Effaré. Secoué. Perdu. Blasé. Déprimé. Enervé.

Tels sont les adjectifs qualificatifs qui décrivent assez bien les diverses émotions qui passent actuellement sur le visage d’Hedwige. A ses yeux, ce qu’elle vit en ce moment est bien pire que l’apocalypse elle-même. En effet, l’Ancienne des Dragons du Nord vient, en ce jour, de se rendre compte qu’elle a terminé sa précieuse réserve de sucre. Elle ne possède plus l’ingrédient principal de son seul réel plaisir « gastronomique ». Une véritable catastrophe selon elle. Heureusement, elle sait où elle peut en dénicher facilement. Fouillant dans les différents placards de chez elle, Hedwige rassemble, dans un sac, des choses comme de l’eau et un peu de nourriture. Elle vérifie une dernière fois que tout y est avant de le placer sur son dos. Dans ce genre de situation, il n’y a bien qu’aux échoppes qu’elle peut troquer ce qu’elle désire contre d’autres objets. Pour être honnête, elle va même toujours voir le même marchand pour sa réserve de sucre. Après tout, elle le connaît et sait que c’est maintenant une valeur sûre. Alors pourquoi changerait-elle ses habitudes ? Ah ! En voilà, une excellente question. Soyez ravis car cette journée-là va nous permettre de vous fournir un élément de la réponse. Si toutefois il existe d’autres circonstances.

Persuadée que tout va se passer comme d’habitude et qu’elle va rapidement devoir retourner au clan, la Dragonne ne s’inquiète guère plus que cela. Il faut dire que c’est aussi une de ses rares sorties et qu’elle ne souhaite pas non plus se prendre la tête avec ce qui peut éventuellement être des futilités. Sauf que nous le savons, cette fois-là ne se déroulera pas comme les autres. Arrivée en vue du marché, Hedwige commence à chercher du regard son fournisseur régulier parmi les différents vendeurs… Cinq minutes plus tard, elle poussa un long soupir en ne le voyant nulle part. Tout en retenant un minimum la colère qui montait peu à peu en elle, Hedwige s’approcha d’un autre marchand pour lui demander s’il était là. La réponse fut bien évidemment négative. Mais tout n’était pas perdu. Alors qu’elle s’efforce de rester calme, elle salue le dit marchand avant de faire un demi-tour. A ce moment-là, l’Ancienne eut une sorte de tilt. D’autres personnes peuvent encore l’aider à avoir ce qu’elle veut. Une autre échoppe. Pas n’importe laquelle, cependant. Hedwige se dirige à petit pas vers cette dernière et s’arrête devant un homme un peu plus vieux qu’elle. La Dragonne prit le temps de le jauger quelques instants avant de se décider à parler.

« Dis-moi, tu n’appartiendrais pas à la Troupe de Virgo, par hasard ? »

Le commerce ce n'est pas vraiment ton fort. Tu as appris avec le temps la valeur des choses et tu es capable de ne pas te faire arnaquer par le premier venu mais lorsqu'il s'agit de vendre et d'obtenir plus que ce que les choses valent tu ne vaux rien. Tu es donc assez étonné d'avoir été affecté au stand que la Troupe occupe au marché de la ville. Coincé entre deux commerçants locaux avec ta marchandise, tu n'es pas vraiment à ton aise. Virgo t'a dit de t'occuper de l'échoppe durant une après-midi, ce n'est pas grand chose heureusement. Tu t'appliques donc à servir les clients tout en protégeant la marchandise. Jared t'a rapporté qu'il y avait eu un vol durant son passage dans le coin, tu préfères donc être prudent. Surtout que ce que propose ton échoppe représente tout ce qui intéresse les gens de la ville : de la nourriture. Les clients ne sont pas bien nombreux aujourd'hui. Lorsque tu vois une ombre se profiler devant ton stand tu es en train de faire briller ton épée à l'aide d'un linge légèrement humidifié d'huile. On s'occupe comme on peut. Tu lèves les yeux et tu découvres une jolie blonde dans le soleil. Elle est bien nourrie et si elle est encore Membre elle ne doit plus l'être pour très longtemps.

