Hey Brother !
feat. Nathanaël & Alex

Coucher dans mon lit, je fixais le plafond en silence. J'avais eu du mal à fermer l'oeil de la nuit. L'engueulade de la veille avec Elyse m'avait dérangée. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond dans la tête de la jeune blonde? Pourquoi continuait-elle d'agir comme une catin? Je sais qu'on dit que l'amour est aveugle, mais Elyse n'est pas en amour. Elle n'est pas non plus ambitieuse, seulement idiote de donner la seule chose qui devrait lui appartenir à elle seule. Donner son corps n'est pas comme donner son coeur.

Alors que je pose mon avant-bras sur mon front, je ferme les yeux. C'est désespérant de la voir faire ainsi. Plus j'essaie de l'aider, de lui parler, plus elle m'échapper. J'ai l'impression que bien vite elle me filera entre les doigts si je ne trouve pas de l'aide. Je soupire à l'idée de devoir avec une conversation au sujet d'Elyse avec Nathan, mais je n'ai pas le choix. Je dois le faire. À contrecoeur, je repousse la couverture et ouvre les yeux. Le soleil est à peine levé, mais je veux être certaine de trouver Nathan. Si Elyse n'est pas rentrée, je voudrais son aide pour la retrouver. Dieu sait dans quel pétrin elle s'est encore fourrer. Me tournant sur le côté, je m'aide d'un bras pour me redresser en position assise sur le bord du lit.

Il est temps d'aller trouver Nathan. Le bruit venant de la pièce avoisinante m'indique qu'il n'est pas loin et qu'il est déjà debout. Je regardai un moment par-dessus mon épaule avant de soupirer de nouveau. Je redoute un peu la conversation. Mon frère a mieux à faire qu'a veiller sur notre petite soeur tout le temps. C'est un peu pour ça que j'essaie de m'en occuper, histoire de lui enlever un poids des épaules, mais je sais que ça ne sert à rien. Il s'en fait pour elle lui aussi. Un léger sourire aux lèvres, je me lève finalement du lit et me retournant pour replacer la couverture, je constate qu'Elyse n'est pas rentrer. Ses affaires ne sont pas là.

Je reste un moment les paumes sur le lit, pencher vers l'avant, cherchant à repousser la colère. Pourquoi continue-t-elle à agir ainsi? Qu'y gagne-t-elle? Je replace enfin la couverture et me relève avant de m'habiller pour la journée. Le silence pèse dans la pièce, et pourtant je suis seule. Je sors enfin de la chambrette et je trouve mon frère au salon. Lui souriant je m'avance vers lui, mettant les mains dans les poches arrières de mon jean.

« Tu es debout de bonne heure ce matin, Nathan... »  commençai-je doucement en l'observant.

J'hésite à lui parler d'Elyse, mais je sais que je vais devoir le faire tôt au tard. Je retarde cependant le moment, repoussant le sujet un peu plus longtemps. Je ne veux pas perturber mon frère avec une chose aussi... Je suis tendue, un peu nerveuse. Je ne devrais pas pourtant, j'ai honte. C'est notre soeur, même si nous n'avons pas la même mère, elle fait partie de la famille et tous les membres de la famille sont importants.

« T'as bien dormi? » lui demandai-je au lieu.

Allongé sur le matelas qui lui servait de lit et sécurisé par ce qui ressemblait à un appartement ; dans lequel il vivait en compagnie de ses deux sœurs, Nathanaël finissait tranquillement sa nuit. De quoi rêvait-il ? De pas grand-chose, bien malheureusement. Quoique… D’un endroit paisible et sans aucun conflit où il pourrait vivre avec ses deux sœurs, peut-être ? Qui sait. Ça peut être n’importe quoi. Un rêve ne se maîtrise pas comme ça. Mais qu’importe le rêve ou le non-rêve de Nathan, au final… Puisqu’il s’est soudainement réveillé en pensant avoir entendu un bruit… Qui n’en était pas un. Il songea à se recoucher mais le jour allait bientôt se montrer et il avait beaucoup de choses à faire pendant la journée. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit-on… Une théorie qui pourra être vérifiée ici-même. C’est ainsi qu’il se mit debout, saisit quelques vêtements et les enfila à la hâte avant de se diriger dans ce qui ressemblait plus ou moins à une cuisine. Là, il saisit un morceau de papier, un crayon et commença à noter le travail qu’il avait prévu de faire aujourd’hui. Première étape : le rangement. Certes, ils ne possédaient pas beaucoup de choses dans leur petit logement mais pourtant, ça pouvait devenir un véritable chantier assez rapidement. C’est pourquoi il prenait la peine de remettre chaque chose à son emplacement habituel lorsqu’il en avait le temps et l’occasion. Il commença par s’occuper de la « cuisine » puis retourna ce qui était sa chambre… En une demi-heure, il avait intégralement terminé de ranger ces deux pièces. Une bonne chose de faite, selon lui.

Non, il ne se considérait pas pour un manique, malgré tout. Il aimait simplement que les choses soient bien ordonnées. Disons que ça ressemble plus à un tic qu’à autre chose. Il préférait que les choses soient plutôt expliquées de cette manière-là. Et une fois ces deux-là terminées, il prit la direction de leur petit salon avant de mettre à le ranger également. Le logement n’était pas très grand alors il faisait ça rapidement ce qui lui permettait de prendre une petite pause. Il choisit donc de prendre cette dernière maintenant et s’installa sur un petit fauteuil. Pour un peu, il laisserait presque le sommeil s’emparer à nouveau de lui… Et alors qu’il y songeait de plus en plus, un bruit venant de derrière lui attira son attention ; le sortant de ses réflexions, au passage. Il fut bien vite rassuré de constater qu’il s’agissait de sa sœur cadette : Alex. Même si voir débarquer la plus jeune lui aurait fait plaisir également.

Tournant la tête dans sa direction, il lui sourit à son tour. C’est vrai qu’il n’était pas toujours le premier à être levé mais il paraît qu’il faut bien un début à tout. Et puis, ça lui avait permis de s’organiser et de faire certaines taches dans le calme. Ce qui n’était pas plus mal, à vrai dire. Ça lui changeait de l’ordinaire… L’une dormait pendant que l’autre était souvent plus ailleurs qu’à la maison. Alors certes, maintenant, elles étaient assez grandes pour s’occuper d’elles toutes seules… Mais pour Nathan, ça resterait toujours ses petites sœurs qu’il doit protéger. Une réaction ridicule, certainement. Mais changer ses habitudes s’avère assez compliqué lorsque vous avez toujours vécu avec ces dernières jusqu’à présent. Toutefois, il n’est pas totalement buté et un changement peut être envisageable mais si ça prendra énormément de temps. Mais donc oui, tout ça pour dire qu’il s’était effectivement levé de bonne heure.

« Je n’arrivais pas à me rendormir et je n’en avais pas envie. Plutôt que de perdre mon temps à regarder le plafond, je me suis levé et j’ai fait quelques rangements. Mais bref, sinon oui, j’ai plutôt bien dormi… Et toi ? Tu m’as l’air nerveuse. » Bien dormi… Autant qu’il le pouvait, en tout cas. Et hélas pour Alex, les comportements, ça le connaissait. A force de regarder les façons de faire des gens du clan, deviner la nervosité de quelqu’un était devenue une chose parfaitement naturelle chez lui ; au grand damne de ses proches, par contre. Voyant que sa sœur ne répondait pas, il insista. « Alex… ? » Par hasard, il regarda juste au-dessus de son épaule et remarqua bien rapidement qu’il manquait quelque chose. Ses affaires. « Elle n’est toujours pas rentrée, n’est-ce pas ? » Il avait parlé d’une voix calme et sereine… Sans préciser de prénom. A quoi bon ? Il n’en avait pas besoin. Tous les deux savent pertinemment qui il évoque à travers ces propos.

L'écoutant d'une oreille, je saisis qu'il dit ne pas avoir voulu se recoucher, mais qu'il a bien dormir tout de même. Le regard perdu, je ne saisis pas le reste. Elle n'est pas rentrée et c'est à cause de moi. Je lève les yeux pour regarder la porte. C'est toujours de ma faute à l'entendre. La voix de mon frère me parvient de nouveau : Alex? Décrochant mon regard de la porte, je le pose sur mon grand frère en soupirant. Je me rends compte qu'il voit très bien que je suis nerveuse. Il ajoute : Elle n’est toujours pas rentrée, n’est-ce pas? Un sourire un peu navré sur les lèvres je m'assoir sur un autre divan en silence. Sa voix était calme, presque trop. Je le regarde et finis par répondre, même si je sais que c'est inutile puisque je me doute que sa question est plutôt rhétorique.

