grosse connerie.

Parce qu'Axel risquait de s'effondrer à tout moment. Il n'était pas fort, il n'était même pas digne de sa famille. Non. Axel était simplement un lâche. Un salopard qui n'endossait même pas la responsabilité totale. S'il n'avait pas été con, il n'aurait pas répondu à la provocation du dragon. Michael ne serait pas venu. Et surtout Tim serait encore en vie.

Il le savait.

C'était de sa faute.

Et Syd avait fait remonter une partie de cette culpabilité qui avait été supplantée par sa haine générale. Parce qu'il préférait haïr tout le monde. C'était plus facile aussi de se faire détester. Comme ça, personne ne viendrait plus l'aider et risquerait quelque chose pour lui.

Vraiment, Syd avait fait une grosse connerie.

Les jours suivants leur accrochage, le gardien avait eu du mal à dormir et encore c'était faible comme façon de dire. Il s'était réveillé en sueur et en sursaut cherchant bêtement des yeux son frère. Lydie l'avait trouver quelques fois incapable de bouger, debout devant leur logement à attendre stupidement Tim. Il n'avait rien dit. Et elle n'avait rien demandée. Parce qu'elle savait que de toute façon il ne répondrait pas. Il avait l'air d'un enfant perdu, confus et apeuré. Mais, dès que le soleil revenait en même temps que sa raison et qu'il reprenait un peu de logique dans sa terreur... Il redevenait froid. Et Lydie faisait comme si rien n'était arrivé.

Vraiment, Syd avait fait une grosse connerie.

Axel risquait de s'effondrer sur lui-même. Parler, demander... Tout ce qui avait trait à l'incident concernant son frère décédé n'avait rien de bon. Le sujet était sensible. Le jaguar avait trop chercher à demander. Trop chercher à savoir et surtout trop chercher à se rapprocher.

Axel était épuisé.

Ce n'était plus de la haine qu'il avait pour le plus jeune, mais une indifférence morose. Tout les deux avaient atteints un point de non retour sur une relation qui, selon lui, ne marcherait jamais.

La vie n'était pas belle. La vie n'était pas joyeuse. Et rien n'était rose. Le brun devait enlever ses lunettes roses et regarder la vie telle qu'elle était à leur époque. Noire, destructrice et sauvage. Elle n'épargnait rien, ni personne. C'était aussi pour cette raison qu'Ax' ne se plaignait pas.

Il ne voulait plus rien savoir de Syd. S'il l'avait ignoré plus tôt ce ne serait plus le cas. Il ferait même mieux. Il ne le verrait plus. Il ferait comme si le jaguar n'existait pas.

L'Aigle l'aurait fait... Mais visiblement Syd semblait d'un autre avis. Syd était toujours d'un autre avis. Il avait faillit jeter le paquet à la tête de sa collègue quand elle le lui avait donné avec ce sourire entre le machiavélique et l'insolence. S'il n'avait pas appréciée énormément la jeune femme... Le blond avait donc prit le paquet. Le mot et s'était contenter de renifler ironiquement en lisant la simple phrase.

Peut-être que Syd n'était pas qu'un abruti. Peut-être

Si les cigarettes avaient été son cadeau de pardon, Axel voulait bien l'accepter. La nervosité et la confusion que le plus jeune avait causer en jouant dans les mauvais souvenirs étaient insupportables et la nicotine avait le don d'apaiser son corps. Du moins durant quelques secondes. Ça ne voudrait pas dire pour autant qu'il acceptait son amitié. Non. Ça voulait simplement dire qu'il ne le tuerait pas la prochaine fois qu'il le verrait.

L'allumette refusa de rester allumée suffisamment pour enflammée sa clope. Le blond râla tout bas en retentant sa chance, la cigarette entre les lèvres et les yeux fixés sur sa possible source de feu. Il ne regardait pas devant lui. Songeant que les gens serait assez brillants pour ne pas lui rentrer dedans vu sa mauvaise humeur actuelle. Il devait aller rejoindre quelqu'un et franchement... Il n'en avait pas trop envie. Mais besoin ça oui.

Mais ÉVIDEMENT les choses n'allaient jamais comme il le voulait.

PAAFF

Sa clope fraichement allumée tomba de ses lèvres quand le choc le fit reculer d'un pas. En grognant comme un animal mal élevé il se pencha et ramassa son butin avant d'entendre la voix.

Sérieusement ? Sérieusement ?!

Le blond leva les yeux au ciel alors que ses épaules s’affaissaient de découragement. Puis remarqua l'air blême du Jaguar. Non pas qu'il en ai quelque chose à chier. Mais c'était tout de même étrange que le plus jeune soit si calme. Peut-être avait-il peur ? Non, vraiment ça aurait surpris le gardien qui était convaincu que son interlocuteur était un inconscient de première catégorie pour ne pas dire le roi des abrutis. Alors, il devait vraiment y avoir quelque chose qui clochait. Son sourcil se haussa alors qu'il tirait une bouffé de tabac avant de répondre.

- En plus d'être con, t'es aveugle ?

Bon. C'était pas super sympa... Mais à quoi fallait-il vraiment s'attendre venant de lui ? Pourtant Axel resta là à regarder le ravitailleur s'appuyer sur le mur. Toute sa gestuelle n'avait rien de normale. Ses sourcils se froncèrent, il sentait que quelque chose n'allait pas. Et au minimum pour les clopes il devait être reconnaissant.

- Merci pour ça.

Il leva la cigarette avant d'en tirer une autre bouffée puis laissa le silence s'installer en songeant que le plus jeune était l'excuse parfaite pour ne pas aller retrouver Laura. Elle avait tellement insisté... Et lui avait finit par dire oui pour la faire taire. La rouquine était l'une de ses amantes occasionnel. Ça avait le mérite de faire tomber la pression. Mais elle était du genre très collante et il n'avait vraiment pas envie de la voir.

Syd était l'excuse parfaite.

Opportuniste ? Un peu. C'était un peu sa vengeance. Il remarqua les contour de l’œil encore un peu mauve de son coup. Lui-même avait encore les épaules douloureuses de sa chute sur le dos, c'était le prix à payer pour mal tomber sans avoir la chance de bloquer sa chute.

- T'as une drôle de couleur.

Pour ne pas dire ; Est-ce que tu vas me claquer dans la figure ?. Ce n'était pas vraiment de l’intérêt. Du moins, il ne voulait pas le faire passer comme tel. Parce que autant connard il voulait avoir l'air, autant il lui arrivait de se soucier des autres. Et même si Syd lui tombait sur les nerfs, il ne voudrait pas le voir mourir devant lui pour la simple et bonne raison que ça serait surement mit sur sa faute. Tout le monde connaissait leur relation.... Inexistante. Et qu'ensuite, il n'avait pas envie de traîner son cadavre.

Mais au fond quelque chose ne voulait pas partir. Quelque chose chez Syd l'attirait comme un insecte autant qu'il était rebuté. Mais les sentiments contradictoires n'avaient rien de nouveau pour lui, autant que le déchirement entre deux envies.

Axel se sentait tellement seul. Et il se faisait un devoir de le faire. Mais même entouré, cela ne changerait rien. Il le savait. Il le vivait avec sa famille.

Il était tellement noir. Axel était une créature de l'obscurité. Syd une créature de lumière, tellement toujours heureux que ça lui faisait mal. Il ne comprenait pas comment son interlocuteur faisait. Il aurait aimer faire de même mais c'était impossible pour lui.

Alors il le repoussait de toutes ses forces. Et continuerait de le faire jusqu'à se que le plus jeune ai comprit. Jusqu'à se qu'il cesse de tenter de l'approcher. Parce que leur monde étaient trop différents. Rien de bon ne pourrait en découler. Syd était trop proche de le faire s'écrouler. Et Axel avait travailler si fort pour rester debout, pour maintenir les apparences. Il ne voulait pas que le brun vienne tout gâcher.

Il ne fallait pas que tout s'écroule.

Que deviendrait-il sinon ?

Invité

En plus d'être con, t'es aveugle ?
Il eut presque envie de glousser et de répondre « non, non, juste con », mais il se retint car l'autre aurait sûrement pris ça pour une provocation. Et clairement, Syd n'était pas en état de mener un combat verbal contre l'Aigle à l'heure actuelle. Il se contenta donc de glousser, imperméable à l'insulte. D'autant plus qu'une insulte gratuite était le cadet de ses soucis. Il n'était pas à l'article de la mort, mais il avait connu des jours meilleurs.

Par contre, ce qui le prit totalement au dépourvu fut le remerciement qu'Axel prononça. Il se figea et le fixa, étonné, l'observant tirer sur sa cigarette sans un mot. Il se demanda un instant si ce n'était pas l'effet combiné de sa blessure et de sa soif qui lui faisait entendre des hallucinations. Axel, des Aigles de l'Est, qui le remerciait pour les cigarettes ? Vraiment ? Wow. Il s'était cogné la tête en arrivant sans s'en rendre compte ou... ?
Mais non, Syd était suffisamment lucide pour savoir qu'il n'était pas dans un état au point d'halluciner ou de ne pas réaliser les coups qu'il prenait. Nope, Axel venait de le remercier. Alors, sous le choc, il se contenta d'un hochement de tête et d'un « Y a pas de quoi » accompagné de sa main balayant l'air nonchalamment.
Cette conversation promettait d'être intéressante, si ça continuait ainsi.

Il se redressa légèrement en faisant glisser son épaule contre le mur pour ne pas avoir l'air trop mal en point. Son regard ne quitta pas celui presque scrutateur du blond. Il ne savait pas s'il y avait une quelconque joute visuelle qui se passait ici mais si c'était le cas, il ne la perdrait pas. Trop d'efforts faits jusque-là pour qu'il perde de la marge si bêtement auprès d'Axel maintenant.

