Houston aux nouvelles [PV Syd]

Post-rébellion jour 6 – Début de soirée

J'avais plusieurs fois tenté de me rendre au Quartier des Jeux chez les Jaguars depuis la rébellion, mais leurs frontières restaient désespérément fermées. Je n'avais donc pas pu obtenir de nouvelles de Syd ou de Kahlan, ni d'aucun autre Jaguars de ma connaissance en fait, et mine de rien cela commençait un peu à m'inquiéter. Aussi, lorsque la rumeur de la réouverture du Quartier se rependit à l'usine, je pu difficilement cacher mon impatience de m'y rendre. Et c'est donc avec une bonne humeur feinte, afin de dissimuler mon empressement d'avoir enfin des nouvelles, que je rejoignis la frontière marquant l'entrée du Quartier des Jeux en ce début de soirée du sixième jour.

Il ne fallut pas longtemps aux sentinelles pour me repérer, elles étaient au taquet... Heureusement pour moi, c'était des têtes connues, mais pas pour autant moins méfiantes.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée que tu te pointe ici en ce moment mec...

« C'est un conseil d'ami ou une menace ? »

- Un conseil d'ami.

Je souris au gars qui venait gentiment de me mettre en garde et lui précisais que je venais voir quelqu'un, pas chercher la bagarre. Rien ne garantissait que je retrouve Syd ou qui que ce soit d'autre, mais au moins pourrais-je ne serait-ce que me renseigner.

La sentinelle hésita, et ce fût Aria qui me sauva. Coup de bol pour moi, elle était de garde ce soir. Elle rassura tout le monde et m'invita à la suivre, me mettant au passage en garde contre d'éventuelles représailles. Je savais plus ou moins l'implication des Vipères dans la rébellion, et je me doutais que nous n'étions pas les bienvenus dans le Sud pour le moment, mais le Quartier des Jeux était un endroit relativement neutre, et ici j'étais en mesure de me défendre si besoin.

Aria indiqua aux surveillants ma présence, histoire de garder un œil sur moi et sur ma sécurité, apparemment. C'était sympa de sa part. Elle m'indiqua également que Kahl n'était pas là, ou en tout cas pas pour le moment, mais elle m'assura qu'il allait bien. Cool, c'était déjà ça.

Il n'y avait pas encore grand monde, et je décidais donc de faire un tour afin de repérer d'éventuelles têtes connues ou amicales. Je sentais des regards lourds sur moi, mais je faisais mine de ne pas y faire attention. Et alors que j'allais me décider à me poser au bar, mon regard se posa enfin sur un visage que j'espérais croiser. Syd ! Un sourire éclaira mon propre visage alors que je me dirigeais vers lui.

« Syd, ça fait plaisir de te revoir. T'as l'air d'aller bien. Ça devenait limite angoissant de ne pas avoir de nouvelles. »

Je lui fit une accolade et le regardais de la tête aux pieds afin de m'assurer qu'il était entier. Le Jaguar était sûrement l'un de mes amis les plus proche, et un peu plus même. J'étais content d'être tombé sur lui, et soulagé aussi.

Invité

Syd était épuisé, ce qui s'expliquait facilement par la quantité de travail que les Jaguars avaient à faire depuis la rébellion. Personne ne chômait mais ça n'empêchait pas chacun de se retrouver avec des journées bien remplies. Seulement, sa fatigue à lui était majoritairement due au manque de sommeil et aux traces sur son corps de son combat lors de la rébellion.
C'était le quatrième jour d'affilée que son sommeil lui faisait défaut. Il tournait, virait la majeure partie des nuits et grappillait 30 à 45 minutes de repos de temps à autres. Autant dire que ce matin, au réveil, il avait pris soin d'éviter de regarder sa tronche dans le miroir.

La journée était passée lentement, sous le soleil tapant fort. Comme les jours précédents, il s'était rendu là où on avait eu besoin de lui. La fin de journée venue, il avait miraculeusement réussi à dormir une petite heure et demi sans interruption. Son estomac l'avait réveillé bruyamment et l'avait incité à aller dîner. Il avait cherché Bridgit, en vain, et était donc retourné à sa chambre. Pour tenter d'apaiser son corps et son esprit, il avait saisi un livre et s'était installé sur son lit. En vain ? En vain. Impossible de se concentrer.
Au bout d'une heure, il en avait eu ras-le-bol.

Il s'était rafraîchi et avait mouillé ses cheveux. Il avait ensuite troqué ses vêtements de la journée contre d'autres plus décontractés : un tee-shirt uni, une veste et un pantalon en toile. Il avait rentré les extrémités de son bas dans ses boots et y avait calé son poignard. Il avait saisi une étoffe pour couvrir son cou. Puis, sans attendre, il s'était dirigé vers le quartier des jeux.
Quitte à ne pas dormir ou presque, autant passer le temps dans de bonnes conditions.

Le quartier avait rouvert la veille mais il n'y était pas encore retourné. Sans y passer tout son temps, Syd y passait en général deux à trois soirées par semaine. Il y croisait pas mal de monde et n'avait pas besoin de plus pour passer une bonne soirée. Avec un peu de chance, peut-être même que ça le crèverait suffisamment pour dormir plusieurs heures d'affilée cette nuit.
Quand il arriva aux abords du lieu, un sourire naquit sur ses lèvres. Malgré la tragédie d'il y a quelques jours, pas mal de gens étaient au rendez-vous prouvant que, malgré tout, la vie continuait.

Il flâna d'abord, jetant un coup d’œil aux combats, aux différents jeux et bars se trouvant autour de lui. Les gens semblaient avoir le sourire. Il ne voyait pas que des Jaguars, quelques Aigles se trouvaient là aussi, mais pas de dragons de sa connaissance – ça n'était pas vraiment une référence : il n'était pas familier des Dragons, seules quelques personnes. Par contre, il crut reconnaître une Vipère dans un coin. Une téméraire. Il se demanda d'ailleurs un instant si Remy se trouvait dans le coin ce soir. Il ne l'avait pas aperçu jusque-là.
De toute façon, si la Vipère se trouvait ici malgré les risques, ils finiraient bien par tomber l'un sur l'autre. Il espérait juste que, le cas échéant, personne n'irait l'emmerder.

A l'extérieur d'un bar, il aperçut l'un de ses amis, un sentinelle, en pleine discussion avec un Aigle qu'il connaissait de nom. Sans hésitation, il les interpella et se joignit sans aucune gêne à eux.
Une heure plus tard, un deuxième verre entamé et légèrement pompette, il entendit quelqu'un l'appeler. Il se tourna instantanément vers la source de ce bruit et son visage, déjà bien souriant, s'illumina encore plus. Remy en personne lui exprima son soulagement tout en l'étreignant rapidement. Bien évidemment, Syd répondit à l'embrassade avec enthousiasme, et s'écarta pour laisser à Remy le loisir de voir qu'il était entier et en bonne santé.

En temps normal, il aurait trouvé un trait d'humour pour répondre à ça ou bien il aurait taquiné son ami, seulement, vu les circonstances et l'inquiétude sincère qui s'était échappée de Remy, cela ne lui vint même pas à l'esprit. A la place, il fut touché par sa réaction et exerça une brève pression sur son avant-bras. « Rassure-toi, ça va. Je vais bien. Juste besoin d'un peu de sommeil. Et ça me va comme ça. J'suis reconnaissant d'être encore là. Ah, attends. »
Il leva une main devant lui, comme pour mettre en pause leur conversation, et s'appuya contre le petit comptoir du bar pour demander un verre pour Remy. Le barman s'exécuta.
Syd se retourna nonchalamment vers son ami.

