Le squat est une question de culot.
Ta maison est ma maison.
PV Violette

L'entraînement auquel j'avais été contrainte d'assister avait été profondément épuisant. J'avais passé des heures à crapahuter dans la poussière pour le bon plaisir de Commander qui semblait se délecter de mes tentatives d'approche complètement ratées. Même si elle n'en montrait rien, je pouvais bien sentir les vagues d'amusement qui affluaient en elle. Elle m'avait joyeusement fait payer toutes mes absences et je n'étais pas prête de m'en remettre. D'ailleurs, c'était il y a trois jours et je peinais encore à refaire mon capital sommeil. On avait pas idée de s'agiter autant inutilement ! Je séchais donc toujours aussi consciencieusement les exercices de l'après-midi, mais je faisais désormais l'effort de me rendre à l'entraînement matinal comme je l'avais promis à Jayden. Un effort à la fois, il ne fallait pas exagérer non plus. Néanmoins, maintenant que Commander savait qu'il existait une minuscule chance que je vienne si elle m'envoyait quelqu'un, elle le faisait de façon presque systématique. Impossible donc de dormir tranquillement chez moi sous peine de voir débarquer un emmerdeur qui tambourinait à la porte jusqu'à ce que je le jette à grands coups de pompes dans le train. J'avais donc mis un nouveau plan au point histoire de pouvoir piquer mon petit roupillon de l'après-midi. Il était assez simple et reposait sur le fait de profiter de l’assiduité des autres Spécialistes. Pendant que eux sueraient à l'entraînement, je comptais bien tenir compagnie à leur couche. L'idée comportait des inconvénients, mais il fallait parfois savoir faire des sacrifices dans la vie.

Une fois que le quartier fut enfin vidé, je m'éclipsais de ma propre maison et m'avançais au hasard dans les rues. Mon choix se porta finalement sur une bâtisse comme les autres dans laquelle je pénétrais. Bon, à première vue, il n'y avait l'air d'avoir personne et ce n'était pas trop le bordel. Après une visite rapide, je dégottais enfin la chambre et me laissais lourdement tomber sur le lit. Il était confortable et il dégageait une odeur de frais, quelle chance l'occupant des lieux avait visiblement laver sa literie juste pour moi. Je m'installais tranquillement sous les couvertures et me plongeais dans les oreillers moelleux à souhait. Pas de doute, c'était bien la maison d'un Spécialiste. Le sommeil ne tarda pas à me happer délicieusement. J'allais enfin pouvoir prendre du repos...

VIOLETTE – J't'en foutrais moi des entraînements annulés !

L'apprentissage et l'entraînement sont pour toi la clé de tout dans ce monde, tu supportes de ce fait assez mal que l'on bouleverse ton planning. Avec mécontentement, tu passes la porte de ta maison en la claquant derrière toi. Tu es d'une humeur massacrante et comme souvent, Michael est responsable. Même si tu l'admires en un sens, ce type te tape sur le système. Qu'il ne puisse pas être présent pour l'entraînement de l'après-midi est une chose mais il aurait pu déléguer. A toi, plus précisément. Puisque tu occupes la tête des classements, il te paraîtrait normal que tu puisses prendre en charge l'entraînement pour une fois. Mais non, il préfère tout bonnement annuler, offrant ainsi au groupe une après-midi de repos. Si tu respectes la notion de repos car tu sais que ton corps à besoin de pause pour tirer le meilleur de l'entraînement auquel tu t'astreins depuis des années, tu n'as clairement rien fait aujourd'hui qui mérite un break. Seulement, il n'y a personne de disponible à cette heure-ci, tous les autres Spécialistes s'étant envolés dans la nature. Tu dois bien être la seule qui ne sait pas à quoi s'occuper durant ce congé impromptu. Avec précaution, tu appuies ta lance contre le mur et tu te diriges vers ta chambre. Essayer de dormir est encore le mieux que tu as à faire. C'est vrai que tu manques de sommeil réparateur ces derniers temps. Il est parfois difficile  de mener de front ta vie de Membre et celle de poupée de ses messieurs mais tu ne souhaites rien changer car c'est comme ça que tu t'es construite. Alors que tu pénètres dans la chambre, tu étouffes un bâillement. Le sommeil t'appelle déjà. Tu te débarrasses rapidement de ton pantalon pour être plus à l'aise et tu t'apprêtes à t'installer lorsqu'un détail te frappe. Il y a quelqu'un dans ton lit. Une touffe de cheveux bruns dépassent des couvertures, il t'est donc difficile de savoir de qui il s'agit mais cela ne change rien au fait principal. Pas effrayée pour un sou par cette découverte, tu es plutôt agacée en réalité, tu empoignes la couverture et découvre promptement l'individu qui squatte tes draps.

VIOLETTE – Bordel mais qu'est-ce que tu fous ici toi ?!

L'individu est en réalité une individue et se prénomme Loukas. Il est de notoriété publique que cette fille est une véritable marmotte et qu'il n'est pas rare de la retrouver en train de dormir n'importe où. En l’occurrence, ton lit aujourd'hui. Elle est Spécialiste, tout comme toi, alors tu ne prends pas de pincettes avec elle. Vous êtes à égalité et tu ne penses pas que cette moflasse ait quoi que ce soit à t'apprendre.

VIOLETTE – Dégage de là et vite fait encore !

