Je soupirais. C'était le premier jour où un semblant de calme était de retour dans le clan depuis la rébellion. Depuis trois jours, tout le monde courrait dans tout les sens et je n'avais pas totalement compris le sens de cette fourmilière. En revanche, il y avait une chose que j'avais bien compris. Les enfants gênaient. Alors j'avais fais ce que je sais faire de mieux. Me poser dans un coin discret et rêver. Cela m'avais convenu jusqu'à maintenant. Des membres et des soumis avaient bien sûr eu la charge de s'occuper de nous mais je n'aimais pas trop me retrouver au milieu d'une foule lorsque il régnait une agitation pareille. Alors je m'étais faite discrète et silencieuse. Alternant rêveries, réflexions et parfois pleurs. C'était bizarre de me dire que des personnes que je croisais tout les jours et bien... Je ne les verrais plus jamais.

Soudain, j'étouffais dans l'appartement de mon père. Il me fallait de l'air. Juste un peu d'air frais. Je me sentais prise au piège entre ces murs. et mes pensées n'aidaient en rien. Je ne pouvais pas les retenir. J'aurais aimé qu'il existe un bouton OFF dans mon cerveau. Un bouton qui couperait tout et qui laisserait seulement les fonctions vitales type marcher, manger, dormir, boire... Un bouton qui m'empêcherait de songer à tout ça et d'y réfléchir. Je ne voulais pas. Je voulais juste être anesthésiée de tout ça. Que ça sorte de mon crâne. Je me dirigeais vers le fauteuil dans lequel mon père était endormi et le secouais tout doucement. Lorsque il commença à être en état de comprendre je lui murmurais :

"-Papa ? Je vais me promener un peu dans le quartier, je m'éloigne pas promis. Je serais de retour dans deux heures maximum."

Mon père hocha la tête avant de se rendormir. Je souris. Je ne savais même pas si il avait comprit ce que je venais de dire tellement il semblait dans le coaltar. Il avait insisté pour aider ces trois derniers jours et il avait énormément travaillé. Il avait plus l'habitude mon pauvre petit papa. J'enfilais rapidement une veste et sortis. Une fois dans les rues, j'inspirais un grand coup la sensation étouffement disparaissant peu à peu.

Je me baladais dans les allées du camp, le bout des doigts de ma main droite tapant deux fois contre les murs toutes les dix secondes. Au fur et à mesure de mes pas, mon esprit s'était vidé pour se concentrer uniquement sur le bout de mes doigts qui heurtaient régulièrement le mur dans un bruit étouffé et régulier. Je relevais finalement la tête. J'avais laissé mes jambes me guider sans faire spécialement attention à où j'allais. Je fis encore quelques pas et aperçus une silhouette familière assise sur un banc un peu plus loin. Je m'approchais et me rendis compte que c'était Bridgit. Je souris et me mis à courir. J'arrivais bientôt à ses côtés et la saluais :

"-Coucou !"

Ce jour-là j’avais décidé de profiter de mon temps libre pour aller trouver un coin tranquille pour faire des jouets. Ayant trouvé quelques bâtons de bois, je m’étais dit que certains d’entre eux pourraient être idéale pour être scuplter en jouet. Trouvant un coin paisible sur le territoire, je finis par m’assoir, sortant mon couteau pour commencer mon travail tranquillement. Tout bas, je chantonnait un peu tout en travaillant. En travaillant, je ne pouvais que m’imaginer les réactions des enfants devant leurs nouveaux jouets. C’était suffisant pour moi. Je savais qu’ils allaient aimer ce que j’allais faire. Ils avaient toujours eut cette place dans mon coeur et même si je disais les aimé également, j’avais quelques préférences pour certains d’entre eux. En premier, il y avait Nuka. Nuka était le fils de Noâ et même s’il avait généralement une escorte, il arrivait souvent qu’il trouvait une façon de les fuire. Parfois, lorsqu’il faisait cela il venait me voir et dans ces cas-là je savais que je pourrais tranquillement vieiller sur lui. Mais de façon générale, je n’étais pas toujours l’endroit ou il aimait venir. Plus souvent qu’autrement, il allait au centre neutre ou ailleurs.

