le chat et la souris [PV Raph]

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Jour 6

Alerte rouge.
Cela résonnait depuis des jours dans sa tête.
Alerte rouge.
Ses sens étaient aux aguets.
Alerte rouge.
Elle ne dormait définitivement plus.

Noé bougeait. Elle réparait, aidait, écoutait. Elle faisait tout pour ne pas rester en place. Elle devait être en mouvement, c'était plus fort qu'elle. Son foutu instinct de survie la stimulait. Pourtant, elle ne se départissait pas de son calme. Elle avait déjà connu des situations bien pires mais à raison, un petit voyant rouge s'était mis à clignoter dans sa tête et sans plus de questions, sa nature l'avait poussée à agir.
La demoiselle travaillait du matin au soir, à défaut de pouvoir continuer pendant la nuit. Elle savait qu'elle n'y était pas obligée. Qu'elle pouvait désormais retourner travailler dans son atelier. Néanmoins, dès qu'elle le pouvait, elle se faufilait pour prêter main forte aux autres membres. C'était sa tâche; réparer les choses. Alors maintenant qu'elle pouvait mettre toutes ses années de labeur à contribution pour une plus grande cause que fabriquer des chaises ou des tables, elle n'allait pas s'en priver. Ca l'enchantait même; de pouvoir être si utile. Pas qu'elle désirait une quelconque reconnaissance, mais la soumise aimait occuper son temps avec ses mains.

Noé aperçut de loin Raphaëlle et fit une pause dans son travail pour aller la voir. Elles ne s'étaient plus beaucoup parlées ces temps-ci, avec toute cette agitation. D'ailleurs, Noé n'avait pas parlé à grand monde d'autre chose que les réparations auxquelles elle s'adonnait.

Entre la russe et elle, les rapports avaient toujours été très particuliers. Noé ne savait pas si elle devait la considérer comme une amie ou une simple camarade, mais elle s'en foutait pas mal à vrai dire. Elle avait cessé de compartimenter les gens dans des cases quand elle avait compris que celles-ci ne voulaient strictement rien dire, et que ce n'était pas parce que quelqu'un était génétiquement de ta famille que cette personne se comportait comme tel. Les deux jeunes femmes vivaient à l'humeur et ça convenait très bien à Noé.

Tandis que la soumise arrivait vers la membre, elle lui lâcha; narquoise.

« A cette allure-là, la saison polaire aura passé que tu n'auras toujours pas cloué un clou dans le plancher. »

Noé prenait un malin plaisir à la titiller, sachant que l'autre demoiselle n'hésiterait pas à en faire autant si l'envie lui prenait. C'était comme ça, entre elles. Des piques, des confidences, des insultes. Quelque chose d'étrange qui leur permettait de vivre ensemble.

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I'm the cat. Your'e the mouse. Remember it.

Jour 6 de la rébellion.

La feuille était parcourue d'une écriture fine et légèrement penchée. Une écriture élégante. Visiblement, le crayon qui courrait sur la feuille avait de l'expérience dans la rédaction. Raphaëlle relue ses notes en tapant le haut de son crayon sur la tablette de bois qui tenait sa liste. L'air concentrée et la lèvre prise entre ses dents, la Jaguar recomptait toute les rations qui était rentrées dans la cuisine. Elle se pencha en fixant toujours sa feuille et ses genoux craquèrent sèchement sous le mouvement. Elle était debout depuis trop longtemps. Sa langue claqua sèchement d'agacement alors qu'elle recomptait les caisses puis barrait sèchement une ligne pour la reprendre.

- Bon. Tout y est. Ça devrait faire.

Elle se redressait quand une voix familière, trop familière l'interpella de la plus désagréable des façon. Mais ça avait toujours été comme ça entre elles. Raph' savait à quoi s'en tenir avec sa compagne. C'était haine-amour. Un lien qui durait de façon surprenante depuis un long moment déjà. Lentement, la brune se tourna vers la nouvelle venue avec un air entre l'agacement et l'indifférence. Ce qui faisait contraste avec son habituel sourire. Mais les dernières journées avaient été pénibles pour tout le monde. Et son niveau de stress était à un niveau ou elle n'avait même plus le courage de faire semblant constamment que tout allait bien. Trop de morts.

Beaucoup trop.

La plus vieille soupira lourdement et leva les yeux au ciel en répondant avec agacement.

- C'est pas mon boulot de cogner des clous. C'est le tient. Et comme tu me parles, clairement les réparations ne seront pas terminées avant que ta saison polaire ne revienne.

Leur relation suivait les humeurs de chacune. Ça avait toujours été comme ça. Et ça plaisait à tout le monde. Raphaëlle croisa les bras en jugeant Noé de haut en bas avant de lever les yeux de nouveau au ciel. Ça faisait un moment en fait qu'elles n'avaient pas eu le temps de discuter ou même de se croiser. La membre travaillait jusqu'à en tomber de fatigue. Courant là où on avait besoin d'elle. Les possibilités de voir la soumise avait donc été cruellement réduites... À plus rien depuis la rébellion.

- Viens j'ai terminé de prendre les comptes question d'être certaine que tout y était. Je vais la poser là où il faut. On ira prendre une pause après.

Il fallait dire que ce n'était certainement pas la première fois que leur discussion commençaient de la sorte. Parfois, elles se terminaient très mal. D'autre fois moins mal. Et de temps en temps de façon particulièrement agréable. La tablette toujours en main, elle marcha jusqu'à un local où elle déposa la liste avant de ressortir et de rejoindre Noé.