C'est un comble quand même ! D'ailleurs pourquoi n'est-elle pas à l'entraînement ? Tu te rappelles vite qu'elle est aussi connue pour sécher, la question ne se pose donc plus. Mais quand même, ça n'explique pas ce qu'elle fait dans ton lit.

Quelques bruits me forcèrent à sortir du sommeil. Ce n'était rien de réellement dérangeant, mais c'était suffisant pour me faire un peu papillonner des paupières avant de sombrer à nouveau. Je n'avais jamais été trop dérangée par ce genre de détails, je trouvais même assez rassurant d'entendre que la vie continuait autour de moi. Bon, cela ne valait naturellement pas pour la sirène qui sonnait quotidiennement sur le territoire et me rendait à chaque fois chèvre, mais le reste n'était en aucun cas une gêne. Je me pelotonnais plus encore dans les oreillers, un sourire niais sur les lèvres. Que j'aimais ce lit et son occupant. L'occupant se présenta d'ailleurs finalement dans la chambre et m'arracha à ma rêverie d'une façon brutale en me découvrant. Je poussais un grognement mécontent sans même écouter les paroles de la mégère qui venait de s'exprimer. Elle reprit rapidement et, cette fois, je pu nettement ressentir tout son mécontentement. Absolument pas apeurée par son énervement, je me redressais tranquillement pour m'étirer tout en bâillant à m'en décrocher la mâchoire pour bien l'agacer. Lorsque j'ouvris complètement les yeux, je me rendis néanmoins compte que j'avais peut-être fait une erreur en agissant de la sorte. De tous les Spécialistes, il avait fallu que j'emprunte de façon hasardeuse le lit de Violette. La Violette. Je cherchais rapidement sa lance des yeux et constatais qu'elle ne l'avait par chance pas. Bon, c'était déjà un problème en moins.

« Salut Vio, tranquille la vie ? Tiens, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? C'est pas bien de sécher l'entraînement, tu le sais ça ? »

J'étouffais un nouveau bâillement et croisais les jambes en tailleur, pas décidée pour un sou à quitter sa couche. Toujours un peu endormie, je lui adressais un grand sourire. Elle ne me paraissait pas être un réel danger à l'heure actuelle et je savais que tant qu'elle n'avait pas son arme de prédilection, j'avais toutes mes chances face à elle, je ne m'en faisais donc pas trop. Mon sourire se changea par contre en grimace lorsque je me rendis compte qu'elle était à moitié dévêtue.

« Oula, te fais pas des idées ma grande ! T'es pas du tout mon genre. »

Encore qu'il y avait en elle un petit quelque chose qui me rappelait Ezea. Mais là n'était pas la question ! Je secouais vivement la tête pour me sortir cette idiote de la tête avant de feindre une moue horrifiée.

« En fait, t'allais me violer ?! Tu voulais vilement profiter de mon sommeil pour me faire des choses pas nettes, c'est pour ça que tu t'es désapée ! »

Pourquoi cette fille ? Pourquoi ton lit ? Pourquoi aujourd'hui ? Les questions se bousculent dans ta tête et tu détestes ça. Tu ignores le grognement mécontent de la Dragonne et tu laisses tomber la couverture sur le sol. Au moins, elle ne pourra pas la récupérer sans se lever comme ça. C'est à peine si elle t'écoute, elle te prends encore moins en considération. Comme si c'était parfaitement normal, elle se redresse, bâille et s'étire. Elle ne ressent ni honte, ni peur ce qui t'agace au plus haut point.

LOUKAS – Salut Vio, tranquille la vie ? Tiens, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? C'est pas bien de sécher l'entraînement, tu le sais ça ?

Chaque mot vient piquer un peu plus ton irritation. Elle se moque ouvertement de toi. Si seulement tu n'avais pas abandonné ta lance plus loin, tu te chargerais de lui faire ravaler ses paroles. Tu pousses finalement un soupir exaspéré.

VIOLETTE – Je peux te retourner les mêmes questions. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, tu es chez moi espèce de demeurée.

Elle te lance un drôle de regard et malgré toi tu suis ses yeux qui fixent tes jambes nues.

LOUKAS – Oula, te fais pas des idées ma grande ! T'es pas du tout mon genre.

Tu ne t'attendais pas du tout à ça. Tu retiens un éclat de rire même si dans le fond tu devrais peut-être être vexée. Ils ne sont pas nombreux à avoir résisté à tes charmes. Sa moue horrifiée te rend néanmoins ton sérieux.

LOUKAS – En fait, t'allais me violer ?! Tu voulais vilement profiter de mon sommeil pour me faire des choses pas nettes, c'est pour ça que tu t'es désapée !

C'est dans sa tête qu'elle n'est pas nette sur le coup. Cette Lou, tu ne la connais pas bien au final. Tu sais qu'elle est très proche de Jayden et qu'elle appartient au groupe des Espions mais c'est tout. Jayden qui t'insupporte et s'applique à te faire sortir de tes gonds dès qu'il le peut. Un sourire sournois effleure tes lèvres alors qu'une idée prends forme dans ta tête. Puisque c'est comme ça, tu vas jouer un tour à cette vilaine squatteuse. Tu es sûr que cela arrivera aussi aux oreilles de Jay ce qui t'enchante plus encore. Une pierre deux coups comme on dit.

VIOLETTE – Oh mince, je suis démasquée.

Sur ton visage, on lit la gêne de quelqu'un qui s'est fait prendre en flagrant délit. Rapidement, ton regard devient pourtant plus intense et tu t'approches lentement du lit.