Au bout de quelques instants, ce dernier finit par ajouter, comme si le silence le gênait, que le Jaguar avait une drôle de couleur. Seulement ça. Sur un ton... que Syd aurait bien été incapable d'interpréter. Mais pas de l'animosité pure et dure. A première vue, en tout cas.
OK. Là, c'était franchement bizarre.
Certes, il ne fallait pas être devin pour voir quelque chose clochait, mais il fallait au moins l'observer un instant et prêter réellement attention. Chose que l'Aigle n'avait jamais fait avant. Axel ignorait Syd. Axel envoyait bouler Syd. Axel ne remarquait pas que Syd était mal en point. Surtout : Axel se foutait que Syd soit mal en point ou non. C'était la norme. Ça se passait comme ça. Et il n'était pas assez crédule pour croire que leur rencontre de la dernière fois y avait changé quoique ce soit.

Alors il opta pour une réponse non-réponse sur un terrain qu'il connaissait déjà mieux : la dérision et l'ironie. Il garda la main gauche, celle qu'il aurait utilisé en d'autres circonstances, crispée autour de sa coupure, le bras gauche coincé contre le mur, et porta son index droit à sa mâchoire, là où Axel avait frappé la semaine dernière. « Là ? Ouais, le violet me va pas vraiment au teint, répondit-il en laissant échapper quelque chose à mi-chemin entre l'expiration et le gloussement. Franchement, la prochaine fois, ça serait aimable de ta part de taper dans les bleu/noir. Ça irait mieux avec mes yeux, je pense. Je sais pas, t'en penses quoi ?, termina-t-il en faisant mine de réfléchir, les sourcils légèrement froncés, et en ancrant son regard dans le sien. »

Invité

La confusion. Il était confus. Il ne savait pas trop comment se sentir. Syd avait ce petit quelque chose qui le rendait incontrôlable. Qui le faisait changer d'émotions en un claquement de doigt. Il n'était pas reconnu pour sa patience ou bien sa stabilité émotionnel, mais le jaguar brassait beaucoup trop de choses dans sa tête et ça n'avait rien de bon. Mais depuis quand quelque chose était bon ou même bien dans sa vie ? Le blond avait du mal à se rappeler une journée de son existence où il avait été réellement heureux et ce même avant la mort de Tim. Ce n'était pas qu'il était malheureux. Il avait simplement du mal avec les sentiments positifs et se demandait souvent comment ses frères faisaient... Il aurait pu être adopté. Mais sa ressemblance avec le reste des hommes de sa famille le contredisait clairement dans cet hypothèse.

La contradiction. Il balançait entre rage, mépris et détresse. Maintenant, il lui fallait trouver dans quel sentiment se jeter corps et âme. Mais ça c'était sans compter sur Syd. Syd qui lui changeait toujours les plans de l'Aigle et ce quand ça lui chantait. Et chaque fois que le plus jeune tâchait de l'approcher, ces trois émotions se chamaillaient pour savoir laquelle aurait le dessus, mais il avait l'habitude avec le déchirement du cœur. Il avait finit par apprendre à vivre avec. C'était son quotidien. Simplement... Syd rendait les choses tellement plus compliquées avec son simplisme désarmant pour un homme qui passait son temps à voir les choses tordues sous un angle malsain.

La détresse. C'était sans doute le sentiment le plus désagréable, mais ce n'était même plus un état. C'était devenu une partie de sa personnalité qu'il avait verrouillé dans une salle particulièrement épaisse de sa forteresse silencieuse qui entourait son cœur. Enfin, ce qu'il en restait. Et le brun ne savait même pas à quel point il avait commit une connerie monumentale en venant gratter, creuser là où il n'aurait pas fallu. Parce qu'aussi bien, sa détresse était-elle enfermée, aussi bien était-elle devenue plus puissante et suintait par toutes les fissures possibles pour mieux lui rappeler l'homme faible et lâche qu'il était.

Et un des plus grand problèmes que vivait le blond c'était sans doute la luminosité douloureuse qui entourait le plus jeune. Chaque fois qu'il s'approchait de lui, Axel avait l'impression de se brûler les ailes.

Et ça faisait mal.

Parce qu'il savait qu'il ne pourrait jamais atteindre un niveau d'optimiste aussi pur. Il connaissait trop bien la douleur du monde, la solitude et la cruauté de l'humanité pour être capable de penser que les choses iraient bien. Il ne pouvait pas.

Et ça faisait mal.

Alors autant voulait-il le fuir, autant en ce moment précis planté devant lui il ne pouvait pas simplement le contourner et s'en aller comme il l'aurait fait normalement.

Pourquoi ? Pourquoi ?

Et il détestait se poser des questions et il détestait encore plus les possibles réponses qu'il pouvait y trouver en inspectant un peu.

Il se sentait seul.

Et peut-être, peut-être bien que le brun était de ceux qui pouvait bien s'approcher. Mais en même temps il ne fallait pas. Les amis, enfin le peu qu'il avait, avaient tous quelques choses en commun. Ils venaient tous du même monde. De l'obscurité.

Parce que l'Aigle avait passé tellement de temps dans la noirceur, que noirceur il était devenu. On lui avait collé une étiquette de mauvais garçon, de solitaire et il avait prit le rôle, parce que en partie c'est ce qu'on attendait de lui et d'une autre parce que ça valait mieux pour tout le monde.

Et jamais il ne cesserait d'être ce qu'il avait décidé d'être. Parce que ça devait être comme ça. Parce que la solitude aussi pesante soit-elle lui seyait mieux que le socialisme qu'il laissait à Basile.

Et ça faisait mal.

Mais il ne méritait que ça.

Une autre inspiration de nicotine irrita sa gorge et ressortie en volutes douce alors que son sourcil se soulevait sous les paroles stupides de son interlocuteur. Il renifla de façon ironique en secouant la tête.

- Ouais d'accord la prochaine fois je vais de frapper avec la cross de mon arme. Tu peux être sur que ça va être noir. Peut-être que t'auras même une pommette éclatée. Avec de la chance ça va de donner l'air d'un homme.

La couleur de Syd semblait disparaitre de plus en plus et le blond préféra ne pas répondre à la question de son interlocuteur aussi stupide que celui qui l'avait demandé. Mais le gardien avait finit par s'y faire.

- Si tu tombes par terre sans connaissance je ne te ramasses pas et je te laisses crever dans la poussière.

Ça avait le mérite d'être clair. Et pourtant, outre le fait qu'il voulait échapper à une certaine rousse, quelque chose l'empêchait de se décoller du mur où il s'était appuyé pour fumer sa clope. De loin, on aurait pu croire que les deux hommes étaient de bons amis qui discutaient l'air de rien. Mais l'Aigle se demandait combien de temps son interlocuteur prendrait avant de s'écrouler. Les grimaces de douleurs de son compagnon ne lui avait pas échappées. Syd faisait le fier, le fanfaron comme toujours. Mais au fond il devait souffrir. Une blessure que le gardien ne pouvait pas voir.

Les deux étaient tenus de garder leur rôle. Axel l'enculé et Syd le joyeux abruti. Les choses devaient être comme ça. Même si le blond avait finalement comprit que le but du Jaguars n'était pas de transformer sa vie en Enfers, il persistait à croire qu'un lien avec lui n'avait rien de bon.

Et n'en aurait jamais.

Invité

La réaction méprisante ne l'étonna pas, mais la fin piqua un peu. Il n'aurait trop su expliquer pourquoi.

A l'évidence, il avait la corpulence et l'apparence physiques qu'il avait. Il était grand et fin ? Sa musculature n'était pas faite pour les forces brutes et grandes ? Il s'en foutait carrément. Les complexes de ce genre, il les laissait à d'autres. Malgré sa taille, il était d'une grande agilité qui lui ouvrait mille et une possibilités. Il était amplement satisfait de ce que son corps lui permettait de faire. Quant aux réparties mauvaises et hautaines d'Axel, ça n'avait rien de nouveau, Syd les essuyait toujours d'un revers de main nonchalant parce que le gardien crachait son venin comme certaines Vipères qu'il avait déjà rencontrées : à tort et à travers.

Alors pourquoi ce pincement ? Rien n'avait changé. A part peut-être le fait que leur échange avait moins mal commencé que d'habitude ? Et qu'il était en train de tourner au vinaigre, une fois de plus ? Peut-être parce que l'espace d'un instant, Syd avait eu l'espoir insensé qu'ils auraient pu converser cordialement ? Il ne voyait que ça. Rien d'autre n'avait changé.
Il n'eut de toute façon pas l'occasion de s'attarder sur la question. Un pic de douleur dans la jambe le déconcentra et l'empêcha de trouver une répartie. La douleur empirait et sa jambe commençait à trembler en conséquence. Il se sentait de moins en moins bien.

A la réflexion d'Axel, un sourire las apparut sur ses lèvres et il renifla de dérision. Il ferma les yeux pour reprendre le contrôle de lui-même puis ajouta en les rouvrant, quelques secondes plus tard : « Tu m'apprends rien, Axel. » Il sourit plus sincèrement parce que c'était vrai. Il n'attendait rien de la sorte. Il savait pertinemment que l'Aigle ne le portait pas dans son cœur. Il avait même dans l'idée que si un jour il arrêtait de venir vers lui, de le pousser, de le chercher, le gardien n'en aurait rien à faire. Ça ne lui apporterait rien si ce n'était du soulagement et de la paix.
Pourtant, il aurait voulu attendre quelque chose. Il aurait voulu parce qu'il était incapable de laisser l'Aigle en paix. Son instinct lui interdisait et il avait pour habitude de l'écouter religieusement. Il aurait aimé pouvoir dire que les choses allaient changer entre eux, qu'Axel allait le laisser entrer dans sa vie, mais Syd n'était pas stupide, malgré tout ce qu'on pouvait dire, il savait bien que les possibilités pour que le gardien s'ouvre un jour à lui étaient quasiment inexistantes. Mais ce n'était pas ça qui l'arrêterait. Il en avait la force et l'envie, il voulait aider Axel, qu'il avait malgré tout appris à connaître à sa manière, à leur manière complètement aberrante. Il irait jusqu'au bout.

