Jour 5 post-rébellion, matinée.
Sûrement comme la majeure partie des personnes redoublant d'efforts depuis le lendemain de la rébellion, en ce cinquième jour, Syd sentait son corps fatiguer plus vite. Il y avait cette sensation de lourdeur, de légère faiblesse fourmillant dans ses membres tendus par l'effort qui lui signifiait qu'il aurait eu bien besoin d'une nuit de sommeil complète – chose que son esprit angoissé ne semblait plus vouloir lui accorder ces temps-ci.
Son épaule, là où une ancienne blessure avait moins bien cicatrisé, était crispée comme à chaque fois qu'il forçait trop dessus. Ses bras le tiraient et aucun étirement n'avait atténué la sensation. Ses gestes étaient donc plus difficiles que les jours précédents et il devait redoubler de concentration afin d'éviter toute erreur.
Son incapacité à dormir ne devait pas aider non plus. Les quelques heures qu'il grappillait difficilement depuis la rébellion l'aidaient à tenir mais, à ce rythme-là, il finirait par s'écrouler. Il fallait bien avouer que se réveiller avec une ombre près de son lit, un couteau à la main, en pleine nuit, ça avait de quoi angoisser la plus sereine des personnes – ce qui n'était à la base, déjà pas le cas de Syd.
Le point positif dans tout ça – parce qu'il y en avait toujours – était que les blessures qu'il avait reçues pendant cette nuit funeste engendraient moins de gêne physique qu'il n'aurait pensé. Les hématomes à la cuisse gauche et autour de son cou ainsi que la coupure au biceps gauche ne l'empêchaient en rien de faire ce qu'il était en train de faire – elles tiraient tout au plus.
En effet, il avait à nouveau été assigné aux réparations des bâtiments. Son groupe y était depuis tôt ce matin, sûrement plus de deux heures – il n'avait pas réellement conscience du temps. Ils étaient un groupe de 7 ou 8 à s'occuper de la maison d'une ancienne dont la façade s'était retrouvée tout simplement explosée. La Jaguar en question se trouvait d'ailleurs parmi eux, mettant la main à la pâte comme tout le monde. Deux aigles étaient également venus prêter main forte. Ils s'étaient tous présentés et, sans plus d'ambages, chacun s'était mis au boulot.
La pause n'allait pas tarder. On pouvait sentir un certain engourdissement dans leur rythme de travail depuis une petite demi-heure. Mais ça n'empêchait pas chacun de travailler avec vigueur et motivation. Syd se dit qu'il allait attendre qu'ils aient fini de fixer la poutre qu'il était en train de soulever pour boire une gorgée d'eau. Hector était en train de sécuriser un côté de la poutre, l'autre étant déjà fixé. Sans être l'une des plus grosses poutres qu'ils aient eu à manipuler depuis ce matin, elle n'en restait pas moins importante, puisqu'elle permettrait de continuer la suite de leur tâche de ce côté-ci de la maison.
Syd soutenait le bois de ses deux mains, les bras tendus vers le haut, et attendait patiemment que ça se passe, tout en se concentrant sur sa respiration pour rester immobile. Ça pesait pas mal, cette connerie. Il tendit ses muscles pour soutenir mieux le poids avec sa main droite et son poignet gauche pour secouer ses doigts gauches qui commençaient à fourmiller... quand il entendit un énorme « crack ». Soudain, le poids se fit plus grand et Syd comprit que l'une des fixations n'avait pas bien pris. La mauvaise nouvelle était que non seulement la poutre allait lui tomber sur le coin de la gueule vu qu'il n'avait pas une bonne prise dessus, mais qu'en plus, la planche se trouvant au-dessus risquait d'en faire de même.
Bien.