VIOLETTE – Je n'ai plus de raison de cacher mon jeu alors...

Ta voix est langoureuse alors que tu ramasses la couverture et que tu la poses sur ta couche. Tu poses un genou sur le matelas et du bout des doigts, tu effleures la gorge de Lou pour remonter lentement vers son visage. Ta main s'arrime à la courbe de sa mâchoire et tu penches vers ses lèvres, t'arrêtant à quelques millimètres à peine de sa bouche comme pour profiter de cet instant précédent un baiser passionné.

VIOLETTE – Il n'est pas malin pour une louve de se jeter dans la gueule du loup...

Je le savais, Violette n'avait aucun humour. Ma tirade ne lui arracha qu'un soupir exaspéré qui me poussa à grimacer. Zut, mauvaise tactique. Heureusement, elle ne paraissait pas trop énervée et elle continuait à parler. Et une Violette qui parlait était une Violette qui n'était pas sur le point de passer à l'attaque. Sauf lorsqu'elle torturait quelqu'un bien sûr. J'avais entendu dire qu'elle était très bavarde durant ces moments là.
J'étouffais un nouveau bâillement avant de lui répondre.

« C'est bon, j'vais pas aller à l'entraînement tous les jours quand même ! Et si je sais que je suis chez toi. Enfin, je ne le savais pas au départ, mais maintenant que tu es devant moi, je le sais. Logique. »

La suite me poussa à déglutir. Étrangement, je préférais la Violette furax à celle qui se tenait actuellement devant moi. Alors que je déconnais, elle venait d'avouer et plaidait coupable pour toutes mes accusations. Elle devait se moquer de moi, ce n'était pas possible autrement. Pourtant, elle avait l'air drôlement sérieuse alors qu'elle s'approchait du lit, séductrice au possible. Soudainement, je comprenais mieux comment elle faisait pour faire craquer tous les hommes qu'elle appréhendait. Un peu paniquée et prise à mon propre jeu, je restais immobile en espérant la voir éclater de rire en disant qu'elle m'avait bien eu. Mais elle continuait son approche et bientôt elle fut appuyée sur le lit et je sentis ses doigts sur ma peau. Bien malgré moi, je frémis et tentais de rassembler le peu de salive que j'avais en bouche pour déglutir à nouveau. Elle était beaucoup trop proche. Le cœur tambourinant dans ma poitrine, je n'osais pas bouger alors que son souffle chaud caressait mes lèvres. Elle murmura quelque chose, mais je ne compris que la moitié de ses paroles. Une histoire de loups qui me fit brièvement sourire. J'étais gênée et je ne savais absolument pas comment réagir à tout ça, mais il était difficile de ne pas céder face au regard hypnotisant de la brune.

LOUKAS – C'est bon, j'vais pas aller à l'entraînement tous les jours quand même ! Et si je sais que je suis chez toi. Enfin, je ne le savais pas au départ, mais maintenant que tu es devant moi, je le sais. Logique.

Lou a quelque chose d'agaçant. Elle parle beaucoup trop à ton goût. Tu n'aimes pas les gens qui brassent du vent en causant à tout va. Heureusement, elle ne parle pas sur toi. Ou du moins elle a l'intelligence de ne pas le faire devant toi. Tu n'as jamais ressenti de dédain à ton égard venant d'elle. Tu ne connais pas vraiment son point de vue sur les nanas dans ton genre et tu ne sais pas non plus quel genre de fille elle est vraiment. Bien sûr, tu as entendu parler de cette romance avec une Basique qui a mal tournée mais Loukas n'est pas connue pour avoir une vie trépidante. Vu le temps qu'elle passe dans son lit, cela te paraît étrange. Surtout lorsque Jayden est avec elle. Certains disent qu'ils sont ensemble, de ton côté tu n'as pas d'avis sur la question. Ton équipier est trop flou pour que tu puisses dire quoi que ce soit de toute façon. Et puis même si c'était le cas, qu'est-ce que ça te foutrait ? Rien. Fin de l'histoire.

Comme tu le pensais plus tôt, la louve se fait soudain bien silencieuse alors que tu l'approches doucement. Elle ne sait plus où se mettre. Tu apprécies de voir son hésitation alors que tu te tiens tout près d'elle. Il te suffirait d'un rien pour l'embrasser mais tu laisses planer le suspens, profitant allégrement de cette étincelle qui s'est allumée dans son regard. Elle est troublée. Cette information ne te surprends pas, tu as l'habitude de susciter ce genre de réaction chez les autres. Un petit sourire étire tes lèvres. Tu restes suspendue au temps, ton esprit effectuant de rapides pronostics tout en cherchant ce qu'elle pourrait bien t'apporter. Une part de toi à bien envie de pousser le jeu juste un peu plus loin pour effacer cette mauvaise humeur que tu sens gronder dans ton ventre. L'autre se dit que tu perdras plus ton temps qu'autre chose en jouant avec elle. Mais elle est la possession de Jayden et l'idée de pouvoir le narguer est décidément tentante. Et puis, elle n'est franchement pas désagréable à regarder la petite Lou, pour une fois qu'elle est réveillée, tu essayerais bien de faire connaissance.

VIOLETTE – Qui ne dit mot consent.