« Enfin. Ça me fait plaisir de te voir aussi, mec, ajouta-t-il, un grand sourire aux lèvres, sa main allant tapoter le bras de Remy, tandis que le barman déposait un verre sur le bar à l'intention de la Vipère. Et toi, comment ça va de ton côté ? Pas de souci pour venir ici non plus ? »

Machinalement, il leva son verre vers lui, pour trinquer, avant d'avaler une grande gorgée d'alcool, tout en fronçant les sourcils. Il avait bien conscience que la situation était un peu délicate. Les Vipères n'étaient pas parmi les favoris du clan depuis la rébellion, loin de là, mais... Remy restait Remy. Ça n'avait aucune importance pour Syd. Par contre, ça pouvait clairement en avoir pour d'autres à l'esprit plus échauffés.
Sur cette pensée, Syd se fit la réflexion qu'il resterait aux côtés de la Vipère ce soir, jusqu'à ce qu'il ait repassé l'entrée du territoire. Non pas qu'il ne voulait pas risquer de perdre un autre ami cette semaine... mais presque.

Syd me rassura en ajoutant qu'il avait simplement besoin sommeil. Il me commanda un verre et j'en profitais pour saluer les deux jeunes hommes qui accompagnaient le Jaguars. Il me demanda ensuite comment j'allais, et je trinquais avec lui pour boire une gorgée avant de répondre.

« Disons que je ne me serais pas aventurer en territoire hostile si je n'avais pas de bonnes raisons. Mais à part quelques regards assassins, je suis toujours entier comme tu vois. »

Il était légitime pour les Jaguars de ne pas avoir confiance de ce que je savais de l'affaire, je ne m'en formalisais donc pas et parlais sur le ton de la plaisanterie. Les gens parlaient autour de nous, je le sentais bien, mais j'étais là pour voir un ami et non pour me bagarrer. J'avalais une nouvelle gorgée et allait m'appuyer contre le bar à côté de Syd.

« Plus sérieusement, comment tu vas ? Je ne sais pas ce que vous avez subit exactement, mais je sais que ça a été un gros coup pour les Jaguars... »

J'avais repris mon sérieux, surveillant du coin de l’œil un mec qui ne me lâchais pas des yeux. Faire comme si de rien n'étais, ok, mais là ça devenait limite dérangeant... Je me concentrais donc sur mon ami, voulant en savoir sur son état réel. S'il n'avait rien physiquement, ce genre d’événement pouvait laisser des traces bien plus profondes moralement...

HJ:

Invité

A la réponse de Remy, un sourire un peu contrit mais qui signifiait qu'il comprenait totalement apparut sur ses lèvres. A la place de son ami, il aurait fait exactement la même chose. Syd fut de suite soulagé d'apprendre qu'à part quelques regards méchants il n'avait rencontré aucun problème sur le territoire Jaguar.
Avec son optimisme tendant parfois vers le naïveté, Syd se dit que, peut-être, il n'y aurait pas d'incidents ce soir. Surtout que Remy semblait aborder les choses de manière assez légère pour bien montrer qu'il « venait en paix ».

« Tant mieux, on va faire en sorte que ça dure alors, hein, ajouta-il, un sourire amusé en coin pour continuer dans la même optique que Remy. »

Tandis que son ami s'installait près de lui contre le comptoir, Syd s'assura que l'étoffe légère entourant l'hématome au niveau de son cou était bien en place. En soi, ça n'était pas gênant, mais il avait surpris suffisamment de regards se poser sur son cou ces derniers jours pour que ça le crispe un peu plus à chaque fois. Il n'aimait pas que l'on s'inquiète pour lui quand au final il n'avait que quelques égratignures qui guériraient bien assez vite. D'autres n'avaient pas eu cette chance. Et puis, dans un sens, l'hématome autour de son cou le faisait se sentir vulnérable et il n'aimait franchement pas ça.
Le bout de tissu avait été un réflexe d'autant plus judicieux que Remy se trouvait face à lui ce soir. L'hématome était en voie de guérison mais il restait moche à voir. Ça n'aurait fait que l'inquiéter pour rien.

Remy demanda une fois de plus comment il allait, tout en avouant qu'il ne savait pas exactement quelles pertes avaient subi les Jaguars. Syd s'éclaircit la gorge tout en remuant machinalement le liquide ambré dans son verre. « Honnêtement, ça va. J'ai quelques égratignures et je dors assez mal, mais j'ai vraiment pas de quoi me plaindre. » Certes, il n'avait pas mentionné les ecchymoses la première fois, mais il estimait sincèrement que c'était négligeable.
Il baissa les yeux vers son verre, manquant les coups d’œil de Remy sur le côté, puis les releva pour bien accrocher le regard de la Vipère. « On a perdu pas mal des nôtres. Les dégâts matériels, c'est pas la joie non plus, y a du boulot, mais on répare rapidement, c'est en très bonne voie. » Un sourire plein de fierté orna finalement ses lèvres lorsqu'il ponctua la fin de sa phrase par un « On est des Jaguars, on retombe toujours sur nos pattes » pour être certain de garder l'atmosphère détendue.

A peine eut-il fini sa phrase, qu'une silhouette apparut dans son champ de vision, sur la droite. Son sourire se fana et il fronça instantanément les sourcils quand il reconnut Ernie, l'un des Surveillants des cultures. Juste derrière lui se trouvait un autre Surveillant, Martin. Syd aurait voulu dire qu'ils venaient en ami, mais leurs visages crispés indiquaient sans peine leur colère contenue.
Dire que ça sentait le roussi était un euphémisme.

C'était typique de la part de Syd de se mêler des choses avant de réfléchir, sans penser aux éventuelles conséquences. Ce fut pourquoi il s'avança instinctivement pour se placer en partie devant Remy alors même que Ernie n'avait pas ouvert la bouche. Il n'avait aucun doute quant au fait que la Vipère saurait se débrouiller tout seul en cas de besoin. Simplement, Syd était comme ça et son ami se trouvait sur le territoire des Jaguars. Mieux valait désamorcer les choses avant qu'elles n'explosent.

« - Syd, tu..., commença Ernie avant d'être coupé par la voix calme de Syd.
- Il est venu là pour se détendre, pour boire un verre avec moi, rien d'autre. Y a rien d'autre derrière, Ernie. »

Du coin de l’œil, il vit l'autre homme serrer la mâchoire. Syd savait les deux hommes prompts à l'impulsivité. Il avait aussi conscience que les tensions entre les clans étaient toujours présentes, mais il espérait que chacun repartirait dans son coin sans histoire, que Remy et lui pourraient passer une soirée agréable, voire même la finir ensemble. Point.
Trop naïf, diriez-vous ? Sûrement...

La réponse de Syd ne me convainc pas vraiment, mais j'évitais dans un premier temps d'insister trop. Il ne mentirait pas sur la gravité de ses blessures, et il y aurait sûrement d'autres occasions de parler plus en profondeur de son ressentit. Pourtant, je ne pu m'empêcher de fixer un instant son cou lorsqu'il parla de ses égratignures, et je du me forcer à ne pas glisser les doigts sous l'étoffe pour vérifier par moi-même. Je préférais détourner les yeux, les dents serrés. Mais je retrouvais rapidement le sourire lorsque le jeune homme affirma avec fierté qu'en tant que Jaguars, ils retombaient toujours sur le pattes.

« Je ne doute pas que le clan sortira bien plus fort de cette épreuve. Mais franchement, je suis soulagé que tu ne fasse pas partie des pertes... »

J'avais parlé avec le sourire, mais j'étais sincère.

Alors que je finissais de parler, Syd vint se placer partiellement devant moi, fixant deux personne qui arrivaient vers nous. Je me redressais, déposais mon verre et posais main droite sur son épaule. Je ne doutais pas qu'il voulait me défendre, mais je lui indiquais ainsi que ça irait. Il coupa la parole au premier mec, apparemment nommé Ernie, d'une voix calme, mais cela ne sembla pas apaiser ni le Ernie, ni son copain. Et le mec qui ne m'avait pas lâché des yeux jusqu'alors n'hésita pas à se rapprocher... se mettant clairement de leur côté, tout en restant encore en retrait.

- Il n'a rien à faire ici. C'est culotté de se pointer chez nous après ce que sont clan à fait.

« Et qu'est-ce qu'il a fait exactement ? Non parce que moi on ne me tiens vraiment au courant de ce que font les Membres, si tu vois ce que je veux dire. »

Je parlais d'un ton léger, innocent. Le mec derrière Ernie s'avança pour nous faire face, semblant prêt à frapper, mais je ne bougeais pas, resserrant simplement ma prise sur l'épaule de Syd pour lui éviter de réagir trop vite.