« J'aimerais pouvoir dire le contraire, mais, quand ça te concerne, je suis ni naïf, ni stupide – malgré ce que tu peux croire, enchaîna-t-il sur un ton plus doux en fixant Axel dans les yeux. » Il se redressa du mieux qu'il put en contrôlant l'expression de son visage. Au maximum. Il tenta, quoi. « Sur ce... J'aurais préféré rester là, avec toi, mais comme tu l'as fait remarqué : j'ai plutôt intérêt à pas m'effondrer devant toi. »

Il se redressa totalement, reprit appui sur sa jambe et se dit que ça aurait pu être pire malgré l'élancement soudain. Bon, il avait aussi un peu de mal à avaler correctement, c'était franchement désagréable. Et puis, la chaleur lui tournait pas mal la tête, pour bien arranger tout ça... Sans prévenir, le malaise le prit l'espace d'un instant où il dut fermer les yeux mais il se remit presque instantanément. Il fit d'ailleurs comme si rien ne s'était passé : ça aurait peut-être trop fait plaisir à l'Aigle.

Tout en faisant appel à un self-control qu'il ne se connaissait pas, il reprit son sourire léger et refixa Axel tout en replaçant correctement le sac qu'il avait passé par-dessus son épaule plus tôt et qui tanguait dangereusement vers sa cuisse. « J'aurais trop peur que t'en profites pour m'achever, vois-tu. Ça m'emmerderait, plaisanta-t-il en haussant son sourcil gauche, sur un ton d'où ne s'échappait aucun sarcasme : la blague l'amusait vraiment. »
Syd ou l'art de conserver sa dignité et de faire semblant à l'article de la mort...

Il n'attendit pas plus longtemps et engagea son mouvement.... avant de devoir s'accrocher d'une main brusque à la chose la plus proche sur sa gauche pour conserver son équilibre et sa conscience. Autrement dit, au niveau du torse d'Axel. Une bonne poignée de tissu. Bien sûr, l'avantage fut que ça l'aida à rester debout. Seulement le soulagement de ne pas s'effondrer fut bien vite remplacé par quelque chose qu'il ne comprit pas vraiment. Un mini électrochoc qui partit de sa main et alla se répandre dans toutes les fibres de son corps. Il en lâcha même Axel de surprise, ses yeux écarquillés trouvant ceux du blond avant de les fuir, gênés. « Désolé, souffla-t-il à la hâte avant de s'éloigner aussi vite qu'il put – pas vraiment vite, donc –, perturbé au possible par ce qui venait de se passer et par la sensation étrange qui s'installait en lui. »

Cependant, il n'eut pas le temps de s'attarder qu'un passant le percuter sur la droite, le bousculant suffisamment pour l'arrêter dans ses pas. Il fronça les sourcils en portant une main à son front moite : « Fais gaffe, bon sang ! » L'agacement était audible dans sa voix et ne s'arrangea pas lorsqu'un autre le bouscula par derrière, faisant cogner son sac dans sa cuisse.
Sauf que ce fut le coup de trop.
Il cligna des yeux sous la douleur fulgurante et, l'instant d'après, il se retrouva agenouillé au sol, des étoiles lui dansant devant les yeux, l'impression que le sol tanguait beaucoup trop oppressante pour qu'il réagisse correctement.

Invité

Il eu la désagréable impression en regardant le feu consumer le papier et le tabac que c'était lui qui se consumait.

Consumé, pas ses démons, consumé par sa rage, consumé par sa culpabilité... Consumé par sa propre incapacité à ne pas être ce que les autres auraient voulu qu'ils soient.

Il avait été dans les ténèbres, alors ténèbres il était devenu. Comme tout le monde s'y attendait. Alors, Axel ne comprit pas pourquoi le Jaguar tenait tant à continuer. À s'acharner. Il ne comprenait pas non plus comment il le faisait. Et durant une centième de seconde, devant le visage soudainement radoucit du plus jeune, le blond eu le temps de lire dans ses yeux quelque chose qui le rendit plus confus qu'il ne l'était déjà.

L'Aigle ne répondit rien à la plaisanterie et se contenta de continuer de fumer, parce que pour une fois, il n'avait aucune réplique acerbe contre son interlocuteur. Il ne savait plus quoi dire en fait. Et Axel resta donc silencieux. Chose qu'il faisait la plupart du temps.

Un lourd soupir gonfla sa poitrine alors qu'il se décollait du mur sur lequel il était appuyé, mais au moment où il voulu le relâcher, Syd se rattrapa à lui. Et précisément au moment ou le plus jeune effleurait légèrement sa peau de ses doigts la constatation se fit clairement dans son esprit.

Il y avait déjà pensé, mais avait chasser l'idée d'un revers de la main. Parce qu'il ne voulait pas y penser, il ne pouvait pas y penser. Ça impliquerait beaucoup de chose.

Beaucoup trop.

Mais en fait... Axel connaissait Syd. Il le connaissait et ne savait pas à quel moment il en était venu à apprendre ses manies, ses mimiques, ses expressions au point de pouvoir le prédire d'avance. À quel moment son stupide cerveau avait jugée bon de le retenir, mais soudainement il détesta sa phénoménale mémoire.

Axel repoussait Syd, il l'insultait, l'ignorait ou mieux encore il le frappait avec toute la haine dont il était capable. Parce que les choses allaient dans ce sens. Les choses avaient toujours été dans ce sens. Parce qu'il ne laissait personne l'approcher de nouveau, il ne voulait pas. Ceux qui était déjà dans son cercle proche lui suffisait amplement, mais même s'il y avait mit toute sa volonté, le Jaguar avait tout même prit une place dans sa vie.

Pire.

Axel avait besoin de lui.

Il avait besoin de cette routine rassurante dans sa vie. Celle de haine et de repoussement. Il avait besoin de savoir qu'il y aurait toujours quelqu'un pour essayer. Et cette idée le terrifiait.

Syd était la seule constante dans sa vie.

La seule chose sur laquelle il pouvait se fier.

Parce qu'Axel était seul. Elyse avait beau être sa meilleure amie, elle venait et elle allait quand bon lui semblait et sans avertissement. Il ne s'entendait pas particulièrement avec ses autres frères, les évitant aussi souvent qu'il le pouvait. Ses parents... C'est à peine s'il les regardaient encore depuis le décès de Tim. D'ailleurs Tim était mort, lui enlevant la seule chose stable dans sa vie. Tim qui avait été son port d'attache, son exemple, son modèle. Avait simplement et purement disparut, laissant le poste douloureusement vacant. Lydie ? Il ne pouvait pas trop s'attacher, pour éviter d'éventuels conflits avec Basile. Elle sortait avec lui et le blond était heureux de pouvoir compter sur sa confidente, mais ne tenait pas à instaurer de mauvaises idées alors il évitait d'aller la voir quand il le pouvait. Asha ? Trop instable pour l'ancrer dans une réalité qui lui semblait si irréel. Et il ne voulait pas qu'elle prenne le poste. Parce qu'elle était son amie, sans jugements, sans questions et acceptait sa rage comme il acceptait la sienne. Les choses étaient très bien comme elles l'étaient.

Mais Syd avait prit la place.

Et lui offrait une routine rassurante. Une constante. La seule dans sa vie. Axel en resta bouche bée. Cette constatation le laissait figé. Il entendit la voix au loin. Celle du concerné. Puis se retourna pour voir ce qui pouvait bien arrivé. Le Jaguar était là, sur le sol. Le gardien termina sa cigarette déjà presque terminée et jeta le mégot au loin avant d'expulser le restant de fumée. Puis s'approcha du corps visiblement affalé du ravitailleur en soupirant de nouveau. Puis se pencha, pour pousser Syd afin de mieux le prendre sous les genoux et dans le dos. Il ne s'attendait pas à ce qu'il pèse si lourd, il n'en avait pas l'air, mais il y avait du poids l'animal ! Mais qu'à cela ne tienne, Axel et ses trois heures d'entrainement quotidien, autant pour se vider la tête que pour se garder en forme, eurent raison du poids et c'est en mode jeune marié que l'Aigle le souleva. Il ne le regarda pas, mais prononça un avertissement d'une voix sèche, question de ne pas se faire rappeler qu'il avait justement dit quelques minutes plus tôt qu'il le laisserait crever.

- Ta gueule. Je ne veux rien entendre.

Parce qu'Axel repoussait, insultait et parfois même frappait Syd. Il ne s'en occupait pas en le trainant à l'hôpital.

Et même si certaines personnes qui connaissaient leur relation les regardèrent passer avec un air choqué, rien ne changerait entre eux, il le repousserait... Peut-être même avec un peu plus de vigueur, maintenant qu'il voyait l'importance du ravitailleur. Une importance qu'il n'avait pas voulu lui donner. Que le brun avait simplement prit sans rien demander à personne. Parce que c'est ce que Syd faisait.

Et Axel était terrifié à l'idée que cela change.

Parce que sinon... Que deviendrait-il ?

Que se passerait-il si justement, il laissait le plus jeune entrer dans sa forteresse ? Qu'arriverait-il s'il découvrait qu'il n'était qu'un monstre ? Un connard bien pire que ce qu'il pensait ? Ce qu'il avait fait ? Alors sans nuls doutes lui aussi partirait pour ne jamais revenir, comme Tim, mais cela serait bien pire... Surtout si le blond prenait la peine de s'attacher. Non. C'était impossible.

Parce que sinon... Que deviendrait-il ?

Invité

Relève-toi. Allez. Relève-toi, bon sang ! Il avait beau tenter de reprendre le contrôle de son corps, la tête lui tournait juste ce qu'il fallait pour que les ordres ne s'envoient pas correctement jusqu'à son cerveau. Il secoua doucement la tête pour faire partir les étoiles, assez inutilement, il fallait bien l'avouer.
Si on avait demandé son avis à Syd, il aurait préféré que les vertiges se manifestent UNE FOIS arrivé à l'hôpital. Mais non... Il avait fallu qu'il se blesse mais ne se soigne pas correctement. Il avait fallu qu'il tombe sur Axel, ici, pile à ce moment-là. Il avait fallu qu'il décide de rester « parler » avec lui tout en sachant pertinemment que ce n'était pas raisonnable. Il avait fallu que le blond assiste à ce moment de faiblesse de sa part.
Syd avait peur que ça joue en sa défaveur pour la suite.