Tu cèdes finalement à ton envie. Puisqu'elle ne riposte pas, tu prends possession de ses lèvres que tu embrasses d'abord doucement. Puis, alors que tes doigts s'enfoncent un peu plus fort dans sa peau, tu la forces à pencher légèrement la tête de façon à pouvoir dominer pleinement ce baiser que tu veux brûlant. Ce n'est qu'un jeu diablement intéressant dont les limites n'ont pas été fixées et tu comptes bien en profiter. Tu quittes un instant ses lèvres pour la pousser sur le matelas et tu t'allonges sur elle. Ton poids plume ne te permet pas de garder réellement le dessus mais tu scelles déjà un de ses bras en crochetant son poignet. Ton autre main remonte lentement sous son t-shirt et frôle à peine sa peau frémissante sous tes doigts.

VIOLETTE – Pas très vindicative pour une fille qui se fait violer...

Ce n'est qu'une plaisanterie, tu n'as pas vraiment l'impression de la contraindre à quoi que ce soit. D'ailleurs, tu mordilles légèrement sa lèvre avant de repartir dans un baiser passionné. Tu t'emballes peut-être un peu. Finalement, il est difficile de dire qui se joue de qui en cet instant.

Cette fille est la pire des diablesses. Malgré les mises en garde que m'envoient mon cerveau, je peinais à rester insensible à son charme. Il y avait quelque chose en elle d’irrésistible, c'était une tentatrice, et même si ce n'était qu'une fille et que l'idée qu'elle puisse me toucher me dégoûtait, j'avais bien du mal à la repousser. J'étais toujours partagé entre l'envie de céder et celle de fuir à toutes jambes. Le baiser qu'elle m'imposa me troubla plus encore. Il fallait croire qu'elle avait décidé pour nous deux. Encore plus perturbée, je me laissais mollement faire. Violette était brusque, possessive, et prenait le contrôle de la situation avec une aisance qui devait lui être naturelle.

Elle me poussa sur le lit, empêchant une fuite potentielle en utilisant son corps comme barrage. Je lâchais un grognement léger pour lui signifier que ses manières me déplaisaient, mais je fus incapable de mettre fin à ce baiser. Il y avait dans cet échange un parfum d'interdit qui me grisait. Si Jayden avait vent de cette histoire, il serait en colère et je me détestais déjà à l'idée de céder à cette nana, mais mon corps brûlant témoignait d'une façon plus que convaincante de l'attirance que je ressentais pour elle. Quittant ma passivité, je glissais mes doigts dans sa nuque pour l'attirer contre moi et répondais enfin à ce nouveau baiser. J'étais agité de frémissements délicieux alors que ses mains expertes s'aventuraient déjà sous mon t-shirt. Quittant sa bouche, je laissais mes lèvres glisser le long de sa gorge, y déposant de légers baisers. Pour autant que de céder à cette tentation, autant le faire bien en évitant de n'être qu'un pantin.

L'odeur de la peau de Violette était enivrante, mais mon esprit me rappela curieusement une autre brune au caractère bien trempé. Je la chassais rapidement de mes pensées, me redressant pour faire à la Dragonne et ainsi me replonger dans l'instant présent, mais cela n'eut pas l'effet escompté. J'avais croisé son regard. Son regard bien trop vert pour être celui d'Ezea. Comme si son contact avait soudainement rongé mon corps, je la repoussais brutalement et gagnais le bord du lit. Sa voix, sa chaleur, l'océan infini de ses yeux bleus,... C'était Ezy toute entière que j'avais encore dans la peau.

Malgré la mollesse légendaire de Loukas, tu te l'es imaginée bien moins docile. Elle n'oppose aucune résistance alors que tu prends possession de ses lèvres. C'est bien trop facile mais tu n'as pas envie d'arrêter pour autant. Alors que tu t'allonges sur elle pour la bloquer sur le lit, elle grogne un peu, pas suffisamment seulement pour manifester un véritable refus et encore moins te faire changer de façon d'agir. Il doit se passer quelque chose dans la tête de la brune car elle se décide enfin à participer. Elle crochète ta nuque pour t'attirer à elle et réponds au baiser que tu as initié. Alors que tes mains s'appliquent déjà à lui ôter son t-shirt, elle laisse glisser sa bouche dans ton cou et t'arrache un frisson de plaisir.

Tout semble enfin bien s'orienter lorsque l'attitude de Loukas évolue soudainement. Elle se redresse et vous échangez un regard qu'elle brise immédiatement. Aussitôt, elle te repousse avec violence. Tu es tellement surprise par ce retournement et la force bien cachée de cette fille que tu manques de tomber du lit mais un exercice d'équilibre t'évite la chute.

VIOLETTE – Non mais qu'est-ce qui te prends ?!

Le fait d'être rejetée est une chose, tu peux l'accepter. Par contre tu as plus de mal avec son attitude d'allumeuse et la brutalité dont elle a fait preuve. Tu vas pour te saisir de son épaule mais elle se dérobe en se déplaçant vers le bord du lit et cette fois tu tombes. Sur elle. Tu t'es rattrapé à Lou et vous voilà étendues sur le sol. Elle a grandement amorti ta chute ce qui n'est pas un mal. Tu te redresses, assisse à califourchon sur son ventre et tu bloques ses bras à l'aide de tes mains.

VIOLETTE – On t'a jamais dit que c'était dangereux d'attiser le feu d'un dragon ?