Ne joue pas les innocents. Tout le monde sait que ta sœur est une putain de Vipère, dans tous les sens du terme d'ailleurs. Ne vient pas dire que tu n'étais au courant de rien, enfoiré!

Ok, qu'on s'en prenne à moi passe encore, mais ma sœur, on y touchais pas, même verbalement. Écartant légèrement mon ami pour me placer face au Jaguars dont je ne connaissais pas le nom, je serrais les poings mais m’efforçais de garder mon calme. Je n'avais pas à lancer les hostilités ici, et je n'en avais pas envie de toute façon, mais je ne pouvais laisser passer le fait qu'on s'attaque à Kat non plus.

« Ma sœur n'a rien à voir là dedans non plus. »

Le mec ne cilla pas, allant même jusqu'à afficher un petit sourire en coin avant de reprendre.

Elle devait sûrement être occupée à baiser dans un coin alors.

Ok, là le coup partit tout seul. D'ailleurs, je le regrettais aussitôt, reculant d'un air à la fois confus et satisfait... Je venais de lui mettre un poings, mais il avait appuyé au mauvais endroit... Même si l'attitude de Kat ne m'avait jamais posé de problèmes outre mesure, qu'elle-même assumait sa réputation, l'entendre de cette façon dépassait les bornes... Il l'avait cherché, exprès certes, mais là ça avait été plus fort que moi...

HJ:

Invité

Sans grand étonnement, Syd sentit la main de Remy se placer sur l'une de ses épaules, pour lui faire savoir que tout allait bien, qu'il s'en chargerait. Le Jaguar se détendit imperceptiblement sous le contact, mais se crispa à nouveau lorsque, du coin de l’œil, il vit approcher un troisième homme. Sérieusement, ils n'avaient pas autre chose à faire que de trouver un bouc émissaire pour évacuer leur frustration ?

La première accusation d'Ernie fit serrer les dents à Syd mais il ne dit rien. Remy s'occupa de balayer sa remarque avec une certaine nonchalance et un calme adéquat. La réponse ne fut clairement pas appréciée par la petite troupe. Martin s'avança dangereusement en réponse, encore plus en colère, les poings serrés et semblant le démanger.
Syd allait se décaler à son tour, pour lui faire face et pour se dresser en « rempart » devant son ami, mais une pression sur son épaule l'arrêta avant qu'il n'esquisse le moindre mouvement. Si la situation n'avait pas été si tendue, il aurait souri devant le geste qui prouvait qu'en à peine un an Remy avait appris à bien le connaître.

La réplique qui fusa ensuite fit monter d'un cran l'agacement de Syd. Remy réagit immédiatement et passa devant lui. Le Jaguar ne bougea donc pas et garda un œil sur les deux autres zigotos qui se croyaient dans leur bon droit avec leur vendetta mal placée. Et si le Jaguar entretenait encore l'espoir que les choses s'arrangent dans le calme, il fut balayé par la réponse finale de Martin. Il ouvrit de grands yeux en inspirant brusquement alors que le poing de Remy atterrissait déjà dans le visage de Martin. Horrifié, Syd réalisa qu'il n'y avait plus de retour en arrière possible. Remy leur avait donné, sans le vouloir, la raison de s'en prendre à lui. Qu'ils soient à 100% en tort ne changeait rien pour eux.

Les choses s'enchaînèrent très rapidement par la suite. Tandis que Martin titubait en arrière, Syd s'avança et empêcha Ernie, qui beuglait une insulte, de s'en prendre à la Vipère en le bloquant de ses bras et de son corps. En même temps, il hurla : « SENTINELLES ! BAGARRE ! » Le tumulte attira des regards incompréhensifs mais Syd n'y prêta aucune attention car il vit le troisième homme lui passer à côté, en direction de Remy. Il eut le réflexe de d'attraper son bras gauche mais l'homme se défit de sa prise en un claquement de doigt et lui enfonça en prime son coude en plein dans le nez.

Le choc fut brutal même si aucun « crac » ne se fit entendre. La douleur pulsa violemment dans son nez puis dans son visage, l'obligeant à fermer les yeux. Il se pencha instantanément en avant et porta sa main libre à son visage, l'autre restant posée maladroitement quelque part sur le torse d'Ernie qui, pour il ne savait quelle raison, n'était pas dégagé. « Putain de bordel de merde !, jura-t-il entre ses dents. »

Incapable de se concentrer sur ce qui se passait autour de lui, il ne remarqua pas les sentinelles qui arrivaient pour calmer les choses. Syd, lui, écarta un instant sa main pour constater que du sang coulait sur ses doigts.
Génial, il ne manquait plus que ça.

La suite s'enchaîna suite à mon coup, et Syd réagit aussitôt pour essayer de me défendre. Alors que le premier, que je venait de frapper, se remettait du coup, Syd bloquait le deuxième et le troisième me fonça dessus sans plus de retenue. J’esquivais son premier coup – merci les combats de rue... - et bloquais un deuxième, mais je ne pu éviter son genou dans mon entre-jambe. Sérieusement, c'était une frappe de fille ça ! Heureusement, je réussi à limiter le choc par réflexe, mais je baissais du coup ma garde et me pris un coup dans la tempe. Je titubais sous le coup, mais je n'eus pas le temps de me stabiliser que je me prenais un dernier coup de poing dans le ventre qui me fit tomber à genou. Les Sentinelles débarquèrent alors pour calmer la bagarre, et au lieu de régler les choses sur place, je me sentit relever avec force et pousser vers l'avant pour rejoindre un coin plus tranquille. Sans trop comprendre ce qui se passait, sonné, je cherchais Syd du regard. Il me suivais, le nez en sang. Les trois autres mecs étaient là également...

Une fois à l'écart de la foule, les Sentinelles ne tardèrent pas à nous demander de nous expliquer. Alors qu'un des Jaguars prenait la parole d'un ton rageur, je me rapprochais de Syd en détaillant son nez.

- Il est venu nous narguer sur notre propre territoire ! Il n'a rien à faire ici, et Syd devrait le savoir aussi !

Mon regard se tourna vers le mec alors qu'une Sentinelle le retenait de façon à ce qu'il ne se jette pas une nouvelle fois sur moi. Son collège s'adressa alors à moi pour connaître ma version, et je pris une grande inspiration douloureuse avant de répondre.

« C'est eux qui sont venu me chercher. Je n'aurai pas du donner le premier coup, je suis désolé, mais je ne faisais rien de mal lorsqu'ils sont venu m'insulter. »

Techniquement, ils avaient insulté ma sœur, mais pour moi ça ne changeait rien. Quiconque l'insultait m'insultait moi. La Sentinelle se tourna de nouveau vers les autres et j'en profitais pour revenir à mon ami et lui murmurer.

« Désolé mec, est-ce que ça va ? »

Invité

Des voix plus fermes, plus fortes que les autres le ramenèrent au moment présent. Il tourna la tête et constata que des sentinelles étaient intervenues. Elles relevèrent Remy et, comme les autres Jaguars, l'amena à l'écart de la foule. Syd suivit donc le petit groupe, l'une des sentinelles à ses côtés. Il s'essuya les mains sur son tee-shirt puis tira légèrement sur son étoffe pour l'appuyer sur son nez, le sang qui continuant de couler.

Une sentinelle prit la parole et Remy se rapprocha de lui. Il savait qu'il s'était pris des coups, mais n'avait rien vu. La Vipère avait l'air sonné, mais tout de même fonctionnel. Syd allait lui demander comment il allait mais Ernie prit la parole.
Syd renifla de dédain en réponse, tellement l'homme donnait l'impression d'argumenter comme un enfant de cinq ans faisant une colère. Il grimaça juste ensuite car l'expulsion de l'air par ses narines s'avérait présentement être un processus un peu trop douloureux.

