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Zola & Oz

Jour 1 - après-midi
Ce matin, nous apprenions pour Annabella. Si certaines étaient complètement chamboulées par cette nouvelle, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Enfin, si… J’étais plutôt ravie. Pas pour le clan et la situation délicate dans laquelle ça nous mettait, mais parce que cette imbécile ne méritait pas son titre de Chef. Il n’y avait qu’à voir dans quel merdier elle nous mettait en se faisant avoir de la sorte. Il fallait être complètement débile pour se jeter dans une rébellion qui ne nous concernait pas sans s’être préparé au préalable pour être certain de foutre le bordel. Du coup, elle était à l’hôpital dans le coma. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle nous laissait sans Seconde pour prendre la relève. Heureusement, il y avait encore Nora. « Mais quelle idiote cette Annamocha ! » Je n’étais évidemment plus sur le territoire quand je pestais de la sorte. Il n’y avait à mes côtés qu’un Soumis. Nolan. Il n’était pas totalement stupide pour un mec. Il connaissait sa place. Et il acceptait tous mes caprices. Avec lui, je ne jouais pas totalement la comédie. Il ne savait rien, certes, mais il savait que je n’étais pas la gentille petite fille naïve et mielleuse que je laissais imaginer auprès des autres. Cela ne voulait pas dire que je lui faisais totalement confiance ou que je l’appréciais. Disons que je le respectais. Et c’était déjà un sacré privilège. C’était sûrement pour ça qu’il n’abusait jamais. Ce n’était même pas un allié. Juste un gars qui avait le droit de traîner avec moi, de temps à autre et surtout quand j’en avais besoin. Suite à ce surnom puérile que j’avais donné à notre Chef, le Soumis souriait en silence. Je haussai les épaules, détournant rapidement le regard. Je n’attendais pas son approbation pour apprécier ce surnom comme il se doit. Je n’avais pas besoin de lui pour savoir que ce surnom lui allait comme un gant.

Nous nous rapprochions doucement de l’endroit choisi par ce chasseur hors pair. Enfin, hors pair était peut-être un poil trop d’éloges pour un mec. Disons en tout cas qu’il était doué dans son domaine et que ses prouesses étaient franchement intéressantes. De notre côté, on avait bien Gaëlle et je n’étais pas trop nulle dans mon propre domaine mais j’avais bien envie d’en savoir davantage. Ne serait-ce que pour connaître son clan et pour ramener des informations supplémentaires au clan. Je ne le faisais pas pour Annabella, on s’entend là-dessus. Je le faisais pour les Vipères en général. Je le faisais pour moi, pour James, pour la fierté de s’afficher en tant que Vipère. Tout était toujours une question de fierté personnelle que ce soit directement ou indirectement. « Tu sais ce que tu dois faire. Et ne crois pas soudainement que je suis faible. » J’étais tranchante. Même mon regard le dévorait tout cru. De son côté, il n’avait pas peur. Il restait à sa place mais n’était pas en train de stresser. Il était droit. Il hocha de la tête. Je chuchotais, sachant qu’il devait ou pouvait être dans les environs. Nous étions en plein centre neutre, loin des échoppes, plutôt dans un tas de ruines dans les alentours. « Je dois faire semblant de prendre le dessus. Nous sommes des Jaguars. » J’acquiesçai d’un mouvement de tête. Au moins, il avait cerné le principal. Quand je crus apercevoir la silhouette de notre prodige, je lui fis signe et on entama cette « dispute ». « Lâche-moi, je t’en prie ! Je te jure, je ne lui ai pas parlé. C’est lui qui s’est invité. Je ne pourrais pas te tromper. Crois-moi… Non… » Une dispute de couple, une fille qui hurlait. C’était commun. « La ferme ! » Nous hurlions, histoire de nous faire entendre. Il me tapait réellement. Il fallait que ce soit crédible. Et Nolan savait que c’était le plan. « Pitié… Arrête… Ça fait mal… » Je donnais vraiment l’impression d’être apeurée et soumise. J’étais douée pour la comédie. Je me faisais petite et je tremblais juste ce qu’il fallait.

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Zola & Oz

Nous avions beau faire un boucan de tous les diables, j’avais pu entendre quelqu’un arriver dans notre direction. Je priais intérieurement pour que ce soit ma victime du moment. Je le souhaitais du fond du cœur. Après tout, cette scène ridicule n’avait lieu d’être que dans ce but précis. Je détestais faire croire à un mâle de mon clan qu’il pouvait avoir le dessus sur moi. Heureusement, Nolan n’était pas aussi stupide que ça. Il savait bien que c’était exceptionnel et que c’était un plan, une comédie, bref, quelque chose qui ne se répéterait pas pour ses beaux yeux. Parce que oui, je le reconnaissais, il avait de beaux yeux. Mais c’était bien tout ce qu’il avait pour lui. J’étais sûrement de mauvaise foi, mais je n’allais quand même pas faire des compliments à un homme. Le ciel ne m’était pas encore tombé sur la tête. Nous continuions donc notre petite scène de ménage quand enfin celui qui était tant attendu se découvrit. Il s’était fait prier mais au moins il était là. C’était déjà ça. Tout n’était pas perdu. Ne perdant pas mon rôle, je tournai ma tête vers lui, toujours faussement tremblante, le regard désolé, le regard de honte. Les victimes de ce genre de violence se sentaient toujours honteuses. « Nous… Nous sommes désolés. Nous ne voulions pas vous faire perdre une proie. » Le nous était important. Encore une fois, il fallait faire croire que Nolan avait le dessus sur moi, psychologiquement et physiquement parlant. Nolan s’arrêta, faussement interrompu et grimaçant. Son personnage devait être énervé d’être dérangé. « Quand on sait chasser, on fait avec son environnement. » Une phrase envoyée du tac au tac, violemment. « T’es chiant, je me casse. » Forcément, le personnage venait de perdre tout avantage maintenant que le chasseur était arrivé. Une fois loin de notre champ de vision, je me tournai vers l’homme accompagné de son chien, la tête toujours baissée. J’étais toujours honteuse. En tout cas, mon personnage l’était toujours, même si son bourreau était loin, il avait encore le dessus. « Est-ce que… je peux t'aider ? Histoire de vous dédommager de la gêne occasionnée. » Je n’y pensais pas un mot mais il fallait que je me rapproche toujours plus de lui. « Je ne suis pas la meilleure mais je tiens quand même à être utile. » Grande menteuse. Est-ce que ça allait fonctionner avec un gars qui semblait se foutre des problèmes des autres ?