Il balaya cependant ses réflexions en se disant que de toute façon, le gardien se foutait de son état comme de sa première chemise. Il l'avait clairement dit il y a peu. Mais Syd avait la foi. Il savait que quelqu'un viendrait l'aider, même un inconnu. D'ailleurs, il releva les yeux et vit une jeune femme blonde apparaître dans son champ de vision, la mine inquiète, à quelques pas de lui, penchée pour permettre à Syd de poser les yeux sur elle. Il tenta de lui offrir un sourire méger mais fut forcé de baisser à nouveau les yeux et-

Il se retrouva soulevé du sol.
Il écarquilla les yeux sous la surprise, passant son bras autour d'un cou non identifié, et la tête lui tourna encore plus. Il sentit qu'on le remettait sur ses pieds, qu'on.... Oh mon dieu...

Deux pensées se bousculèrent dans sa tête à cet instant.
La première. Qui était le con qui avait la très bonne idée de le soulever et de le porter dans ses bras comme une putain de princesse des contes d'autrefois ? L'aider en le soutenant un bras par-dessous le sien aurait été trop commun ? Moins gênant ? Syd en aurait été mortifié s'il n'avait pas été mal comme ça.
La deuxième. Le con en question n'était autre que Axel. Bien.

Il se demanda l'espace d'un instant si les vertiges n'étaient pas accompagnés d'hallucinations. Seulement, quand Axel assura sa prise sur lui et commença à avancer, il n'eut d'autres choix que d'agripper le tee-shirt de l'Aigle dans son dos et de constater que c'était bien le visage renfrogné du gardien qu'il avait non loin du sien. Et s'il n'était pas encore totalement sûre, la réplique du blond lui confirma que c'était bien lui et son amabilité légendaire.

Honnêtement, le choc était tellement grand à cause des deux raisons citées précédemment qu'il ne trouva rien à redire durant les premières secondes. Il se contenta de fixer le visage du blond, ses yeux, ses sourcils froncés, sa mâchoire carrée et un tantinet crispée. L'air sur son visage ne figurait pas parmi le répertoire d'expressions qu'il connaissait du gardien. Il était mal à l'aise et agacé ? Comme s'il aurait préféré être à mille lieues d'ici ? Ou peut-être désespéré et impatient ? Non, franchement, Syd était dans l'incapacité totale de le déchiffrer. Les règles de leur relation venaient de changer, momentanément ou non, et Syd n'avait aucune idée de comment réagir. Ajouté à cela le fait qu'il n'était pas au top de sa forme... Le tableau était beau.

Quelques secondes passèrent durant lesquelles il réalisa le soulagement que c'était de ne plus avoir à prendre appui sur sa jambe gauche. Actuellement, la main d'Axel était placée suffisamment loin pour que ça tire moins sur sa blessure et bordel que c'était bon. Il avait toujours la tête qui tournait et soif, mais c'était clairement plus gérable quand il n'avait pas à se préoccuper du reste.

Malgré l'attitude désagréable précédente de l'Aigle, il n'en restait pas moins qu'il était en train de l'amener à l'hôpital. OK, Syd avait l'air ridicule dans cette position, mais il aurait bien le temps d'en être mortifié plus tard. Là, il ne ressentait que de la gratitude envers l'autre qui avait su passer outre son animosité envers le Jaguar. Alors, n'ayant pas la force de creuser quoique ce soit, il se contenta de relâcher la tension dans ses épaules et de poser sa tête contre Axel en fermant les yeux. D'une voix cassée, il lui souffla à lui seul : « Tu sais que je sais pas vraiment me taire, pourtant... » Il gloussa faiblement en tapotant son torse de sa main libre, qu'il laissa d'ailleurs à cet endroit ensuite, sans complexe. Puis il enchaîna avec un simple « Merci, Axel » concis mais ô combien sincère.

Il se laissa bercer par les mouvements de l'Aigle qui le tenait fermement dans ses bras et n'était clairement pas prêt de le lâcher, contrairement à ce qu'il pouvait bien dire à cause de sa fierté mal placée. Syd se concentra sur le rythme des respirations du gardien, sur la manière dont sa poitrine se soulevait à chacune d'elles. Étrangement, ça l'aida à se calmer.
C'était Axel. Il n'avait pas changé. Syd n'avait pas changé, mais ça lui semblait juste. Alors il ne se posa pas plus de questions.

Invité

Les choses avaient changées.

Les règles avaient été brisées.

Et ce n'était pas Syd qui avait changé les choses.

Non

C'était lui.

Pourquoi ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Quelles serait les conséquences de ce geste ? Quelles seraient les répercussions ? À quel point cette décision prise sur un coup de tête changerait leur relation ? Ces questions ne cessaient de tourner dans sa tête dans une litanie inquiétante et angoissante. Venait-il ainsi d'ouvrir une porte au Jaguar ? Si c'était le cas, alors nul doutes que le plus jeune n'hésiterait pas à s'y engouffrer. Le silence avait quelque chose de rassurant dans l'optique où il permettait au blond de croire que rien n'était encore décidé, que rien n'était encore brisé. Mais aussi inquiétant quand on considérait que le brun pouvait être en train de chercher le meilleur moyen de lui rammener en mémoire à quel point cette situation était... Anormale.

Si bien que lorsque son interlocuteur ourvrit la bouche pour parler, Axel serra un peu plus la mâchoire en regardant obstinément devant lui, ses muscles se tendirent, puis se crispèrent presque douloureusement. Le silence retomba, seulement brisé par le bruits de ses pas.

Mais le calme qu'il y avait entre eux n'était qu'extérieur à lui. Parce que dans son esprit... Une tout autre partie se jouait. De nouveau il était confus. Syd le rendait confus. De plus en plus confus. Et il haissait cette sensation de trouble, celle de perdre le contrôle. Un grognement fût la seule réponse qu'obtint son paquet.

Il le laissa poser sa tête contre son torse, il le laissa garder sa main sur son torse. Parce que lui d'ordinaire qui haissait les contacts humains de toutes gatégories, ne ressentait aucun dégout à celui-là. Et ça c'était d'autant plus troublant pour lui.

Qu'est-ce qu'il était en train de foutre bordel ?

L'aigle reglerait la situation dès que son cadet serait à l'hôpital. Axel se disait qu'il aidait Syd simplement pour ne pas avoir une autre mort sur la conscience et cela le rassurait un peu sur son acte de prime à bord totalement instinctif et surtout impensé quand à la réputation et la réputation qu'il voulait tellement garder.

- Me remercie pas. Je le fais pas pour toi.

Puis continua de marmonner quelque chose d'incompréhensible dans sa barbe inexistante. Il remarqua les lèvres sèches du ravitailleur en jetant un rapide coup d'oeil vers lui et soupira lourdement.

-T'aurais du prendre de l'eau abruti. J'en ai pas sur moi.

Pourquoi ça le dérangeais autant ? Pourquoi ça le perturbait autant ? Puis il réalisa une nouvelle chose qu'il lui étourdit les sens.

Il avait BESOIN de Syd.

Il avait besoin de son sourire et de ses blagues nulles. Il avait besoin de son rire et de son acharnement. Il avait besoin de toute cette lumière qui suintait par chaque pores de sa peau. Il en avait besoin parce que sinon, il aurait déjà sombré dans une folie non négligeable. Une folie coupable. Et Syd... Il se brûlait au contact de Syd et de sa joie. Mais, il aurait suffit d'un seul sourire de sa part pour être en mesure de lier une amitié avec le Jaguar. Mais il savait qu'au fil du temps les choses se dégraderaient. Parce qu'il ne méritait pas autant de bonté. Non. Un monstre comme lui... Méritait plutôt de crever. Et cette situation lui donna envie de gémir de désespoir. Mais il se contenta de serrer les dents un peu plus avant de regarder Syd a nouveau. Il avait du le prendre de cette facon ignorant totalement ou le plus jeune était blessé et préférant éviter de le jeter sur son épaule et de raccourcir son éspérance de vie en se retrouvant par le fait même avec un cadavre sur le dos. Mort qu'on lui attriburait sans nul doutes.

- Les choses entre nous ne changeront pas pour autant. J'espère que tu le sais.

Parce qu'il ne pouvait pas se le permettre. Et qu'il ne voulait pas non plus. Les choses devaient rester comme elles l'étaient.

C'était mieux pour tout le monde.

Invité

A la réponse d'Axel, il se contenta de sourire doucement. C'était peut-être vrai. Il le faisait sûrement pour soulager sa propre conscience, mais impossible de l'en blâmer : beaucoup l'auraient fait pour cette raison. Malgré tout, le blond était en train de le faire. Il était en train de l'amener à l'hôpital, comme s'il ne le détestait pas. Il aurait largement pu laisser quelqu'un d'autre le faire, même : ce n'était pas comme si le Centre était désert à cette heure-là. En un sens, le gardien pouvait bien dire ce qu'il voulait, quelque chose l'avait poussé à aider Syd et ce dernier aimait à croire que c'était parce qu'il ne le détestait pas autant qu'il voulait bien le faire croire.
A vérifier plus tard.

Amusé, son sourire s'agrandit lorsque Axel se mit à marmonner des choses incompréhensibles malgré leur proximité. Cependant, ça n'était rien comparé à la manière dont ses lèvres s'étirèrent lorsque, dans un grand soupir, le blond le sermonna concernant l'eau et lui signifia qu'il n'avait pas d'eau sur lui. Syd sentit une vague de chaleur naître en lui à ces mots et il la laissa l'envahir sans gêne. C'était la première fois qu'Axel provoquait en lui ce genre de réaction. C'était nouveau et inconnu mais ça ne le troublait pas. Alors il le se laissa porter et profita simplement, sans rien questionner.

Par contre, il n'y avait aucun doute possible. Malgré l'agacement, malgré le soupir, Syd savait. Il y avait certaines constantes dans le comportement du blond qu'il connaissait presque par cœur à présent. Axel donnait constamment l'impression au brun que sa simple présence était un affront au monde qui les entourait, au monde du blond. Leurs échanges étaient toujours tumultueux. Syd tentait toujours de soulever de nombreuses couches d'amertume, de colère, de mépris et de tranchant ; à ce jour, il n'avait réussi à le faire qu'une fois, il y a une semaine, ce qui était bien la preuve de l'irréalité de la situation actuelle, de la conversation cordiale – pour eux – qu'ils étaient en train d'échanger. C'était calme, en un sens, l'agacement du gardien étant presque naturel aux yeux du ravitailleur. Et puis, là où Axel aurait pu choisir de ne rien dire ou de prononcer des paroles acerbes, il avait préféré le morigéner parce qu'il était déshydraté.