Ensuite, il avait Molly qui semblait subir l’influence de Nuka malgrer le fait qu’elle n’aille que 5 ans. Molly était une petite fille qui tentait par tous les moyens d’obtenir ce qu’elle voulait. Malheureusement pour le reste du clan, elle faisait ce qu’elle voulait quand elle le voulait ce qui causait parfois des problèmes aux autres. Mais elle me faisait confiance, ce qui me plaisait tout à fait. Trop jeune pour avoir des idées originals d’endroit ou fuire, j’arrivais donc toujours ou presque à la retrouver. Elle était probablement la seule qui parfois me gavait. Elle n’avait pas la langue dans sa poche et malgré le fait qu’elle ne comprenait pas tout ce qu’elle entendait, elle avait la fâcheuse tendance de tout répété ce qui avait le malheur d’être entendu par ses oreilles. Heureusement, Zayne semblait être en mesure de s’occuper d’elle sans trop de mal. Enfin, il y avait Estelle. Cette jeune fille avait, semblait-il, toujours la tête dans les nuages, marchant jusqu’à ne plus trop savoir ou elle allait, sans trop porter attention. J’entends les pas marchant vers moi avant d’entendre sa voix. Un sourire se glissa à mes lèvres alors que mes mains. Coucou ! me salue alors Estelle. Levant la tête, je lui souris. Je suis toujours ravie de la voir celle-là.

« Coucou Estelle, tu vas bien? » lui demandais-je.

Je souris à Bridgit lorsque celle-ci s'aperçut de ma présence. Je l'aimais bien. Elle était toujours gentille avec nous. Comment ça qui "nous" ? Et bien, nous, les enfants ! Pour ma part, je lui faisais confiance et l'aimais bien. Elle pensait souvent à nous que ce soit en nous faisant un jouet, en nous écoutant ou autre. Je m'assis a environ un mètre devant elle et observais avec attention ce qu'elle faisait. Entre ses mains, quelques bâtons de bois qu'elle taillait. Intérieurement, je me demandais si elle était en train de construire un jouet comme elle le faisait souvent, spécialement pour nous. Au bout d'un moment, je m'aperçus que je m'étais assise sans même lui demander son avis. Je rougis un peu et demandais timidement :

"-Euh... Je te dérange pas hein ? Sinon c'est pas grave je m'en vais."

Je lui souris timidement. Mon papa était très à cheval sur la politesse et il m'avait toujours appris a dire "s'il te plait", "merci", "bonjour", "au-revoir", etc. Bon, j'avais honte de le dire mais il m'arrivais parfois d'oublier. Mais, si j'étais avec mon papa, il me reprenait et je m’excusais avant de dire le mot qu'il attendait et c'était vite oublié, bien qu'il me gronde des fois. Mais il ne faisait jamais très méchamment et tout comme mes manquements à la politesse, c'était rapidement oublié. Je finis par demander :

"-Sinon tu vas bien ?"

Et ma question était plus que sérieuse. Avec la rébellion, les blessés et les morts, n'importe qui aurait été bouleversée. Je ne connaissais pas vraiment ceux qui étaient morts mais j'avais pleuré longtemps. En plus, la dose de travail était plus conséquente que d'habitude. Moi je ne le subissais pas vraiment étant donné que j'étais encore petite pour travailler. Mais je commençais déjà à m'entrainer ! Et la Rébellion m'avais convaincu que c'était bien plus important que ce que je pensais. Donc, dès que les derniers événements seraient un peu retombés, je comptais bien m'entraîner encore plus que d'habitude !!!

Mon regard suit Estelle qui finit par s’assoir près de moi. Je ne perds pas mon sourire pour le moins du monde. Je n’aime pas dire que j’ai quelques favoris parmi les enfants parce que je les aime tous également, mais je dois admettre que j’aime peut-être un tout petit peu plus Estelle. Je ne pourrais pas dire pourquoi, peut-être parce qu’elle me rappelle moi-même à son âge. Difficile à dire, mais je l’aime beaucoup. Euh... Je te dérange pas hein ? Sinon c'est pas grave je m'en vais. me dit-elle alors timidement. Je souris de plus belle, posant une main sur son bras pour la rassurer.

« Ne t’en fais pas ma belle, tu ne me déranges pas le moins du monde. » lui dis-je en souriant.

Je la trouve mignonne lorsqu’elle fait sa timide. Je n’ose pas m’imaginer ce qui pourrait lui arriver. La petite à tendance à se perdre dans ses pensées, ne regardant plus ou elle va. Je crains qu’un jour il lui arrive malheur. Je crois que je m’en voudrais s’il lui arrivait quelque chose. Et pourtant, ce n’est pas ma soeur, ni même ma fille ou rien. Mais je tiens à elle. J’espère qu’elle est tout de même prudente. Sinon tu vas bien ? me demande-t-elle alors le plus sérieusement du monde. Je ris doucement, ébouriffant doucement ses cheveux sur le dessus de ses tête avant de lui répondre.

