Heureusement pour moi, Angelica sembla aller dans mon sens quant au fait qu'elle ferait mieux d'y aller. Alors que je cru pouvoir enfin me débarrasser d'elle, elle renchérit pourtant, et je laissais échapper un soupir, tant de fatigue que d'exaspération. Elle le faisait exprès ma parole...

Je perdis le fil de ses paroles jusqu'à ce qu'elle me demande si on allait se revoir. Je la fixais un moment, sans vraiment la voir je dois dire, et fini par soupirer de nouveau en me massant légèrement les paupières closes du bout des doigts.

« Si tu y tiens... Mais j'ai plusieurs choses à faire dans les jours à venir donc... une prochaine fois... »

Pas très cohérent tout ça, mais j'essayais de rassembler suffisamment mes esprits afin d'abréger cette rencontre étrange. Quand je pense qu'en temps normale j'aurai sûrement facilement sympathisé avec cette fille pleine d'énergie. Mais ici nous n'étions pas en temps normale, et j'étais loin, très loin d'être moi-même...

Il avait l'air complètement à l'ouest, sans mauvais jeu de mots. Mais, à mon plus grand étonnement et pour ma plus grande joie, il me répondit que, si j'y tenais, on pourrait se revoir.

- Super !

Mais il précisa que ce serait pour « une prochaine fois ». C'était déjà ça, même si ce n'était pas précis. Mais je pouvais comprendre qu'un gradé ait pas mal de choses à faire après la rébellion qui avait eu lieu.

- Bah, tu sais, j'ai le temps, moi. Enfin, je m’entraîne beaucoup, mais à part ça je n'ai rien prévu d'autre. Je ne suis qu'une nouvelle Membre et je n'ai pas encore beaucoup de responsabilités.

Ce qui n'était pas faux. Et puis, Dalia avait l'air de ne pas prendre très à cœur mon entraînement pas moment, si bien qu'elle ne venait pas toujours. J'aurais pu lui trouver l'excuse du grade aussi, mais non, je n'y parvenais pas. Dalia, c'était Dalia : elle n'avait aucune excuse à mes yeux.

La fille sembla enthousiaste face à ma réponse. Elle ne se formalisa même pas sur le fait que je donne pas de précision, et heureusement. Mais ses paroles me passèrent au dessus de la tête... enfin presque du moins.

« Je trouverais bien quelqu'un pour te trouver quand j'aurai plus de temps. »

Si j'y pensais... Ou si je m'en souvenais plutôt. Mais bon, vu le personnage, je ne doutais pas que si elle ne voyais pas revenir, elle s'occuperait de me retrouver de toute façon.

Serrant les dents, je retint un énième soupir avant de reprendre.

« Bon ben, salut, et bon travail. »

Un peu bref et brutal comme au revoir, mais je m'en fichais. Peut-être comprendrait-elle enfin que ce n'était VRAIMENT pas le moment, qu'il était tard, et que j'avais besoin d'être seul, encore...

Jéremy m'affirma qu'il trouverait bien quelqu'un pour me trouver quand il aurait plus de temps à me consacrer. C'était déjà ça. Mais j'avais un petit doute quand même : et s'il oubliait ? Moi, en tout cas, je n'oublierais pas ! Et s'il tardait trop, je le retrouverais bien moi-même.

- Ok !

Il continua en me saluant et en me souhaitant un bon travail. Il ne me semblait pas être un mauvais bougre et je lui offris un large sourire.

- Merci, je vais essayer de m'en sortir en un seul morceau, plaisantai-je.

Mais visiblement, il n'était pas d'humeur, et la conversation avait assez duré. En plus, je ne devais pas trop tarder à rentrer non plus, il ne fallait pas qu'on se pose des questions sur mon absence. Même si je trouverais bien une excuse bidon qu'ils avaleraient facilement.

- Salut ! Bon retour chez toi !

Je lui fis un signe de la main pour lui dire au revoir. Puis, pour ne pas abuser (comment ça j'avais déjà largement abusé ?), je fis demi-tour et parcourus quelques pas en courant. Je m'arrêtai ensuite : si je voulais être crédible, j'avais plutôt intérêt à aller dans l'autre sens.

- Oups, je me suis trompée de côté.

Je levai les yeux au ciel et courus de l'autre côté, repassant à côté de lui et le saluant à nouveau.

- Salut ! lui criai-je alors que je m'éloignais. Autant me dépêcher si en plus je devais me farcir un détour.

La fille acquiesça, me souris en me remerciant et ma salua à son tour avant de partir. Alors que je soupirai de soulagement, je coupais net mon souffle en voyant qu'elle revenait sur ces pas. Mais heureusement, elle ne faisait que passer. Pourtant, ce n'est que lorsqu'elle eu disparu que je me laissais enfin aller, laisser échapper un long soupire.

Je me passais une main dans les cheveux et essayais de réfléchir, mais ma tête était étrangement vide, comme si cette fille avait réussi à effacer momentanément mes problèmes sans que je ne m'en rende compte. Je fixais un instant l'endroit où elle avait disparu, interloqué, avant de me mettre en route à mon tour. J'étais fatigué, mais au moins avais-je un moment de répit dans ma tête...