Non, vraiment. Un Axel qui s'inquiétait pour lui, c'était peu commun et étrangement plaisant.

Il jugea plus judicieux de cacher un minimum son sourire contre Axel, au cas où ce dernier baisserait à nouveau les yeux – le lancer dans une diatribe maintenant aurait épuisé Syd, qui n'aurait pu rétorquer correctement. Non, il préféra profiter, encore une fois, ne pas se poser de questions. Il s'était toujours dit qu'il prendrait ce que Axel lui donnerait, même si le Jaguar n'arrivait jamais réellement à percer sa carapace.
Il le sentit pourtant se tendre contre lui d'un coup. Son sourire s'effaça automatiquement et il ouvrit un œil prudent mais Axel maintenait son regard droit devant. Syd savait que les rouages des pensées de celui qui le portait tournait à mille à l'heure. Il pouvait le voir sur la façon dont ses traits se crispait et se décrispait par intervalle : ses lèvres, ses sourcils, sa mâchoire. Pourtant, comme à l'accoutumée, impossible de réellement y lire quoique ce soit, d'y comprendre quelque chose. Sa connaissance du langage corporel du blond avait ses limites – un peu trop grandes à son goût, d'ailleurs.

D'un coup, le visage de l'Aigle se fit plus... fermé ? Cela lui fit ouvrir l'autre œil et les paroles du blond tombèrent en même temps. La lumière se fit dans son esprit. Pas « fermé », plutôt « déterminé ». Cette information figea momentanément Syd, qui se contenta de fixer le gardien. Elle fit fuser tout un tas de suppositions dans sa tête, toute aussi peu saines les unes que les autres. Parce qu'elles lui donnaient de l'espoir et lui faisaient tirer des conclusions. Seulement, il savait que dans le cas d'Axel, ce n'était jamais aussi simple. Alors il se força à ne rien interpréter. Il dut se faire violence mais il y arriva. Il garda cependant l'information précieusement dans un coin de sa tête : une pièce de plus au puzzle qu'était Axel des Aigles.

A la place, il se concentra à nouveau sur le présent, sur les paroles qui venaient d'être prononcées. Il redressa la tête et fixa Axel jusqu'à ce que son regard clair croise au moins rapidement le sien. Les choses avaient changé. Il ne voulait peut-être pas la voir, mais même s'ils retournaient à leur routine, ce qui s'était passé la semaine dernière et aujourd'hui auraient tout de même eu lieu. Syd savait que ça ferait une différence à un moment. Il le savait. Ses instincts lui criaient. Il suffisait simplement d'être patient et prudent.
Seulement à ce moment-là se permit-il de sourire légèrement et de répondre sobrement : « C'est possible, oui. » Ses yeux se posèrent sur les sourcils froncés du blond, ses cheveux qui tombaient sur son visage et s'arrêtèrent sur son regard à lui. Sans qu'il ne s'en rende compte, sa main reposant contre le torse du blond avait commencé à se crisper en un poing sur le tissu qu'il agrippait doucement, comme s'il avait peur qu'on le déloge aux moindres mots de travers. Il reposa aussi soudainement sa tête contre Axel, ne parvenant pas à saisir l'agitation qui venait de l'envahir. Il mit ça sur le compte de son état et déglutit difficilement en fermant les yeux.

Avec hésitation et à voix basse, il reprit cependant après quelques secondes de silence : « Puisque rien changera malgré tout, tu peux me dire pourquoi tu me détestes autant, alors ? » Et avant que le blond puisse lui sortir l'excuse qu'il était sur son dos à chaque qu'ils se voyaient, Syd ajouta à la hâte en rouvrant les yeux : « Je veux dire, je sais que je suis insistant et que y a eu certains événements, mais... Au début ? Haïr quelqu'un pour quelques blagues et tentatives de bonjour ? » Il se tut avant de dire une grosses boulette. C'était un sujet délicat. Syd ne lui demandait pas ce qui s'était passé dans sa vie et qui avait rendu le gardien si triste et si en colère mais bien le pourquoi il le détestait lui en tant que personne, ce qui était deux choses différentes. Axel pouvait ne pas répondre, c'était sûrement ce qu'il ferait, mais Syd devait tenter sa chance.
Le moment était surréaliste alors pourquoi pas ? Il aurait peut-être des surprises.

Invité

Ce moment ne semblait pas permis. Ce moment ne semblait pas en accord avec leur routine. Ce moment semblait être un affront à leur façon de faire. Ce moment ne devait pas être réel. Ce moment était étrange et certainement très irréaliste.

Qui avait permis une telle chose ? Qui avait voulu que les évènements prennent une telle tournure ? Qui avait décidé que ce serait bien d'aider Syd ? Qui avait pris la décision que ce serait bien de s'en faire pour le Jaguar ? Qui avait choisis que le blond devait le ramener jusqu'à l'hôpital ?

Il n'y avait personne d'autre que lui.

Personne. Seulement lui.

Pourquoi ?

Cette question tournait en litanie vicieuse dans sa tête, brisant des certitudes qu'Axel aurait voulu garder. Des certitudes dont il avait besoin. Parce que Syd était la seule chose de stable dans sa vie, la seule chose qui lui restait quand tout le monde lui tournait le dos. Et ce par sa faute. Et pour leur bien. Mais l'aigle avait toujours tenté de le repousser avec tant de hargne que s'en était devenu une habitude rassurante.

Alors pourquoi ?

Pourquoi alors qu'il écoutait les paroles du ravitailleur, alors qu'il le laissait se reposer contre lui, alors même que lui seul modifiait les règles de leur relation, Axel ne ressentait-il pas cette haine brûlante pour l'humanité... Ni même celle qu'il avait pour sa propre personne ?

Pourquoi ?

Alors que normalement, il se brulait au contact du plus jeune, se retrouvait-il ainsi ? Plus paisible. Certain que les choses pouvait s'améliorer. Alors que même le souffle du brun caressait étrangement sa gorge, le gardien comprit une chose.

Les choses allaient changer.

Qu'il le veuille ou non.

Et ça l'effraya. Alors il redressa sa prise sur son compagnon, s'assurant pour se redonner une certaine contenance. Puis Syd parla.

Syd parlait beaucoup trop.

Et il l'avait toujours fait. Mais normalement, le blond faisait juste ignorer et repartait loin de son cadet.

Évidement, il n'était actuellement pas en état de le faire. Et le visage du blond se crispa. Parce que cette question apportait beaucoup de trouble. Beaucoup de confusion.

Ils avaient passé tellement de temps dans leur manège. Syd tentait de l'approcher depuis tellement longtemps qu'il en avait perdu le compte.

Pourtant, il se rappelait si bien de la première chose qu'il avait pensé en voyant le Jaguar, alors que Tim était encore en vie.

Syd était le genre de personne qui semblait toujours voir le bon côté des choses, ce genre de personne qu'il faisait bon de fréquenter, d'avoir dans son cercle d'amis. Le genre de personne qu'Axel aurait voulu connaître. Mais lui était tellement solitaire et tellement mal à l'aise qu'il ne pouvait pas se permettre de l'approcher. Et se contentait donc de lui répondre lorsqu'ils se croisaient sur leur lieu de travail et d'écouter son frère en parler avec enthousiasme.

Les choses avaient changées après la mort de l'Aigle plus âgé. Le blond était devenu un peu plus solitaire.

Et amer.

Mais il se souvenait parfaitement ce qu'il avait pensé de Syd en le voyant la première fois.

Wow.

Simplement ce petit mot qui pourtant en voulait dire tellement plus que ce que les autres aurait pu lui donner comme signification.

Alors pourquoi, pourquoi c'était-il mit à le détester ? Il fronça les sourcils perturbé dans son attitude froide par le questionnement. Son esprit tentait de visualiser, de trouver la raison de toute cette haine.

Axel baissa brièvement les yeux sur le visage du plus jeune en fronçant les sourcils et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne vint alors il referma ses lèvres en les pinçant.

Pourquoi ?

Le ravitailleur provoquait en lui tellement trop de questionnement que ça risquait de lui foutre une migraine persistante. Mais il était trop tard. Il se posait sérieusement la question.

Pourquoi haïssait-il Syd ?

L'Aigle se mâchouilla l'intérieur de la joue en continuant de regarder devant lui. Puis regarda de nouveau les yeux du brun en se rendant compte de leur teinte noisette pailleté d'or. C'était sans doute la première fois qu'il s'en rendait compte. D'un autre côté, Axel n'avait jamais vraiment porté attention à l'allure de son homologue. Il ouvrit de nouveau la bouche pour répondre.

- Je...

Il n'en savait absolument rien. Il ne savait pas pourquoi il détestait autant le plus jeune, peut-être parce que ce dernier tentait de prouver qu'il y avait du bon en lui alors que lui-même savait que c'était peine perdue. Peut-être le haïssait-il un peu parce qu'il aurait voulu être si à l'aise avec sa propre personne.

- Je... J'en sais rien en fait...

Sa réponse avait été bégayée. Il était troublé de ne pas trouver de raison valable pour haïr son cadet. Sourcils froncés, Axel évita le regard de Syd avant d'ajouter toujours aussi incertain.

- J'imagine que... Tu es toi et moi je suis moi. Tu cherches trop quelque chose de bon en moi... Mais je ne suis pas ce genre de personne.

De nouveau il redressa le corps du Jaguar et se renfrogna. Il serra la mâchoire et regarda directement devant lui, alors que sous son apparent calme haineux, une tempête de questions étourdissante se déchainait dans son esprit.

Syd parlait trop.

Il le troublait plus que nécessaire et ébranlait trop efficacement ses défenses. Comment faisait-il ?

Vraiment... Syd parlait trop.