HEDWIGE – Dis-moi, tu n’appartiendrais pas à la Troupe de Virgo, par hasard ?
ADRIAN – C'est si évident que ça ?

Tu esquisses un léger sourire avant de placer ta main en casquette pour protéger tes yeux du soleil alors que tu la regardes. La question t'a un peu surpris mais tu n'en as rien montré. Tu attends simplement d'en savoir un peu plus à propos de ce qu'elle veut à la Troupe.

ADRIAN – Oui je suis donc bien de la Troupe. Tu as besoin de quelque chose ?

Sans sucre pour confectionner ses sucreries, Hedwige était capable de faire des ravages encore plus désastreux que d’ordinaire. Heureusement pour les autres et pour son entourage proche, elle était rapidement parvenue à dénicher un stand qui serait susceptible de lui fournir ce dont elle a besoin. L’Ancienne afficha un sourire satisfait et rassuré lorsque l’homme qui se trouvait actuellement en face d’elle lui confirma d’abord de manière indirecte qu’il faisait effectivement partie de la Troupe. Elle se contenta de lever les yeux vers le ciel en guise de réponse à sa question qui, de toute évidence, n’en était pas réellement une. Elle sait encore lorsqu’il est préférable de se taire et d’attendre la suite. Or, il s’agissait de l’un de ces moments. Hedwige en profite également pour tirer parti de ce léger silence en observant nonchalamment les mouvements de son interlocuteur. Aux premiers abords, il lui paraissait assez sympathique mais elle n’était pas du genre à se fier aux apparences. Lorsqu’enfin il pose la question tant attendue par la Dragonne, cette dernière s’empresse de lui faire part de ce qu’elle a besoin.

« Parfait dans ce cas ! J’ai en effet besoin de quelque chose mais mon vendeur habituel n’est pas présent aujourd’hui… A vrai dire, je suis venue chercher du sucre. La Troupe doit bien en avoir un peu en stock, non ? » Nouveau silence. Mais avant qu’il ne reprenne à son tour la parole, Hedwige décide de reprendre les devants après s’être rendue compte qu’elle avait oublié de mentionner une chose très importante dans ce monde des affaires : ce qu’elle avait l’intention d’offrir en échange de ce qu’elle cherchait à obtenir. « En échange, j’ai les choses classiques : eau, nourriture… Je pense en avoir une dose suffisante pour que nous soyons tous les deux satisfaits. » Elle se met à le regarder dans les yeux tout en lui adressant un sourire ; faisant preuve d’un minimum de sympathie. Oui, ça pouvait lui arriver de faire certains efforts.

La blonde semble avoir du caractère. Ton sourire reste bien présent alors que tu l'observes, une main protégeant toujours tes yeux du soleil. Quelque chose te dit qu'elle ne doit pas toujours être commode bien qu'elle n'a ici rien fait, ni rien dit de désagréable. Il s'agit juste de ton impression première.

HEDWIGE – Parfait dans ce cas ! J’ai en effet besoin de quelque chose mais mon vendeur habituel n’est pas présent aujourd’hui… A vrai dire, je suis venue chercher du sucre. La Troupe doit bien en avoir un peu en stock, non ?

Son sujet semble l'allumer. Elle paraît plus vigoureuse et ça te laisse perplexe. Du sucre ? Tu trouves cette demande amusante dans le sens où elle en a parlé comme si elle était à la recherche d'alcool ou d'un quelconque produit addictif.

HEDWIGE – En échange, j’ai les choses classiques : eau, nourriture… Je pense en avoir une dose suffisante pour que nous soyons tous les deux satisfaits.

Elle reparle avant même que tu n'ai réfléchi à la présence de sucre dans vos stocks. Tu sais qu'il y en a au camp mais ici tu n'en sais trop rien. Le commerce ce n'est pas ton domaine, tu l'as pourtant dit à Virgo de nombreuses fois. Tu ne sais pas non plus ce que ça vaut réellement. Les clans en produisent d'après ce que tu sais, c'est pourquoi il ne s'agit pas d'une denrée que vous ramener principalement. Donc si ce n'est pas rare, ça ne doit pas valoir si cher que ça.

ADRIAN – Femme d'affaire à ce que je vois.