Il écouta Remy expliquer les événements de manière rationnelle et l'un des gardes secoua la tête en tournant la tête vers les autres Jaguars. Ouais. Comportement de gamins de cinq ans, c'était bien ce qu'il disait.
Syd hocha la tête pour répondre à son ami. « Ça va aller, je pense. Je vais attendre pour voir si l'écoulement s'arrête. Et toi ?, murmura-t-il en retour, une pointe d'inquiétude non-dissimulée dans la voix. »
Ils n'avaient pas vraiment le temps de s'étendre, mais ils le feraient une fois tout ça fini. Il écouta donc attentivement la réponse, avant que les voix ne se trouvent haussées d'un ton.

« - Il vient ici alors qu'il a rien à y foutre et on doit dégager ?
- Écoute Ernie, c'est simple. Y a plusieurs personnes qui vous ont vus, vous avez pas été très discrets. Donc soit toi et tes potes vous allez passer votre soirée ailleurs, soit je vous colle tous les trois au trou pour la nuit. Et on sait clairement que les Gradés vont pas bien prendre la nouvelle... Tu choisis, conclut-il d'un ton sans réplique. »

Ernie lança un regard noir vers Syd, regard auquel ce dernier répondit par un haussement de sourcil de défi. Renie soupira d'énervement et de frustration mais consentit à partir, en grognant et murmurant des choses pas très sympathiques. Syd commença légèrement à se détendre et s'appuya contre un des murets derrière eux. Il fit davantage pression avec l'étoffe sur son nez et l'un des soldats choisit ce moment-là pour revenir vers eux.

« - Ces trois-là ont tendance à s'échauffer un peu trop facilement avec l'alcool. C'est pas la première fois qu'ils s'en prennent à d'autres pour rien. Mais bon, c'était pas très prudent de votre part quand même, grommela-t-il, pas méchamment.
- On était censés faire quoi, Tom ? Se laisser insulter ou taper dessus ? Partir ?, rétorqua-t-il en retirant momentanément l’étoffe de son nez. On a rien fait de mal. Remy n'a absolument rien fait de mal. Point. Et puis- Merde ! Rah !, s'exclama-t-il quand le sang se remit à couler un peu plus fort, avant de replacer le tissu pour éponger un minimum.
- Vous avez besoin d'un passage à l'hôpital ?, s'inquiéta-t-il en englobant les deux amis. »

Syd replaça l'étoffe un peu mieux et jeta un interrogateur à Remy. Il le suivrait dans tous les cas.

HJ :

Le Jaguar me répondit qu'il allait relativement bien, mais son nez continuait de saigner. Il me retourna ensuite la question, et je grimaçais légèrement avant de répondre.

« Ce con à bien faillit me castrer, mais ça va. J'ai déjà prit pire en combat de rue. Penche la tête en avant pour l'écoulement. »

J'avais parlé très vite, revenant rapidement aux Sentinelles qui réglaient les choses avec les trois abrutits. Contrairement à ce que je pensais, c'est eux qui en prirent pour leur grade et non moi. Ils les firent déguerpir sous la menace, à ma grande surprise, puis l'un d'eux revins vers nous pour nous « réprimander » gentiment. Syd renchérit avec une pointe de colère, et pour ma part je me tint à carreau, gardant le silence. Ce n'est que lorsque la Sentinelle demanda si nous avions besoin d'un passage à l'hosto que je repris la parole, suite au regard interrogateur de mon ami. Ma tempe me lançait légèrement et j'allais sûrement me taper un sacré bleu, mais au moins la douleur au ventre diminuait déjà et j'avais évité le pire avec le coup bas. Syd avait eu moins de chance... J'écartais doucement le tissu qu'il pressait sur son nez et lui fit pencher la tête en avant. Ça coulerait plus, mais moins longtemps du coup. Et à première vue, le nez n'avait pas l'air tordu ou quoi, donc pas cassé.

« J'aurais cru qu'ils m'auraient gentiment demandé de partir, ils ont été cool... Vraiment désolé pour tout ça, je n'aurai pas du frapper... »

HJ:

Invité

Remy sembla estimer que l'hôpital n'était pas nécessaire. Syd remercia donc Tom pour leur aide après lui avoir assuré que ça irait. Les sentinelles s'éloignèrent rapidement pour reprendre leur surveillance et Remy en profita pour se rapprocher de lui. Il écarta le foulard de son visage ; Syd écarta donc encore plus le tissu pour le laisser constater ce que ça donnait. « Je pense que ça ira, rassure-toi. » La Vipère sembla satisfait puisqu'il l'incita à pencher la tête en avant. Il obtempéra sans problème, réalisant qu'il ne l'avait plus fait depuis le départ des trois autres Jaguars, et constata que le sang se mettait à nouveau à couler dans un flot un peu plus important.

Syd hocha la tête pour le début de sa phrase. Ça avait aussi été l'une de ses craintes – qu'il n'aurait clairement pas laissé passer sans dire le fond de sa pensée, trou ou pas. Puis, il balaya le reste des paroles de son ami d'un geste de la main, un léger sourire aux lèvres. « T'excuse pas, mec. J'ai vu pire aussi. Et puis, honnêtement ? A ta place, j'aurais fait exactement la même chose. S'ils veulent s'en prendre à quelqu'un, ils n'ont qu'à s'en prendre à ces enfoirés qui ont attaqué le camp. Y a eu des Jaguars, des Vipères et des Dragons, certes, mais mettre tout le monde dans le même panier, c'est franchement con et ça apportera rien de bon. » Machinalement, il commença à retirer l'étoffe de son cou. « Et puis ça me fait plaisir que t'aies osé venir. D'une, parce que ça me touche que tu t'inquiètes pour moi. De deux, parce que ça montre à ces débiles qu'ils font pas la loi ici, conclut-il de manière plus amère, tout en pliant de manière plus nette son étoffe. » Il la pressa à nouveau sur son nez et se pencha à nouveau, ayant oublié la raison pour laquelle il l'avait utilisée ce soir.

HJ:

Syd tenta de ma rassurer en expliquant que c'était eux étaient en tort, et non moi. Il ajouta également qu'il était content que je sois venu, ce qui me fit sourire. Mais ce sourire s'effaça vite lorsque mon regard se posa sur son cou qu'il venait de découvrir. Un gros hématome s'y étendait, et je fronçais les sourcilles alors que mes doigts allèrent effleurer la peau bleuie.

« Je vois ça que tu as connu pire... C'est moche à voir sérieux, est-ce que ça fait mal ? »

Question un peu idiote, mais je constatais qu'il avait subit plus que « quelques égratignures », et je me demandais s'il m'en cachait d'autre des comme ça. Certes c'était loin d'être une blessure ouverte qui pouvais s'empirer avec le temps, mais ça n'en restait pas moins sérieux, surtout vu le coup... Pinçant les lèvres, je me reculais légèrement et l'observais de nouveau.

« Tu en cache d'autre des comme ça ? »

Il n'y avait ni colère, ni énervement dans ma question, mais bien une réelle inquiétude. Syd avait voulut dédramatiser son état, mais apparemment il avait subit plus qu'il n'avait bien voulut le dire, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir encore plus coupable du fait qu'il se soit prit un coup de plus ce soir. Ma mâchoire se crispa alors que je baissais les yeux. Je me rendis vraiment compte de l'attachement que je pouvais avoir pour lui, et il fallait presque fallut que je le perde pour m'en rendre compte... Mais je gardais mes pensées pour moi, ça ne servait à rien d'en parler maintenant, l'important était qu'il était toujours là après tout...

Invité

Syd tressaillit légèrement lorsque les doigts frais de Remy frôlèrent sa peau. Il tourna la tête vers lui, ne comprenant pas les paroles de son ami... jusqu'à ce qu'il réalise son geste. Son cou. Merde. Sa main vint instinctivement entourer une partie de l'hématome malgré l'inutilité du geste. Ses yeux dérivèrent bêtement sur son étoffe, dans ses mains, puis revinrent sur la Vipère. Lui qui ne voulait pas l'inquiéter, c'était foutu.
L'air un peu penaud, il répondit : « Je- C'est moche mais ça va mieux, promis. Je le sens que quand j'appuie dessus, maintenant. » Il essaya de lui offrir un sourire rassurant, mais ça n'eut sûrement pas l'effet escompté car Remy recula légèrement et sembla se refermer un peu.
Une vague de culpabilité l'envahit. Vague qui s'accentua à la question suivante.