Invité

Axel ne l'envoya pas chier en réponse à ses questions. Axel ne lui renvoya pas une réplique acerbe à la gueule pour lui dire qu'il était débile ou insignifiant ou n'importe quoi d'autre. Axel s'était crispé. Axel avait serré la mâchoire. Axel avait resserré sa prise sur le corps du Jaguar. Mais surtout : Axel avait froncé les sourcils, le regard perdu devant lui, montrant clairement qu'il considérait sérieusement la question.
Syd en resta bouche bée ou presque. Il n'osa faire aucun mouvement, il n'osa rien dire. Il se contenta de respirer doucement malgré l'adrénaline qui parcourait ses veines. Il se contenta de fixer le gardien, d'observer le spectacle qu'offrait son visage traversés par toutes sortes de sentiments. Par moment, il reprenait son air renfrogné, buté, fermé, à d'autres, il s'ouvrait dans une incompréhension presque touchante. C'était très... perturbant.
Tout cette scène était trop perturbante.

1) Axel était en train de réfléchir à une question de Syd. 2) Une question sérieuse, concernant leur relation houleuse. 3) Et il semblerait qu'il ait même l'intention d'y répondre – du moins essayer, à en juger par sa bouche qui se referma sur aucun son.
Sérieusement, Syd sentait l'impatience le parcourir, l'appréhension le rendre un peu fébrile. Il essaya de se raisonner pour ne pas se faire trop d'espoir, savait-on jamais. L'Aigle était imprévisible une bonne partie du temps, et, vu aujourd'hui, il n'était même plus sûr d'avoir à faire à la même personne qu'avant. En gros, le brun ne savait absolument pas sur quel pied danser.

Lorsque ses yeux clairs vinrent s'ancrer dans les siens, il remarqua à peine le pic d'adrénaline qui partit de ses tripes pour remonter jusqu'à sa tête. Il était trop happé par l'intensité de son regard. L'espace d'un instant, il eut presque l'impression de pouvoir plonger dans ses yeux et de partir à la recherche de ses pensées tellement le gardien était « ouvert » à lui en cet instant. Syd aurait presque pu toucher du doigt leur lien, s'il avait osé bouger ne serait-ce qu'un peu. Pourtant, il s'intima à l'immobilité. Son hyperactivité pouvait bien aller se foutre en cet instant. Il ne pouvait se permettre aucun faux pas, là. Il sentait que le moment était trop décisif pour risquer quoique ce soit.

Alors il patienta encore, il enferma sa nervosité et son impatience dans une cage au prix de gros efforts. Il observa silencieusement le blond tenter une nouvelle fois de répondre, en vain. Il plissa les lèvres, pour être certain de chez certain qu'il ne dirait rien. Il les plissa plus fort quand Axel avoua ne pas savoir exactement. Il fallait. Il avait juste tellement de questions qui lui venaient en tête, tellement de remarques, tellement de TOUT qui se bousculait dans son cerveau malmené, qu'il se fit violence, vraiment, beaucoup.
Puis tout s'éclipsa et devint silencieux lorsque l'Aigle parvint à mettre des mots sur ce qu'il ressentait. D'un coup. Le laissant vide et avide de lui sous la révélation qui s'imposait en cet instant à lui. Il s'accrocha machinalement plus fort à son compagnon lorsqu'il réaffirma sa prise sur lui. Son regard aussi était fixé, perdu, devant lui, sur la vue visible par-dessus ses genoux joints.

Parce que, bordel, il était un idiot de première. Il aurait presque eut envie de se mettre des baffes.

Techniquement, il acceptait déjà Axel tel qu'il était, avec ses sautes d'humeur, ses accès de violence quels qu'ils soient. Syd n'était plus un enfant, il savait se défendre et Axel ne lui faisait pas peur – aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux des autres. Le souci était qu'au vu de sa « stratégie », un point péchait : la façon dont le gardien interprétait ses tentatives d'approche. C'était là que tout se jouait.

Certes, il était persuadé qu'Axel n'était pas le connard qu'il voulait faire croire. Du moins, pas que. Il l'avait observé plus d'un fois avant la mort de Tim. Il avait semblé être quelqu'un de calme, de réservé mais avec un port droit qui donnait envie de lui parler, parce qu'on sentait que seules des paroles honnêtes pourraient sortir de sa bouche. Syd n'avait jamais noué plus de contacts avec lui, sans trop savoir pourquoi, il n'avait jamais mis le doigt dessus, mais il le regrettait amèrement quand il se prenait à penser que ça aurait peut-être pu changer la donne à présent.

Toujours était-il que Syd aurait aimé pouvoir aider Axel à redevenir celui qu'il était. C'était vrai. Il avait pourtant conscience que ça n'arriverait peut-être jamais. Et ça n'avait aucune importance, au final. Tout ce qu'il voulait c'était que Axel s'ouvre à lui, quelque soit l'Axel en question. Qu'il expulse un peu de cette souffrance qui suintait par ses pores et qui faisait naître en Syd une envie démente de l'apaiser. Parce que quand il s'agissait du gardien, Syd ne répondait plus à beaucoup de logique. Il aurait déjà dû abandonner l'affaire : il était toujours là après moins de deux ans. Il aurait dû le traiter d'enfoiré, lui souhaiter de pourrir seul en enfer : il n'en ressentait ni l'envie ni le besoin.
Quand il s'agissait du blond, rien n'avait de sens et en même temps, c'était d'une logique parfaite.

Il vit du coin de l’œil qu'ils arriveraient bien trop vite à son goût au centre, alors il se força à parler vite pour être sûr que l'Aigle ne puisse faire semblant de ne pas l'entendre. Il crispa la main sur son torse, toujours nerveux à l'idée qu'Axel le lâche sans prévenir, comme pour attirer son attention, et souffla tout bas : « Si t'es pas « ce genre de personne », montre-moi qui t'es réellement, alors. Je veux savoir. » Il le fixa avec intensité et fébrilité. Avec attente. Son intérêt sincère se lisait sur son visage, impossible de s'y méprendre. Son cœur battait plus fort, tellement il avait peur de foirer tout ça. « Quoique t'aies à montrer, tu sais que je fuirai pas. Jamais. »

Sous-entendu : je l'aurais déjà fait y a bien longtemps sinon, alors fais-moi confiance et parle-moi, bordel. Je suis là, alors ne fuis pas pas.

Invité

Le temps semblait suspendu. Et les choses semblaient avoir prit un angle qui n'avait rien d'habituel à leur habitudes. Perdre cette routine ébranla les solides fondations sur lesquelles il se basait pour rester aussi fermé qu'il le pouvait.

Mais le brusquer n'avait jamais marcher. Forcer Axel, foncer tête baissée. Faire du rentre dedans n'était clairement pas la meilleure technique pour l'aborder et ça n'avait d'ailleurs jamais été le cas.

Non. Ce qui semblait le mieux marcher pour apprivoiser le blond n'était nul autre que de la douceur. Deux personnes avaient compris ce principe tout simple. Mais il ne fallait pas non plus blâmer les autres qui ne renvoyait qu'à l'Aigle de la haine ou du mépris, parce que de base c'était ce qu'il voulait... Alors de l'affection ou de la douceur était l'arme la plus efficace sur une âme meurtrie avec soin comme la sienne. Oui la tendresse et la patience était la façon la plus efficace pour l'ébranler.

Parce qu'on apprivoisait pas un animal sauvage blessé en lui hurlant dessus. Non. On y allait progressivement et avec douceur et patience.

Et Syd venait visiblement de le comprendre. Le gardien s'en retrouva troublé dans le plus profond de sa pensée.

Il parlait. Lui qui ne parlait pas souvent, sinon pour lancer des répliques acerbes et souvent blessantes dans le but de repousser les autres... Se retrouvait à parler. Il avait répondu à la question du Jaguar. Et il ne su pas sur l'instant lequel des deux s'en retrouva le plus surpris et perturbé.

Syd ne parlait pas. Lui qui parlait toujours, surtout quand il s'agissait en fait de parler pour parler. Souvent sans même y donner un sens. Du moins de son point de vue. Le brun l'avait étourdi plus d'une fois avec le flot incessant de paroles qui pouvait couler de lui. Ce n'était pas toujours de tout repos avec le ravitailleur... Surtout pas pour un homme qui aurait marié le silence, si ça avait été une personne.

Les rôles se retrouvaient inversés.

Et dans la tête du plus vieux, cela ne présageait absolument rien de bon. Dans les faits... Tout ce qui concernait Syd et lui... Ne donnait jamais rien de bon. Il ne savait pas trop pourquoi il avait aidé le Jaguar, pourquoi il l'avait ramassé sur le sol.

Il disait qu'il ne savait pas. Mais...

Il le savait.

Parce qu'une vie sans son cadet lui semblait absolument aberrante. Parce que justement son existence avait besoin de bases stables. Syd en était une. À toujours revenir avec son sourire d'imbécile heureux à croire que le blond était une personne qui méritait une chance comme tout les autres. Et ce peut importe ce que le gardien pouvait dire et aussi venimeuses soient ses paroles. Il revenait. Dans une routine des plus rassurantes.

S'il savait.

S'il avait une seule idée du monstre que l'Aigle était réellement. Probablement, n'aurait-il pas autant de volonté pour l'approcher. Non.. Ce n'était plus de probabilités, mais une certitude. Qui voulait d'un enculé comme lui ? Non, vraiment, le ravitailleur ne voudrait certainement plus tenter quoi que ce soit pour intégrer son entourage.

Pourtant, à voir ses yeux tellement plein de conviction... Pleins de trouble... Et de quelque chose de plus difficile à cerner... Axel douta un instant et se permit de croire aux douces paroles qu'il entendait.

Montrer qui il était vraiment ? Sérieusement ? Non. Ça ne pouvait pas être envisageable.

S'il savait

La tension semblait palpable alors que le blond serait les mâchoires pour ne pas dire quelque chose qui ne ferait que renforcer la certitude du Jaguar qu'il devait poursuivre.

Le moment était décisif pour leur avenir. Soit Axel lui accordait. Soit il refusait. Et pour le bien des deux, il savait qu'il allait devoir refuser, repousser et blesser. Parce que le plus jeune ne savait absolument pas de quoi il était question. Ça n'avait rien à voir avec son deuil. Non. Plutôt avec son implication dans ladite mort.

- Quoique t'aies à montrer, tu sais que je fuirai pas.Jamais.

Et les paroles semblèrent si vraies, si sincères. Elles semblèrent flotter dans le silence qui s'était établi entre eux. Ses iris bleues suivirent les traits de son interlocuteur à la recherche d'une trace de mensonge, une trace quelconque d'arnaque.