Tu préfères éviter de souligner que tu n'y connais pas grand chose. Elle semble plus sympathique soudain mais il se dégage toujours d'elle un petit quelque chose que tu trouves féroce. C'est une combattante sûrement très forte. Soudainement tu te montres curieux. Tu te redresses dans ton stand et rengaine ton épée alors que tu te poses des questions à son sujet. Ou plutôt tu fais des suppositions. Membre d'un clan fort sûrement. Peut-être même gradée. Armes de prédilection ? Tranchantes, tu en es presque certain.

ADRIAN – Je vais voir ce que je peux faire pour toi.

Tu tires des caisses de sous l'étal et tu commences à farfouiller entre les pots et les poches de cuir à la recherche du fameux sucre. Tu trouves des épices, des herbes et pleins d'autres choses encore mais pour le moment pas ce qu'elle veut. Un peu gêné que ça prenne du temps tu décides de faire un peu de conversation.

ADRIAN – Je sais que ce ne sont pas mes affaires mais pourquoi un tel besoin de sucre ?

Tu lèves brièvement les yeux de tes recherches pour lui lancer un regard avant de reprendre ta fouille.

ADRIAN – Ce n'est pas vraiment une nécessité. En général je veux dire.

Personne ne l’empêcherait d’obtenir ce qu’elle cherche. Peu importe ce qu’elle devra faire pour ça… Même patienter durant un certain temps, Hedwige peut le supporter si ça lui permet de revoir le sucre si cher à son cœur. Pour l’instant, elle restait étonnamment calme et il valait mieux que cette situation dure. Pour elle comme pour les autres, d’ailleurs. Elle n’est pas non plus venue là pour s’attirer des ennuis. Alors elle attend patiemment tout en fixant l’homme de la Troupe ; attendant une réponse de sa part en arborant un air légèrement détaché. Hedwige ne put réprimer un sourire à la première remarque du Libre. Oh, elle n’était pas qu’une simple femme d’affaire, comme il le disait. La Dragonne se voyait davantage comme étant une autre sorte de femme ; dans un registre un peu différent mais tout aussi efficace… « Femme qui sait ce qu’elle veut, surtout. » Elle avait prononcé les mots sans se départir de son sourire et en veillant à ne placer aucune animosité dans sa voix. Pas un mot plus haut que l’autre. Elle ne cherchait pas le conflit et pour une fois, elle avait pris le parti du calme et de la conversation avec l’autre. Ce qui n’empêche bien évidemment pas qu’au moindre mouvement suspect de la part de n’importe quelle personne présente ici, elle sera prompte à réagir. En effet, jamais elle ne prendrait le risque de baisser sa garde. Surtout pas dans un lieu particulièrement fréquenté comme celui-ci.

Patiemment, Hedwige observe les mouvements d’Adrian en attendant que ce soit lui qui relance la conversation. Soit en lui annonçant qu’il avait déniché ce qu’elle cherchait soit en… Eh bien, elle n’en savait rien. En parlant d’un sujet quelconque, ça lui était bien égal. A la place de cela, il a simplement ajouté qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire pour elle. L’Ancienne se contenta de lui répondre par un hochement de la tête partant du haut vers le bas. Par la suite, elle prit encore sur elle en faisant ce qu’elle pouvait pour ne pas le bousculer alors qu’il fouillait dans les différentes caisses cachées sous les étals de son stand. Il fallait qu’elle s’occupe en attendant… Qu’elle fasse quelque chose, n’importe quoi qui pourrait nécessiter un tant soit peu de concentration. Finalement, ce fut l’homme qui reprit la parole. Elle allait lui répondre lorsqu’il jugea sans doute nécessaire d’ajouter une autre phrase. Probablement pour se rattraper d’une bourde qu’il pensait avoir faite dans ses mots précédents. Sans quitter l’homme des yeux, Hedwige lui répondit sur le même ton que précédemment. « Je crois qu’on peut dire que c’est un peu ma drogue. Certains vont boire jusqu’à plus soif, d’autres vont, je ne sais pas… Prendre certains produits qui ne sont pas toujours forcément recommandés et moi… Je prends ça, j’en fais des sucreries. Et je les mange. Ce n’est pas très loin d’une nécessité. »