« Non... Elle n'est pas encore rentrée... » je marque une courte pause avant de reprendre. « Et d'habitude elle est rentrée à cette heure-ci... »

Posant mon dos sur le dossier du divan, je me passai la main dans les cheveux en soupirant de nouveau. Je savais qu'il devait s'en douter, mais elle et moi nous étions engueulés. Ce n'est pas parce que je ne veux pas faire d'effort pour être là pour elle, c'est simplement que je ne veux pas qu'elle se perde au dépens de ce qu'elle 'fait' de sa vie. Observant Nathan du coin de l'oeil, je me redresse, appuyant mes coudes sur mes genoux en me penchant vers l'avant. Je fixe le plancher devant moi alors que je me sens mal de ne pas avoir pu empêcher Elyse de partir. C’est de ma faute oui si elle est partie et qu'elle n'est pas rentrée. J'ignore où elle est et cela me rends folle d'inquiétude. Et si par ma faute il lui était arrivé quelque chose de grave? Je ferme les yeux en mettant ma tête entre mes mains, glissant mes doigts dans mes cheveux par le même fait.

« C'est de ma faute. On c'est engueulé... » ajoutai-je en brisant le silence nouvellement installer entre lui et moi. « Elle est partie en claquant la porte... »

Je soupire de nouveau. Je me sens incapable de rester assise sans rien faire. Je dois la trouver, je dois savoir ou elle est rendue, ce qu'elle a fait, si elle va bien. Je dois savoir. Je me lève du sofa et je marche jusqu'à la porte, mais je n'ai pas le courage d'ouvrir la porte pour sortir. Je reviens sur mes pas, toujours indécise, mais incapable de rester en place je fais les cent pas dans le petit salon.

Quelques secondes se passèrent encore dans le silence avant que sa sœur ne se décide enfin à lui confirmer ce qu’il redoutait et ce qu’il savait déjà. Pourquoi avait-il besoin de l’entendre de sa bouche ? Pour se sentir moins seul à être inquiet ou peut-être parce qu’elle en savait davantage sur les raisons de l’absence de leur plus jeune sœur. Il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle s’installe dans une sorte de divan. Sa réponse ne le surprit pas le moins du monde. Evidemment qu’elle aurait largement dû être rentrée à cette heure-ci. C’était le petit matin, après tout… Qu’elle ne passe pas la nuit ici, Nathan le concevait parfaitement même si ne pas savoir où elle allait précisément le rendait un peu nerveux. Alors je vous laisse imaginer quand elle faisait des siennes et ne rentrait pas du tout. Ce n’était pas encore la panique totale mais dans certaines circonstances, ça pouvait aisément s’en approcher. Mais étrangement, cette fois-ci, il se contenta d’un long et bruyant soupir qui en disait très long sur ce qu’il pensait actuellement de cette situation. Elyse avait parfois tendance à l’agacer… S’il avait été autre chose que son frère mais avec le même caractère, il n’aurait probablement pas hésité à lui donner une petite leçon. Histoire de lui faire comprendre… Mais là, c’était bien différent. Il s’agissait de sa sœur et Nathan n’avaient plus que ces deux proches en guise de famille. Il ne pouvait tout simplement pas se permettre de les laisser faire n’importe quoi ; l’une comme l’autre. En tant qu’aîné, c’était là le rôle qu’il s’était lui-même fixé. Et l’Aigle n’avait pas l’intention de se défiler.

« Elle a encore passé la nuit dans la couche d’un autre Membre du clan, à tous les coups… Il va vraiment falloir qu’elle cesse ces habitudes un jour ; que ce soit de gré ou de force. » Il pouvait paraître dur et sévère mais ce n’était que le reflet de son côté protecteur. Il avait bien essayé de dissuader Elyse en discutant calmement avec elle… Mais rien à faire. Rien ne parvenait à la convaincre d’arrêter ses petits jeux. Il n’y avait plus que la manière forte qui pouvait encore faire quelque chose. Dans l’immédiat, il avait le sentiment qu’Alex ne lui avait pas encore tout révélé. Il ne se permit pas d’insister davantage et se contenta d’observer à nouveau ses faits et gestes. Elle finissait de s’installer confortablement et se mit à passer la main dans ses cheveux en soupirant à son tour. Selon l’expérience de Nathan, il s’agissait inévitablement d’un geste de culpabilité signifiant qu’elle y était aussi peut-être pour quelque chose mais qu’elle n’osait tout simplement pas l’avouer. Ou qu’elle ne savait pas comment formuler ses phrases. C’est également une possibilité. Il nota également qu’elle l’observait du coin de l’œil mais il se débrouilla pour qu’elle ne remarque pas qu’il était en train d’analyser. Elle se redresse tout en appuyant ses coudes sur ses genoux pour aller regarder le plancher. Pour Nath, c’était un signe qu’elle réfléchissait pour trouver le meilleur moyen d’avouer son rôle dans l’histoire. Patience, il savait qu’elle n’allait probablement pas tarder à craquer. Elle ferme les yeux et met sa tête dans ses mains pour refaire glisser ces dernières dans ses cheveux… Enfin, elle admet ce que son grand-frère attendait de sa part.

« Ce n’est rien, nous allons la retrouver, je te le promets. Elle ne doit certainement pas être sortie du clan, nous aurions déjà été prévenus. Tu vois, ça réduit considérablement la zone de recherche. Ce qui est fait est fait, tu sais. Ça ne sert à rien de ruminer pour ça. L’important maintenant, c’est de savoir où elle est, tu ne crois pas ? »  Nathan était d’un naturel plutôt positif. Certes, elle était partie en claquant la porte mais pour lui, c’était du passé depuis un certain temps. Il espérait qu’elle ait déjà oublié ces événements pour qu’ils puissent repartir une nouvelle fois sur de bonnes bases. Et ce n’est certainement pas le soupire de sa petite sœur qui risque de le décourager. Lui n’avait pas l’intention de rester sagement assis ici sans essayer de comprendre les choses. Ce n’était pas son genre. Mais avant qu’il ne puisse prendre une quelconque initiative, Alex s’était levée et avait pris la direction de la porte. Finalement, à peine quelques secondes plus tard, elle était revenue dans le salon pour se mettre à faire les cents pas. L’Aigle la laissa un peu se défouler avant de se lever à son tour de son petit fauteuil puis, il se racla légèrement la gorge pour qu’elle soit attentive. « Nous avons l’obligation d’au moins connaître l’endroit où elle se trouve et voir si elle va bien. Tu viens avec moi ? Ce serait gênant si je me mettais à devoir te chercher toi aussi. » L’humour n’avait jamais fait de mal à personne et dans ce genre de moment compliqué, il était même plutôt recommandé. Il espérait juste qu’elle ne le prenne pas trop mal.

Dans notre famille, les engueulades se passent généralement entre moi et Elyse. Nathan de son côté arrive toujours à parler calmement. En général, le côté protecteur de mon frère ne me dérange pas, mais en même temps je n'ai jamais été à la place d'Elyse. Ce côté de mon frère m'a donc toujours été assez favorable, surtout lorsqu'il était question de la plus jeune de la famille. Il a toujours été de mon côté et je n'imagine pas qu'il ne le soit plus un jour, donc je reste rassurée. Elle a encore passé la nuit dans la couche d’un autre Membre du clan, à tous les coups… Il va vraiment falloir qu’elle cesse ces habitudes un jour; que ce soit de gré ou de force. répliqua-t-il à ma première réponse et je ne peux qu'approuver son commentaire. C'est aussi mon avis et je suis plus que ravie de constater que je ne suis pas seule à le penser. La différence reste que lui et moi avons différentes façons de procéder à ce niveau. Lui, il arrive à rester calme lorsqu'il parle avec Elyse alors que moi... Je suis la raison qui la pousse à faire ce qu'elle fait. Elle ne comprend pourtant pas qu'elle risque plus gros qu'elle pense en agissant ainsi.

Je garde cependant espoir qu'un jour elle comprendra ce que j'ai compris moi-même à la dure. Le coeur est plus fragile que l'on croit. Cela dit, je vois mal Elyse tomber amoureuse. Il serait plus possible de voir Nathan tomber amoureux et non que je plains cette fille, mais je sais qu'elle ne l'aurait pas facile. Nathan ne saurait jamais cesser de nous couvrir, nous ses soeurs, comme des oeufs. Il ignore cependant qu'il ne peut tout simplement pas nous protéger contre certaines choses. Ce n’est rien, nous allons la retrouver, je te le promets. Elle ne doit certainement pas être sortie du clan, nous aurions déjà été prévenus. Tu vois, ça réduit considérablement la zone de recherche. Ce qui est fait est fait, tu sais. Ça ne sert à rien de ruminer pour ça. L’important maintenant, c’est de savoir où elle est, tu ne crois pas ? À son commentaire, j'acquiesce doucement. Oui, ce serait la moindre des choses qu'elle nous dise l'endroit où elle va. En même temps, elle ne le fera jamais parce qu'elle sait que Nathan la retrouverait à cet endroit-là pour la ramener à la maison. Elle n'aurait pas tort de penser cela.

