All these lies are history

Le gamin fait une moue qui vaut le coup d’œil. Il s'est planté devant toi au milieu d'une rue et te fusille de ses grands yeux bruns. Tu as réellement l'impression qu'il est en train de te dire avec son regard de ne pas se ficher de sa poire. Billy est un jeune Jaguar dont la maman est à l'hôpital pour la fin de sa grossesse que tu as accepté de prendre avec toi au passage vu que tu devais aller faire ton check-up. Tout s'était bien passé jusqu'ici mais alors que tu racontais une histoire, il s'était soudainement arrêté. Et maintenant tu te tenais devant lui sans trop comprendre ce qui l'avait fait réagir de la sorte. Tu étais tranquillement en train de lui parler de choses que tu avais vues durant ton grand voyage avec la Troupe. Et plus précisément de ce jour où vous étiez tombé sur une énorme carcasse de métal. Les gens qui y avaient trouvés abri vous avaient expliqué à quoi ce géant servait dans le passé. Au début personne ne les avait cru mais bien que leurs histoires semblaient magiques ils avaient un livre pour prouver que tout ça n'était que la stricte vérité. Comme quoi un apparent mensonge pouvait cacher la vérité et... Oh !

EZEKIEL – Non mais je te jure que c'est vrai Billy.
BILLY – Te moque pas de moi. J'suis p'têt petit mais j'suis pas bête. On peut pas aller dans le ciel comme les oiseaux.
EZEKIEL – Moi aussi j'ai eu du mal à le croire au début mais c'est vrai. Les gens qui vivaient ici avant nous avaient construits des machines qui leur permettaient de s'élever dans le ciel pour voyager plus vite. Elles étaient très longues avec de grandes ailes.

Tu mimes les ailes avec tes bras et tu te met à courir dans la rue en faisant un bruit de moteur comme ce type l'avait fait alors que tu n'étais encore qu'un mioche tout comme Billy. Ce dernier te regarde bizarrement au début mais il finit par rigoler et par te rejoindre dans ta course folle dans la rue et vous jouez aux avions, ces grandes bêtes de métal que personne ici ne doit réellement connaître mais ce n'est pas grave. Si le ridicule tuait, tu serais déjà mort et enterré.

J'avais fini ma tâche depuis belle lurette et je crois pouvoir affirmer sans me tromper que cette fois, Mina, Adèle et Anissa étaient parties avec ma partie du ravitaillement. Ça n'arrivait pas souvent, pas souvent du tout même mais elles m'avaient perdu en cours de route. Oh, pas dans le sens propre. Disons qu'elles avaient remarqué que j'étais préoccupée par toute autre chose. Encore une fois, j'étais perdue dans mes songes. C'est sûrement ce qu'elles ont dû penser quand elles m'ont vue ralentir le pas. C'était peut-être parce que j'étais la seule de nous quatre à entendre un bruit qui venait d'un peu plus loin dans le centre neutre déjà. Un bruit quasiment imperceptible, du moins pour ceux qui n'étaient pas suffisamment sensibles aux détails, ceux qui tracent leur chemin sans trop se poser de questions. Je les avais remerciées rapidement, sans prêter davantage attention aux politesses, elles y étaient habituées depuis le temps et si nous n'étions pas les plus proches amies, elles étaient de celles qui ne me regardaient plus ni de haut ni bizarrement parce que je fonctionnais comme je fonctionnais. « C'est Rose. », voilà ce qu'elles disaient, sans méchanceté, aucune.

C'est comme ça que j'avais atterri là. Ces bruits surprenants, bruits provenant d'hommes et non d'objets – quel objet pourrait produire un tel bruit de toute façon ? – m'avaient attirée telle une enfant beaucoup trop curieuse. Je savais pertinemment que ce défaut pourrait m'occasionner un tas d'ennuis, un jour. J'ai beau être observatrice, je ne pourrai pas toujours me sauver la peau. Qu'à cela ne tienne, je me retrouvais devant un spectacle fort amusant. Un homme semblait faire le pitre, suivi directement par un petit garçon. Tous deux souriaient, le petit riait aux éclats. Bref, ils s'amusaient parfaitement. De temps en temps, le garçon criait « Je suis un avion. ». Leur joie de vivre fut si communicative que je me mis à sourire à mon tour. Chez les Vipères, très élitistes dans leur genre, on n'avait pas si souvent de telles scènes. J'avais l'impression qu'une vraie complicité les liait. Je pouvais me tromper, mais au moins, ils s'entendaient plutôt bien. C'est peut-être ce qui me bloqua sur place. Je ne songeai pas une seconde à m'en aller. J'avais peut-être l'air d'une potiche ou d'une fille impolie, c'était plutôt légitime. Pourtant, je décidai de jouer les impolies jusqu'au bout tant qu'à faire. « Un avion ? Qu'est-ce qu'un avion ? », comme si je voulais, moi aussi, faire partie du petit jeu qui se déroulait sous mes yeux. J'ouvrais enfin la bouche. Je me montrais enfin franchement. Pas certaine qu'ils le prennent aussi bien que moi.