« Je... » Il envisage un instant de dire que non, qu'il ne cachait rien d'autre, mais voir son ami baisser les yeux, comme s'il était blessé que Syd ne lui ait pas tout dit, lui mit une claque. L'idée d'avoir rendu la Vipère mal le rendit mal en retour. Mais surtout, nier en cet instant serait malhonnête de sa part. Après tout, la Vipère était venu jusqu'ici pour savoir comme il se portait, malgré les risques, il méritait dans un sens de connaître la réalité. Et puis, ça ne ferait qu'empirer les choses entre eux et c'était la dernière chose que Syd voulait.

Il déglutit, s'écarta du mur et et se plaça devant lui, pour l'inciter à relever les yeux. « Remy. Je t'ai pas caché tout ça, crois-moi. C'est juste que c'est en train de bien guérir, c'est pas grave. Je me suis dit que c'était pas important vu que ça fait pas mal de jours que c'est arrivé et je voulais pas t'inquiéter pour rien. » Sa main alla enserrer affectueusement le poignet de son ami et y exerça une brève pression.

Tout en s'approchant un peu plus, il parla ensuite d'une voix basse et douce, pour bien faire comprendre à Remy que ça allait, qu'il n'y avait réellement plus de raison de s'inquiéter malgré ce qu'il allait dire. « A part les marques de strangulation, j'ai une coupure au niveau du bras et un hématome assez gros au niveau de la cuisse, expliqua-t-il en montrant en même temps chaque endroit à l'aide de sa main tenant l'étoffe imprégnée de sang. Mais je change mes bandages tous les jours – Bridgit me surveille et tu sais comment elle est avec moi... Et on m'a même donné un onguent verdâtre pour aider les hématomes à cicatriser plus vite. Et je t'assure que tu veux pas avoir à sentir cette mixture, tenta-t-il de plaisanter, tout en caressant son poignet du pouce durant un instant, avant de retirer sa main. »

Syd sembla ennuyé par ma réaction... ou plutôt coupable en fait. Il essaya une fois de plus de dédramatiser, mais je ne lui rendis pas son sourire. Il fini par s'approcher de moi avant de reprendre la parole, et je relevais le regard vers lui, mais j'eus du mal le regarder dans les yeux, non pas parce que je lui en voulais ou quoi, mais afin d'éviter qu'il puisse éventuellement lire mon inquiétude dans mes yeux. Pourtant, je du m'y résoudre lorsqu'il attrapa doucement mon poignet tout en s'approchant encore. Il m'expliqua enfin ses blessures, disant qu'il se soignait bien et que Bridgit le surveillait de près. Sur sa dernière tentative de plaisanterie, je souris enfin à mon tour, légèrement et brièvement, mais un sourire quand même. Lorsqu'il me relâcha, je détournais à nouveau les yeux avant de revenir sur lui, ou plutôt sur son nez plus exactement.

« Tu ne saigne plus... »

C'est tout ce que je trouvais à dire dans un premier temps. Mais doigts allèrent à nouveau effleurer les marques son cou et je soupirais entre mes dents avant de reprendre.

« Je suis désolé de m'inquiéter ainsi... je sais que je ne devrais pas, c'est juste que... Je n'imaginais pas à quel point la rébellion avait pu faire des dégâts... »

Je reculais d'un pas en laissant retomber mon bras et tentais un nouveau sourire. J'essayais alors de changer le cours de la conversion afin d'éviter de partir dans le mélo-drame... Parce que nous n'en étions pas loin là...

« Bon, on a bien mérité un verre pour se remettre de tout ça, non ? Ou tu préfères qu'on aille se poser tranquillement quelque part ? »

Invité

Un petit sourire apparut sur les lèvres de Remy et cela suffit à Syd pour sentir le soulagement l'envahir. Ça n'égalait pas les grands sourires que son ami avait pour habitude de lui offrir, mais il prendrait ce qu'il lui offrait dans l'immédiat. Et puis le Jaguar sentait qu'il y avait autre chose, qu'il n'y avait pas que le fait qu'il ait préféré ne pas mentionner ses blessures. Cependant, chaque chose en son temps.

La Vipère lui fit remarquer qu'il ne saignait plus. Il réalisa qu'il n'avait plus pensé à l'écoulement de sang depuis qu'il avait quitté le muret. Il fronça les sourcils, surpris, et tapota son nez avec un bout d'étoffe encore vierge de sang. Il écarta le tissu et constata qu'il restait sans tâche. « Tant mieux, ça m'évite un passage au Centre. A cette heure-là, ça aurait franchement été pas pratique. » Il ne rajouta pas que ça le soulageait, que ça signifiait qu'il n'y avait rien de grave : l'atmosphère était bien assez tendue comme ça. La preuve en était que Remy porta à nouveau ses doigts à son cou, la mâchoire crispée.

Syd réprima son envie de serrer Remy dans ses bras. Ça n'était ni l'endroit, ni le moment, mais il se promit qu'il le ferait quand ça le serait. Il ne trouva d'ailleurs pas quoi répondre de suite devant l'air profondément désolé de son ami. D'ailleurs, il ne comprenait pas vraiment le pourquoi de cet air désolé. Ce n'était pas comme s'il avait fait parti des Vipères ayant participé à la rébellion. Il n'avait rien fait de mal. Il n'aurait rien pu y changer. Et si c'était parce que Remy n'était pas venu plus tôt, Syd préférait de loin que ça n'ait pas été le cas : les tensions encore trop fortes auraient pu se retourner contre son ami. Rien que l'idée qu'il puisse lui arriver malheur le révulsait au plus haut point. Les choses étaient bien mieux ainsi.
Alors pourquoi ?

Son ami se recula bien rapidement, tentant de dissiper la tension en changeant de sujet. A ses paroles, un sourire léger naquit sur le visage de Syd alors qu'un élan de tendresse à son égard l'envahissait.

Sans aucune hésitation, il s'approcha de Remy, passa son bras libre autour de son cou tout en les faisant avancer, direction le QG. « J'approuve totalement, mais d'abord, je vais aller me nettoyer un peu, hein, ça jase déjà assez pour un rien en temps normal. » Dans un geste affectueux, il cogna doucement le côté de sa tête contre la sienne, tout en resserrant son bras autour de lui l'espace d'un instant. « Ensuite, je tiens à te préciser que t'as pas à t'excuser de quoique ce soit. Tu pouvais pas savoir, ajouta-t-il avant de tourner la tête vers lui. T'es là, c'est tout ce qui compte. Point. Plus de prise de tête. » Il ponctua la fin de sa phrase d'un haussement de sourcil pour appuyer ses dires. « Et enfin. Pour passer un meilleur moment, je vais récupérer une de mes bouteilles au passage. » Il lui offrit un sourire fier et haussa les sourcils deux fois.

Il possédait peu de bouteilles mais vu leur début de soirée, elle serait amplement méritée. Et puis, là, actuellement, il préférait de loin qu'ils puissent discuter tranquillement, échanger sur eux et les événements récents à l'abri des oreilles indiscrètes. Syd accordait toute sa confiance à Remy mais ils n'étaient pas à l'abri d'autres altercations s'ils restaient dans le quartier des jeux. Ils passeraient au QG, Remy se trouverait un coin où il pourrait attendre Syd sans crainte, puis ils se poseraient dans une maison en ruines qu'il connaissait bien, enfin seuls.

Syd vérifia son nez et sembla soulager de constater qu'il ne saignait en effet plus. C'était déjà ça, au moins nous étions désormais certain qu'il ne s'agissait que d'un mauvais coup et qu'il n'y avait rien de cassé.