Après mes cent pas, Nathan se lève en se raclant la gorge. Dès l'instant où il bouge, je pose mon regard inquiet sur lui. Nous avons l’obligation d’au moins connaître l’endroit où elle se trouve et voir si elle va bien. Tu viens avec moi ? Ce serait gênant si je me mettais à devoir te chercher toi aussi. Je suis abasourdie par le commentaire. Comme s'il me comparait avec elle. Je serre les poings en l'observant un moment en silence. Je suis littéralement bouche bée. Quel culot! Limite, je peux prendre ce commentaire venant d'un étranger, mais là, c'est mon frère. Je suis indécise. J'ai envie de lui crier toutes les insultes du monde, de le frapper, de lui faire comprendre que je ne suis pas Elyse. Mais je sais qu'il le sait. Et je devine qu'il remarque immédiatement l'effet de son commentaire sur moi. Il me connait, mais il a aussi l'habitude de noter ce genre de truc sur les gens. Je sais qu'il le sait et je n'ai pas besoin de son don pour le savoir. Sans même lui adresser une seule parole, je serre les dents et pivote sur mes talons. J'agrippe ma veste avant de l'enfiler et je passe le cadre de porte sans même lui daigner plus d'attention.

Je marche rapidement, cherchant à mettre un peu de distance entre lui et moi, mais aussi à lui faire comprendre à quel point je suis en colère. Je n'arrive pas à croire qu'il put dire une chose pareille. Je croise les bras en marchant et j'accélère le pas. J'ai aussi du mal à croire que Nathan ignore que ce genre de commentaire, j'en ramasse à la pelle tous les jours de ma vie. Comment peut-il oser me dire une chose pareille? Ce n'est pas le commentaire qui me blesser et me mets hors de moi, mais c'est plutôt le fait que cela vienne de lui. Mon grand frère adorer. J'ai envie de me mettre à courir pour me mettre la chercher, peut-être serait-elle au lac, mais Elyse est la priorité ce qui m'empêche de faire ce que je veux. Je continue donc de marcher, regardant autour pour voir si je ne repère pas la tête blonde de mon idiote de demi-soeur. Je préfère agir comme si je cherchais seule pour Elyse. J'aime mon frère, mais je n'apprécie pas le commentaire et je veux qu'il le comprenne.

Assurer ses tâches au clan tout en les conciliant avec sa vie de famille, c’était loin de toujours être évident pour lui. Il avait dû apprendre à gérer les fréquentes engueulades entre ses deux jeunes sœurs et ça l’épuisait facilement à force de devoir gérer ça et d’accumuler sans rien dire. Pour autant, il faisait tout pour ne pas avoir à se plaindre parce qu’il s’était promis de les protéger. Mais oui, des fois, à lui aussi, ça pouvait lui arriver de faire des bourdes… Il aurait préféré éviter cela mais c’était déjà bien trop tard. Qu’il le veuille ou non, il avait involontairement planté la graine. A cause d’une simple phrase… A cause d’un peu d’humour et d’une envie de détendre l’atmosphère. Il n’est pas idiot. Nathan se doutait bien qu’elle aurait une mauvaise réaction seulement… Il ne se doutait pas que ce serait à un tel point. Pour le coup, il n’avait pas besoin de son talent d’observateur pour repérer les signes de l’énervement. A cela, il devinait aisément qu’elle les laissait volontairement apparaître. Sans doute pour qu’il comprenne réellement le mal qu’il venait de lui faire. Mais elle n’avait pas besoin de lui faire subir tout ça. Il n’avait pas besoin de tout ça pour comprendre qu’il avait franchi une barrière même en voulant seulement plaisanter. Dans l’immédiat, il avait déjà perdu Elyse… Il ne voulait pas que ça fasse la même chose avec Alex. Non, cette fois-ci, il ne va pas attendre que le « mal » soit fait pour se réveiller et agir.

Il l’avait vue serrer les poings comme si elle se retenait de le frapper ou de se mettre à l’insulter. Ou peut-être bien les deux, au final. Il s’attendait à à peu près tout sur ce coup-là. Il se rendit compte que c’était probablement encore pire que ce qu’il pensait lorsqu’elle se mit à serrer les dents avant d’agripper assez violemment sa veste et de sortir sans même l’attendre. Lâchant un soupir au passage, Nathan saisit un manteau et se précipita à l’extérieur pour la rejoindre le plus rapidement possible. Elle marchait rapidement comme si elle cherchait à mettre le plus de distance possible entre lui et elle. C’est bon là, il avait bien saisi qu’elle avait mal pris la blague, ça ne servait à rien d’en faire autant pour des mots qu’il n’a jamais pensé. Même quand elle accélère le pas, il se débrouille pour ne jamais être trop loin derrière elle. L’Aigle avait le sentiment que, s’il se laissait distancer, il n’aurait plus aucune chance de la voir. Au moins pour aujourd’hui, en tout cas. Il ne pouvait pas se le permettre. C’est ainsi qu’il se mit à marcher un peu rapidement qu’elle. Une fois pratiquement à sa hauteur, il lui attrapa fermement le bras gauche de sa main droite et força Alex à le regarder en face.

« C’était une boutade, Alex, de l’humour. Pour détendre l’atmosphère et non l’inverse. Tu crois vraiment que je pourrais réellement penser ça de toi ? S’il te plaît, ne me réponds pas ‘oui’ parce que je ne te croirai pas. » Sur ce coup-là, il n’avait pas pris de pincette. Ça ne lui ressemblait pas de parler comme ça, habituellement mais là… Il arrivait plus ou moins au bord des nerfs. Et encore, il faisait ce qu’il pouvait pour se contenir. Nathan ne tenait pas vraiment à aggraver davantage la situation. Il soupira une nouvelle fois… Des fois, il se demandait pourquoi il avait hérité de sœurs aussi spéciales. Dans un sens, il ne disait pas ça méchamment. Au moins, sa vie était relativement mouvementée mais justement, parfois, il aimerait bien que cette dernière se calme un peu. Ainsi, dans l’espoir, de réussir à ne pas faire fuir sa sœur, il décida de se radoucir. « Je suis désolé, d’accord ? Je ne le pensais pas. Je n’ai pas envie de me disputer avec toi. Notre situation est déjà assez peu brillante avec les agissements d’Elyse. »

Je fis de mon mieux pour marcher sans me retourner. Cepenat, mon frère me rattrapa sans peine. Maggripant par le bras, il me força à me retourner pour le regarder, me stoppant dans ma marche par ce geste brusque. Il ne me faisait pas mal, du moins pas physiquement, mais son commentaire me revenait toujours en tête. Le fusillant du regard, je le laissai tout de même parler. C’était une boutade, Alex, de l’humour. Pour détendre l’atmosphère et non l’inverse. Tu crois vraiment que je pourrais réellement penser ça de toi? S’il te plaît, ne me réponds pas « oui » parce que je ne te croirai pas. » Plus tôt que de lui répondre « oui' je me défie de son emprise, reculant de deux pas en secouant la tête.

« J'ai assez de ramasser ce genre de commentaire ou de comparaison entre moi et Elyse venant de la part d'hommes que je n'ai jamais vu avant, je n'ai pas à supporter que mon frère m'en fasse en plus. » rétorquai-je très franchement. « SA réputation m'affecte TOUS les jours alors que je marche sur le territoire ou en centre neutre. On croit que je suis comme elle. D'après la mentalité masculine c'est de famille.  »

Non, je n'y étais pas allée doucement. J'aurais pu omettre de parler de tout cela à mon frère. À présent il allait s'en faire pour moi à chaque fois que je quitterai la maison. J'espérais simplement qu'il me fasse assez confiance pour ne pas me suivre comme un chien de poche. Je n'avais pas besoin de ça en plus du reste. Je croisais les bras, les serrant comme pour me rassurer que j'avais bien fait d'en parler à Nathan. J'étais toujours blessée par son commentaire, mais je savais qu'il n'avait pas fait exprès. Il ne pouvait pas savoir ce que je vivais au quotidien. Je suis désolée, d’accord? Je ne le pensais pas. Je n’ai pas envie de me disputer avec toi. Notre situation est déjà assez peu brillante avec les agissements d’Elyse. Je ne pus réprimer un sourire amuser à la dernière remarque. Peu brillante? Plutôt carrément mauvaise quoi.

« Peu brillante? T'es drôle quand tu t'y mets. » répliquai-je en souriant.

Faisant dissiper la distance que j'avais mise entre nous, je me reprochai de lui et lui fit un calin en souriant. Je n'avais pas plus envie de me disputer avec lui non plus et je savais que je n'avais pas besoin de lui en parler pour qu'il le sache.