Rien.

Il avait besoin d'être seul. La peur le gagna devant une sincérité si douce. Axel ne savait pas trop comment prendre la chose, ni même la gérer. Et l'hôpital qui se trouvait désormais devant eux... L'Aigle entra en gardant toujours un silence, perturbé par la supplique et surtout par ce qu'il envisageait de faire.

Il envisageait de céder.

Parce que Syd le brûlait avec sa lumière. Et il en avait tellement besoin... Mais cela signifierait une personne de plus en danger. Parce que le gardien n'attirait que les ennuis et rien de bon ne pouvait sortir d'une relation avec lui.

S'il savait

Si le ravitailleur prenait conscience de la connerie monumentale qu'il venait de commettre. Axel avait besoin de sa carapace, de ses défenses piquantes, parce que sinon... Il ne savait même pas lui-même ce qu'il deviendrait, ce qu'il aurait à présenter.

Il reposa le plus jeune sur le sol et alla chercher un soigneur pour l'informer du cas urgent du brun. Puis revint regarda le Jaguar dans les yeux en restant silencieux quelque secondes, une multitude d'émotions passant dans sa tête et dans ses yeux.

De la peur, de la confusion, de la haine, de l'envie, de l'intérêt, de la déception et du trouble. Beaucoup de trouble.

Lentement, il secoua la tête et soupira.

- Oublie ça Syd. Fou moi la paix. Je te l'ai dis. Ça vaut mieux pour tout le monde.

Axel avait envie de fuir, comme le lâche qu'il était. Il le faisait pour protéger son cadet d'une immense déception devant le piètre être humain sans cœur qu'il était. Il avait peur. Parce que les choses étaient si proches de changer. Si proche de ne plus être ce qu'il connaissait. Pourtant... Il songea l'espace d'une minute qu'il était trop tard. Il avait montré un côté de lui que les autres n'avaient jamais vu... Un côté vacillant et troublé. Nul doutes que le brun en tiendrait compte et reviendrait...

Un soupir lui échappa et ses épaules s’affaissèrent là où normalement il se tenait droit. Les choses devaient redevenir à la normal. L'un comme l'autre ne pouvait se permettre ce changement. Lentement, Axel contourna le blessé pour sortir du bâtiment et retourner chez lui en songeant à la parfaite excuse à fournir a son rendez-vous. Il n'avait plus envie de voir personne. Il avait simplement besoin de dormir un coup, peut-être même aller s'entrainer avant pour se mettre les idées au clair.

Il avait envie de lâcher l'affaire et de laisser Syd s'approcher. Il avait envie de cesser de se battre contre l'inconscience du Jaguar masochiste sur les bords.

Mais Axel ne pouvait pas.

Axel ne devait pas.

Invité

Il retint son souffle un instant, réalisant combien il allait loin dans sa requête. C'était très osé vu leur relation. Surtout si l'on prenait en compte le fait que c'était la première fois qu'ils avaient une conversation « posée » depuis... toujours, en réalité. Et pourtant, cette question lui semblait juste. Parfaitement normale à poser. Parce qu'ils étaient dans une bulle de paix seulement pour quelques instants et que Syd savait que l'occasion ne se représenterait sûrement jamais...
Alors il attendit. Il observa le visage d'Axel passer par différents états qu'il n'était pas vraiment à même d'identifier. Il attendit, l'impatience et la nervosité au creux du ventre, la peur d'être rejeté, encore, planant au-dessus de sa tête. Il attendit et il pria pour qu'ils fassent tous les deux un pas en avant. Il attendit et il fut forcé de reprendre son souffle discrètement.

Axel finit par tourner le visage vers lui. Il fixa le Jaguar avec attention, avec méfiance peut-être même. Ce fait l'attrista profondément. Pourquoi était-il si peu enclin à croire que quelqu'un puisse vouloir le connaître lui ? Axel devait nourrir une image encore plus négative de lui-même que ce que le Jaguar pensait. Et les mots de la semaine d'avant lui revinrent en mémoire. Parce que je suis seul. Parce que je suis un monstre. Parce que je mérite de crever, mais que je mérite encore plus de souffrir... Là, de suite, il avait envie de lui rétorquer qu'il n'était pas seul, que Syd serait là s'il le laissait faire, qu'il lui montrerait qu'il n'était pas un monstre malgré ce qu'il pensait. Comment quelqu'un qui semblait se punir de la sorte pouvait être un monstre ? Il savait qu'il n'était pas objectif, mais il le sentait. Il sentait qu'Axel n'était pas ce qu'il prétendait être. S'il autorisait Syd à s'infiltrer dans sa vie, il lui montrerait qu'il n'était pas seul, qu'il pouvait faire confiance à quelqu'un, qu'il serait là.

C'était peut-être présomptueux de sa part, mais le ravitailleur y croyait dur comme fer. Il n'était pas homme versatile. Quand il voulait accomplir quelque chose, il se donnait tous les moyens possibles et inimaginables. Quand il entrait dans la vie de quelqu'un, il y restait pour le long terme. Quand il désirait, il désirait avec toute son âme. Quand il aimait, il aimait jusqu'à bout de souffle et sans concession. Il était d'une constance effrayante dans ses affections, quelle qu'elles soient. Le gardien n'échappait et n'échapperait pas à la règle.

D'un coup, il passèrent l'entrée de l'hôpital et la bulle autour d'eux éclata. Syd eut à nouveau pleinement conscience des bruits autour de lui, des gens qui allaient et venaient partout. Et quelque part au fond de lui, il sut que la parenthèse dans laquelle ils avaient évolué ces dernières petites minutes venaient de prendre fin, tout comme la possibilité d'atteindre Axel. Ce dernier resta buté dans son silence, même lorsqu'il déposa Syd à terre, qui dut s'appuyer de suite contre le meuble à sa droite sous peine que sa jambe ne le lâche. Il déglutit de soif, peut-être aussi de quelque chose de plus amère qui venait d'envahir sa bouche, quelque chose sur lequel il ne mettait pour l'instant pas de nom.

Il observa Axel discuter avec l'un des soigneurs qui s'éloigna à la hâte, sûrement pour aller chercher il ne savait quoi. Il l'observa lorsqu'il revint vers lui et ne put détacher ses yeux des siens. Ils le fixaient avec une intensité que Syd leur avait rarement connue, qu'il avait découverte aujourd'hui à peine, et elle le bouleversait beaucoup trop. Alors il se contenta de le fixer en silence, même lorsqu'il s'arrêta devant lui. Il eut d'ailleurs un léger regain d'espoir lorsqu'il crut déceler certaines émotions sur son visage, mais il retomba bien vite lorsque le blond parla enfin.

Syd eut l'impression d'un retour en arrière brutal avec ces mots qu'il avait déjà entendus. Ils prouvèrent que le moment était définitivement fini. Que la chance était passée et quelque chose se serra à l'intérieur, dans sa poitrine. Un nœud douloureux qu'il fut impossible de balayer. Un nœud qui apporta avec lui tout un tas de sentiments peu plaisants. Triste. Abattu. Presque démuni. Il n'avait jamais été si proche d'obtenir un geste concret de la part du blond. Encaisser le rejet était plus dur que d'habitude. Plus pesant. C'était presque douloureux aussi. Alors que ça n'avait jamais été douloureux jusque-là. Vexant. Agaçant. Énervant. Oui. Mais jamais ça ne l'avait affligé comme maintenant et ça déstabilisait beaucoup trop Syd, qui ne savait plus sur quel pied danser.

Sur le moment, il ne put d'ailleurs que hocher faiblement la tête, les lèvres pincées, son regard fuyant vers le sol. Il avait pourtant eu la certitude, l'espace d'un instant, que les choses allaient changer. Il l'avait senti au plus profond de lui. Là, de suite ? Il se sentait juste affligé et quelque peu découragé. Il se demanda même d'où lui était venue cette conviction.
Il se passa une main dans les cheveux et les y cala là en les accrochant pendant une seconde, puis vit Axel qui le contournait du coin de l’œil. Il ne put retenir le geste désespéré – et désespérant – de sa main, qui échappa à son contrôle et alla agripper le poignet du blond fébrilement en tournant le haut de son corps vers le gardien. Et il se maudit l'espace d'un instant pour ça. Il en devenait sûrement pitoyable et il se demanda jusqu'où il était prêt à aller dans le rejet. Loin, a priori. Trop loin pour son propre bien.

Il déglutit en fixant l'endroit où sa main était en contact avec la peau du blond puis releva les yeux vers lui, son visage beaucoup trop transparent de ses émotions, comme souvent. Il ouvrit la bouche pour dire les mots justes, ceux qui pourraient pousser le gardien à reconsidérer les choses, à les reconsidérer eux... Mais rien ne sortit. Il était à court de belles paroles. Il n'arrivait pas à encaisser le coup et à passer outre. Il restait bloqué en travers de sa gorge, comme ses mots. Alors, dépité, peiné, il ferma les yeux et secoua la tête, tout comme Axel quelque instant plus tôt.
Peut-être que c'était ça que l'Aigle avait ressenti ? Du découragement face à l'acharnement du brun ? C'était peut-être aussi simple que ça. Peut-être que Syd s'imaginait mille et une choses et se créait des scénarios dans sa tête. Sûrement qu'il voulait trop croire à des choses qui n'existaient en réalité pas. Il n'était de toute façon plus vraiment en état de raisonner correctement. La soif, la douleur, le rejet lui embrouillaient l'esprit.

Il lâcha le poignet d'Axel comme s'il s'était brûlé à son contact, comme s'il venait seulement de se rappeler que ce n'était pas un geste qu'il avait le droit d'avoir envers lui. En même temps, il rouvrit les yeux et réussit, par il ne savait quel miracle, à afficher un sourire. Crispé et triste, mais un sourire malgré tout. « Je- Désolé, je sais pas ce qui m'a pris. » Il ne savait pas trop pourquoi il disait ça. Pour son geste irréfléchi, c'était certain. Peut-être aussi parce qu'il avait l'impression qu'on lui avait enlevé ses « privilèges » aussi inespérés que surréalistes ? Il ne savait plus.
Le Soigneur choisit ce moment-là pour se planter juste à côté d'eux, faisant sursauter Syd.