Si Billy a été un peu frileux au départ, rien ne le retient plus désormais. Il court, il bourdonne, il clame qu'il est un avion pendant que toi tu continues avec ton bruit de moteur. C'est drôle et ça te détend. Les enfants te détendent toujours. Ils t'ont aidés à ta sortie de l'hôpital. Sans eux tu ne serais peut-être pas redevenu celui que tu étais avant tout ça. Alors tu savoures avec bonheur les moments passés avec eux. Ton environnement ne compte pas beaucoup. C'est idiot, le centre neutre n'est pas sans danger après tout mais tu joues les optimistes. Tu n'es pas utopiste, juste optimiste oui. Au pire, ton arme est coincée à ta ceinture et tu n'auras qu'à dégainer. C'est dangereux mais tu n'y penses pas vraiment. Parfois il faut savoir vivre dangereusement à un tout petit niveau. « Un avion ? Qu'est-ce qu'un avion ? » Alors bien sûr quand quelqu'un s'exprime, tu es surpris. Tu t'arrêtes net et tu portes la main à la crosse de ton revolver de façon préventive pendant que Billy continue de tourbillonner. La fille qui se trouve dans la rue ne semble pourtant pas venir avec des intentions hostiles. Et elle a un sourire et elle est curieuse. Tu l'observes un instant avant de laisser tes deux mains revenir le long de ton corps. Tu es toujours un peu sur tes gardes mais pas sur le point de dégainer pour autant. Prudent mais pas méfiant. C'est généralement comme ça que tu essayes d'agir avec les autres parce que si on se méfie de tout, on finit par passer à côté de rencontres formidables. Donc tu vas répondre à la question qu'elle a posé parce qu'après tout tu n'es jamais contre le fait de partager tes histoires. Ça te plaît même. « C'est comme une très grande voiture qui permet d'aller dans le ciel. » Elle ne ressemble pas à une Libre donc tu supposes qu'elle doit savoir ce qu'est une voiture. Chaque clan en a au moins une d'après ce que tu sais. Pour autant cette description est très basique alors tu t'accroupis dans la poussière et avec ton doigt tu commences à tracer grossièrement les contours d'un avion. Le nez, le corps, les ailes et la queue. Ce sera sûrement plus clair comme ça. « Nos ancêtres voyageaient comme ça. En volant. »

J’oubliais souvent dans quel monde je vivais : un monde où la survie est le maître mot et où l’on a tendance à se méfier de tout le monde. Ce qui est relativement logique sinon comment survivons-nous ? Et à nouveau, plongée dans mon monde à part, un monde étrange et hors du temps, je m’étais approchée de personnes qui m’étaient totalement inconnues pour en savoir davantage en ce qui concerne l’objet de leur discussion. Dans ce cas-ci, il s’agissait d’un « avion ». Quelque chose d’amusant à en croire le petit jeu qui se déroulait sous mes yeux. Enfin, le petit jeu qui fut rapidement interrompu par ma seule présence et mon état d’esprit encore trop insouciant. Il y a fort à parier que cet homme m’ait trouvé aussi mature que le petit garçon avec lequel il était occupé jusque-là. J’étais une véritable enfant. Malgré mon âge et mon statut de Membre chez les Vipères, j’avais réussi à garder une âme d’enfant. Je m’émerveillais littéralement devant tout. Cet émerveillement plaît ou ne plaît pas mais, apparemment, c’est ce qui a toujours fait mon charme. Et pourtant, j’en ai vécu des choses pas évidentes. Néanmoins, j’avais franchi les limites de leur intimité et m’étais imposée sans vraiment m’en rendre compte. Alors, qu’il approche sa main de son arme n’avait rien de surprenant, au contraire. Mais même ça, ça semblait me passer complètement à côté. Leurs gestes particuliers avaient bien plus d’importance pour moi à ce moment-là. « Une très grande voiture ? » Même dans ma voix on entendait ce petit détail, cette curiosité qui ne demandait qu’à être assouvie. C’est certain, je n’étais pas venue en ennemie, juste en grande curieuse et pourquoi pas en nouvelle participante de ce petit moment ludique. J’omettais simplement de dire tout ça parce que ça me semblait clair.