« Ça va, je te pardonne cette fois-ci... » dis-je en riant. « Aller, faudrait se mettre à sa recherche maintenant. On perd assez de temps avec ça. »

Jamais elle ne l’avait à ce point fusillé par le simple regard. Sincèrement, il n’avait jamais pensé à mal en lui disant cela. Nathan s’attendait à une réponse de sa sœur… Au moins ça, ça ne lui coutait rien. Mais non. Elle se contenta de se défaire de son emprise en reculant de quelques pas. Il s’attendait à ce qu’elle s’en aille sans lui adresser la moindre parole mais sur ce coup-là, il s’était trompé. Elle lui expliqua sa situation et le fait qu’elle était systématiquement comparée à Elyse quasiment à chaque fois qu’elle passait à côté d’un membre. Ou même d’un inconnu venu d’ailleurs. Cela dit, lui, le grand-frère généralement sage et attentionné n’était pas du tout au courant de ce que pouvait bien vivre sa sœur au quotidien. Et le problème se trouvait très certainement là. Il se rendait compte qu’il n’était pas encore suffisamment présent pour elles et il se trouvait particulièrement ridicule. Il regrettait et commençait à culpabiliser. C’est vrai, il n’avait pas le droit de traiter sa seule famille de cette manière. Ces remarques déplacées, même sous couverts de blague, n’ont pas à être faites. Nathan écoute sa sœur s’exprimer jusqu’au bout et attendit patiemment qu’elle ait terminé pour se mettre à lui répondre ; tout en choisissant soigneusement ses mots. Il ne voudrait pas être obligé de lui courir à nouveau après.

« Je suis sincèrement désolé. Je ne savais pas que tu vivais ça au quotidien. Crois-moi, je ne le ferai plus. Tu n’es pas comme elle, je le sais. Enfin, la seule chose que je peux faire pour toi… C’est te conseiller de ne pas faire attention aux ragots et aux commérages des autres mais je doute que c’est quelque chose qui est beaucoup facile à dire qu’à faire… » Il l’imaginait très bien. Lui n’avait pas le droit à ce genre de réflexion puisqu’il est un garçon et un membre de surcroît. Cela dit, ça ne l’empêchait pas d’entendre à propos de ses sœurs çà et là ; lorsqu’il se met à tendre l’oreille pour écouter quelques conversations. Ça l’énervait mais que pouvait-il bien y faire ? Il ne pouvait tout de même pas se permettre de frapper quiconque disant un mot de travers sur l’une ou l’autre de ses sœurs. Il n’en finirait probablement pas… A son grand désarroi. Pour la suite, honnêtement, il ne s’attendait pas à une réaction comme celle-là. Alex s’était mis à sourire et avait répliqué de façon ironique. Nathan décida pourtant de ne pas trop en tenir compte. Il ne tenait pas à recommencer à s’embrouiller avec elle. Ils avaient tous les deux quelque chose de bien plus important que ça à faire.

« Si tu le dis… » Et là, elle se rapprocha de lui pour le prendre dans ses bras et lui faire un câlin. L’orage était donc définitivement passé entre ces deux-là. Une bonne chose de faite. Nathan se laissa faire sans opposer aucune résistance. Il préférait que les choses se déroulent de cette manière. Il se retira de son étreinte en douceur pour lui adresser un sourire sincère. « Merci… » Il n’avait rien de plus à ajouter. Du moins, plus à ce sujet-là. Il voulait éviter de dire quelque chose qui la vexerait à nouveau alors il avait choisi l’option la plus sûre : se taire. Ainsi, à sa dernière remarque, il hocha la tête et se remit en marche ; un peu plus serein. « Allons-y. plus vite nous la retrouverons, plus vite nous rentrerons. Une idée de l’endroit où elle pourrait être ? »

Je savais bien qu’il n’avait pas dit cela pour être intentionnellement méchant. Je ne lui avais jamais parler de ce que je vivais au quotidien parce que je voulais lui montrer que j’arrivais tout de même à me défendre moi-même. En même temps, j’avais voulu aussi lui éviter d’avoir à s’en faire pour moi au quotidien.  Je suis sincèrement désolé. Je ne savais pas que tu vivais ça au quotidien. Crois-moi, je ne le ferai plus. Tu n’es pas comme elle, je le sais. Enfin, la seule chose que je peux faire pour toi… C’est te conseiller de ne pas faire attention aux ragots et aux commérages des autres mais je doute que c’est quelque chose qui est beaucoup facile à dire qu’à faire… me dit-il désolé.  Je ne pus pas me retenir de soupirer après ce qu’il venait de me dire. Ne pas faire attention aux ragots? Il est drôle celui-là. Comme si je n’essayais pas de le faire déjà.

« Justement, je fais de mon mieux pour ne pas y porter attention. Ils peuvent bien parler de moi comme ils veulent, je m’en fiche! Mais je ne peux pas supporter de savoir que ma famille se fait sans cesse attaquer ainsi, qu’elle se fait rabaisser de la sorte. Elyse restera toujours ma soeur tout comme tu seras toujours mon frère. Je peux ignorer les pires commentaires à mon égard, mais pas ceux sur Elyse. » dis-je très franchement.

Et ces commentaires étaient souvent accompagner de comportements louches envers moi, des hommes qui voulaient de faire la soeur plus vieille puisque la plus jeune n’était pas dans les environs. Parce que pour le restant de la terre, ça devait être un truc qui coulait de source dans la famille. La logique masculine ne m’impressionnait pas trop à ce niveau là. De croire que ma demi-soeur avait du prendre ce comportement de quelqu’un de la famille et que vu que j’étais plus vieille ça devait venir de moi. Ma tentative de détendre l’atmosphère sembla lamentablement échoué alors que mon commentaire me valu un simple :  Si tu le dis… Arquant une sourcil il me serra tout de même contre lui alors que je voulu lui donner un câlin. Soit il ne voulait pas risquer de me vexer de nouveau, soit ce que je lui avait dit l’avait profondément troublé. Lorsqu’il se retira, il me fit tout de même un sourire avant de me remercier sincèrement. Son sourire fut contagieux et se propagea jusqu’à mes lèvres pour y dessiner un sourire aussi.

« De rien. » répondis-je toujours en souriant.

Nous nous sommes alors remit à marcher. Il me demanda alors : Allons-y. plus vite nous la retrouverons, plus vite nous rentrerons. Une idée de l’endroit où elle pourrait être ? Sincèrement, je ne savais pas du tout ou commencer les recherches. Et nous ne pouvions pas exactement défoncé toutes les portes jusqu’à ce que l’on trouve chez qui elle avait passé la nuit. Nous y passerions une éternité, et je ne crois pas que les membres apréciraient cela. À l’heure qu’il était je crois que nous aurions toute la ville à notre poursuite en trop peut de temps. Je tentai tout de même de réfléchir pour voir si une idée ne me venait pas à l’esprit à ce sujet.

« Elle peut être sur le territoire, mais il est fort possible qu’elle soit au centre neutre. » commençais-je à dire. « Nous devrions commencer par chercher ici et si on ne la trouve pas, d’ici une heure ou deux, tu pourras aller jeter un oeil au centre neutre peut-être alors que moi je pourrais retourner à la maison au cas ou elle y reviendrait. Parce que visiblement elle va y remettre les pieds. »

C’était le mieux que je pouvais proposer. Je tentais de trouver un nom d’une amie chez qui elle aurait pu aller, ou d'un homme qui aurait pu avoir dit quelque chose à son sujet. J’avais l’habitude d’écouter les rumeurs au sujet de ma soeur, cela me permettait souvent de savoir chez qui elle avait passé la nuit et quand, même si cela n’était pas pour me faire plaisir, je préférais le savoir.

Maintenant, l’Aigle avait une raison supplémentaire de faire encore un peu plus attention aux ragots des autres personnes du clan. Peut-être entendrait-il ces fameuses rumeurs qui circulent au sujet d’Alex. Il ne l’espérait pas… Mais au fond, il savait qu’il devrait bien faire face à ces dernières un jour ou l’autre. Tout comme il se doutait que son conseil n’avait pas été très utile. Evidemment, ignorer, c’est la première chose que l’on tente de faire dans ce genre de situation. Sur ce coup-là, il n’avait pas vraiment pris le temps de réfléchir avant de se mettre à parler. Il essayait de la comprendre mais lui, il ne faisait pas face à ce problème puisqu’il était un homme. Etre le seul garçon d’une fratrie de trois enfants, ça pouvait parfois s’avérer compliqué. Pourtant, il ne se plaignait pas. Il n’en avait pas le droit. Nathanaël regarda sa sœur tout en lui adressant un sourire désolé.

« Et moi, je ne pourrai ignorer les pires commentaires sur vous deux. C’est mon rôle de grand-frère de tout faire pour que vous ayez toutes les deux une vie paisible et relativement calme. Je ferai ce que je pourrai pour faire taire ces rumeurs pour que tu n’aies plus jamais à en souffrir. » Il avait conscience de la difficulté de sa tâche mais il savait aussi qu’il se devait de le faire. Nathan avait promis de veiller sur ses sœurs et il ne voulait pas faillir. Il s’était donné cette mission après le départ de leurs parents. Du reste, le « de rien » de sa petite sœur clôtura cet instant de dispute. Plus jamais il ne voulait avoir besoin de hausser le ton avec un membre de sa famille. Cet épisode terminé, ils se sont remis à marcher tous les deux ; comme si rien ne s’était passé. Si seulement ça pouvait être aussi simple à chaque fois… Hélas, ce n’était pas le cas. Marchant silencieusement, Nathanaël attendait patiemment la réponse d’Alex. Il pouvait y avoir tellement de possibilités sur l’endroit où Elyse a passé la nuit… A peu de choses près, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et Alex ne fit que confirmer son idée en répondant qu’elle était peut-être sur le territoire tout comme elle pouvait se trouver au centre neutre. Un vrai casse-tête, en somme. Cela dit, depuis quelques temps, c’était plus ou moins leur quotidien.