Tout allait beaucoup trop vite. Depuis Ezy, je n'avais absolument pas envisagé la possibilité de le faire à nouveau avec une fille. Je fuyais la présence de la plupart de ces idiotes, cela aidait aussi. Et là, la situation s'était emballée alors que je n'avais rien souhaité à l'exception d'un bon lit pour faire tranquillement une sieste pendant que les autres étaient à l'entraînement. En repoussant Violette, je m'étais attendue à tout, mais elle réagit de façon bien moins violente que je ne l'avais imaginé. Au départ du moins. Face à sa question, je haussais légèrement les épaules avant de lâcher une réponse.

« J'ai pas envie, c'est tout. »

Cette réponse ne sembla pourtant pas la satisfaire et je dû esquiver un geste qu'elle esquissa vers moi. L'idée fut assez mauvaise sur le coup vu que je me retrouvais à basculer en bas du lit, atterrissant lourdement sur le sol. Je grommelais légèrement sous le choc, puis plus nettement lorsque Violette amortit sa chute en s'aidant de mon corps. Elle était belle la fine fleur du clan, même pas capable d'éviter de se casser la figure. Avant que je n'ai le temps de me redresser, la brune en profita pour me bloquer d'une façon que je n'avais pas vue venir. Sérieusement ?! Je ne comprenais même pas son insistance. Sa répartie me laissa un peu perturbée. Les yeux plissés, je lui coulais un regard sceptique faute de pouvoir faire mieux.

« Meuf, t'as vraiment un problème ! »

Je remuais un peu les bras, mais l'étreinte de ses mains était trop forte. Je me rabattis donc sur une autre technique en essayant de la désarçonner à coups de reins.

« Dégage de là, j'ai pas ce genre de trip ! »

LOUKAS – J'ai pas envie, c'est tout.

Ce n'est vraiment pas ce qu'elle a laissé présager tout à l'heure. Son attitude t'insupporte. Les allumeurs t'emmerdent et tu n'as pas pour habitude de te laisser mener par le bout du nez par l'un d'eux. Ce n'est pas prêt de commencer avec Lou.

LOUKAS – Meuf, t'as vraiment un problème !

Tu soutiens sans mal son regard. Elle a l'air surprise ce qui te surprends toi aussi. En plus c'est plutôt elle qui a un soucis. Tu insistes plus pour le principe. Sincèrement, l'idée de te taper cette chiffe-molle ne t'excite aucunement. Pas que tu ais vraiment besoin de ça mais ce sera plus une perte de temps qu'autre chose. La louve finit par se réveiller. Elle tente de se soustraire à tes mains ce qui te fait resserrer ta poigne. Elle ne s'en sortira pas si facilement. Le premier coup de rein qu'elle donne te fait prendre un peu de hauteur mais tu la calmes en te laissant tomber lourdement sur son ventre.

LOUKAS – Dégage de là, j'ai pas ce genre de trip !

Elle retente à nouveau de te désarçonner. Tu apprécies peu cette technique alors tu lâches une de ses mains pour lui foutre un coup dans le thorax.

VIOLETTE – Calme toi ! C'est toi qui cherche les problèmes là j'te signale.

Tu lui laisses une main libre. Elle essayera peut-être de se venger mais c'est ta façon à toi de lui montrer que le jeu peut encore être calmé si elle ne déconne pas.

Violette n'était pas en colère, mais plutôt agacée. Après tout ce que j'avais entendu sur elle, je m'étais attendue à plus de virulence, pourtant. Je n'allais néanmoins pas me plaindre qu'elle ne m'ait pas encore réduite en charpie. Encore qu'elle ne semblait pas exactement être armée en cette instant et je pensais avoir quelques chances contre elle si nous devions en venir à une lutte à poings nus. Mais je ne voulais pas vraiment me battre. Je ne voulais pas attiser le feu du dragon comme elle l'avait dit tout à l'heure. Le feu de sa rage meurtrière. Et puis, il aurait encore fallut que j'arrive à dégager l'un de mes bras pour lui envoyer un crochet qui l'aurait suffisamment sonné pour que je puisse me soustraire à sa prise. Tenter de la désarçonner ne s'avéra pas être la plus brillante des idées. Elle n'avait pas la délicatesse de Jayden et se laissa lourdement retombée d'une façon qui expulsa d'un coup tout l'air de mes poumons. Mais plutôt que de me calmer, je remuais plus encore au point qu'elle m'envoya une frappe dans le torse. Je la fusillais du regard, peinant clairement à reprendre mon souffle. La garce ! Seulement, ses paroles et ce qu'elle dégageait étaient en contradiction avec ses gestes. Tentant toujours de calmer ma respiration trop hachée, je la fixais durant un moment. J'étais restée immobile pour ne pas lui donner une nouvelle raison de me taper et dans la confusion, je n'avais pas prêté attention au fait qu'elle m'avait délivrée un bras. Plus rien ne se tenait entre mon idée première et moi, mais je ne fis rien de tout ça. Mon poing était serré, pourtant il restait soigneusement au sol.

« C'est bon, j'ai compris. Maintenant, ce serait cool si tu pouvais dégager parce que tu es plus lourde que tu en as l'air. »

Je l'observais encore un instant. Je n'avais côtoyée Violette qu'en public et, encore pas souvent, je ne pouvais donc pas dire que je la connaissais réellement, mais je me rendis compte que je m'étais largement trompée sur son compte. Alors, le plus naturellement du monde, avec un fin sourire aux lèvres, je fis ce que je faisais le mieux : poser les questions qui dérangaient.