Heureusement pour moi, cet homme coopérait davantage. Il avait dû comprendre ce que je n’avais pas mis en mot. Il devait lire en moi. Oh, j’avais pu remarquer, moi aussi, qu’ils n’étaient pas méchants. Sinon, je ne me serais sans doute pas approcher. Enfin, pour le coup, si. J’avais été invitée par cette histoire magique et j’en avais complètement zappé mon observation. Ou, tout du moins, j’avais été moins observatrice. Quoi qu’il en soit, je mangeais goulument ses paroles. J’étais en totale admiration de ses connaissances. Il était mon dieu du jour. Un chouette dieu, d’ailleurs ! Je regardais son dessin et des étoiles naissaient dans mes yeux. « Waouw ! Ils sont magiques ! » Je rivalisais vraiment avec le petit garçon niveau mentalité, pour le coup. « Dis, en plus d’en dessiner, tu sais fabriquer des petits avions avec du matériel laissé de côté ? » Il y avait peu de chance pour que je tombe sur « le gars » qui me fabriquerait mon avion mais j’aimerais tellement que ce soit le cas. « Comme ça, je pourrais montrer ça aux autres. » J’ai toujours aimé faire part de mes nouvelles découvertes aux autres, que ce soit Théa ou d’autres filles du clan. Parfois même à des gens curieux comme moi que je croisais grâce au hasard. C’était ma fierté. Je ne suis pas quelqu’un de bête. C’était un peu ce que je voulais rappeler. Je suis différente mais pas plus faible ou stupide. Je l’avais compris à force de discussions avec Théa.

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« Une très grande voiture ? » Tu as beau être plus vieux qu'elle cette fille doit bien avoir dix-huit ans c'est donc étrange de la penser adorable. Elle dégage un petit quelque chose de candide à la façon de Billy qui a cessé de faire l'avion pour écouter le supplément d'informations. A la différence de l'enfant, elle témoignait néanmoins d'une curiosité avide. « Une très, très grande voiture. En fait on aurait probablement pu mettre trois ou quatre voitures à l'intérieur. Peut-être plus. » La structure t'avait semblé gigantesque mais elle n'était pas entière et enfoncée dans le sol, difficile donc d'avoir une idée vraiment précise. Mais c'était énorme, ça c'était sûr. Le dessin même minimaliste fit son petit effet sur l'assistance. Si juste ça lui faisait briller les yeux c'était à se demander comment elle aurait réagis en voyant l'avion en vrai. « Waouw ! Ils sont magiques ! » « Probablement. » Ce n'est pas un mensonge. Tu n'as jamais réellement compris comment le moteur pouvait faire flotter un tel géant. Il doit donc bien y avoir de la magie derrière tout ça. Une magie appelée technologie. « Dis, en plus d’en dessiner, tu sais fabriquer des petits avions avec du matériel laissé de côté ? Comme ça, je pourrais montrer ça aux autres. » Tu te redresses en te tapant les mains pour chasser l'excédent de poussière pendant que tu réfléchis. « Peut-être. Quelqu'un de l'usine serait sûrement plus doué mais je pourrais toujours essayer. » Surtout si ça peut faire plaisir à quelqu'un. Tu peux bien prendre le risque d'échouer pour ça. En plus l'idée qu'elle raconte l'histoire de l'avion est particulièrement amusante. En fait tu es plutôt content qu'elle ait décidé d'approcher. Tu trouves toujours triste que les adultes ne soient pas plus curieux et intéressés par ces choses qui étaient réelles par le passé. Tu comprends d'un côté. La survie prime. Mais quand même. « Tu connais beaucoup de gens qui pourraient y croire ? Parce que même Billy ici présent n'était pas convaincu au départ. » Le gamin te pousse un peu et il croise les bras sur son torse, la mine boudeuse. Toi tu lui ébouriffes juste les cheveux avec amusement car ce n'était qu'une boutade. « Tu sais où on pourrait dégoter du matos ? »