« Je suppose que ce sont les meilleures choses à faire… Commençons donc par chercher ensemble pour débuter. J’irai donc au centre neutre si nous n’avons pas de nouvelles durant le temps que tu as choisi et toi… A la maison… Si elle y est, Promets-moi que tu ne seras pas trop dure et stricte avec elle. Nous sommes une famille et nous devons tout faire pour rester unis. » Il vaut mieux prévenir que guérir, comme on dit. Nathan avait parfaitement conscience des engueulades qui avaient régulièrement lieu entre ses deux sœurs. Pour cette fois, il pensait et espérait sincèrement que ça pourrait se passer autrement. En effet, elles risquent de se voir parce qu’Elyse allait forcément repasser par le logement, c’est logique. La question est de savoir quand…

Je me questionnais maintenant. Aurais-je du garder cela pour moi? Probablement. Sauf que maintenant le dommage était fait. J’en avais parlé, un peu sur l’effet de la colère. J’aimais le fait de le savoir toujours la pour moi, mais en même temps, j’avais besoin de garder un certain espace. Il y avait certaines choses que je ne voulais tout simplement pas qu’il sache.  Et moi, je ne pourrai ignorer les pires commentaires sur vous deux. C’est mon rôle de grand-frère de tout faire pour que vous ayez toutes les deux une vie paisible et relativement calme. Je ferai ce que je pourrai pour faire taire ces rumeurs pour que tu n’aies plus jamais à en souffrir. Son petit discours m’arracha un sourire. Je savais bien qu’il semblait porter sur ses epaules toute la responsabilité de devoir s’occuper de nous, mais j’aurais espérer qu’il ne se mettent pas autant de pression. Il avait déjà assez de choses à faire sans avoir à nous surveiller 24 heures par jour, sept jour sur sept. C’est pour cela que je faisais de mon mieux pour m’occuper de notre demi-soeur.

« Tu sais très bien qu’il y aura toujours des rumeurs, même si Elyse cesse d’agir comme elle le fait, le dommage est fait. En agissant ainsi, c’est la réputation de la famille en entier qui est affecter Nathan… » dis-je un peu tristement.

Marchant toujours, je croisai les bras sur ma poitrine. Mon sourire s’était dissipé. Il avait été remplacer par un air inquiet pour ma soeur. Pourquoi continuait-elle d’agir ainsi? Elle savait pertinement bien qu’elle nous affectait tous. Elle savait aussi que je mettais toujours à sa recherche lorsqu’elle faisait un truc pareil. Je suppose que ce sont les meilleures choses à faire… Commençons donc par chercher ensemble pour débuter. J’irai donc au centre neutre si nous n’avons pas de nouvelles durant le temps que tu as choisi et toi… A la maison… Si elle y est, Promets-moi que tu ne seras pas trop dure et stricte avec elle. Nous sommes une famille et nous devons tout faire pour rester unis. J’eus un sourire un peu navré, tournant mon visage pour le regarder sans toutefois cesser de marcher. Je ne m’étais pas vraiment considérer comme étant strict. Disons simplement que je savais qu’Elyse était capable d’en accomplir plus sans coucher à gauche et a droite. J’étais certaine que si elle y mettait du sien, elle arriverait à faire plus de bonnes choses.

« Je promets de ne pas être trop stricte… » dis-je.

J’étais cependant incapable de promettre de ne pas être dure avec elle. Ce n’était pas en la couvrant comme un oeuf qu’on allait arriver à la faire changer d’attitude. Je n’avais pas l’intention de lui faire quoique ce soit de mal, mais en même temps je n’allais pas la laisser sans sortir aussi facilement. Elle voulait agir comme une garce, alors elle serait servit. Regardant de nouveau devant moi, je changai le sujet, espèrant que Nathan ne remarquerait rien.

« Si on ne la trouve pas d’ici une heure, je propose qu’on se sépare. Elle sera bien forcée de revenir à la maison. » proposais-je en regardant autour de moi pour trouver un signe d’Elyse.

Il fallait bien qu'elle soit quelque part. Nous avait-elle vu venir? Faisait-elle exprès pour faire en sorte que l'on s'inquiète à ce point pour elle? Était-elle ravie de savoir que nous nous faisions toujours un sang d'ancre à son sujet?

Il était parvenu à la faire sourire. Pour n’importe qui d’autre, ça n’avait aucune espèce d’importance mais pour lui, ce n’était ni plus ni moins qu’une récompense. Il préférait la voir réagir comme ça plutôt que de la voir agressive. Ce qui est le plus logique, en fait… Cependant, il ne se rendait pas réellement compte de toute la pression qu’il se mettait sur ses épaules avec toutes ces histoires. Le soir, dans son lit, il s’écroule souvent après avoir passé la journée à penser à ce qu’il avait à faire pour le clan et à surveiller ses sœurs pour voir si tout se déroulait pour le mieux en ce qui les concerne. Il essayait de ne pas être trop collant ou trop derrière elles mais c’était plus fort que lui. Pourtant, il ne doutait pas de la capacité de chacune pour se défendre mais il ne parvenait tout simplement pas à les ignorer et à les laisser vivre sans les regarder, même une seule journée. Bon, il ne le faisait pas non plus de manière bien visible. En fait, Nathan jetait régulièrement de rapides coups d’œil quand il passait à proximité de l’une des deux mais il veillait toujours à ce que personne ne s’en rende compte. Il ne tenait pas non plus à passer pour le grand-frère complètement chiant et lourd. Ça ferait des rumeurs supplémentaires sur sa famille et non, très honnêtement, il n’y tenait pas plus que ça.

« Je sais, Alex… J’aimerais tellement pouvoir changer ça. Que tout redevienne comme avant… Comme à l’époque où nous étions une famille normale qui vivait paisiblement dans le clan, qui ne demandait rien à personne et qui n’en pâtissait pas à cause de l’attitude de quelqu’un de la famille… Mais je sais que tu as raison. Je sais qu’on n’efface pas les choses aussi facilement. » Il ne rejetait pas vraiment la faute sur Elyse. Il aime tout autant ses deux sœurs. L’Aigle venait simplement de faire une comparaison entre la vie qu’ils avaient avant et celle d’aujourd’hui et il avait très rapidement constaté qu’il n’y avait plus grand-chose en commun avec le passé. Nathanaël marchait toujours aux côtés de sa petite sœur, la tête baissée, le regard scrutant le sol… Tous les deux étaient à nouveau inquiets et aucun ne comprenait pourquoi leur sœur cadette poursuivait dans cette voix. Qu’est-ce qu’elle cherchait à accomplir, exactement ? Hormis elle, personne ne devait le savoir. Et c’était quelque chose d’assez frustrant. Lorsque Nathan sentit le regard d’Alex se poser sur lui, il tourna légèrement la tête et les yeux dans sa direction sans pour autant la redresser. Il lui rendit le même sourire sans rien ajouter de plus. Nathan savait que ça chauffait assez souvent entre les deux filles et à chaque fois, ça l’attristait de voir les choses se passer ainsi. Alors quand Alex lui fit la promesse de ne pas être trop stricte, il eut un infime espoir qu’elle s’y tienne et la remercia d’un simple signe de la tête. Il n’y avait rien à ajouter concernant cette question-là.

L’air de rien, Alex changea de sujet. Un fait qui n’échappa pas à son grand-frère mais il ne le releva pas. A quoi bon ? Lui aussi n’avait pas envie de continuer à envisager une nouvelle dispute entre les deux personnes qui lui tiennent le plus à cœur. Au contraire, il apprécia même l’initiative qu’elle avait prise. « On fait comme ça. Pour le moment, je propose que nous allions voir du côté des logements des autres membres. Qu’elle ait passé la nuit chez l’un d’eux me parait être la solution la plus évidente. Si on ne la trouve pas là-bas, eh bien… Nous aviserons. Ce n’est pas comme si nous avions l’habitude de faire comme ça, après tout… » Sur ces mots, le Membre changea de direction sans prévenir pour se diriger d’un pas assuré vers les « habitats » de ses collègues Membres.

Alors que je sais qu’il ne jette pas la faute sur Elyse, je le fais un peu. Elle n’est pas exactement innoncente dans cette histoire.  Je sais, Alex… J’aimerais tellement pouvoir changer ça. Que tout redevienne comme avant… Comme à l’époque où nous étions une famille normale qui vivait paisiblement dans le clan, qui ne demandait rien à personne et qui n’en pâtissait pas à cause de l’attitude de quelqu’un de la famille… Mais je sais que tu as raison. Je sais qu’on n’efface pas les choses aussi facilement. m’explique-t-il. Je partage son avis. Moi aussi j’aimerais bien retrouver cette époque d’autrefois, mais malheureusement ce n’est pas envisageable. Tout au contraire, c’est pratiquement impossible de retrouver cette époque. Cela implique un miracle. Et les miracles ça n’existe pas. Plus les chose vont, plus je me dis que de se battre pour faire comprendre à Elyse ce qu’elle fait est inutile. Nous avons beau être deux, Elyse ne veut rien entendre. Nous ne somme pas prêt de gagner cette guerre, bien au contraire. Je soupire malgré moi. Je sais bien ce qu’il veut dire et je comprends qu’il se refuse à reconnaitre que ce soit la faute de notre soeur, mais en même temps, elle ne fait pas tout cela sans participer.

