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 We are the reckless, the wild youth [Enzo]

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Ayana

Ayana
AIGLES DE L'ESTSOUMISE


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MessageSujet: We are the reckless, the wild youth [Enzo]   We are the reckless, the wild youth [Enzo] EmptyMar 12 Juil 2016 - 15:41


We are the reckless, the wild youth
An 41 - J.12 - Matinée


J'étais en pleine activité d’immersion, avec mes petits, lorsque les premiers grêlons sont tombés. Je venais de leur raconter une fable magnifique qu’on m’avait narrée lorsque j'étais moi-même une enfant. Une cité magnifique et sereine s'était vue plonger sous les eaux et arrivait malgré tout à survivre là-bas, à vingt milles lieux sous les mers. Je leur ai demandé de fermer leurs grands yeux, de se laisser porter par ma voix, et à tour de rôle de m’expliquer la vision qu'ils avaient des fonds marins, de la fenêtre fictive de celle ville imaginaire. Les enfants avaient trouvé plus intéressants de se masser devant la fenêtre pour voir les dangereux grêlons tomber du ciel, comme un petit miracle, plutôt que de développer leur créativité. J’avais souris avec affection, câlinant une ou deux têtes au passage, alors que je me frayais moi-même un chemin jusqu'à la large fenêtre. Il n’y avait pas de doute, j’allais devoir les laisser à une soumise plus âgée et partir récolter dès que l’averse se calmerait. J'avais l'habitude, la même routine s’installait à chaque année. J’allais être jumelée à un homme, un membre sans doute, afin que nos forces se complètent.
- Imaginez plutôt la vue que vous auriez, à la place de ce grêlon qui tombe du ciel. C’est ce que voient les Aigles lorsque qu’ils traversent les nuages.
Ma plume striée suspendue à la naissance de ma poitrine, je m'avançais à pas souples sur le territoire de l’Est. Le temps s'était rafraîchi et j’avais pris soin de me couvrir d’une veste avant de rejoindre le groupe de Enzo. À partir de là, nous devions nous diviser en binômes mixtes et couvrir notre territoire. J’apostrophais donc une grande fille maigre et nerveuse qui ne quittait pas l’espion des yeux, comme s'il risquait de s’envoler. Marguerite était l’une des soumises qui mangeait dans ma main, soumise avant tout au pouvoir des dieux ou du destin avant même de se plier devant les gradés. Je la soupçonnais d'apprécier cette manière que j’avais, souvent, de décider avec assurance. Elle n’avait plus qu'à suivre, qu'à faire confiance, qu'à se laisser bercer par mes choix qui, eux, relevaient parfois de mes visions mais souvent de mes simples perceptions de cette réalité.
- Je te donnerai mes rations, demain, si tu me laisses Enzo pour la récolte.
Elle l’aimait peut-être. Ou croyait l’aimer. Je suivais son regard pour capter celui de Enzo. Il ne semblait pas l’avoir vu à mes côtés alors qu’il me saluait d’un hochement de tête. Ma main se faufilait jusqu’au bras de Marguerite, la rapprochant un peu de moi afin que l’espion la salue ou la perçoive enfin. J’inclinais mon minois sur le côté, me donnant un air vaguement espiègle, alors que je conspirais avec Marguerite tout en lançant quelques regards à l’espion. La curiosité le pousserait peut-être à nous rejoindre, je devais faire vite.
- Je dois lui parler des Jaguars. Ce n’est rien de personnelle, Marguerite, je te le promets.
J’aurais aimé lui affirmer qu'il la verrait enfin, que j’allais lui parler d’elle, mais ç’aurait été mentir et je mentais bien peu aux membres de mon clan. Ce qui était calculé, toutefois, c’est que je savais pertinemment que Marguerite avait deux petits frères à nourrir. Même en mourrant d’amour pour Enzo, elle devait avant tout subvenir aux besoins de sa famille cabossée et mon offre était plus que généreuse, dans la mesure où je ne lui volais rien qu’elle pouvait éventuellement posséder. La soumise hocha enfin la tête avec une mine résignée qui me fractura le coeur.
- Il t'aurait choisie de toutes façons. C'était pas malin comme offre…
Sa douleur était mienne. La gorge me serra un instant alors que Marguerite s'éloigna de moi. Si je ne l’ai pas retenue, je me suis toutefois promise d’aller à sa rencontre dès que possible afin de la consoler de son chagrin., et de m’expliquer également. Nous avions assez soufferts, ces derniers jours depuis la rébellion: je ne désirais pas ajouter de la douleur à sa peine ou son inquiétude. Tout en refermant étroitement ma veste sur moi, j’avançais vers l’espion avec assurance, la tête relevée et la mine encore un peu soucieuse, bien malgré moi. À sa proximité, je me permis un sourire léger. Nous avions perdu beaucoup, avec cette rébellion, nous avions souffert, mais nous avions été incroyablement chanceux de ne pas nous perdre, ni lui, ni moi. Non seulement nous survivions à la ville en ruines, mais nous survivions également au carnage.
- Seras-tu mon humble serviteur, aujourd’hui encore?