- Ça fait un moment qu'on s'est pas vues. Comment tu digères les derniers évènements ?

Raph' rejeta ses cheveux derrière son épaule quand elles sortirent dehors et souffla. Il faisait chaud. Trop chaud pour elle. Mais la Jaguar ne se plaignit pas et se contenta d'attacher sa chevelure avant de laisser son amie prendre la direction qu'elle voulait.

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A son air et ses paroles, Noé comprit directement qu'elle n'était pas dans son état habituel, son sourire ayant même disparu. En même temps, avec ce qui c'était passé c'était compréhensible. Tout le monde était à cran. C'en était même plutôt amusant, dans un certain sens. Si l'on se risquait à la moindre parole sarcastique, on encourait un fort risque d'avoir une crise de nerfs en retour. Si même Raphaëlle se départit de son humour, la situation doit vraiment être catastrophique, pensa la Jaguar avec amusement.

Il est vrai que les événements l'avaient tout autant chamboulée, mais son self-control était maître d'elle-même. Et puis, elle pensait intimement que plaisanter aidait à dédramatiser la situation et à l'accepter plus facilement, pour réussir à la surmonter. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, comme on dit.

Noé lui fit une grimace puis la suivit. Répondre à sa provocation aurait été un suicide. Elle préféra opter pour l'idée de lui décrocher un souire.

« Ça fait un moment qu'on s'est pas vues. Comment tu digères les derniers évènements ? »

Comment elle digérait les événements... Bonne question. Elle n'en savait trop rien, à vrai dire. Elle ne se posait pas vraiment la question, en fait. Elle ne s'interrogeait jamais sur ses sentiments. Elle faisait ce qu'elle avait envie ou ce qu'elle était obligée. C'est tout. Elle ne se demandait pas si parce qu'elle avait envie d'aller parler à Raph par exemple c'est parce qu'elle l'appréciait ou qu'elle lui manquait, elle allait juste lui parler et voilà tout.

Elle y songea un moment, en se dirigeant vers un mince coin d'ombre. Le soleil cognait et la chaleur devenait de plus en plus étouffante. Ca ralentirait sûrement le travail. Personne ne peut travailler aussi efficacement que s'il faisait 10° de moins, avec cet air suffoquant. Enfin, si on faisait abstraction du soleil de plomb, on pouvait s'estimer heureux qu'il n'y ait ni tempête ni pluie.

« Mieux que d'autres, je suppose. »

Noé lui sourit vaguement, en espérant que sa partenaire comprenne le sous-entendu. Elle réfléchit un instant.

« On va dire que je commence à me faire une raison. Encaisser les événements.
Du coup, ça me booste. J'essaye de faire du mieux que je peux, pour laisser tout ça derrière nous. »

Elle fit une pause.

« Et toi, alors ? Tu m'as l'air assez tendue. »

La Jaguar espérait secrètement réussir à la détendre. Toute cette tension, ce n'était pas sain. Si personne ne décompressait, il y aurait un nouveau meurtre avant les prochains jours.

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Elle savait qu'elle aurait dû être plus plaisante... Simplement, les derniers évènements avaient eu raison de son éternelle bonne humeur. C'était donc peu dire de la gravité de la situation actuelle. En même temps, Raphaëlle était particulièrement fatiguée. L'état de son clan avait de quoi la découragée. Elle avait vu tellement de morts dans son enfance, tellement de bâtiments détruits de la même façon. Et elle avait fuit avec tellement de conviction... Mais se retrouvait encore devant des évènements semblables.

- Je suis fatiguée je supposes. Et tu sais que je ne supportes pas très bien la chaleur.

Sa queue de cheval lui caressa la nuque lorsque la membre suivit sa compagne vers un petit coin à l'ombre. Un soupir de découragement lui souleva la poitrine. Et elle se laissa tomber sur le sol lourdement, soulevant de la poussière par le fait même. Ses shorts étaient certes, dans le très courtes, mais ça ne changeait absolument rien au fait qu'elle crevait de chaud. À l'ombre ou pas... Peut-être finirait-elle encore dans le lac avant la fin de la journée ? La remarque de Noé fit légèrement grimacer la slave.

- Oh tu sais... Disons que je ne dors pas beaucoup et que j'ai connu des rêves plus sympa. En plus je vois pas beaucoup les autres alors j'ai le temps de ruminer.

Pour une fois que la soumise ne venait pas la taquiner sur ses humeurs et qu'elle semblait sincèrement inquiète, Raph' se disait que ce ne serait pas plus mal d'en parler. Appuyant son dos et sa tête sur le mur à demi écroulé qui fournissait ce petit secteur ombré, la Jaguar soupira de nouveau et ferma les yeux. La présence de Noé lui faisait du bien. Lui rappelait que le monde ne s'était pas arrêtée et surtout qu'elle n'était pas la seule à se sentir souvent dépassé. Tournant la tête vers son amie et lui offrant un léger sourire, elle reprit.

- Ça va un peu mieux maintenant que tu es là.

La ravitailleuse ne se demanda pas le sens de ses paroles ou l'effet que la soumise avait sur elle. Les choses étaient comme ça.

- Et toi alors ? Ils t'ont confiés quoi comme tâche ?

Autant profiter du moment où elles pouvaient parler, parce que qui savait quand elles pourraient le faire à nouveau ?

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