« Tu sais bien que je voudrais retourner à cette époque là moi aussi Nathan. J’aimerais aussi qu’Elyse se rende compte des dommages que fait sa réputation à celle de notre famille, mais malheureusement, je commence à me demander si elle ne fait pas cela pour me mettre hors de moi. » avouais-je en regardant devant moi.

Par la suite, le silence revient entre nous alors que nous marchons. Lorsque je promets de faire de mon mieux la prochaine fois que je parle avec Elyse, Nathan acquiesce et semble satisfait. Je n’es pas menti en promettant ainsi, mais je sais bien que cela me prendra tout les efforts possible pour ne pas trop me prendre la tête avec elle. Mais je ferai de mon mieux c’est certain.  On fait comme ça. Pour le moment, je propose que nous allions voir du côté des logements des autres membres. Qu’elle ait passé la nuit chez l’un d’eux me parait être la solution la plus évidente. Si on ne la trouve pas là-bas, eh bien… Nous aviserons. Ce n’est pas comme si nous avions l’habitude de faire comme ça, après tout… dit alors Nathan, brisant le silence, mais continuant sur ma tentative de changement de sujet. Une partie de moi est ravie de ne plus avoir à parler de mes engueulades avec elle. Je lève les yeux vers lui en lui souriant.

« D’accord, cela me semble une bonne idée. » dis-je.

Je le suis donc lorsqu’il change de direction sans prévenir. Les mains dans les poches, je ne sais pas trop de quoi lui parler mise à part Elyse. Une partie de moi à envie de trouver un sujet, peu importe lequel, mais en même temps je sais pertinement bien que ce n’est pas nécéssaire entre nous. Et puis ce silence n’est pas exactement inconfortable non plus.

Il aurait pu rejeter la faute sur Elyse. Il aurait pu le faire. Mais non. Parce qu’il tient à elle. Parce que malgré tous ses défauts et ses déboires, elle reste quelqu’un qui fait partie de la famille et à ses yeux, c’est ça qui prime. C’est ça qui a plus d’importance que tout le reste. Elle n’est pas innocente. C’est un fait. Pourtant, lui ne le voit pas de cette façon. Il veut comprendre pourquoi elle agit de cette manière. Dans quel but ? Pourquoi elle a basculé dans ces vices ? Il veut savoir mais il ne veut pas la brusquer pour autant. Il préfère faire les choses en délicatesse. S’ils ne peuvent pas retrouver leur tranquillité d’autrefois, peut-être peuvent-ils au moins essayer d’atténuer leurs problèmes ? C’est ce qui lui semble être le plus logique et le moins compliqué à faire. Il fut néanmoins soulagé de constater qu’il n’était pas le seul qui aurait aimé que tout ne soit qu’un mauvais rêve et qu’ils allaient très prochainement se réveiller. Hélas, c’était loin d’être le cas. Nathan laissa un soupir lui échapper alors qu’il continuait à progresser dans la direction qu’il avait indiquée.

« Nous l’aimerions tous, je pense… Mais je t’en prie, ne va pas croire qu’elle fait ça uniquement pour le plaisir de te mettre en colère. Tu sais, peut-être qu’elle a vécu des choses traumatisantes et nous n’en savons rien. Peut-être que c’est ça qui la pousse à agir ainsi. Je l’aime, Alex, et j’ai envie de croire en elle ; de m’autoriser à lui laisser le bénéfice du doute. » Il n’avait pas uniquement dit ça pour protéger Elyse de la colère d’Alex. Il commençait réellement à penser qu’elle n’agissait pas comme ça pour le simple plaisir de ruiner la réputation de leur famille. Pour le Membre, on ne fait jamais rien sans une bonne raison derrière. Même lorsqu’il s’agit de devenir la prostituée de son clan. Et puis, le silence s’installe une nouvelle fois entre le duo alors qu’il se dirigeait vers les baraquements des autres Membres… Marcher calmement et dans le silence, il faut avouer que ça ne pouvait pas faire de mal et les deux Aigles semblaient être d’accord sur ce point. Ils se rendirent donc jusqu’à la première maison dans rien avoir ajouté de plus. Qu’auraient-ils pu dire ? Ni l’un ni l’autre ne le savait. C’est une fois devant la première porte que Nathan se tourna à nouveau dans la direction d’Alex. « Je te laisse toquer. Si ça se passe mal, je reste derrière toi pour te défendre en cas de besoin. C’est certainement plus prudent. »

 Nous l’aimerions tous, je pense… Mais je t’en prie, ne va pas croire qu’elle fait ça uniquement pour le plaisir de te mettre en colère. Tu sais, peut-être qu’elle a vécu des choses traumatisantes et nous n’en savons rien. Peut-être que c’est ça qui la pousse à agir ainsi. Je l’aime, Alex, et j’ai envie de croire en elle ; de m’autoriser à lui laisser le bénéfice du doute. Lorsque Nathan se remet à parler, je me tourne vers lui, le laissant terminer son petit discours avant de prendre le temps de lui répondre. Je l’aime aussi ma soeur et je crois en elle, autrement je ne serais pas ici en train de toujours la chercher ou de vouloir lui éviter de faire une autre bétise toujours plus stupide que la précédente. Je soupire à mon tour avant de regarder en avant de moi. Je cherche les mots juste pour exprimer mon opinion sans le blesser, mais faute de trouver de meilleur mots, j’y vais comme je le sens :

« Au nombre de fois ou nous nous sommes engueuler Nathan, je crois que parfois oui, elle le fait exprès. Mais après, va savoir pourquoi elle aime à ce point qu’on se prenne la tête toujours pour les même choses. Je suis pas dans sa tête, je peux pas savoir ce qu’elle pense. » Je marque alors une courte pause en lui jettant rapidement un coup d’oeil. « Je l’aime aussi Nathan et tout comme toi je crois en elle, mais après toutes ses années à faire les mêmes conneries, je ne peux pas lui donner le bénéfice du doute. Ce n’est pas parce que je ne veut pas le lui donner, c’est simplement que je sais ce qu’elle fait. »

Je secoue alors la tête en soupirant de nouveau. Oui, je sais ce qu’elle fait. Je le sait parce que les Ruines en parle. Elle ne se préoccupe que de ses propres plaisirs et de ses propres choses. Je me demande parfois si je ne devrais pas faire pareil. C’est épuisant de lui courir après comme ça à tout bout de champ. J’aimerais trouver d’autres occupations à ma vie de tous les jours.  Je te laisse toquer. Si ça se passe mal, je reste derrière toi pour te défendre en cas de besoin. C’est certainement plus prudent. me dit Nathan lorsque nous fûmes devant la première porte. Je lui jette alors un regard noir en croisant les bras. Non mais il croit quoi là, que je vais faire tout le boulot? Il a peur de quoi?

« T’as peur de quoi au juste? Qu’elle prenne ses jambes à son cou si elle est là? » lui demandais-je franchement. « Elle va le faire peu importe qui sera à la porte. Alors lève le poing et toque. Tu n’as pas idée du nombre de fois ou j’ai dû le faire moi-même. Je crois que le quartier entier me connait parce que je passe tout mon temps à chercher Elyse. » lançais-je toujours aussi franchement.

Loin de lui l’idée de douter de l’affection d’Alex pour Elyse, ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Il sait qu’elle donne énormément de son temps et de sa patience pour aider et retrouver la petite dernière à chaque fois qu’elle fait des siennes et Nathan ne la remerciera jamais assez pour tout le temps qu’elle lui consacre. Lui-même ne peut plus systématiquement assurer son rôle de grand-frère depuis qu’il est devenu Membre. Il essaye tant bien que mal mais il y a bien des fois où il est forcé de s’absenter quelques temps pour aller en mission ou des choses comme ça. Alors non, il ne pouvait pas lui en vouloir de penser qu’elle faisait parfois exprès de s’absenter aussi longtemps et sans donner aucune nouvelle. Peut-être qu’Elyse a besoin de sa dose de cris en compagnie d’Alex, il n’en savait rien. Toutefois, il ne préférait pas avancer cette hypothèse à haute voix. Il n’avait plus envie de parler de ça. L’Aigle voulait passer à autre chose pour aujourd’hui et après sa réponse à sa sœur cadette, il espérait très fortement que ce sujet soit définitivement enterré ; pour l’un comme pour l’autre. Ils ne se faisaient que du mal à en parler et de plus, ça ne résolvait absolument rien. Et ça ne les aidait pas à retrouver leur petite sœur. Surtout.

