Swann AIGLES DE L'EST ㄨ SOUMISE
❖ Messages : 952 ❖ Crédits : goldblast (avatar) young wolf (signature) ❖ UN SOURIRE POUR LA PHOTO ? : ❖ ÂGE DU PERSONNAGE : Dix-neuf ans. ❖ TÂCHE : Assistante du secrétaire. ❖ HUMEUR : Très loquace...
| Sujet: Tu ne reviendras pas... [OS] Ven 18 Mar 2016 - 22:35 | |
| année 31 - seconde saison tempérée La vie à Paris, aussi misérable soit-elle, m’avait toujours semblé surmontable, supportable parce que j’étais entourée. Dans le fond, je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit. On ne peut pas dire que je sois tombée dans un clan particulièrement chaleureux ou solidaire mais on ne vivait pas si mal ; on était protégés par les Membres et par les gradés, on mangeait à sa faim tant qu’on n’avait pas d’animal ou une dizaine de bouches à nourrir. Ce n’était pas le clan le plus démonstratif, au contraire, on était relativement réservés. La pudeur et la retenue avait toujours fait partie intégrante du clan, selon ma mère. Mais toujours je souriais parce que j’avais des parents qui me chérissaient. Je n’étais pas maltraitée non plus, au fond, tout le monde a toujours respecté les filles. Ma mère me répétait qu’on était précieuses pour le clan. Alors, même quand il m’arrivait de vouloir me bagarrer parce que je n’ai jamais été le genre de fille à rester sagement assise et à suivre les sermons donnés, il ne m’arrivait jamais rien. On me rappelait à l’ordre, on me disait de faire attention mais jamais rien de plus que ça. Alors pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive ?
J’étais beaucoup plus proche de mon père. Il m’aimait à sa façon et au fond, il comprenait mon envie de bouger, de donner des coups et de combattre même en simulation. Il pouvait beaucoup mieux saisir mon besoin de bouger que ma mère puisqu’elle était plutôt du genre à se plier aux règles et de toute façon, les batailles, ça ne l’avait jamais intéressée. Alors, il arrivait souvent qu’on discute autour de la table branlante de notre maison avec mon père. Il parlait tout aussi franchement que moi. Pour ça aussi, on se ressemblait. On n’y allait jamais par quatre chemins. Dans le fond, je crois que je tiens de lui bien plus que de ma mère.
Seulement, ce soir-là, il était préoccupé. En fait, ils étaient tous les deux très préoccupés. Ils s’étaient engueulés autour de cette même table. Moi, de mon côté, j’étais sur ce qui me servait de lit, plutôt bordélique, par ailleurs. Je n’avais jamais été très organisée. Je ne le serai sans doute jamais. Fatiguée et dérangée par le bruit, j’étais sortie de ma chambre. Énervé et nerveux, mon père s’écria alors : « Retourne te coucher immédiatement ! Cette discussion ne te regarde pas ! ». J’avais reçu son commentaire en pleine figure. Une remarque injuste, injustifiée et encore plus dure à avaler que j’étais épuisée et terriblement inquiète. Une enfant de neuf ans, ça sent des choses imperceptibles pour les adultes. « J’arrive pas à dormir… ». J’avais à peine osé prononcer ces mots quand mon regard se posa sur ce qui semblait être une plaie. « Tu… Tu es blessé ? ». Je lui avais demandé toujours faiblement. Forcément, ma voix était diminuée à cause de la fatigue. Lui, soucieux de cacher tout ça et pris en flagrant délit réagit violemment à tout ça. Il me hurla de retourner dans ma chambre quand il partit en claquant la porte. Ma mère le suivit de peu et je finis par fermer les yeux, la fatigue m’emportant complètement.
Là, paumée dans un recoin du territoire, je donne un premier coup dans le vide, puis je tape tout simplement le sol, une fois assise. Je suis habituée à ces séances de violence. C’est un peu ma façon d’évacuer le stress et de retenir les larmes. Je refusais de céder à la faiblesse. Je refusais de montrer ma tristesse. Je devenais tenir bon pour elle. Je devais me montrer forte, même si je ne l’étais clairement pas. « Pourquoi ?! Pourquoi tu nous as abandonnées ? ». Je criais de tous mes poumons et tant pis si on pouvait m’entendre. On n’y comprendrait rien, de toute façon. « Pourquoi est-ce que tu m’as abandonnée ? ». C’était ça le pire, dans le fond. Je finissais par craquer sous la pression. Mes premières larmes depuis le temps. C’était horrible. « Je tenais à toi… Je voulais encore te parler… Je veux encore sentir tes bras quand tu m’enlaces… ». Oui, j’avais l’impression d’être orpheline soudainement. « Je ne voulais pas me fâcher avec toi… Papa… Reviens, s’il te plait… Je ne suis pas assez forte sans toi… ». Voilà ce que sa petite fille voulait lui dire. Je n’avais pas idée à ce moment-là que sa jambe l’avait affaibli et qu’il s’était fait avoir à cause de ça. « Si tu reviens, je promets de ne plus jamais faire de bêtises… ». J’ai pleuré encore longtemps. J’ai shooté dans tout ce qu’il y avait autour de moi. Je me suis même mordue, en espérant pouvoir focaliser ma douleur sur un point précis.
Mais rien n’y a jamais changé… Il n’est jamais revenu… |
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