Let's have fun

Shiloh & Kaiden

jour 8, nuit
Nous étions peu à fouler le sol en-dehors des frontières de nos clans respectifs, que ce soit lors de la Traque ou en ce jour. Et l’atmosphère avait quelque chose de lourd et de pesant. La Traque et ses conséquences inattendues – de ce qu’on en disait en tout cas – avaient forcé les quatre clans à fermer un jour de plus leurs frontières. C’était surprenant de par sa rareté. Je n’eus pas l’occasion de constater ce qu’il était réellement du centre neutre puisque ce n’était pas sur mon chemin. Je n’étais pas assez folle que pour aller au-delà de ma zone de travail. Je ne voulais surtout pas avoir à me justifier à ce niveau-là. Si ni Violette ni Thalia ne nous avait expliqué ce qui mettait les Chefs dans cet état et si ni Samuel ni Jayden ne trouvaient bon de partager de telles informations, je respectais ce choix. Même si je n’approchais pas du lieu interdit, je sentais que c’était morbide même de là où j’étais. Les autres gardiens n’étaient pas bavards. Je ne l’étais pas, c’est sûr. Je ne parlais jamais pendant des heures, ni pour rien dire, c’est un fait. Mais eux… Je ne sais pas, ils avaient l’air particulièrement tendus. Pas que je ne m’inquiétais même pas un peu, disons que ma curiosité était piquée à vif et que je me demandais aussi ce qu’il se passait mais j’ai été éduquée à la dure, à la Dragonne : je ne pleure pas, je ne montre pas mes inquiétudes et je prends sur moi. Toujours prendre sur soi. Et quelle image je donnerais aux autres clans si je me montrais faible ? Quelle image je donnerais de mon père. Bon, en l’occurrence, ils ne connaissaient pas mon père et même si je donnais son nom, ils ne sauraient pas qui il est, malgré son prestige au sein des miens.

La garde fut lourde. La garde fut longue. C’était la fin de la journée, le soleil n’était déjà plus là. Il faisait frais et ce n’était pas plus mal. J’étais rentrée tard sur le territoire et je n’avais pas franchement envie de dormir. J’avais encore beaucoup trop de questions concernant la Traque que j’avais à peine ressentie depuis les entrepôts la veille et la fermeture des territoires. Sans parler de l’ordre donné ce matin même par Jayden. D’ailleurs, je ne savais toujours pas quoi penser de Jayden si ce n’est qu’il ne semblait pas faire de faux pas depuis qu’il était arrivé à ce poste de Second. Et pourtant, c’était une période de crise même pour les Dragons. Peut-être que même un natif était capable de gérer de telles responsabilités. Mon père était encore plus sceptique que moi. Il y avait de quoi. De mon côté, je le surveillais sans trop lui cracher dessus. Etrangement, j’étais soft. Etrangement, j’attendais d’en savoir plus. Je ne l’avouais pas pour autant pas devant les autres et certainement pas devant mon père. Ne sachant fermer les yeux et bouillonnant de questions et de frustration, je faisais les cent pas, mes parents dormant heureusement.