« Pourquoi est-ce que tu te comportes comme une garce sanguinaire avec les gens alors qu'en fait tu es plutôt sympa comme meuf ? Attention, sympa pour une meuf donc penses pas que c'est un super compliment. T'es juste moins salope dans le fond que je le pensais. »

C'était très intelligent d'aller lui dire ça alors qu'elle s'était calmée, mais passons...

Loukas semble plus calme. Dominant toujours la situation tu l'observes qui tente de reprendre sa respiration. Tu n'es plus menaçante, tu patientes juste en espérant qu'elle ne va plus aménagé l'un de ses petits coups tordus. Elle te fixe et tu soutiens son regard car c'est une habitude. Tu détestes détourner les yeux même si tu n'aimes pas exactement te plonger dans ceux de quelqu'un. C'est souvent un dilemme. Le coup que tu as attendu ne vient pas et tu supposes que vous allez désormais pouvoir repartir sur une autre base.

LOUKAS – C'est bon, j'ai compris. Maintenant, ce serait cool si tu pouvais dégager parce que tu es plus lourde que tu en as l'air.

Tu n'es pas vexée. Tu ne te laisses pas atteindre par ce genre de stupidités. Mais un sourire fier se glisse sur tes lèvres alors que tu continues à te laisser peser sur elle.

VIOLETTE – Ce sont les muscles ça. Tu vois ces choses étranges qui se développent quand tu fais autre chose que dormir.

D'après ce que tu sais Loukas ne doit pas en manquer vu qu'elle s'est spécialisée dans le corps à corps. Une technique proche du kick-boxing si tu ne te trompes pas. Tu es sur le point de finalement te mettre debout mais il y a quelque chose dans l'insistance de son regard qui t'arrête. Qu'est-ce qu'elle prépare encore ?

LOUKAS – Pourquoi est-ce que tu te comportes comme une garce sanguinaire avec les gens alors qu'en fait tu es plutôt sympa comme meuf ? Attention, sympa pour une meuf donc penses pas que c'est un super compliment. T'es juste moins salope dans le fond que je le pensais.

Tu te glaces. C'est direct et dévastateur. Lou vient de t'insulter tout en ne t'insultant pas et cette tactique te déroute. Qu'est-ce que tu dois comprendre ? Et qu'est-ce qu'elle a elle-même compris ? Tu as déjà entendu parler de l'aptitude de cette fille. Cette sensibilité dérangeante qui lui permettait de cerner les autres mieux que la plupart des gens. Jamais tu n'en as fait les frais néanmoins car tu n'as jamais fréquenté Lou. Il aurait été facile de l'utiliser pour agacer Jayden mais c'était une limite que tu n'avais pas voulu franchir jusqu'ici et encore c'était une histoire compliquée. Tu restes longtemps silencieuse à la regarder sans savoir quoi dire. Elle te voit vraiment et ça te perturbe. Après un soupir silencieux, tu lâches son deuxième bras et tu te redresses. Tu t'écartes ensuite pour aller t'asseoir au bord du lit.

VIOLETTE – On ne peut pas être une garce sanguinaire et une fille sympa ?

Tu plaisantes mais le cœur n'y est pas du tout. Elle t'a perturbée et tu peines à le cacher. Tu n'es même pas certaine qu'il soit réellement utile de tenter de le cacher avec elle. Tu n'es pas certaine non plus d'avoir la réponse à la question qu'elle t'a posée.

VIOLETTE – Tu penses que j'agis comme ça pourquoi toi ?

Est-ce que Violette venait de faire une blague ? Je la fixais avec un étonnement non-feint et la bouche peut-être légèrement entrouverte parce que je ne pensais pas cela possible. Certes, c'était une blague du niveau de Jayden - tiens c'était peut-être lui qui la lui avait apprise -, mais c'était une blague quand même et je souriais plutôt que de me sentir vexée par la pique en dessous de la vanne. J'avais des muscles, ils n'étaient juste pas aussi impressionnants que les siens. Tout le monde ne pouvait pas être accro à l'entraînement. Je l'avais été malgré moi à une époque et ça m'avait largement suffit.

Je commençais à m'habituer à lui faire la conversation dans cette drôle de position. Certes, ce n'était pas super confortable, mais maintenant qu'elle n'était plus sur le point de me frapper je n'avais plus trop à me plaindre. Il ne servait à rien que je me fatigue plus pour qu'elle se pousse, elle bougerait quand elle le sentirait et plus je le lui demanderais moins elle le ferait sûrement. Si j'étais contemplative, elle était contradictoire. Bon après ce que je venais de lui dire, il aurait sûrement été mieux que je fasse en sorte qu'il y ait de la distance entre nous, mais c'était un détail. Ce n'était pas comme si je pouvais ravaler mes mots de toute façon. Je n'en avais pas envie et c'était pratiquement impossible. J'assumerais donc les conséquences de ce que les autres appelleraient avoir une grande gueule. De mon côté, je préférais plutôt me définir comme étant curieuse pour une fois. Tout ça avait jeté un froid sur la pièce. Violette ne disait rien et se contentait de me regarder. Elle semblait confuse et je me rendis soudain compte que cette question innocente que je venais de poser avait en réalité ébranlé ses fondements. Je m'en voulus un peu pour ça. D'autant plus en l'entendant lâcher une interrogation au final sans intérêt. Je ne pensais pas que c'était possible d'être les deux, mais je ne pensais pas qu'il soit vraiment possible d'être uniquement l'une des deux. C'était toute la complexité des êtres humains. Il n'y avait pas de modèle type, juste des machins pleins de détails et d'émotions. Violette se releva et alla se poser au bord du lit, j'en profitais donc pour me redresser sur les coudes. La question qu'elle me posa de façon beaucoup plus sincère me dérouta moi aussi. La situation devenait difficile. J'avais bien une réponse, mais je n'étais pas certaine qu'elle lui plairait. D'un autre côté, si elle avait verbalisé cette question c'était qu'elle se la posait au fond d'elle et qu'elle avait besoin d'en savoir plus. Je l'espérais du moins. Je m'installais en tailleurs sur le sol et tripotais mes mains durant quelques secondes avant de prendre la parole.