A ma proposition de bouger, le Jaguar approuva, m'invitant à avancer en me passant un bras autour du coup. Je passais naturellement le mien à sa taille, laissant échapper un petit rire lorsqu'il indiqua que le fait de sa balader plein de sang risquais de faire jaser. Je voulus répliquer, mais il enchaîna rapidement, et je gardais donc le silence. Il mettait un terme à mes remords et a mes idées noir en clôturant la discussion, et je ne pus que hocher la tête en signe d'accord tout en affichant un sourire faussement contrit, qui agrandissant lorsqu'il parla d'arroser la soirée avec l'une de ses bouteille précieusement gardée.

« C'est une idée du tonnerre ! Je te suis. C'est vrai que tu fais un peu peur à voir. »

Je lui barbouillais les cheveux de ma main libre, tout sourire. Nous allions enfin pouvoir passer une bonne soirée, tranquillement.

HJ:

Invité

Son sourire s'agrandit lorsque Remy approuva le plan et il éclata de rire à sa dernière remarque et à son geste. C'était vrai qu'avec les marques de strangulation et le bandage au bras, il attirait quelques regards, mais le sang séché sur son visage et sur son tee-shirt aggravait le tableau, à ne pas en douter. « Alors allons corriger ça, hein. » Un dernier sourire et ils s'engouffrèrent dans la ruelle qui permettait de quitter le quartier des jeux, bras dessus, bras dessous.

***
Il avait fait aussi vite que possible lors de son passage au QG.
Une toilette rapide, un peu d'onguent sur son nez – celui qui lui servait pour l'hématome à la cuisse –, un nouveau tee-shirt – à manches longues cette fois-ci – et sa veste parce que les nuits lui paraissaient toujours fraîches. Il avait saisi sa bouteille et avait dévalé les escaliers, avant de sortir par la cuisine. Là, il y avait trouvé des petits pains posés dans un panier sur l'une des tables et en avait saisi deux. Une soumise du clan, Gemma, en faisait régulièrement et les laissait à qui les voulait dans les cuisines du QG.
Il avait ensuite rejoint Remy, qui se trouvait toujours en un seul morceau, dieu soit loué, et ils avaient filé vers le sud ouest des ruines.

A présent, ils étaient installés dans ce qui avait autrefois été une maison. Syd aimait y venir de temps en temps. La preuve était qu'il y avait laissé une couverture, des bouquins et autres objets dans l'un des placards encore utilisables, ainsi que des bouts de bois pour le feu. Ce dernier ronronnait d'ailleurs dans l'âtre.

Syd reposa la barre en métal pour le secouer contre le mur et alla s'installer près de Remy, sur la couverture étendue. Les verres étaient servis, il en saisit donc un et trinqua en cognant son verre contre le sien. « A la tienne. » Puis il engloutit une grande gorgée qui lui brûla la gorge et l'intérieur. Il ferma les yeux sous la sensation en laissant échapper un râle. « Bordel, je sais pas si ceux d'avant avaient de l'alcool moins fort, mais le nôtre décape l'intérieur. » Il grimaça alors que la sensation se dissipait graduellement.

Au bout de quelques secondes de silence, il reprit la parole, son regard fixé sur le feu crépitant. « Remy ? » Il remonta les jambes vers son torse et croisa ses bras par-dessus. « T'aurais aimé pouvoir vivre avant ? Tu sais, avant que tout se retrouve en ruines ? »
Syd avait toujours été fasciné par cette époque dont il ne connaissait que certaines bribes. Il se rappelait en détail des histoires que lui racontait la grand-mère du camp où il avait grandi. Il se rappelait de ce qu'il avait lu dans les livres qu'il s'était procurés et qui décrivaient un mode de vie qu'il ne comprenait qu'en partie. Il se rappelait des quelques images sur lesquelles il tombait de temps à autres et qui représentaient des familles, des situations qui lui étaient étrangères. C'était déjà beaucoup, étant donné la manière dont cette époque était partie en fumée, mais Syd en était constamment intrigué. Il ne pouvait empêchait le flot de questions qui se formait et se logeait dans sa tête – questions auxquelles il n'aurait jamais aucune réponse.

Dès la fin de ses paroles, il tourna la tête vers la Vipère alors qu'une de ses mains jouait machinalement avec l'ourlet de son pantalon.

Nous partîmes tous les deux vers le QG des Jaguars où j'attendis Syd contre un mur un peu à l'écart. Je me serais bien rafraîchis un coup aussi en fait, mais il était hors de question que j'aille quémander de l'eau, j'avais déjà trop pris aujourd'hui...

Lorsque Syd revint avec des petits pains, mon envie d'eau passa vite, me rendant compte que la faim était plus présente que la soif. Le vision du pain certainement, qui avait l'air délicieux à première vue. Nous nous dirigeâmes vers une veille maison en ruine que le Jaguar avait transformé en petit cocon douillet où nous nous installâmes avec bonheur, pour ma part du moins.

Désormais, un feu réchauffais la pièce où nous nous trouvions, assis sur une couverture, un verre à la main.

« A la tienne plutôt. »

Je souris avant d'avaler un grande gorgée. J'avais l'habitude de l'alcool, aussi ma réaction fut moindre que celle de Syd, qui me rire d'ailleurs. Je n'avais aucun idée des types d'alcool que les gens d'avant pouvaient avoir, mais nul doute qu'il devait être, si pas moins fort, au moins meilleur que le nôtre...

Après un temps de silence, le Jaguar m'interpella sans me regarder et me demanda si j'aurai aimé vivre avant la Grande Guerre. Mon regard suivis le sien, vers le feu, et je pris un temps de réflexion avant de répondre. Je ne m'était jamais vraiment posé la question, ma vie me convenant plutôt bien dans l'ensemble. J'avais toujours mes parents, ma sœur qui me protégeait comme elle pouvait, une situation plutôt stable en tant que Soumis des Vipères (ce qui n'était pas le cas pour beaucoup de Soumis...), alors pourquoi se poser des questions sur le passer ? Pour ma part, je préférais me concentrer sur le présent, là où j'étais toujours en vie...

Je tournais de nouveau les yeux vers Syd et croisais son regard. Lui semblait prendre la question au sérieux...

« Je ne sais pas. On sait si peu de choses du monde d'avant. Mais malgré ce qu'on peux en voir dans les livres, je ne suis pas certain que le monde devait être plus facile à vivre qu'aujourd'hui... »

J'étais tombé sur un livre qui parlait de guerres une fois. Non seulement j'avais eu beaucoup de mal à le déchiffrer, mais en plus je n'avais même pas voulut le finir tellement ce qu'il racontait me semblait aberrant...

Je repris rapidement en prenant la même position que Syd, appuyant ma tête sur mes genoux.

« Et toi, tu aurais voulus vivre avant ? »

Invité

Syd prit un instant pour réfléchir et une multitude d'informations qu'il avait accumulées concernant le monde d'avant, lui revinrent en mémoire. De ce qu'il avait compris, les choses étaient déjà bien en bordel avant la Grande Guerre. Il n'avait aucune idée de la temporalité de ces événements, simplement que ça remontait à encore plus longtemps avant la création des clans. Clairement, revenir à ce temps ne l'intéressait pas.

Les photos sur lesquelles il était tombé tout au long de sa vie montraient des temps où les gens semblaient heureux. Pour la plupart, leur état de conservation avait été mauvais. Elles avaient certainement appartenu à un temps encore plus ancien que la Grande Guerre, un temps où les guerres ne ravageaient pas la planète.
Il se rappelait principalement ce cadre qu'il avait trouvé dans le Sud de la France quand il était encore enfant. Un portrait de famille où l'on pouvait voir des personnes âgées, moins âgées, des jeunes adultes ou des enfants sourire à l'appareil, insouciants, heureux d'être ensemble, heureux d'être là où ils étaient. Ce genre de moment lui faisait envie. Ils lui rappelaient non seulement sa propre famille décimée mais ça lui soulignait encore plus le fait qu'il n'aurait jamais la chance d'assister à une telle réunion, que jamais le monde ne se remettrait.

Bien sûr, il avait une autre famille à présent, celle de ses parents adoptifs, des amis qu'il s'était choisis et des Jaguars. Tous le rendaient heureux et il était extrêmement reconnaissant au destin de les avoir placés sur son chemin. Mais parfois, dans les moments les plus durs, il ressentait tout de même un vide. Un goût amer s'installait dans le fond de sa gorge et lui rappelait qu'il avait perdu l'entièreté de sa famille.