Sans aucun ménagement, il lui demanda de le suivre en lui empoignant fermement le bras, pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas vraiment le choix de le suivre. En même temps, le brun devait faire un peu peur à voir, même si l'adrénaline du moment l'aidait à tenir davantage qu'il n'aurait cru possible. Il hocha machinalement la tête et l'homme lâcha son bras. A contrecœur, parce qu'il n'avait de toute façon pas d'autres choix, il amorça un mouvement vers le Soigneur qui s'était mis en marche. Puis s’arrêta aussi vite.

Il tourna la tête vers Axel, sans vraiment le regarder dans les yeux pour ne pas dire quelque chose qu'il regretterait plus tard, et lui dit, d'une voix qu'il voulut assurée mais qui ne le fut pas réellement : « Merci pour tout, sincèrement. » Puis il repartit, sentant la tristesse l'envahir de plus en plus fortement et la tête lui tourner à nouveau. Le Soigneur lui indiqua une chaise roulante de manufacture simple mais qui lui permettrait de ne pas retomber dans les pommes entre temps. Il s'y assit lourdement, sentant le dépit et l'abattement peser trop lourd sur ses épaules. Il laissa l'homme le pousser plus loin d'Axel, le tiraillement dans ses tripes, dans sa poitrine grossissant au fur et à mesure.

Ah.
Il comprenait à présent ce qu'était cette amertume qui ne le quittait pas depuis tout à l'heure. Dans le fond de sa gorge.
Elle portait un nom détestable.

Celui de l'échec.

Invité

Dieu qu'il avait toujours haïs les sentiments.

Toujours

Axel appartenait au chaos. Il avait l'habitude du bordel. Du désordre dans sa tête. Ça n'avait vachement rien de nouveau pour lui de ne pas se comprendre, de se sentir perdu au travers d'une foule d'émotions toutes plus négatives les unes que les autres.

Axel appartenait aux ténèbres. Il avait l'habitude des choses sombres. De la noirceur de son âme. C'était une habitude. Rien qui ne provenait de lui n'avait été bon... Et ce durant toute son existence. Il avait vraiment tenter d'être le fils modèle, le frère parfait, le gentil garçon... Mais il avait toujours échoué. Sans doutes parce qu'il n'était pas fait pour ça. Il n'avait pas le gêne que ses autres frères avaient. Il n'était pas dans le groupe des bons, mais dans celui des vilains. Ceux qui perdaient toujours dans les histoires d'autrefois.

Et il avait perdu.

Encore.

Mais les méchants ne gagnaient jamais. Il le savait. Alors la déception ne fit pas trop amère. Il savait que tôt où tard Syd finirait pas abandonner. Ça valait mieux pour tout les deux. Et après presque deux ans à le rejeter avec autant de haine, il ne fallait pas s'attendre à autre chose. Le blond serra le poignet que le Jaguar avait attrapé avec son autre main et serra avec suffisamment de force pour effacer la sensation d'un autre contact. Parce qu'il n'aimait pas qu'on le touche. La chaleur des autres le dégoutaient. Parce qu'un lâche comme lui méritait de crever dans le froid et la solitude.

Et il avait gagné.

Parce qu'au final, le gardien avait eu ce qu'il voulait du plus jeune. La paix. Axel était enfin débarrasser de Syd.

Les choses avaient atteintes un point qu'il avait toujours voulu. Qui était visé depuis le début. Pourtant...

Pourtant quelque chose n'allait pas. L'Aigle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Quelque chose clochait. Et il resta la le regard dans le vague vers le coin de mur où son cadet avait disparut, les lèvres entrouvertes et un air d'animal blessé au visage. Il y resta si longtemps qu'une soigneuse vint le voir avec un air inquiet pour lui demander si tout allait bien.

- Non.

Sa réponse fût plus sèche qu'il ne l'aurait voulu, mais son corps n'en faisait qu'à sa tête. Et il tourna les talons après avoir croisés les bras, comme pour s'enlacer.

Parce qu'il était seul.

Définitivement seul.

Et c'était d'une tristesse. De constater que désormais plus personne ne viendrait croire en lui. Quelque chose se coinça dans sa gorge. Et ses yeux devinrent désagréablement humides. Axel serra les dents. Il devait être fatigué. Parce qu'avoir ce genre de sentiments, celui de perdre et de désarrois n'avait rien de normal.

Il se sentit vite étouffé et poussa les portes de l'hôpital pour rejoindre l'extérieur. Pour rejoindre la chaleur écrasante d'après-midi. Et soudainement la panique le prit à la gorge. Et le blond chercha son air. Ce n'était pas normal. Il avait besoin de fuir. Comme toujours. Parce qu'il ne voulait pas affronter ça.

Il ne vouait pas affronter l’effondrement de la stabilité durement acquise de sa vie.

Pas encore.

Parce que c'était très certainement ce qui allait arriver. Syd était la seule constante dans sa vie. Comme Tim l'avait été. Le premier était mort par sa faute et le second avait été repoussé avec toute la force de son âme. Pour éviter un effondrement comme celui-ci... Un effondrement qui survenait quand même.

Alors il se mit à courir. Parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autre. Il devait fuir. Mais alors que le gardien pensait qu'il aurait la chance de se vider la tête avec exercice, l'image du Jaguar qui le regardait avec un tel déception, avec une telle lassitude, ne cessait de revenir dans sa mémoire. Et il accéléra, quitte à ne pas parvenir jusqu'à son clan en tenant une telle allure.

Axel serra la mâchoire et retint cette envie de vomir qui lui remonta dans la gorge.

Il avait gagné. Il avait perdu.

Les deux à la fois. Et le plus vieux ne savait même pas comment gérer ce genre de situation. Parce que normalement, ça ne faisait pas cet effet-là de chasser quelqu'un.

Ça ne faisait pas mal.

Syd l'emmerdait au plus au point. Ce mec était un vrai calvaire à endurer quand on ne voulait que le silence et la quiétude. Quelqu'un de si heureux que clairement ça ne pouvait être que faux. Avec un aura tellement lumineuse, qu'il se brûlait à l'approcher. Avec un optimiste tellement inépuisable que s'en était à se demander où il allait le chercher.

Mais Syd était aussi le seul qui croyait en lui.

Était.

Le mot était là. Alors le blond accéléra encore. Au risque d'étouffer. Parce que de toute façon il étouffait déjà. Et pas à cause de la chaleur.

Axel appartenait au chaos. Il avait l'habitude du bordel. Du désordre dans sa tête. Ça n'avait vachement rien de nouveau pour lui de ne pas se comprendre, de se sentir perdu au travers d'une foule d'émotions toutes plus négatives les unes que les autres....

Simplement, quand il était question de Syd les choses étaient toujours différentes. Le bordel qu'il y avait dans sa tête, n'avait rien d'habituel. Il était différent et dans un sens qui faisait mal. Il se stoppa, incapable de trouver son air avec sa course désespérée et s'affala contre un gros rocher en essuyant son front avec le bas de son t-shirt. Puis se frotta vigoureusement le visage, comme si ça aurait pu chasser l'incohérence dans sa tête.

Il ne pouvait pas revenir sur ses pas. Il ne devait pas le faire non plus. Pourtant, ils avaient été si proche de changer les choses. Et lui les avaient remises bien en place. Ça avait eu le mérite de décourager son compagnon. Tant mieux.

Tant mieux ?

Son poing rencontra la pierre avec violence, il entendit un craquement puis le sang coula. Ses jointures faisaient un mal de chien, peut-être en avait-il cassé une ? Parfait. Il méritait de souffrir autant physiquement que mentalement. Parce qu'il venait de détruire lui-même le seul lien avec la seule personne qui ne le croyait pas un enculé. Il avait blessé quelqu'un de bien.

Tant mieux, oui.

Mieux valait le faire souffrir maintenant que plus tard. Parce qu'il avait passé si proche de le laisser s'approcher. De se laisser apprivoisé. Et si ça avait été finalement le cas ? Alors, le Jaguar aurait d'autant plus souffert, aurait ressentit tellement plus de déception et de dégout en découvrant l'horrible homme qu'il était.

Alors, tant mieux.

Le gardien venait de lui épargner encore plus de sentiments négatifs. Et cela le réconforta un peu de savoir qu'il avait épargné une personne si lumineuse. Peut-être l'aurait-il même contaminé. Tâché. Avec toute sa haine...

La douleur remonta dans son poignet, mais il n'en fit pas plus de cas et laissa le sang goutter sur le sol en fixant le vide dans émotions. Il fallait que le blond se reprenne. Qu'il se ressaisisse. C'était pour le bien de tout le monde. Lentement, l'Aigle reprit le chemin de son clan en recroisant les bras, grimaçant au toucher sur sa main blessée. Lydie lui arrangerait ça. Elle l'avait toujours fait. Et peut-être même trouverait-elle de nouveau les mots pour le réconforter. Ou peut-être n'y avait-il pas de mots à prononcer, à mimer. Alors, peut-être lui caresserait-elle les cheveux pendant qu'il s'endormirait. C'était ce qu'elle faisait quand il faisait une crise de somnambulisme après un cauchemars particulièrement violente. Et le lendemain tout était passé. Sauf que ce n'était pas un cauchemars et ça ne passerait pas demain matin. Mais c'était mieux ainsi.

Vraiment.

Il avait sauvé Syd d'une déception encore plus grande. Et il était prêt à porter le blâme. Axel le faisait toujours. Il savait comment vivre avec ce genre de sentiments... Enfin presque. Il saurait trouver le moyen de l'encagé avec les autres, ce beau bordel qu'il avait lui-même créer. Et ne pourrait qu’espérer que ce dernier ne viendrait pas le hanter. Et le Jaguar redeviendrait le ravitailleur qu'il avait toujours été, parce que tout passait.

Il avait bien fait.

Vraiment, c'était mieux pour eux deux.

À SUIVRE...

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» Encore à sa recherche (Pv Axel)
» Coming home (Axel)
» Interlude professionnel [FB, Axel]
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Oh. Deuxième round ? Rien n'est moins sûr... [FB, Axel]

Oh. Deuxième round ? Rien n'est moins sûr... [FB, Axel]

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