C’était surprenant de ne pas être rejetée par quelqu’un qui, en plus d’ouvrir ses bras à une inconnue, prenait carrément le temps de m’expliquer ces fameux avions. J’avais rarement eu la sensation aussi évidente qu’on m’acceptait telle que j’étais du premier regard, ou presque. C’est pour cette raison que je m’accrochais à ses explications. Au départ, le petit garçon avait l’air surprise – ce qui n’avait rien d’étonnant, d’ailleurs – mais ils avaient fini par m’accepter. J’étais rêveuse. Cet homme était tout simplement incroyable : il semblait incollable. Un véritable livre de connaissance humain. Je me demandais bien où et comment il avait appris toutes ces choses. « Ça devait vraiment être immense, alors ! » Imaginer un engin avec quatre voitures ou plus, c’était quelque chose. « Mais… Comment tu as appris tout ça ? » J’y allais toujours franchement en oubliant que j’avais la plupart du temps face à moi quelqu’un qui ne me connaissait pas et qui n’avait pas forcément envie de raconter sa vie. « Je suis désolée, ça ne me regarde sûrement pas mais j’ai toujours été curieuse de nature, trop curieuse. » Voilà que je jouais les chiens battus. On pouvait aisément m’imaginer avec des oreilles de chien baissées sur ma tête et mon regard désolé accentuait le tout.

Voilà qu’il acceptait de créer des avions, allant dans le sens de mon caprice. Décidément, il était drôlement bon. Peut-être trop ? J’abusais déjà de lui et pourtant, je ne parvenais pas à faire marche arrière. « Je ne sais pas si tous ceux de mon clan seraient intéressés mais peut-être bien les quelques personnes qui m’écoutent. » C’était déjà un réel exploit, qu’on m’écoute, justement. « En général, ces personnes ont de la jugeote, en plus parfois de muscles. Pas juste des muscles ou de la technique. » Théa me l’a répété une centaine de fois, quand j’appréhendais encore le Test. Je l’ai enregistré en moi. Je ne suis pas faible. J’ai de la jugeote. « Oh oui ! Je connais un endroit merveilleux pour ça, une véritable caverne aux merveilles ! Bon… Celle qui occupe les lieux a son caractère mais ce n’est pas un monstre. Elle est juste… elle. Mais c’est un véritable génie qui pourra nous aider ! Suis-moi ! » Je prenais déjà le chemin direction le territoire des Vipères et l’antre de la blonde du nom de Gaëlle, notre Armurière.

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« Ça devait vraiment être immense, alors ! » « Plutôt oui. Tout notre groupe a logé à l'intérieur en plus des habitants eux-même. » « Mais… Comment tu as appris tout ça ? » La question te surprends un peu. Habituellement les gens ne sont pas si curieux. C'est à peine si les adultes s'intéressent à tes histoires alors savoir d'où elles te viennent... Mais cette fille veut savoir et ça te réjouit. « Je suis désolée, ça ne me regarde sûrement pas mais j’ai toujours été curieuse de nature, trop curieuse. » Tu rigoles un peu devant sa bouille. A l'entendre on dirait que c'est une mauvaise chose mais toi tu trouves ça très bien. « Non, non, t'en fais pas. J'ai pas mal voyagé quand j'étais gamin et les Libres ont beaucoup de choses à raconter si tu es prêt à les écouter. Souvent ils sont plus vieux et ils ont vu tellement de choses qu'ils sont de véritables mines de savoir. Les gens de l'avion avaient des livres. Ils nous ont montrés des images et nous ont racontés ce qu'il y avait à l'intérieur. A l'époque mon niveau de lecture n'était vraiment pas brillant. » Tu te frottes la nuque, un peu gêné par ce fait mais ton sourire est toujours bien présent.

« Je ne sais pas si tous ceux de mon clan seraient intéressés mais peut-être bien les quelques personnes qui m’écoutent. En général, ces personnes ont de la jugeote, en plus parfois de muscles. Pas juste des muscles ou de la technique. » Tu ne sais pas à quel clan elle appartient mais ils ont l'air d'avoir un point de vue plutôt musclé pour la plupart. Vu que tu ne sais rien de cette histoire tu préfères éviter de trop relever pour ne pas envenimer une situation. Mais tu peux comprendre. Même chez les Jaguars où beaucoup sont ouverts, il y a des cas qui ne pensent qu'à la castagne et à la force de la violence. Tu en connais plus d'un qui a rigolé de toi et de ton attitude plus pacifiste des choses. Il y a aussi ceux qui ne comprennent pas pourquoi tu perds ton temps avec les gamins alors que tu pourrais occuper ton temps libre avec autre chose. « Oh oui ! Je connais un endroit merveilleux pour ça, une véritable caverne aux merveilles ! Bon… Celle qui occupe les lieux a son caractère mais ce n’est pas un monstre. Elle est juste… elle. Mais c’est un véritable génie qui pourra nous aider ! Suis-moi ! » Pardon ? Tu ne comprends pas exactement comment toute cette histoire en est arrivée là. Un peu perdu, tu la regardes qui s'éloigne déjà. Bien sûr que cette caverne aux merveilles t'intrigue mais tu te demandes un peu dans quoi tu t'embarques. Tu ne la connais que depuis quelques minutes et, en plus, tu ne sais absolument où elle veut concrètement t'emmener. Mais tu n'es pas le seul curieux. Billy commence à te grimper sur le dos et tu glisses par réflexe tes mains sous ses jambes pour le maintenir alors qu'il enroule ses bras autour de ton cou, t'exhortant de te mettre en route. Bon. Si c'est comme ça. « Attends moi. » Tu cries rapidement avant de te mettre à trottiner avec ton chargement pour la rattraper. « Où est-ce qu'on va ? »