Dernière édition par Ayana le Ven 2 Sep 2016 - 0:10, édité 1 fois
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Enzo

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MessageSujet: Re: We are the reckless, the wild youth [Enzo]   We are the reckless, the wild youth [Enzo] EmptyDim 21 Aoû 2016 - 22:42

We are the reckless, the wild youth
Enzo & Ayana



Après les deux journées durant lesquelles les frontières avaient été fermées – dont une pendant laquelle la Traque avait eu lieu – et la journée de la veille plutôt mouvementée et étrange, je m’attendais à avoir beaucoup de travail ce jour-là. Je m’étais préparé pour ça, d’ailleurs. Seulement voilà, le temps en avait décidé autrement. Très tôt dans la matinée, j’avais entendu un bruit sourd. J’avais regardé par la fenêtre ce spectacle qui revenait tous les ans à cette période précise. La période était précise mais ce n’était pas au jour près, évidemment. La chute de grêlons allait durer un moment, je le savais. Alors, j’attendais patiemment chez moi. Heureusement que nous avions nos maisons pour nous protéger. Quant aux Libres, ils avaient été traqués, tués et sacrément tués d’ailleurs. Alors, ils ne risquaient plus rien de ce côté-là. Les Libres Intouchables avaient de quoi s’abriter. En repensant à tout ça, j’eus un frisson. Tuer était nécessaire pour faire comprendre qu’ils avaient été trop loin vis-à-vis des clans et il n’avait tenu qu’à eux de se présenter avant cette tuerie pour être épargnés de tout risque. Ils savaient qu’il y avait toujours un risque. Cela ne m’empêchait pas de me sentir sali. Je n’avais pas envie de culpabiliser mais j’étais humain. Je n’étais pas encore devenu une machine de guerre. Je n’aimais pas tuer et le spectacle découvert à la fin de la Traque était encore plus déstabilisant, écœurant, effrayant. Je n’avais rien pu dire et je ne pouvais toujours rien dire à ce sujet. Alors, je m’inquiétais encore plus. Je voulais comprendre mais même nous, nous n’avions aucune information au sujet de cette Menace Fantôme. Dire que j’arrivais à me torturer avec ça alors que je ne faisais qu’observer des grêlons.

Pour une fois, au moins, je ne me torturais pas avec l’état de Kim. Même si nous avions nos différends de temps en temps, je ne voulais pas perdre un ami cher après avoir perdu de vue ma sœur. Quand ce fut enfin fini, je sentis que l’air se faisait beaucoup plus frais. Je cherchai un pull à capuche, histoire d’être certain d’avoir suffisamment chaud pour ne pas craquer en pleine récolte. Rapidement, je rejoins le groupe qui m’était assigné. Il y avait des Soumis, des Soumises et des Membres. Dans le tas, il y avait notamment Marguerite que j’avais déjà croisé quelques fois sans avoir vraiment pu échanger et Ayana. Je les saluais l’une comme l’autre mais elles ne le remarquèrent pas tout de suite. Ce n’est qu’une fois Ayana saluée qu’elles posèrent réellement leurs regards sur moi. Tant pis. Ce n’était qu’un détail. Et nous avions d’autres priorités désormais. Quand enfin Ayana s’approcha de moi, je m’attendais à sa proposition déguisée en question polie. C’était bien son genre d’être polie et correcte en apparence. Elle n’allait jamais contre la vague. Sauf peut-être la fois où elle envisageait une nouvelle structure hiérarchique et stratégique pour le clan. « Si tu le souhaites. Mais je ne pourrai pas t’empêcher de te salir les mains, cette fois. Même les Soumis doivent mettre la main à la pâte. » Je n’allais pas être uniquement son humble serviteur. Mais je savais qu’elle comprenait tout ça. « Fais tout de même attention à ne pas te casser quelque chose. » Je lui emboîtai finalement le pas, l’invitant à me suivre. C’est connu, l’homme passe toujours le premier pour éviter une bricole à la femme.