« Je pense que tu fais ça pour te protéger. Comme nous tous. On utilise des méthodes différentes, mais au final on a tous un mécanisme de défense pour éviter d'être blessé au cœur. Parfois, ils marchent, parfois non. Et puis parfois ils sont tellement complexes que même nous on ne les comprends pas. Du coup, ils deviennent lourds et on finit par exploser. Ton numéro de garce sanguinaire, c'est ça : une protection. »

Tu te demandes un moment si tu ne viens pas de poser une colle à Loukas. Tu regrettes aussi d'avoir été sincère. Tu ne livres généralement pas le fond de ta pensée. Tu préfères tout garder pour toi, analyser les choses par toi-même et à la limite les confier à Chad. Mais tu ne lui confies pas tout non plus. Tu es franche avec lui, tu es vrai mais comme tout le monde tu gardes une partie de tes craintes à l'intérieur car même si tu lui fais confiance il y a certaines choses qui ne sont en sécurité qu'à l'intérieur de toi, bien emprisonné dans ton esprit. Alors bien sûr que tu as peur maintenant. Tu sens ton cœur battre un peu plus vite parce que même si tu désires une réponse, tu ne veux à la fois pas l'entendre. Mais maintenant c'est trop tard. Tu dois la laisser parler. Elle ne le fait pas tout de suite pourtant. Elle se redresse et tu la regardes se mettre à l'aise avec une impatience mêlée de crainte.

LOUKAS – Je pense que tu fais ça pour te protéger. Comme nous tous. On utilise des méthodes différentes, mais au final on a tous un mécanisme de défense pour éviter d'être blessé au cœur. Parfois, ils marchent, parfois non. Et puis parfois ils sont tellement complexes que même nous on ne les comprends pas. Du coup, ils deviennent lourds et on finit par exploser. Ton numéro de garce sanguinaire, c'est ça : une protection.

Il lui a fallu du temps mais quand elle s'y met elle ne s'arrête plus. Tu fronces les sourcils tout en l'écoutant, tentant de tout enregistrer. Décortiquer n'est pas nécessaire car aussi étrange que ça puisse paraître Loukas est claire. Elle s'exprime bien, explique méthodiquement et croit en ce qu'elle dit. Plus tu la découvres plus tu te rend compte que ton impression sur elle était fausse. Et soudainement tu comprends mieux pourquoi certains disent que c'est du gâchis qu'elle soit aussi flemmarde. Lou a des qualités indéniables et elle les laisse prendre la poussière. Comme tes parents auraient voulu que tu le fasses sauf que elle le fait de son propre gré. Tu te demandes un instant pourquoi et puis tu te souviens que ce ne sont pas tes affaires et que ça ne t'intéresse pas vraiment. Ou plutôt que ça ne doit pas t'intéresser. Ce qu'a dit la Spécialiste n'est pas si étonnant et fait écho en toi. Une protection. C'est vrai que tu n'étais pas comme ça avant mais tu pensais juste avoir changé à cause des épreuves. Tu pensais juste t'être endurcie. Mais si c'est juste une protection est-ce que ça ne rend pas ce durcissement faux ? Et si tu étais faussement forte ? Et si c'était juste une impression que tu faisais aux autres ? Un tour de passe-passe qui aurait fini par te piéger toi-même ? Tu secoues la tête, complètement perdue. Tu ne sais pas quoi dire. Les questions se bousculent dans ta tête et finalement elles débordent.

VIOLETTE – Tu penses que ça veut dire que tout est faux ? Que je suis juste une faible qui joue les fortes ?

Je sentais nettement son stress et c'était l'une des premières fois que ça arrivait. Généralement Violette dégageait de la prestance, de la puissance et de la confiance, mais pas de l'anxiété. Elle ne paraissait pas soudainement si humaine. Bon dieu, cette journée allait probablement faire exploser tous mes préjugés et je ne savais pas si j'étais prête pour un tel évènement. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour me retrouver dans cette situation ? Tout ce que je voulais c'était dormir et voilà que je me retrouvais à psychanalyser le fer de lance du clan. J'aurais pu juste l'envoyer paître comme je savais si bien le faire, ne rien assumer et juste partir, mais elle semblait trop fébrile et j'avais un cœur. Et tant qu'à le faire fonctionner, autant y aller à fond. Go big or go home comme disait David même si je n'étais pas certaine de la signification littérale de cette expression. C'était une façon de dire que soit on s'y mettait correctement, soit on ne faisait rien. J'aimais assez cette idée. Je l'aimais d'autant plus lorsque je ne faisais rien, entendons-nous bien. Néanmoins puisque je faisais l'effort de lui répondre, elle eut droit à la totale et tout ça sembla lui en boucher un coin. Eh ben quoi, elle me prenait vraiment pour une débile pour être si étonnée ? Mon sourcil se souleva avec un soupçon de provocation en réponse à son silence. Elle était vraiment mouchée ou son cerveau avait crashé suite à l'explication ? Difficile à dire. Comme un chien qui sniffait les émotions des autres, je me laissais porter par mon instinct durant quelques instants. Mince... Je crois que je venais d'empirer la situation si c'était possible. J'allais tenter de me rattraper, de tout nier en bloc, pour éviter d'avoir une situation encore plus chiante à gérer, mais elle parla et là je me transformais en poisson. La bouche ouverte et les yeux ronds, je la scrutais comme si elle venait de m'annoncer que des hommes vivaient au-delà du ciel. Bon sang ! C'était la meilleure ! Mais de qui elle se fichait ?! Je me redressais brusquement et lui poussais un peu durement l'épaule comme pour lui dire de se ressaisir.