J’ai vraiment beaucoup de chance d’être tombée sur un homme qui ne me fuit pas même quand je lui offre un interrogatoire comme celui-ci comme premier échange. Beaucoup auraient foncé à la première occasion mais lui, non. Il n’avait même rien contre cette curiosité maladive qui me caractérisait. J’étais vraiment admirative de toute cette connaissance qu’il avait accumulée avec le temps, admirative de cette chance qu’il avait eue de croiser la carcasse d’un de ces avions et d’y avoir vécu un moment. Quelque part, je rêvais d’avoir quelqu’un dans son genre dans notre clan. Une personne de référence, une personne qui peut vous apprendre tous les secrets de Paris et des alentours, de notre société et de celle des hommes des étoiles. J’avais le même regard que ce petit Billy, attitude que j’assumais complètement par ailleurs. De toute façon, si ce n’était pas le cas, c’était trop tard pour changer les choses et l’impression qu’il pouvait avoir de moi. « C’est dingue ! Qu’est-ce que j’aurais aimé découvrir ces avions et les gens des avions. Je suis jalouse ! Il faudra que je te revoie plusieurs fois pour que tu m’apprennes tout ce que tu sais. Quand je ne travaillerai pas, évidemment. Mais je suis prête à t’écouter à chaque fois que je le peux. » Je n’avais effectivement pas peur de prendre sur des jours de repos pour apprendre des choses aussi intéressantes. C’était autre chose que de perdre son temps à se bagarrer. Et, assoiffée de savoirs, quelqu’un dans son genre, c’était un cadeau tombé du ciel. Je ne comptais plus le lâcher, enfin, tant qu’il l’acceptait. « Enfin, si tu le veux aussi… » Enthousiaste, j’oubliais qu’il ne me connaissait pas et qu’il n’avait peut-être pas envie de me supporter tous les jours.

Et mon entrain le perdit encore plus quand je décidai de rejoindre rapidement la fameuse caverne aux merveilles dirigée par Gaëlle, notre Armurière. Je me rendais bien compte que c’était risqué d’amener un inconnu sur le territoire mais malgré ça, je ne pouvais me sortir de la tête l’idée de faire rencontrer quelqu’un qui en sait tellement et la blonde ingénieuse qui invente tous les jours quelque chose de nouveau. C’était une occasion rêvée, une occasion qui ne se présenterait certainement pas tous les jours. Si on me prenait sur les faits, je savais déjà quoi répliquer. Je m’arrêtai une seconde, après l’avoir entendu crier, me demandant d’attendre. Je voyais le garçon sur ses épaules et je souris. Au moins, il me suivait sans broncher. « Ah oui, j’ai oublié de le préciser. On va retrouver Gaëlle, notre Armurière. » Comment ça je ne précisais toujours pas le territoire ? Ce n’est qu’un détail. Je marchais rapidement, sachant qu’on devait marcher un moment avant de retrouver rien que l’entrée du territoire et encore un peu plus pour retrouver Gaëlle qui devait sans aucun doute se terrer dans l’Armurie. « Elle adorerait pouvoir tenter de construire un de tes avions en plus petit. » Je souriais, excitée à l’idée qu’ils puissent se rencontrer, excitée par cette aventure. « Tu veux bien, n’est-ce pas ? » Du côté de notre dingue des armes, tant qu’on amenait quelque chose d’intrigant, elle ne refusait jamais rien. Je regardais de nouveau droit devant moi, histoire d’arriver le plus rapidement possible dans l’antre de la bête curieuse.