Yulia VIPERES DE L'OUEST ㄨ MEMBRE
❖ Messages : 1315 ❖ Crédits : faust (avatar) ; grumpy sid (signature) ❖ UN SOURIRE POUR LA PHOTO ? : ❖ ÂGE DU PERSONNAGE : 20 ans ❖ TÂCHE : Patrouilleuse ❖ BINÔME : Dalia
| Sujet: Thoughts of you consume (oneshot) Mer 6 Avr 2016 - 0:01 | |
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Thoughts of you consume (oneshot) année 41 (ST1) - jour 10 (matin) Durant les premières secondes suivants son réveil, un calme étrange avait régné. Comme d'habitude, elle s'était légèrement déplacée, ses doigts s'étaient accrochés à la couverture rugueuse pour la faire remonter sur son épaule et elle avait enfoui son visage un peu plus profondément dans son oreiller. La lumière était légèrement dérangeante malgré ses paupières closes, mais c'était une pensée qu'elle avait chaque matin. Tout était normal. Elle se réveillait doucement, redécouvrant les douleurs laissées par la traque. Elle prit une légère inspiration et ouvrit les yeux. Il lui fallut quelques instants pour les laisser s'acclimater à la lumière, mais rapidement elle pu se faire une idée de l'heure en voyant à quel point le soleil était haut. Il devait être proche du zénith. Yulia dormait rarement si tard. Même quand elle sortait d'une garde de nuit, elle avait tendance à sauter les grasses matinées au profit d'autres activités.
Elle resta longtemps avec les yeux fixés sur l'extérieur qu'elle voyait par la fenêtre jusqu'à ce que le sentiment de normalité disparaisse. Une pierre tomba dans son estomac et son cœur se serra. C'est arrivé. Son premier réflexe avait été de croire que ce qu'elle avait vécu la veille n'était qu'un mauvais rêve, mais elle n'avait pas pu se leurrer longtemps. Le chagrin était bien trop réel. L'air se fit plus rare dans ses poumons et elle ne pouvait même pas blâmer la douleur habituel de ses côtes. Celle-là, Yulia ne la sentait pas vraiment. C'était accessoire en comparaison de l'étau qui lui broyait la poitrine à cause de la peine. Alors que les évènements se déroulaient encore et encore dans sa tête, son souffle se hacha et les larmes lui montèrent aux yeux.
— Reprends-toi, bon sang, tu es plus forte que ça !
Mais ses réprimandes n'avaient aucun impact sur cette panique qu'elle sentait monter à l'idée que tout était fini. Elle ne pouvait pas l'accepter. La veille, Yulia s'était sentie forte dans sa décision, aujourd'hui, elle était plus faible que jamais. Un sanglot étranglé s'échappa de sa gorge et elle craqua. A nouveau. Elle avait cessé de compter le nombre de fois où les larmes étaient sorties au cours de la nuit. Elle ne pouvait pas compter le nombre de fois où elle n'avait rien pu faire d'autre que de les laisser couler jusqu'à ce qu'elles sèchent. A chaque fois, elle espérait que la source serait tarie, mais elle semblait sans fin. Presque frénétiquement, elle se redressa et fouilla le lit. La couverture fut secouée avant de voler dans la pièce, se drapant au hasard sur un meuble. Un oreiller suivit le mouvement, puis un deuxième qui révéla enfin le précieux bien recherché. Tremblante, Yulia se rallongea en serrant la chemise roulée en boule dans ses bras. Elle se recroquevilla contre le mur, le nez enfoui dans le tissu et se força à prendre de lentes inspirations. Elle était ridicule à chercher du réconfort dans la source même de sa souffrance. Elle le savait, mais c'était plus fort qu'elle. Pour le moment, c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour se calmer.
Le vêtement fit son office comme toutes les autres fois. L'odeur de Violette y était légère et elle disparaitrait bien trop vite. Yulia espérait néanmoins s'être suffisamment remise quand le moment viendrait où elle ne percevrait plus dans le tissu que son propre parfum. Avec une pointe de honte, elle craignait ce moment. Elle se trouvait ridicule. Ce parfum n'était qu'un rassemblement d'odeurs communes. Pourtant, les fragrances piquantes du métal, du feu de bois, de la sueur, de ce fond de savon et de la légèreté fruitée du jus qui avait coulé sur le col du vêtement étaient devenues entièrement Violette pour elle depuis cette matinée qu'elles avaient passé ensemble. Elle aurait probablement pu y ajouter le fer du sang, mais il n'y en avait ici pas de trace. Encore une fois, elle inspira longuement avant de se forcer à reposer la chemise sur le matelas.
Après un moment pendant lequel elle caressait distraitement les morceaux de fil dépassant aux endroits où les boutons avaient été arrachés, elle se leva finalement. Il fallait qu'elle bouge. Même si l'envie de rester enfermée toute la journée était tentante, Yulia savait que cela ne l'aiderait pas. Elle ne pouvait pas se morfondre pour le restant de ses jours et sa fierté lui soufflait de sortir de cet état au plus vite. Elle valait mieux que ça. Elle ne pouvait pas se laisser abattre tout ça parce que son pauvre cœur s'était laissé attendrir une fois encore. Une fois de trop. Sur cette pensée, elle s'habilla rapidement avant de pouvoir changer d'avis. Se préparer avait un effet positif. Les gestes étaient réguliers, usuels. Il lui permettait de se sentir un peu plus elle. Quand elle accrocha les sangles des gaines de ses dagues autour de ses cuisses, Yulia se sentait déjà un peu moins faible. Elle fourra quelques fournitures dans son sac, bien décidée à ne pas revenir ici avant la nuit. Au moment de quitter la chambre, pourtant, quelque chose la bloqua. Durant de longues minutes, elle ne bougea pas. Elle luttait contre elle-même. Pesait le pour et le contre. Finalement, elle craqua et retourna vers le lit pour attraper la chemise qu'elle enfouit dans son sac avec une once de gêne colorant ses joues.
— Tu es ridicule, ma pauvre fille, mais il faudra bien faire avec. se gronda-t-elle avant de filer sans un regard en arrière cette fois.
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