« C’est bon, je veux bien te croire. Je me doute bien que tu l’aimes sinon, je pense bien que tu ne prendrais pas de ton temps pour te disputer régulièrement avec elle. Tu sais ce qu’on va faire ? J’irai lui parler la prochaine fois que l’on se voit et j’essayerai de comprendre pourquoi elle fait ça ; dans quel intérêt, à cause de quoi… Ce genre de choses qui ne devraient pas nous être inconnues. » Nathan sait pertinemment ce qu’elle fait, lui aussi. Mais il a envie de tenter de passer au-dessus de tout ça et voir s’il peut se débrouiller pour qu’elle s’ouvre à lui, qu’il puisse enfin la comprendre et l’aider. C’est tout ce qu’il a en tête ; tout en sachant que c’était loin d’être une tâche facile. Sauf que dans les faits, il s’en fiche complètement. L’Aigle redescendit rapidement sur terre quand Alex refusa catégoriquement de faire ce qu’il lui avait demandé. Il fut surpris par sa réaction qui lui paraissait bien agressive. Son regard noir en était la preuve. Elle avait le droit de refuser mais elle aurait très bien pu lui dire d’une autre façon. C’est quelqu’un de compréhensif qui n’a rien d’un tyran. Et sur ce coup-là, il ne se faisait pas du souci par rapport à Elyse mais ça ne servait à rien de tenter de lui expliquer ça dans les détails. « Ne me parle pas sur ce ton-là, s’il te plaît. Ça n’a rien à voir avec elle… Oh et puis zut ! Tu sais quoi ? On va faire un truc. Chacun va toquer une fois sur deux. A la prochaine maison, c’est toi qui le fais. Et dis-toi que tu n’es pas la seule à l’avoir fait en solitaire pour la retrouver. » Il avait peut-être été un peu brusque mais Alex s’était énervée pour rien et il n’avait pas l’intention de se laisser faire. Il avait prononcé ses mots de façon à ce qu’elle ne puisse rien répliquer. Nathan soupira et leva le poing fermé pour donner trois petits coups secs sur la porte. Cette dernière s’ouvrit quelques secondes plus tard sur un Membre à peine plus âgé que Nathan. Avant que le Membre ne puisse demander quoi que ce soit, Nathan regarda derrière lui, revint sur la tenue de l’autre Aigle et soupira. Il était habillé normalement et ça se voyait qu’il n’avait pas enfilé ses vêtements à la hâte pour venir ouvrir. De plus, personne d’autre n’occupait la chambre. Il se retourna vers Alex en ignorant royalement son comparse. « Elle n’est pas là. On passe à la suivante. » Et sans adresser un mot à son collègue, il lui fit un geste de la main et se dirigea vers l’appartement voisin…

Il parait que la ligne est mince entre l’amour et la haine. En ce qui concerne Elyse, je ne peux qu’être d’accord. Par moment, j’ai l’impression de la détester alors que d’autre fois je l’adore. Aller savoir pourquoi, mais c’est un peu comme ça que ça ce passe entre ma soeur et moi. Elle reste une partie de ma famille malgrer tout et pour cela j’arrive souvent à oublier nos différents pour passer à autrechose.  C’est bon, je veux bien te croire. Je me doute bien que tu l’aimes sinon, je pense bien que tu ne prendrais pas de ton temps pour te disputer régulièrement avec elle. Tu sais ce qu’on va faire ? J’irai lui parler la prochaine fois que l’on se voit et j’essayerai de comprendre pourquoi elle fait ça ; dans quel intérêt, à cause de quoi… Ce genre de choses qui ne devraient pas nous être inconnues. me dit alors mon frère. Je ne sais plus comment lui expliquer que je ne crois pas qu’elle va nous en parler. En même temps je n’ai pas envie de lui mentir non plus. Elyse agit comme elle le fait par pur égoïsme, c’est mon avis. Mais si j’explique cela à Nathan, je vais encore me faire dire que c’est faux. Je vais à nouveau passer pour la méchante. Je lui réponds donc par un vague haussement des épaules.

« Si tu crois que ça peut aider Nathan… » commençais-je. « Personnellement, je doute qu’elle accepte de nous en parler, mais j’ai peut-être tort. »

Je le pense. En fait, je suis presque convaincue qu’elle ne voudra pas nous en parler, mais je sais très bien qu’il ne va pas m’écouter. Nathan en fera aussi à sa tête. Je préfère donc ne pas trop m’avancer sur un terrain qui pourrait rapidement devenir dangereux. À mon avis, le sujet est passablement clos et même si je sais que nous pourrions en discuter des heures, je n’ai rien à dire que je n’ai pas déjà dit. Lorsque nous sommes devant la porte d’un logement, Nathan me répond sur un ton que je n’aprécie pas : Ne me parle pas sur ce ton-là, s’il te plaît. Ça n’a rien à voir avec elle… Oh et puis zut ! Tu sais quoi ? On va faire un truc. Chacun va toquer une fois sur deux. A la prochaine maison, c’est toi qui le fais. Et dis-toi que tu n’es pas la seule à l’avoir fait en solitaire pour la retrouver. me dit-il. Bouche bée, je croise les bras. J’ai presque envie de tourner les talons et de filer. Au lieu de cela, je le fusille du regard. Personnellement, j’aurais proposer qu’on cogne ensemble, mais après cette réponses, je me mords la langue plutôt que de m’engueuler avec lui.

« Soite. Comme tu veux. T’es le plus vieux après tout. » marmonnais-je pour moi-même.

Il cogne alors à la porte et un jeune homme vient ouvrir, mais avant même qu’il lui est posé une question, Nathan se tourner vers moi et me lance : Elle n’est pas là. On passe à la suivante. Je suis à nouveau abasourdie. C’est ce qu’il appèle chercher pour Elyse ça? La bouche ouverte de stupeur, je décroise les bras la paume vers le haut. Je suis du regard mon frère qui s’en va déjà avant de me forcer à prendre un air neutre. Je me tourne vers le membre, lui offrant un sourire agréable.

« Pardonne mon frère, il est à cran… » dis-je pour excuser le comportement du plus vieux. « Je cherche ma soeur Elyse, tu ne l’aurais pas vu récement par hasard? » demandais-je gentiment, souriant toujours.

Quelques minutes plus tard, je ralentis le pas alors que j’arrive à la hauteur de Nathan. J’ai réussi à obtenir des informations sur les déplacements d’Elyse, mais à voir la tête de Nathan, je n’ai pas envie de lui partager mes trouvailles. Je le regarde et sans un mot je reprends la route. Vraiment, je n’arrive pas à croire qu’il appèle cela chercher Elyse. Clairement, si c’est ce qu’il fait à chaque fois alors je comprends qu’il ne la trouve jamais. Même si je ne peux pas dire avoir plus de succès que lui, je peux au moins dire que je fais plus d’efforts que lui. Je ne fais pas que cogner à la porte avant de rebrousser le chemin. il s’attend à quoi avec cette tactique? Il attend que ce soit Elyse elle-même qui vienne lui ouvrir la porte à demi-habillée peut-être?

Si elle, elle n’y croyait plus, Nathan, quant à lui, ne voulait pas se résigner à ça. Il voulait sincèrement croire que sa petite sœur ne faisait pas ça par pure envie. Rien à voir avec une quelconque naïveté, cependant. En tant que grand-frère, il a simplement encore de l’espoir pour elle et il ne souhaite écarter aucune piste avant de les avoir toutes explorées. Mais il ne demande pas à Alex de faire obligatoirement pareil et il conçoit parfaitement que son point de vue soit entièrement différent. Après tout, ils n’ont pas le même caractère. Nathan étant le plus âgé, il voit encore Elyse comme une enfant qui cherche à se rendre intéressante et qui ne sait pas très bien ce qu’elle fait ni ce que ses actions peuvent causer autour d’elle comme conséquences. L’Aigle haussa les épaules aux paroles de sa sœur. Elle n’avait pas nécessairement tort et lui n’avait pas systématiquement raison. Il aurait bien aimé le préciser et pourtant, il n’ajouta rien. Il préférait jouer sur la prudence et n’avait nullement envie d’envenimer ce débat déjà bien délicat pour l’un comme pour l’autre. Actuellement, il préférait de loin se concentrer sur les recherches et discuter du reste une fois qu’ils seraient réunis. Selon lui, c’était encore la chose la plus simple à faire et à tenter mais aussi… Sa dernière solution pour essayer de comprendre Elyse. Si jamais ça ne fonctionnait pas, eh bien, Nathan ne saurait tout simplement plus quoi faire or, il espérait que cette situation n’ait pas à se produire. Pour le moment, il ne voulait pas y penser. Le sujet semblait être clos et en toute franchise, c’était beaucoup mieux ainsi. Ils en débattraient à nouveau plus tard. Sans aucun doute.