Tout en se passant une main dans les cheveux, il répondit finalement : « Parfois, oui. Au moment où on n'avait pas à se battre pour une gorgée d'eau ou une poignée de céréales, où quand on mettait un pas en dehors du territoire, on risquait pas de se faire étriper par des libres en train de mourir de faim. Imagine ce que ça aurait pu être de vivre tranquillement avec sa famille, entière, sans se demander si le lendemain on serait tous encore vivants. »

Syd avait conscience que tout le monde n'avait pas perdu ses proches, comme lui, comme d'autres. Il était heureux pour son ami que ses proches soient encore en vie et à ses côtés. Il ne souhaitait à personne, pas même à ses ennemis, de perdre sa famille. Simplement, c'était une douleur qui ne s'effaçait jamais et c'était le genre d'argument qui lui donnait parfois envie de vivre dans un autre temps.

« Mais ça ne m'empêche pas d'être satisfait de ma vie. Je suis dans un clan qui me convient. Je me suis reconstruit ma propre famille. J'ai trouvé des gens qui m'aiment et que j'aime. J'ai de quoi manger et boire, expliqua-t-il en levant légèrement son verre, un sourire aux lèvres. Tout le monde n'a pas cette chance. »

Le silence s'installa durant quelques instants. Syd semblait perdu dans ses pensées, et je bu quelques gorgées en attendant qu'il en sorte, ne voulant pas le brusquer. Après tout, nous avions bien le temps.

Finalement, le Jaguar fini par reprendre la parole, disant que parfois il aurait bien voulut vivre avant. Mais je bloquais surtout sur la fin de sa première phrase, lorsqu'il parla de famille. Mes lèvres se pincèrent et mon regard se fixa sur les flammes dansantes. Syd n'avait plus de famille, ou du moins plus sa famille « d'origine ». Je ne pouvais pas comprendre ce que cela faisait, ayant encore mes parents et ma sœur, mais par contre je pouvais essayer d'imaginer la douleur que je pourrais ressentir si l'un d'eux devaient disparaître, à commencer par Kat. Cette idée me fit frissonner et j'avalais une grosse gorger qui me brûla la gorge et l'œsophage. Je posais ensuite mon verre avant de serrer l'épaule de mon ami avec affection, sans un mot. Ça n'aurait servis à rien de toute façon. Parler, pour dire quoi ? Que je suis désolé ? C'était déjà dit depuis longtemps, et le redire ne changerait rien de toute façon... Je me contentais donc d'être présent, car ça je pouvais le faire. Le soutenir, lui montrer que j'étais là s'il avait besoin, parce que c'est ça un ami aussi, quelqu'un qui est présent à tout moment, même les plus sombres.

Syd essaya d'enchaîner sur une note un peu plus joyeuse, et son sourire fût contagieux. Relâchant son épaule pou reprendre mon verre, je le levais légèrement également avant de reporter mon regard devant moi. Ses premiers mots me revinrent alors en tête : vivre sans devoir se battre, sans avoir peur de voir disparaître jusqu'à sa propre vie du jour au lendemain... L'idée était tentante. Et puis la famille... lui parlait des Jaguars dans leur ensemble, de son clan, entre autre, disant que tout le monde n'avait pas la même chance que lui. Mon clan... les Vipères étaient loin d'être aussi familiales que les Jaguars... et dire que j'avais de la chance d'en faire partie serait mentir. Bien sûr je n'avais pas tellement à me plaindre de ma situation comparée à certains. Être considéré comme un Mignon pouvait avoir du bon, mais à quel prix... Je détendis mes jambes pour ensuite les croiser en tailleur, tenant mon verre à deux mains, qui elles reposaient sur mes chevilles. Je repris la parole sans vraiment m'en rendre compte, ma voix me semblant un peu lointaine alors que j'étais soudain perdu dans mes pensées.

« C'est vrai que vivre sans devoir payer pour survivre pourrait avoir du bon en fait... »

Invité

Remy lui rendit son sourire en abaissant son verre avant de détourner le regard, laissant un silence confortable s'installer. Syd frotta machinalement son visage contre son bras, qui reposait sur ses genoux relevés, et un pic de douleur le fit grimacer. Il écarta son visage vivement et laissa ses jambes glisser au sol avant de croiser ses chevilles. Il but une gorgée en silence tout en jetant un regard en coin à son ami, qui semblait perdu dans ses pensées.

Alors qu'il se faisait la réflexion qu'il aurait parfois aimé savoir ce que les gens pensaient, le Vipère reprit la parole, les yeux fixés dans le vide, concentré sur une pensée, un souvenir, quelque chose que Syd ne pouvait voir.
Il émit un son approbateur en se réinstallant plus confortablement, l'un de ses bras venant barrer son ventre sans y prêter attention. Il avait une assez bonne idée de ce prix à payer dont Remy parlait. Sans être la plus dure, la vie dans les clans n'avait rien d'une sinécure. Il fallait être constamment vigilant, prudent, sur le qui-vive. Il fallait penser à tout rationner. L'avenir n'allait pas plus loin que le prochain ravitaillement. La violence et la cruauté était monnaie courante.
Dans certains clans, c'était même pire que dans d'autres. De l'avis du Jaguar, les Vipères arrivait avant-dernière dans le classement des clans, les Dragons battant tous les records avec leur dernière place méritée de loin. Il ne faisait pas de généralités, il savait qu'un individu ne constituait pas un clan, mais certains schémas s'y répétaient inlassablement.
Il avait connaissance de quelques faits quant à la condition de son ami mais évitait de poser des questions si Remy n'abordait pas le sujet de lui-même. Il savait qu'il y avait des bons côtés mais Syd ne pouvait s'imaginer un instant à sa place. Cependant, là encore, le Vipère avait-il vraiment eu le choix ? Rares étaient ceux qui quittés leur famille pour rejoindre un autre camp à dix ans...

Il sentait pourtant qu'il y avait plus derrière la réaction de Remy et ses paroles. Il hésita un instant sur la manière dont il pouvait demander ce qu'il avait en tête puis se décida d'abord pour un soutien par contact physique au cas où son ami se perdait dans des contrées vraiment peu joyeuses.
Il se décala en faisant glisser ses fesses sur le sol, entreprit de s'allonger sur le dos et se plaça de façon à pouvoir poser sa tête sur la cuisse de l'autre brun, forçant ainsi ce dernier à lui faire un peu de place et à prendre le rôle de « coussin officiel ». Il gesticula un instant le temps de trouver le positionnement adéquat et posa machinalement son verre à côté de lui.
C'est seulement alors qu'il leva les yeux vers Remy, un léger sourire aux lèvres, profitant du moment.

Il continua de le fixer quelques instants en silence alors qu'il cherchait les bons mots pour formuler sa question. Son sourire se fana au fur et à mesure pour ne laisser place qu'à une expression ouverte mais sérieuse. Il se lança finalement à voix basse, sa main libre jouant avec un fil décousu de son tee-shirt. « Quand tu dis « payer pour survivre », tu penses à quel prix plus spécifiquement ? » Remy comprendrait qu'il ne parlait pas de l'aspect évident, pas besoin de développer plus à ce niveau.

Alors que le silence s'étirait sans que je ne m'en rende vraiment compte, Syd, se mis en mouvement. Je sursautais lorsqu'il posa sa tête sur ma cuisse, et suivis le mouvement alors qu'il gesticulais pour s'installer confortablement. Sa réaction me fit sourire malgré moi, et je soutins un instant son regard amusé, laissant mes doigts glisser légèrement dans ses cheveux, avant de détourner les yeux, mon sourire s'effaçant avec le sien.

Lorsque le Jaguar repris la parole, je laissais échapper un léger soupir. Je chipotais toujours dans ses cheveux, machinalement, mais sans lui faire mal non plus. Le prix... Je baissais les yeux vers Syd avant de répondre, mais je ne le regardais pas vraiment pour autant.

