On ne pouvait pas dire que Jackson avait une relation privilégiée avec sa mère. Non. Elle ne la voyait que de temps en temps. Et ces entrevues se faisaient de plus en plus espacées l'une de l'autre. Jackson les appréciait de moins en moins. Elle les trouvait extrêmement gênantes. Les efforts de sa mère la mettaient mal à l'aise. Les petits mots doux, toutes ces marques d'affection la perturbaient. Jackson trouvait ça idiot. Comme si elles avaient un jour été autre chose que des étrangères l'une pour l'autre ! Il était trop tard pour tisser une relation mère-fille digne de ce nom. Surtout quand Jackson ne jurait que pas son père. Son père, son héros. Elle avait tout pris de lui. Du mauvais caractère à la brutalité létale. De sa mère, elle n'avait pris que la faiblesse, cette manie idiote de vouloir plaire à tous prix. Sauf que sa mère y parvenait. Jackson tenait trop de son père pour ça. C'était peut-être mieux. Elle s'évitait des ennuies comme le répétait Milo. Des ennuies, c'était exactement ce que ce crétin de chair à pâté non-natif était en train de s'attirer. Cela faisait plusieurs mètres qu'il lui parlait. Non, qu'il la harcelait plutôt. Plusieurs mètres que Jackson réfléchissait à la suite des opérations. Elle pourrait céder. Pour une fois, quelqu'un semblait s'intéresser à elle. Mais désespérée à ce point, elle ne l'était pas. Alors elle ne niait. Esquivant savamment chaque tentative de contacte. Ce crétin devait ignorer qui elle était. Tant mieux pour elle. Elle allait pouvoir insuffler en lui le malaise qu'elle venait de vivre en sortant de chez sa mère. Et ça lui ferait un bel échauffement avant de retrouver son père pour s'entraîner. Jackson s'arrêta en pleine rue, le forçant à s'arrêter aussi. Sourire radieux aux lèvres, elle porta enfin attention à son harceleur. Je vais être gentille, je te laisse cinq minutes pour courir le plus loin possible de moi, lui dit-elle énergiquement. Voyant l'air ahuri du déchet, Jackson se montra plus explicite. Elle attrapa son arc (celui de son père) et fit mine de viser. Allez, cours !, ajouta-t-elle en lui montrant son poignet. Quelques secondes de plus et il remarqua qu'elle n'était pas une non-native. Quelques secondes encore et il tourna les talons, se mettant à courir. Le sourire de la blonde s'étira. Elle se mit à chantonner, se délectant de l'instant. Plus loin, encore plus loin !, hurla-t-elle à l'attention du fuyard. Quand elle jugea lui avoir donner assez de corde, assez pour qu'elle y trouve au moins un minimum d'intérêt, elle attrapa trois flèches qu'elle aligna sur sa corde. Elle banda l'arc, visa...et les flèches volèrent. Au loin, le corps tomba. Touché, coulé !, chanta-t-elle en filant jusqu'au corps. Avec plaisir, elle constata que les flèches s'étaient plantées dans une ligne continue, longeant la colonne vertébrale de la victime. Bas du dos, milieu, nuque. Aucune chance de survie pour cet idiot. Mais il n'était qu'un chair à pâté, non-natif. Et elle était la fille de son père.