« Non, mais tu te fous de ma gueule ? T'es sérieuse quand tu dis ça ? C'est pas possible d'être aussi stupide ! Tu es Violette. Tu es la fille qui a atteint le numéro un en un temps record et qui sera la nouvelle Fine Lame d'ici peu. Tu crois vraiment qu'on laisserait une truqueuse occuper cette position. Bien sûr que tu es puissante. Tu es probablement la meuf la plus badass de ce clan et j'en connais plus d'un qui se ferait dessus si on lui disait qu'il devait t'affronter. Faut que t'arrêtes de réfléchir ma grande, ça te réussit vraiment pas. »

Tu ne sais pas ce qui choque Loukas dans ce que tu viens de dire. Elle affiche soudainement une tête qui serait rigolote si tu n'avais pas le moral dans les chaussettes. Un peu mal à l'aise au milieu de tout ça, tu passes la main dans tes cheveux. Tu aurais du te taire. Dire ce genre de conneries ça ne te réussit pas même si dans le fond tu le penses. Il faut que tu restes dans ton rôle ou même les gens comme Lou vont être perturbés et ça tu n'y tiens pas. Mais tu n'as pas le temps de lui dire de laisser tomber. Elle est déjà debout et elle te pousse avec une force que tu ne pensais pas qu'elle possédait. L'agression te déplait et tu es à deux doigts de l'envoyer valser, sauf qu'elle parle. Et visiblement quand Lou se décide à parler, c'est vraiment dur de l'arrêter. « Non, mais tu te fous de ma gueule ? T'es sérieuse quand tu dis ça ? C'est pas possible d'être aussi stupide ! Tu es Violette. Tu es la fille qui a atteint le numéro un en un temps record et qui sera la nouvelle Fine Lame d'ici peu. Tu crois vraiment qu'on laisserait une truqueuse occuper cette position. Bien sûr que tu es puissante. Tu es probablement la meuf la plus badass de ce clan et j'en connais plus d'un qui se ferait dessus si on lui disait qu'il devait t'affronter. Faut que t'arrêtes de réfléchir ma grande, ça te réussit vraiment pas. » Tu déglutis avec difficultés. Est-ce que Loukas vient vraiment de te faire un compliment tout en t'agressant ? Franchement tu la savais bizarre mais ici ça dépasse l’entendement. Tu ne sais pas vraiment comment réagir. Dire merci ? Non ce mot ne semble pas avoir sa place ici. Pourtant tu aurais bien envie de le dire parce qu'avec son discours elle a coupé net tes pensées qui s’emballaient. « Je ne suis pas stupide. » Tu marmonnes par principe. Mais tu n'en dis pas plus. Tu n'as pas vraiment envie de lui donner raison. C'est vraiment compliqué comme situation. Si tu n'étais pas chez toi, tu serais sûrement partie parce que tu es sacrément gênée. Ton ego se glorifie de tout compliment mais ils semblent si réels ici que ça te perturbe. Après t'être raclé la gorge, mal à l'aise, tu désignes la porte. « Tu ferais bien de dégager avant que je décide de salir mon lit avec ton sang. » Après tout ça, il faut bien que tu réagisses un peu à la Violette. Il ne faudrait pas que tu perdes totalement la face devant elle.

C'était la journée des exploits. Après avoir survécu à mon passage dans le lit de Violette et l'avoir poussée à se remettre en question sans le vouloir, voilà que je la gênais. La Spécialiste était clairement mal à l'aise, une position dans laquelle je ne l'avais jamais vue. Pas que je l'avais souvent vue, mais Violette n'était pas vraiment connue pour être autre chose que conquérante et brutale. Celle qui me faisait face était presque fragile. Fragile. Le mot qui correspondait le moins au monde à cette meuf. Franchement, tout ça me dépassait. Et je n'étais pas plus à l'aise qu'elle au fond. Aussi, je saisis sans l'ombre d'une hésitation la perche énorme qu'elle me tendait.

« Parle pas de malheur, il est trop confortable pour que tu le traumatises. »

Je soufflais un baiser vers le matelas, plutôt heureuse de cette expérience. Fallait croire que ça avait du bon d'être numéro un parce que son lit était plus confortable que le mien et c'était quelque chose de difficilement égalable vu que mon lit était ce que j'avais de plus précieux au monde. D'ailleurs, il allait falloir que j'étudie ses horaires pour avoir l'occasion de venir squatter plus souvent. J'avais survécu à une incursion, le terrain était donc conquis.

« Bon ben à plus, ma poule. »

Et sur un très gracieux doigt d'honneur, je détalais.