« Soi-même... C'est nous les prix, enfin notre vie... On s'offre pour pouvoir survivre ne serais-ce que quelques heures de plus... »

Quand je disais « on », je parlais bel et bien de tout le monde, même si « l'offrande » en question variait d'une personne à l'autre. Syd, il avait du sacrifier sa famille... ou plutôt sa famille s'était sacrifiée pour lui, d'une certaine façon. Moi, j'offrais mon corps... Même si j'avais la « loisirs de choisir », ça n'en restait pas moins une moyen de survivre. S'offrir aux bonnes personnes afin d'éviter les ennuis et d'être mieux traiter...

« L'offrande du corps... »

J'avais murmuré mes derniers mots malgré moi, laissant échapper tout haut mes pensées. Mais cela sembla me ramené sur terre car je sursautais au son de ma propre voix et vidais d'une traite le reste de mon verre afin de noyer mon trouble. Je divaguais... Contrit, j'affichais un sourire forcé et posais le regard sur le visage de Syd. Mon sourire d’adoucis aussitôt alors que je reprenais la parole, un peu trop vivement.

« Enfin bon, y a quand même des cas où les choses sont plus réelles, ou ça vaut vraiment la peine. »

Je lui infligeais une petite pichenette sur le front afin de lui faire comprendre de qui je parlais et laissais échapper un petit rire. Les moments avec Syd n'étaient qu'occasionnels, et je parlais pas seulement de ceux au lit, mais au moins ne servaient-ils pas à assurer ma survie, contrairement aux autres...

Invité

Il sentit la légère crispation des doigts de la Vipère dans ses cheveux et se mordit l'intérieur de la joue, légèrement anxieux. Il baissa les yeux lorsque Remy prit la parole, son regard se posant sur le mur au papier peint taché et jauni. Il acquiesça de la tête sans s'en rendre compte. C'était bien trop vrai. Après tout, ils survivaient dans ce monde. Ils ne vivaient pas. Pas besoin des philosophes des siècles précédents qu'aucun des deux ne connaissait pour leur faire réaliser cet état de fait. Pourtant, c'était leur vie et leur normalité. C'était la raison pour laquelle on entendait rarement des gens s'en plaindre à proprement parlé.

Le murmure qui suivit serait presque passé inaperçu si la tête de Syd ne s'était pas trouvée sur la jambe de la Vipère. Il releva brusquement les yeux vers lui. Il savait que Remy n'était pas contre les plaisirs de la chair, loin de là, mais sa condition de mignon allait au-delà. Et la manière dont il avait prononcé sa phrase laissait clairement entrevoir au Jaguar une certaine... amertume ? Tristesse ? Il ne savait pas réellement. Alors il se contenta de lever le bras et de poser une main compatissante sur la joue de son ami l'espace d'un instant avant de laisser tomber son bras. C'était peu, mais il ne pouvait lui offrir grand-chose en cet instant : quoiqu'ils fassent, rien ne changerait leur situation. La vie était ce qu'elle était.

Syd répondit à son sourire crispé par un sourire léger qu'il voulait rassurant, puis un plus chaleureux lorsque le visage de Remy s'ouvrit à nouveau. Il ferma instantanément les yeux et les plissa lorsque le Soumis lui donna une pichenette sur le front, puis laissa échapper un rire léger. Un éclair de tendresse éclaira ensuite ses traits. Il attrapa rapidement le poignet de l'autre brun, fit mine de mordre son index et le relâcha aussitôt. « Flatteur, va. » Il affichait un sourire en coin qui signifiait sans une once d'hésitation que la réciproque était valable.
Il se tourna sur le côté, face vers le mur, visage tourné vers Remy, sa main reposant sur l'avant-bras de la Vipère. « Tu comptes aussi beaucoup pour moi, Remy. » Il exerça une pression de sa main puis cala son front contre le côté du ventre de l'autre jeune homme, naturellement et paisiblement.

Syd n'était pas du genre à être gêné par l'affection qu'il entretenait pour les autres. L'afficher n'était pas non plus un souci. Seulement, dire des mots comme « je t'adore » ou « je t'aime » ne faisait pas partie de ses habitudes. Il ne les avait d'ailleurs jamais prononcés, pas même à l'adresse des membres de ses deux familles. Les premiers parce qu'ils sonnaient souvent assez creux pour le Jaguar. Il n'étaient donc clairement pas suffisants pour exprimer la profondeur de son attachement à Remy. Les derniers parce qu'il souhaitait les réserver à l'homme dont il tomberait amoureux et avec qui il partagerait, il l'espérait, un bout de chemin. Malgré leur entente excellente, malgré leur lien parfois plus qu'amical, Remy n'était pas cet homme-là. Si leur relation avait dû prendre cette tournure là, le Jaguar était persuadé que les choses se seraient concrétisées entre eux depuis longtemps déjà.
Pour toutes ces raisons, il choisissait toujours d'exprimer ces sentiments par des phrases plus longues, mais plus exactes et plus significative à son avis. Il préférait. Il était certain, ainsi, que les gens qu'il aimait savait à quel point ils comptaient vraiment pour eux.

Je penchais un peu la tête lorsque Syd passa doucement sa main contre ma joue, voulant profiter au mieux de la caresse, même brève. Et l'atmosphère s'allégea de nouveau lorsque la Jaguar laissa échapper un rire, rire contagieux, surtout lorsqu'il mine de me mordre le doigt.

« Wow, mais c'est qu'il mort le chaton. »

Si d'habitude ce terme était utiliser comme une insulte à l'encontre des Jaguars, je l'utilisais ici affectueusement. Syd s'installa plus confortablement sur moi et je posais de nouveau ma main dans ses cheveux, un petit sourire aux lèvres après les paroles du brun.

Nous restâmes un moment ainsi, sans bouger ni parler, jusqu'à ce que je reprenne de nouveau la parole, le ton un peu plus rieur cette fois.

« Hé, et moi j'ai pas droit à un oreiller au fait ? »

Me basculant en arrière afin de me retrouver allonger, je me tortillais pour essayer de me retrouver la tête sur le ventre de Syd, ce qui n'était pas gagné au vu de la position de base...

Invité

Le silence s'installa à nouveau, confortable, et Syd se permit de laisser ses pensées dériver, sa main se crispant sur l'avant-bras du Soumis quand elles étaient moins joyeuses, se détendant lorsqu'elles l'étaient davantage.
Il releva finalement la tête lorsque Remy attira son attention puis laissa échapper un léger rire. Rire qui se stoppa net lorsque l'autre homme se mit en tête de profiter à son tour d'un oreiller.

A moitié surpris, à moitié amusé, il se redressa sur ses coudes et l'observa d'abord faire avant de s'éloigner du mur pour lui laisser la place suffisante pour bouger. « OK, OK, j'ai compris, je te cède la place. C'pas possible, les enfants, hein. » Il rit légèrement avant de se mettre un peu de biais sur la couette par rapport à sa position initiale, permettant ainsi à Remy de s'allonger au sol et de... poser a priori sa tête sur le ventre du Jaguar.

Syd gloussa en l'observant, redressé sur ses coudes. « Ça va ? On est mieux, m'sieur ? » Il dit ça sur un ton amusé, en levant sensiblement les yeux au ciel.

Je ris alors que Syd bougeait également pour me laisser la place. Finalement, je réussis à m'installer comme je le voulais, les yeux fermés, et ne faisant pas attention à se remarque sur le fait de mon comportement d'enfant. Mais j'ouvris bien vite un œil pour regarder Syd qui avait repris la parole, et sa question m'arracha un sourire.

« Beaucoup mieux. T'es plutôt confortable comme chaton. »

Refermant mon oeil, toujours souriant, je fit mine de bayer en m'étirant avant de reprendre sur un ton faussement fatigué.

« Je ferais bien un petit somme d'ailleurs, bonne nuit. »

Mais si je rigolais de base, si Syd n'avait rien de mieux à me proposer, j'aurai bien réellement dormis en fait... Les coups reçus lançais légèrement sans pour autant faire mal, mais j'avais l'impression que cela me pompait quelque peu mon énergie...