Le regard noir d’Alex et son mouvement de contrariété n’avaient pas été perçu par Nathan. C’est à peine s’il se doutait de l’impact que ses dernières paroles ont pu avoir sur sa sœur. Sur le coup, il avait également mal pris ses remarques et ne s’était pas vraiment soucié du reste. Quant à sa réflexion sur le fait qu’il soit l’aîné, il ne l’avait pas entendu non plus. Il n’aimait pas s’embrouiller avec Alex et lorsque ça se produisait, ça avait tendance à le faire se fermer. Preuve en est. Il n’a même pas cherché à discuter davantage avec l’autre Membre. Il n’avait pas senti la présence d’Elyse dans ce logement alors pour lui, elle n’était pas présente. Tout simplement. Il n’avait pas franchement envie de discuter. C’est pour ça qu’il avait pris la direction de la maison suivant sans attendre ; laissant Alex derrière lui, sans chercher à l’appeler ou quoi que ce soit d’autre. Pour faire quoi ? Nathan savait qu’elle ne le rejoindrait uniquement quand elle l’aurait décidé. Ils marchèrent dans un silence complet jusqu’au prochain logement. Une fois devant la nouvelle porte, Nathan poussa un soupir et se retourna vers sa sœur. « Je suis énervé excuse-moi. Je n’aurais peut-être pas dû réagir comme ça mais j’ai mal pris tes propos. » Voilà, au moins, c’est dit, c’est clair. Libre à elle de partager ou non les infirmations qu’elle avait sans foute obtenu. Le Membre pouvait parfaitement concevoir qu’elle ne le veuille pas même si ça ne l’aiderait certainement pas à aller mieux. Il ferait au moins l’effort de faire bonne figure. Il se dirigea ensuite pile en face de la porte et s’arrêta net au dernier moment. Hésitant, l’Aigle se tourna une nouvelle fois vers Alex. « Tu veux le faire ? Ou je retente ? »

Une fois à la hauteur de mon frère, je ne lui parle pas et nous marchons un bon moment en silence. Je suis toujours un peu furieuse. Lorsque nous arrivons au prochain logement, on s’arrête devant la porte et Nat se tourne vers moi.  Je suis énervé excuse-moi. Je n’aurais peut-être pas dû réagir comme ça mais j’ai mal pris tes propos. s’excuse-t-il. L’excuse du siècle quoi! Je lui jette un regard noir et il reprend :  Tu veux le faire ? Ou je retente ? Détournant le regard, je ne lui laisse pas d’occasion et je frappe à la porte sans lui avoir addresser aucune parole. Cette fois-ci, c’est une jeune femme qui répond. Je la regarde avant de soupirer et de rétorquer :

« Elle est pas ici. On part. » dis-je sèchement avant d’imiter mon frère un peu plus tôt et de tourner sur mes talons pour faire le chemin contraire.

Je ne l’attends pas tout de suite, je choisis de faire une partie du chemin. À mi-chemin entre la maison précédente et la suivante, je m’arrête et croise les bras. Lorsque j’entends ses pas derrière moi, je me retourne pour le regarder. Je sais que je n’aurais pas dû agir ainsi, mais j’avais envie de lui faire comprendre comment je m’étais sentie à la maison d’avant lorsqu’il m’eut fait exactement la même chose. Je suis aussi consciente que je viens de jeter de l’huile sur le feu, mais je suis furieuse et je n’ai pas pris le temps de réfléchir, comme d’habitude.

« T’es en train de me dire que c’est comme ça que tu cherches Elyse à chaque fois? tu cognes à une maudite porte et si c’est pas elle qui répond tu tournes les talons et tu pars? » lui lançais-je furieusement. « Tu t’attends pas sérieusement à cogner à une porte et que ce soit Elyse qui réponde en petite tenue pour te dire : “Salut fréro, je contente que tu sois là, allez viens on rentre à la maison.” Ne me dis pas que c’est à cela que tu t’attends, parce que si c’est le cas, tu connais mal notre demi-soeur. » lui dis-je. « Elle va préférée fuire et se cacher que de nous ouvrir la porte. Tu sais bien que c’est pas son genre. »

Comment en étaient-ils arrivés là exactement ? Nathanaël commençait vraiment à se poser la question. Il n’aimait pas avoir à se disputer avec ses sœurs parce qu’elles sont les personnes qui comptent le plus pour lui. Certes, ce raisonnement pouvait être digne de quelqu’un de naïf. Et au fond, peut-être que l’Aigle l’était. Ça ne le surprendrait même pas, en fait. Surtout avec Alex et Elyse… En tout cas, pour le coup, il ne s’attendait pas à ce que ça dérape à ce point. Pour lui, la hache de guerre était enterrée depuis plusieurs minutes. Très honnêtement, il avait du mal à comprendre pourquoi sa sœur cadette lui en voulait encore. Il ne la pensait pas aussi rancunière… Du moins, pas avec lui. Mais peut-être qu’il ne la connaissait pas aussi bien que ça malgré les années qu’ils ont passé ensemble. Il n’avait même pas eu le temps de réagir qu’Alex était déjà en train de toquer à la porte sans rien lui dire. Cette fois, ce fut une jeune femme qui ouvrit… Forcément une soumise. A1ex patienta quelques secondes avant de dire sèchement qu’elle n’était pas ici et qu’ils repartaient. Okay. D’accord. Ce coup-là, Nathan l’avait peut-être bien cherché et c’est uniquement pour cette raison qu’il ne le prit pas mal. Il se contenta d’attendre qu’elle prenne un peu d’avance avant d’aller la rejoindre en marchant tranquillement, sans afficher aucun air sur le visage, les mains dans les poches de son blouson en cuir… Il ne lui en voudrait pas. Parce que c’est sa sœur. Et sûrement aussi parce que c’est dans son tempérament…

L’Aigle ne se presse pas davantage alors que sa sœur s’arrête à mi-chemin entre deux maisons pour l’attendre, les bras croisés. Il ne se presse pas pour la simple et bonne raison qu’il ne lui avait pas demandé de l’attendre et que ça ne l’aurait donc pas dérangé de faire ce bout de chemin tout seul. Finalement, il se met à soupirer en voyant qu’elle s’était retournée pour le regarder. Nul doute qu’il allait encore sentir passer quelques reproches mais comme d’habitude, il allait les encaisser sans broncher. Enfin… Presque sans broncher. Nathan’ voulait bien admettre qu’elle soit en colère et qu’elle avait agi sur le coup sans réfléchir mais il n’avait pas non plus l’intention de se laisser faire aussi facilement. « Non, ce n’est pas comme ça que je la cherche tout le temps… Mais est-ce que tu pourrais te calmer et arrêter de me crier dessus, s’il te plaît ? Ce n’est pas non plus en nous disputant que nous allons la retrouver et tu le sais très bien. Et non, je ne m’attends pas à ce genre de chose… Tu veux bien te stopper maintenant ? Je n’aime pas avoir à me disputer avec toi à ce sujet et j’aime encore moins quand on se donne en spectacle. On fait au moins une trêve ? » Il avait parlé calmement et sans hausser le ton de sa voix. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour qu’ils cessent de s’envoyer des piques ou de se faire des coups-bas. Et ce n’était pas pour rien qu’il disait ne pas vouloir régler ça en public… Ils étaient tous les deux entourés par des maisons et donc par des gens susceptibles de les voir et ça, il n’aimait vraiment pas.

Alors que je me retourne vers et que je lui parle franchement, Nathan encaisse tout en silence. Lorsque je cesse de parler, je suis toujours furieuse, mais je ne l’interrompt pas lorsqu’il prend finalement la parole :  Non, ce n’est pas comme ça que je la cherche tout le temps… Mais est-ce que tu pourrais te calmer et arrêter de me crier dessus, s’il te plaît ? Ce n’est pas non plus en nous disputant que nous allons la retrouver et tu le sais très bien. Et non, je ne m’attends pas à ce genre de chose… Tu veux bien te stopper maintenant ? Je n’aime pas avoir à me disputer avec toi à ce sujet et j’aime encore moins quand on se donne en spectacle. On fait au moins une trêve ? Sa voix est calme, mais ce n’est pas cela qui me calme moi. Ce qui me force à me calmer c’est que je sais qu’il a raison. Ce n’est pas en ce disputant qu’on va la retrouver.

« D’accord. » finis-je pas répondre en décroisant les bras pour les laisser retomber bruyamment le long de mon corps.

Je détourne cependant le regard. Je suis toujours furieuse contre lui, mais il a raison. Soupirant, je me passe une main dans les cheveux en tentant de ne pa spasser ma colère sur lui. C’est pas le moment. Au pire je me défoulerai sur Elyse. Non, ça non plus c’est pas une bonne idée, je le sais. Cela dit, comme j’aurais les nerfs à fleur de peau, je me doute déjà que je vais à nouveau m’engueuler avec elle si c’est moi qui la trouve en premier. Regardant Nathan à nouveau je propose :

« Je crois qu’il voudrait mieux qu’on sépare les recherches. Elle est probablement au centre neutre, tu devrais aller y jetter un oeil. de mon côté je vais retourner à la maison et l’attendre la au cas ou elle choisirait de revenir. » Proposais-je.

Une fois d'accord, je lui souris doucement avant de commencer à m'éloigner en prenant la direction de la maison en espérant y retrouver Elyse là.