This is not the place that is important,
but how you feel about it.
Année 41.  ST1.
4 jours après la fête de l'Orage.
Tôt le matin.
Zone industrielle. Entrepôt.

C'était un bon matin. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas dit ça. Mais oui, c'était un bon matin. Enfin. Autant qu'un matin d'Axel pouvait l'être. Il n'avait pas fait de cauchemars. Ce qui devait sans doute faire plusieurs années. Il prit le temps de se réveillé en restant allongé dans son lit. Le soleil naissant filtrait au travers de son rideau et lui étira les bras au dessus de sa tête, incapable de freiner le léger sourire en coin qui lui étira les lèvres. Ses épaules craquèrent et il bailla un bon coup avant de se lever définitivement. Ax' se passa un linge humide sur le visage, brossa ses dents et s'habilla en chantonnant tout bas.

Ce fût sans doute le propre son de sa voix qui le tira de sa joie ensommeillée. Il s'arrêta et l'instant flotta. Déglutir fût particulièrement difficile par la suite. Pourquoi se permettait-il d'être heureux soudainement ? Pourquoi aurait-il le droit ? Tim lui n'aurait plus jamais le droit d'être heureux. Alors pourquoi lui, cause de sa mort, aurait-il plus le droit ? Ne s'était-il pas promis à lui-même de ne pas laisser les autres s'approcher de lui ? L'angoisse soudaine le prit à la gorge et il resta les bras en suspend le regard dans le vide.

Toc toc

Le son le fit sursauter et la tête de Gaspard apparut dans le cadre de porte. Son frère fronça les sourcils et le blond lui répondit d'un haussement d'épaules le regard vers le sol. Son cadet entra et lui tapa doucement sur l'épaule avant de s'asseoir sur le lit du Gardien. Ax' termina de se vêtir et s'installa à côté de son petit frère.

- Tu devrais pas faire ça.
- Je sais... Mais je peux pas m'empêcher de penser à lui.
- C'est pas ta faute. Souviens toi en. Aller maman à fait nos sacs, moi j'ai un entrainement, on fait le chemin ensemble ?
- Ouais. Aller vas-y je te rejoins.

Gaspard hocha la tête. La porte se referma sur lui. Si seulement... Non. Il ne voulait pas que les autres le sachent... La douleur de la perte était déjà bien assez, sans qu'en plus le fait de savoir qu'un autre des leur en était la cause vienne rouvrir les plaies qui avaient déjà du mal à cicatriser.

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L'écritoire en main, il recompta les caisses pour être certain de ne pas se tromper. Les pensées du matin avait filer et s'était évaporer comme de l'humidité au soleil quand il avait prit le chemin de l'entrepôt. Le bruit du moteur lointain ne le sorti pas de sa concentration. C'est plutôt les paroles des ravitailleurs qui le tirèrent de son décompte. Il donna quelque instructions au membre du clan qui étaient entrés et sorti à l’extérieur quand sa collègue du jour l'appela. La dragonne lui tendit la feuille des rations supplémentaires voulues et il les nota sur le formulaire. Les pas lui firent lever la tête en direction de leur origine. Si la peur de blesser Syd en l'ayant laisser s'approcher de lui continuait de lui tourner dans la tête auparavant de le voir venir vers lui avec ce sourire si éclatant... Eu tôt fait de faire disparaître le tout.

Mais cette étreinte lui tordit les entrailles et ne fit que renforcer cette maudite impression qu'il n'avait aucuns contrôle sur ce qu'il ressentait. Et bien qu'ayant eu le temps d'y penser, Axel avait plutôt préféré procrastiner sur le sujet.

- Hey. C'est toi qui s'occupe des listes aujourd'hui à ce qu'on m'a dit ? J'ai regardé vos demandes de surplus pour les malades et c'est ok. J'ai assez de caisses, même pour les autres clans. Viens je dois revérifier avec toi que tout y est.

Mais, il n'avait pas le temps de penser au bordel d'émotions qui tentait de prendre le dessus dans son esprit et de nouveau il remit le sujet en arrière plan avec mention à traiter plus tard. Le boulot devait être fait et l'Aigle étant fier de son poste tenait à bien faire les choses... Malgré cette espèce de tension qui flottait entre eux et à laquelle il ne voulait donner d'explications encore.

Le léger changement de traits sur le visage de son interlocuteur l'informa de sa déception. Bien sûr, l'Aigle avait parfaitement entendu sa question. Et l'avait totalement et volontairement ignoré. Parce qu'il ne voulait pas subir les regards de l'autre Gardienne qui le regardait un peu de travers tellement cette soudaine entente entre le duo qui, quelques temps plutôt se hurlaient dessus, semblait absurde. Une fois seuls, Axel s'éclaircit la gorge et son corps se détendit légèrement.

- Désolé, je bosses avec la pire commère du monde... Donc pour répondre à ta question, ouais ça va autant que ça peut. Et toi ? Tu te sens mieux ?

Une réelle lueur d'inquiétude passa dans son regard, comme une étoile filante dans un ciel nocturne. Et en attendant une réponse, il s'approcha de Syd et regarda par dessus son épaule. Il montra son écritoire et une note sur la feuille du Jaguar. Leur proximité était enivrante pour l'Aigle qui tentait de ne pas paraître trop étrange dans son attitude. La lecture de la feuille du brun continua de la sorte. Axel presque collé contre le dos du félin et ses doigts effleuraient parfois ceux de son cadet. Il tirait un trait à côté de chaque caisse qu'il rencontrait sur sa propre liste et appréciait inconsciemment cette distance et l'odeur plaisante que son interlocuteur avait.

- J'ai pris l'habitude de lire cette écriture. J'écris pas vraiment mieux...Alors hein.

C'était un peu inédit pour lui. Le blond ne savait plus comment réagir, agir, se sentir lorsque le Jaguar se trouvait près de lui. C'était une ivresse sobre presque plaisante, presque puisque le plus vieux ignorait un peu comment gérer ses sentiments. Et bien qu'il ne cessait de se dire qu'il y penserait plus tard, les idées, elles, n'en faisaient qu'à leur tête en revenant sans cesse sur l'avant scène.

- Euhm tout me semble là... Et hm... Sinon, tu voudrais faire un truc bientôt ?

Dire que ses oreilles étaient devenues rouges étaient un euphémisme, mais il avait envie de le voir et pas dans cette situation où il était important de faire attention à leur comportement pour éviter des ennuis à Syd et s'en éviter à lui aussi. Il se recula un peu et passa une main dans ses cheveux pour dégager les mèches trop longues qui lui tombaient dans les yeux.