Depuis la discussion qu'elle avait eue avec Théa, les choses s'étaient accélérées. Sans grande surprise, la Seconde avait su saisir l'urgence de la situation. Dans un cas pareil, il aurait été malvenu de laisser traîner les choses. La vilenie et la fourberie avaient trop longtemps pu se déplacer sans  résistance, en toute impunité sur leurs propres terres. L'histoire n'avait pas été rendue public pour autant. Il y avait des informations qu'il valait mieux garder pour soi, dans un premier temps tout du moins. C'était la décision qu'elles avaient prise d'un commun accord. Elles agissaient donc, mais en secret, dans la discrétion qu'elles avaient toutes les deux apprivoisée depuis longtemps. Une discrétion que Lizzie aurait du connaître, dont elle aurait du se méfier. Elle avait été sa binôme et pourtant, malgré tout ce temps passé ensemble, malgré tout ce que la vipère avait accepté de dévoiler, elle avait osé fauter. Elle avait trahi. Et si James haïssait les mauvais payeurs du plus profond de son être, il n'y avait rien de pire à ses yeux qu'une traître. James allait rivaliser d'imagination pour traiter sa future ex-binôme. Seulement, elle n'en était pas encore là. Avant ça, il fallait trouver des preuves, toujours plus, à ajouter à son dossier. Coupable, elle l'était, elle en mettrait sa main à couper. Non, il fallait des preuves, des indices, toutes choses utiles à deviner jusqu'où la jeune femme avait été dans sa félonie. Commencer par fouiller sa demeure était un début.

Le soleil ne s'était même pas encore tout à fait levé quand James, accompagnée par deux membres, avait rejoint la maison qu'occupait Lizzie. Les deux membres devaient attendre à l'extérieur, surveiller les horizons et noter le moindre comportement suspect. Lizzie pouvait avoir des complices après tout. A l'intérieur, James fouillait chaque recoin de l'habitation, s'assurant de replacer chaque objet à sa place d'origine, imprimant le décor à la recherche d'indications pouvant la mener à une planque secrète, à quelque chose lié aux aigles. Elle avait déjà ramassé le katana offert par Annabella (nouvelle preuve de son incompétence) mais rien d'autre n'attirait son attention. Il était temps qu'elle use de son Joker. Rouvrant la porte d'entrée, elle chercha l'une des membres du regard. Il s'agissait de Yulia. La brune avait fait parler d'elle pour avoir été nommée à la Traque. Elle était la binôme de Dalia. Et elle était encore en vie et saine d'esprit malgré cela, ce qui était plutôt un bon ou un très mauvais signe, tout dépendait du point de vue. Si James avait eu du respect pour la tireuse, il s'était évaporé dès sa petite altercation à l'annonce de l'état d'Annabella. Une tireuse qui perdait si vite ses moyens ne méritait même pas de finir comme nourriture pour rats. Mais ce qui intéressait James n'était pas le rapport qu'elle entretenait avec sa binôme. Non, il s'agissait plutôt de ses origines. Elle savait que Yulia n'était pas native du clan, elle venait de chez les jaguars et c'était sur ce point-là qu'elle comptait aujourd'hui. « Yulia ? », l'interpella-t-elle rapidement. « Tu pourrais entrer ? J'aurais besoin de ton aide pour quelque chose. » Si elle y mettait les formes, il ne s'agissait pourtant pas d'une demande qui laissait place à une refus. Toutes deux n'étaient que de simples membres, James en avait bien conscience. Seulement, elle avait pris la tête de cette opération et comptait bien la mener à bien. Laissant passer la patrouilleuse, James referma la porte derrière elles. « Comme ça, sans réfléchir, est-ce que tu vois quelque chose d'étrange ? », commença-t-elle directement en ouvrant ses bras, comme pour désigner tout l'espace qui les entourait. « Ou quelque chose de familier. » Parce qu'il était bien là, son problème. James était une native, une sang pur. Elle avait énormément d'informations sur son clan, sur ses soumis, sur ses membres. Mais elle ne pourrait jamais avoir le regard d'une non-native. Elle ne pourrait jamais déceler la trahison derrière la nostalgie et l'attachement à un simple jouet en bois. Elle ne le lui avoua pas dans un premier temps. Il fallait garder le secret, toujours. Elle ne lui révélerait des informations que si elle le jugeait nécessaire et uniquement après s'être fait une idée réelle de la jeune femme.