« Bien sûr que ça va. Pourquoi ça n’irait pas? » lui demandais-je en penchant la tête sur le côté sans la quitter des yeux. « Et toi? Tu vas bien? » demandais-je à mon tour.

Je souris lorsque Bridgit me posa une main sur le bras en me disant que je ne la dérangeais pas. Elle faisait tellement pour nous, elle était toujours là qu'on était, à peu prés, tous respectueux avec elle. Ça aurait été assez mal poli de faire le contraire après tout. J'avais du respect pour tout les membres, mais pour certains, j'en avais plus que pour d'autres. Bridgit tout comme Ezekiel ou Syd ainsi que quelques autres, en faisait partie. En plus, je l'aimais bien Bridgit. Pas vraiment dans notre clan mais il y avait certains Membres qui n'avaient pas beaucoup de respect pour les Soumis et les enfants (bon OK ça coule de source, normalement quand tu es un enfant, tu es un Soumis). Je revins sur terre lorsque Bridgit me demanda pourquoi ça n'irait pas. Bah avec la Rebéllion et les morts, j'avais croisé plusieurs Membres et Soumis qui n'étaient pas au top de leur forme. C'était normal quelque part. Chez certains c'était passé assez vite (ou alors ils faisaient juste très bien la comédie), mais l'état de quelques autres été assez inquiétant. Je finis par lui répondre :

"-Avec tout ce qui c'est passé, certains ne vont pas très bien... Du coup je demande. Mais moi ca va dans l'ensemble. Ca me fait vraiment bizarre et je suis un peu triste mais bon..."

La phrase que je venais de prononcer fit revenir à mon esprit la question qui tournait en boucle depuis quelques jours maintenant et qui me turlupinait pas mal, quand même. Je n'avais pas vraiment osé la poser. J'avais un peu peur qu'on me réponde une absurdité ou bien qu'on me dise de ne pas me poser ce genre de questions. Ce que je voulais c'était une réponse construite, honnête. Même si on me disait qu'on ne savait pas vraiment c'était pas bien grave. Tout ce que je voulais c'était savoir. Alors je me décidais à la poser à Bridgit. Je savais qu'elle me répondrait honnêtement :

"-Dit Bridgit... Selon toi, il y a quoi après la mort ?"

Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce qui pouvais bien lui passer par la tête, la pauvre Estelle. Un enfant n’avait pas besoin de se tracasser au sujet de rébellion et de morts. Elle avait besoin de vivre son enfance, à mon avis, même si c’était plus facile à dire qu’à faire, je l’avoue. Il n’y a pas de raison pour qu’elle s’en fasse pour moi par exemple. Certes, avec la rébellion nous avons perdu des membres, mais je ne suis pas affecter à ce point non plus, je vais m’en remettre ça ne fais pas de doute. Du coup, lorsqu’elle me demande si je vais bien sur un ton qui suggère qu’elle s’inquiète, je ne pêux pas ne pas lui demander pourquoi elle pense que ça n’irait pas. Évidemment, je me doute que la réponse est celle qu’elle va me donner, même si j’espère au fond de moi qu’elle n’est pas affecté par la rébellion. Avec tout ce qui c'est passé, certains ne vont pas très bien... Du coup je demande. Mais moi ca va dans l'ensemble. Ca me fait vraiment bizarre et je suis un peu triste mais bon... me dit-elle. À sa réponse me coeur se serre, mais je fais de mon mieux pour ne pas perdre mon sourire. Je ne veux pas qu’elle se tracasse de tout cela, mais vraiment pas. « Pourquoi tu es un peu triste? » Je ne suis pas inquiète, mais je me demande pourquoi, à son âge, elle peut se sentir triste.

Je l’observer en silence et je ne peux m’empêcher de remarquer que quelque chose semble la préoccuper, mais je ne dis rien et je maintient mon sourire que je veux doux et maternelle. Dit Bridgit... Selon toi, il y a quoi après la mort ? me demande-t-elle. La question me surprend. Bien qu’elle peut sembler naturelle, normale, je n’arrive pas à croire qu’elle s’en fait sur ce sujet là. Ensuite, je ne sais pas trop quoi lui répondre. Ce qu’il y a après la mort… Je n’en sais rien moi-même, c’est une question qui à mon avis doit tracasser tout le monde, mais je ne sais pas ce qu’elle s’attend à avoir comme réponse. Dois-je opter pour un mensonge ou la vérité? « Qu’est-ce que tu crois qu’il y a après la mort? » finis-je par lui demander. Je suis sincèrement curieuse, mais je me demande aussi pourquoi elle peut se poser une telle question à son âge. Même moi je ne me suis pas demander ce genre de question à son âge.