Nous devions encore pas mal travailler pour le clan, pour consolider certaines choses et nous assurer d'être en « forme » pour ne pas nous montrer faibles aux trois autres clans. Je savais pertinemment que nous n'étions pas faibles. Quel clan peut affirmer qu'il se serait relever sans la moindre blessure et aussi forts après un tel soulèvement ? Je ne suis pas certaine que les Dragons avec leur fierté et leur élitisme puisse le jurer. Peut-être parce que je déteste leurs injures vis-à-vis de nous ou simplement parce que, en y pensant, ils se détestent, se craignent mutuellement. Ce n'est pas une bonne chose pour la survie d'un clan dans son entièreté. Seulement, j'avais beau avoir cette fierté en moi et l'assurance qu'on allait se remettre plus rapidement et surtout beaucoup plus forts parce que plus prudents aussi, la rébellion m'avait touchée, comme elle avait touché tout un chacun parmi les Jaguars. Des membres de notre clans y avaient laissé leur peau pour notre survie et j'étais touchée par l'acte. Si j'avais voulu être à leur place, je savais que survivre était encore plus important et qu'il me fallait être solide pour être encore plus utile désormais. D'ailleurs, j'avais entendu cette phrase. De Grey. Il m'avait supplié de rester en vie et de ne pas trop en faire parce que ma vie comptait pour le clan et pour sa remise en forme. J'étais important, m'avait-il dit. Pourquoi ? Parce qu'il faut des membres qui ont foi en Noâ et le reste des Jaguars pour les encourager et pour porter aussi bien des choses physiques que psychologiques. Par là, je pensais personnellement à Estelle qui devait avoir bien du mal. Elle était jeune. Très jeune. Trop jeune pour vivre tout ça. J'espérais donc humblement que ma joie de vivre et mon optimisme aident ceux qui ont moins de chance que moi.

« Pfiou ! », j'avais encore aidé ci et là parce que c'était mon jour de repos. J'étais toujours entreprenante, disponible – dans la mesure du possible -, et enthousiaste dans ces cas-là. Comme dans la plupart des cas, dans les faits. Là, j'étais un peu épuisée. J'ai mes limites physiques comme tout un chacun. Même la plus fière des Jaguars est fatiguée. Je n'ai pas la prétention de dire que je suis la plus fière des Jaguars mais disons que je le suis beaucoup et que ça se sait dans tout le territoire. Tout le monde sait de quoi je suis capable pour les Jaguars, quitte à le crier au centre neutre pour un pari débile, s'il le fallait. Pourtant, étrangement, j'ai une amie Dragonne. Je ne sais pas trop si elle me considère comme une amie, par contre. Elle s'appelle Violette. Je l'ai rencontrée il y a quelques années déjà. Il y a être fière et être bornée et trop fermée. Je m'étais assise près du quartier général, sur une roche à deux pas de la porte plus précisément. J'aurais pu aller boire dans ma chambre mais pour le moment, ça allait relativement bien. Alors, j'avais la tête plongée dans le vide. Je ne regardais pas grand-chose. Rien, pour être plus précise. C'est sûrement pour ça que je n'avais pas vu venir cette silhouette. « April ? », elle était près de moi. Son souffle m'avait sortie de ce vide. Je la connaissais vaguement. Surtout de l'une ou l'autre fête. Nous ne traînions pas souvent ensemble. Je savais qu'elle avait eu Zayne comme Mentor, celui qui était désormais le Formateur d'Asha. Cela dit, je ne parlais jamais de lui. April était April, au fond. Pas l'ancienne « élève » de Zayne. « Je ne t'avais pas vu venir. Désolée. Tu veux de place ? », j'étais comme ça avec tout le monde, du moins, tous ceux de mon clan. On est une grande famille, n'est-ce pas ? Tu devrais te méfier, Ella.