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MessageSujet: Re: We are the reckless, the wild youth [Enzo]   We are the reckless, the wild youth [Enzo] EmptyVen 2 Sep 2016 - 0:39

Sourire de renard. Enzo devait s’amuser à mes dépends, car de mémoire, il ne me semblait pas lui avoir déjà offert l'occasion de croire à une préciosité de ma part. La majorité des soumis et des soumises travaillaient bien et durement pour les tâches qu’on leur confiait, des champs aux usines en passant par le centre de soin et le centre éducatif. Il est vrai que je me faisais discrète, que je me trouvais là précisément où on s’attendait à me voir. Avec les enfants, avec la relève, à leur enseigner à penser par eux-même, à lire, à écrire, à se méfier, aussi. Narquoise, je pressais le pas pour me tenir à la même hauteur de l’espion, de l’amusement dans les yeux et ma plume striée voletant ici et là, au gré de mes pas.
- Il est vrai que les soumis ne se salissent jamais les mains…
Évidemment, l’espion devait parler d’autre chose. Des risques que nous prenions. Du travail physique qui nous attendait. Je le savais bien, tout comme il savait combien nous travaillions durement. Il allait peut-être me reprocher de jouer sur les mots. C’était la première chose qu’il m’avait reprochée, quelques années plus tôt, au sujet de la liberté. L’envie d’enrouler ma main sur son bras pour chasser tout malentendu me traversa l’esprit, mais les obstacles étaient multiples et douloureuses, entre sa peau et la mienne. Il y avait entre autre Marguerite qui devait nous épier, il y avait aussi le regard des autres. Avant même de toucher Enzo, j’étais lasse de tout ce qui pourrait se produire. Je me contentais donc de lui sourire, une lueur de fourberie à la commissure des lèvres.

Rapidement, nous nous étions distancés de plusieurs Aigles afin de couvrir un bout de notre territoire inexploité, jusqu’à présent. Une myriade de petites boules de glace parsemaient le sol, n’attendant qu’à être cueillies et rapatriées au centre de soin le plus proche. Je laissais Enzo choisir l’emplacement exact puis je me suis accroupie à ses côtés tout en tirant sur mes manches pour couvrir suffisamment mes mains. Même si la glace faisait un bien fou après la chaleur que nous avions connu, je savais par expérience qu’elle brûlait la peau sournoisement. La douleur d’un engourdissement ne me tentait pas. J’étais silencieuse et concentrée sur ma tâche, quelques longues minutes, à accumuler les grêlons dans l’une des caisses que nous avions transporté. Je sentais peu à peu le froid transpercer le tissu de ma veste et l’humidité des parcelles de glace fondue l’imbiber. Je frictionnais mes mains l’une contre l’autre pour me réchauffer un tantinet et profitais de ce bref moment pour rapatrier mon attention sur l’homme de confiance qu’était Enzo.
- Je voulais te parler de quelque chose d’important, Enzo.
Même s’il me faisait confiance, je gardais silence afin de bien choisir mes mots. Je n’étais pas encore certaine de vouloir lui parler de mon intuition qui m’avait poussé à rejoindre les murailles du Sud. Il faudrait bien que je lui en glisse un mot, néanmoins, pour lui expliquer ma gêne quant à nos propres murailles. Le silence trainait, et chaque seconde passée laissait présager une annonce marquante. Il n’en était rien; je pinçais les lèvres un bref moment avant de me lancer.
- Il y a quelques jours, une lourde pierre s’est détachée d’une muraille, chez les Jaguars. Peut-être étais-tu déjà au courant?
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