C'etait terminé. Dans ma tête tout était flou. J'aurais été bien incapable de savoir comment j'avais fait pour rentrer sur le territoire. Pourtant, il avait dû s'en passer des choses. Une sentinelle avait dû m'escorter jusqu'aux frontières, mais je n'en avais aucun souvenir. C'était aussi probablement un miracle que je ne me sois pas faite attaquer sur le chemin. Les rues n'étaient pas sûres par les temps qui courraient, j'avais dû avoir beaucoup de chance. Et puis, il y avait eu Kahlan. Mon nouvel ami était sorti de nulle part. Notre interaction semblait aussi être une vague d'inconnues. Il m'avait trouvé et pour une raison qui s'échappait je l'avais suivi. Peut-être parce que j'avais bizarrement confiance en lui. Ou peut-être simplement parce que j'étais à côté de mes pompes et que j'aurais suivi n'importe qui. Qui pouvait vraiment savoir ? Toujours est-il qu'il nous avait emmené dans un endroit bizarre. Une maison fréquentée par un mélange de gens hétéroclite où on servait de l'alcool. Bizarre. Nous avions marché longtemps en plus. Lorsque je m'étais assisse mon cerveau en avait profité pour déconnecter encore plus. Une pause était vue comme une occasion de se laisser sombrer. Lorsque Kahlan parla, je sursautais donc nettement et il me fallut une seconde pour comprendre ce que je fichais ici. Et puis, il y eut le contact frais du verre sur ma peau et je baissais les yeux pour le fixer. De l'alcool. Cette simple vue me fit monter des larmes piquantes que je tentais tant bien que mal de retenir. Nous étions en public et je ne voulais pas s'afficher. Si je m'étais rapprochée de Eli, c'était à cause de l'alcool, alors terminer ici était un parallèle un peu cruel. Pour autant , j'étais désireuse de me vider la tête et j'espérais juste que la boisson n'aurait pas le même effet que la dernière fois . J'avalais mon verre, mais il n'y eut pas de grimace cette fois. C'était moins agressif que l'alcool de contrebande de l'autre fois. Pas de sensation corrosive, juste un chaleur pas désagréable.

La tentative de Kahlan pour détendre l'atmosphère fit une sorte de flop. Je ne comprenais même pas ses effort, mais je les appréciais parce qu'il était de loin mon seul ami. C'était fou. Il y a moins de cinq jours, je ne connaissais même pas son existence et maintenant, il était là, bien présent dans ma vie et visiblement prête à y rester pour un bon moment. Peut-être même pour toujours. Tout comme il semblait avoir toujours été là quelque part. Cela me dégoûtait encore plus de devoir le contraindre à traiter avec moi dans cet état. J'aurais dû aller m'enterrer dans mon lit plutôt que de peser comme un stupide poids sur ses épaules. Je me doutais qu'il n'aurait pourtant pas accepté cette situation, il semblait plutôt têtu dans son genre. Le problème, c'était qu'il ne pouvait rien. Cette situation était trop... Trop. Je haussais légèrement les épaules et décidais d'éclaircir un peu tout ça.

- Alors c'est à moi que tu vas devoir casser la gueule. Tout ça, c'est ma faute. Mes conneries, ma responsabilité.